Territoire du Tchad

Le Territoire du Tchad (ou Territoire militaire des pays et protectorats du Tchad) est une circonscription constituée dans le Congo français par décret du . Sa capitale était Fort-Lamy, qui, en 1973, par l'intermédiaire de François Tombalbaye (premier président du Tchad indépendant), a pris le nom de « N'Djaména ». Le territoire français du Tchad est érigé en colonie le , il est alors une subdivision de l'Afrique-Équatoriale française. Durant la Seconde Guerre mondiale, à la suite de l'armistice du 22 juin 1940, le gouverneur Félix Éboué décida de rallier le général de Gaulle et le Tchad fut le premier territoire français à se joindre à la France libre. Le Tchad servit alors de point de départ à plusieurs opérations militaires dirigées par le maréchal Leclerc dans le désert libyen entre 1941 et 1943. République autonome en 1958, le Tchad devient indépendant le .

Territoire du Tchad (1900-1920)
Colonie du Tchad

1900–1960

Informations générales
Statut Colonie française
Capitale Fort-Lamy
Langue(s) français, arabe tchadien, sara, kanembou
Monnaie Franc de l'Afrique-Équatoriale française
Superficie
Superficie 1 283 993 km2 (1950)
Histoire et événements
Bataille de Kousséri
Création
Intégration dans l'AEF
Indépendance du Tchad

Entités suivantes :

Histoire

Création

Conquête du Tchad, Nguigui (1910)

La France entre au Tchad en 1891 et y lance des expéditions militaires contre les royaumes musulmans. En , l'administrateur colonial français Émