Mloukhiya

La mloukhiya, mouloukhiya, mloukhiyé (arabe : الملوخية) est un plat oriental populaire en Tunisie, en Libye, en Algérie, au Moyen-Orient[1] (Égypte, Liban, Palestine, et Syrie) et en Afrique subsaharienne (Tchad, Soudan). Le nom est celui de la plante connue sous le nom de corète potagère. Les feuilles de cette plante sont cuisinées de façons différentes selon la région : dans une sauce riche ou un ragoût à base de viande de bœuf, de poulet, de canard, de lapin, de poisson ou d'agneau. Les feuilles de cette plante sont parfois séchées et soit laissées entières soit réduites en poudre[2] de couleur verte, facile à conserver.

Mloukhiya

Plat de mloukhiya.

Lieu d’origine Égypte antique, Tunisie et Libye antique
Créateur Égypte, Tunisie, Libye
Place dans le service Plat principal
Température de service Chaude
Ingrédients Feuilles de corète fraîches, oignon, pâte de tomate, ail, coriandre, sel, huile, poulet
Accompagnement Pain, riz, haricots blancs

En Tunisie, cette poudre de corète dont la cuisson délicate donne à ce plat toute sa saveur, demande plusieurs heures de mijotage à feu doux. D'abord frite dans l'huile, elle est ensuite délayée avec de l'eau bien chaude et demande alors une certaine force pour que les deux composants (huile et eau) se mêlent jusqu'à former un liquide verdâtre qui deviendra marron foncé au fil de la cuisson lente et des temps de repos de la sauce.

Il existe plusieurs recettes[3] selon les régions et les pays. Au Maghreb, ce mets peut être aromatisé avec de la menthe séchée réduite en poudre, de l'écorce d'orange séchée en poudre, voire de l'écorce de grenade séchée et pilée, qui donne un arrière-goût amer. Au Moyen-Orient, on cuisine plutôt les feuilles de corète entières, fraiches ou séchées.

En Égypte, la mlokhia est appelée “le légume des rois” ou “le légume des Pharaons”, car son utilisation daterait du temps des Pharaons.

Exemple de recette

Recette égyptienne[4]

Le célèbre médecin, historien et égyptologue Muwaffak al-Din Abu Muhammad ben Yusuf ʿAbd al-Latîf al-Baghdâdî (1162-1231) écrit : « La méloukhia est plus aqueuse et plus humide que la mauve ; c’est une plante froide et humide au premier degré : on la sème dans les jardins potagers, et on la fait cuire avec la viande ; elle est très mucilagineuse. […] Son emploi est mauvais pour l’estomac ; cependant elle apaise l’inflammation, rafraîchit, et passe promptement, parce qu’elle est de nature à glisser facilement. »

Les ingrédients de la molokheya au poulet sont des feuilles de corète fraîche, un oignon finement haché, de la pâte de tomate, plusieurs gousses d’ail hachées, de la coriandre, du sel, de l’huile, éventuellement, un cube bouillon de poulet et un poulet. Pour la préparation, on fait bouillir 1 litre d'eau avec sel, poivre et l'oignon entier épluché. On cuit le poulet fermier pendant 20 minutes pour obtenir un bouillon de viande goûteux. Retirer le poulet et le réserver pour en faire le plat principal. Le faire cuire au four pour le rendre plus croustillant environ 25 minutes. Faire bouillir le bouillon jusqu'à ce qu'il ait diminué de moitié. Retirer l'oignon, ajouter 2 gousses d'ail écrasées, le sachet de molokheya et la coriandre. Faire cuire à feu doux ; la soupe ne doit pas bouillir. Pendant ce temps, dans une petite casserole, frire les 8 autres gousses d'ail. C'est ce qui donnera le goût si particulier de la molokheya. Incorporer à la soupe, mélanger. Le plat est alors prêt à être servi. Ce plat se mange accompagné de riz ou avec du pain pita.

Recette tunisienne

La préparation se base sur la poudre de mloukhiya mélangée dans de l'huile d'olive jusqu'à obtenir un mélange épais. Le mélange ainsi obtenu est versé dans de l'eau bouillante alors qu'un oignon est émincé dans le mélange auquel est ajouté un peu de concentré de tomate, de la poudre de coriandre, de carvi, de paprika, de l'harissa, de l'ail écrasé et des feuilles de laurier sauce. Le tout est cuit à feu doux pendant environ quatre à cinq heures. De la viande de bœuf découpée en gros morceaux, parfois accompagnée de morceaux de tripes est ajoutée au mélange qui cuit encore pendant environ deux heures pour un bon mijotage. La mloukhiya est prête lorsque l'huile surnage et que la préparation a perdu son aspect visqueux. À la fin de la cuisson, de la poudre de menthe ou d'écorce d'orange séchée permet d'aromatiser le tout. Le sel doit être ajusté et les feuilles de laurier-sauce retirées avant de servir.

Une méthode traditionnelle en Tunisie consiste à faire cuire ce plat sur un feu doux de charbon de bois, généré avec un kanoun, pendant plus de huit heures. La préparation commence la veille de la consommation, ou tôt le matin, pour pouvoir le servir au déjeuner. Le goût est jugé meilleur en laissant les ingrédients se mêler lentement durant cette période.

Il existe également en Tunisie une variante de mloukhiya faite à base de chair de poulpe.

Consommation

Au Moyen-Orient, on lave les feuilles de mloukhiyé et on les fait sécher. On fait ensuite revenir, à la casserole, dans de l’huile végétale, de l’ail haché et entier. On y ajoute les feuilles de mloukhiyé jusqu’à ce que leurs tiges deviennent rosâtres. On verse dans la casserole un bouillon de poulet ou de viande, on ajoute l’ail pilé, de la coriandre fraiche hachée et on laisse cuire peu de temps. Ce plat est servi avec du riz aux vermicelles.


Au Tchad et au Soudan, la mloukhiya est cuisinée avec des feuilles entières, beaucoup de l'ail, des oignons, des épices, dans un bouillon de viande de mouton, bœuf ou additionné de poisson fumé. La préparation est gluante. Le plat est servi avec des kissra (crêpes à base de farine de mil, de riz) également de assida (sorte de polenta de maïs ou mil).

Plat de mloukhiya tunisienne à la viande de bœuf.

En Tunisie et en Libye, la mloukhiya se mange chaude avec du pain frais. La qualité du pain est importante car il doit contenir suffisamment de mie pour absorber la sauce.

Normalement, on prépare la mloukhiya pour plusieurs personnes. Puisqu'elle se conserve au réfrigérateur, on peut alors en manger pendant plusieurs jours. Le plat terminé se présente sous la forme d'un ragoût de viande épais, avec une sauce de couleur vert foncé, voire presque noire.

En Égypte, la mouloukhiya est principalement cuisinée avec des feuilles de corète finement hachées, de l’ail dans un bouillon de poulet ; elle est mitonnée sur du lapin ou du canard et servie avec du riz blanc. Dans son plat, chacun la parsème de pain pita grillé et l'arrose d'un mélange de vinaigre et d’oignon haché.

Au Liban et en Syrie, la mloukhiyé est cuisinée avec des feuilles entières, beaucoup d'ail, des oignons, de la coriandre fraiche et en poudre, dans un bouillon de poulet et des morceaux de poulet et de jarret de bœuf ou d'agneau ainsi que du jus de citron pour éviter que la préparation soit trop gluante. Le plat est servi avec du riz aux vermicelles ; on peut y parsemer du pain pita grillé et l'agrémenter d’une cuillère de vinaigre et d’oignon blanc coupé finement.

Au Japon, les feuilles de corète potagère sont aussi consommées[5], elles sont nommées moroheiya (モロヘイヤ, par transposition du nom arabe en caractères katakana) ou shimatsunaso (シマツナソ). La plante a été importée et diffusée dans les années 1980 par 飯森嘉助 (ja). Elle est cultivée dans plusieurs régions du Japon, en particulier dans la commune d'Ōsato[6].

Traditions et utilisation

Plat de mloukhiya égyptienne avec du riz et du poulet.

La mloukhiya est, dans certains pays et selon leurs traditions, préparée par superstition pour célébrer le premier jour du calendrier musulman afin que la nouvelle année soit « verte », c'est-à-dire prospère et pleine de bonheur[7]. Dans certaines régions de Tunisie, elle est aussi préparée à la fin d'un deuil et le premier jour de l'Aïd el-Fitr.[réf. nécessaire]

La molokhiya : un rituel du bien manger au pays du savoir-vivre[4]. Impossible d’y échapper ! Connue également dans d’autres pays du Moyen-Orient et d’Afrique, la molokheya fait partie des habitudes culinaires égyptiennes les plus populaires. Une véritable institution ! En dépit de sa saveur et de sa texture peut-être un peu déroutantes pour des papilles de khawâga, elle est bien un plat national dont les origines seraient même à chercher à l’époque pharaonique.[style à revoir]

En Égypte, hors saison, les feuilles se cuisinent aussi séchées et émiettées en petits morceaux.

Au Moyen-Orient, en Égypte, au Liban, en Syrie, en Palestine et dans d'autres pays, les feuilles se consomment le plus souvent fraîches, émincées et cuites dans un bouillon de viande, de poulet, de poisson ou de lapin, assaisonnées d'ail et de coriandre fraîche.[réf. nécessaire]

C'est uniquement en Tunisie, dans l'est de l'Algérie et dans l'ouest de la Libye que la mloukhiya est utilisée sous forme de poudre. Elle est inconnue au Maroc, où l'appellation mloukhia désigne les gombos[8], qui viennent d'une autre plante de la même famille botanique.

La mloukhiya est également appréciée au Tchad et au Soudan. Elle se déguste avec du kisra (prononcé kissar au Tchad), sorte de galette à base de farine de mil fermentée et légèrement acide.

Un plat similaire existe également au Mali, dans les régions du nord (régions de Gao, Tombouctou et Kidal) sous le nom de sauce fakoye. Cette sauce, rendue noire par la cuisson, se mange avec du riz et de la viande de mouton. Elle est préparée à partir des feuilles séchées et pilées.

On pense souvent à tort que cette poudre est préparée à base d'épinards, compte tenu de la similitude de couleur, d'aspect, voire de saveur avec la pkaïla, plat traditionnel juif tunisien effectivement réalisé à partir d'épinards ou de blettes. La mloukhiya est réputée riche en fer et très calorique.[réf. nécessaire]

Notes et références

  1. Revue de l'Orient et de l'Algérie. Bulletin de la Société orientale, Société orientale, (lire en ligne).
  2. Philippe Di Folco, Le Goût de Tunis, Paris, Mercure de France, , p. 96.
  3. Mohamed Kouki, La Cuisine tunisienne d'Ommok Sannafa, Tunis, Imprimerie Al Asria, , p. 163-164 (comporte en outre la valeur nutritionnelle des recettes indiquées).
  4. Marc Chartier, « Égyptophile: la molokheya : un rituel du bien manger au pays du savoir-vivre », sur egyptophile.blogspot.com, (consulté le ).
  5. (ja) « モロヘイヤの茹で方/食べ方 », sur sirogohan (consulté le ).
  6. Consulter la version japonaise de l'article Corète potagère, section Utilisation : ici jp:シマツナソ#利用.
  7. (fr) « La mloukhiya, pour que l'année soit verte », sur lepetitjournal.com, (consulté le ).
  8. Mariem Bennani, « Le gombo, coupe faim et effet Viagra », sur lereporter.ma, (consulté le ).

Annexes

Bibliographie

  • Revue de l'Orient et de l'Algérie. Bulletin de la Société orientale, Société orientale, (lire en ligne).
  • Alimentation et gastronomie
  • Portail du Moyen-Orient
  • Portail de la mer Méditerranée
  • Portail de l’Afrique
  • Portail de la cuisine du Maghreb
Cet article est issu de Wikipedia. Le texte est sous licence Creative Commons - Attribution - Partage dans les Mêmes. Des conditions supplémentaires peuvent s'appliquer aux fichiers multimédias.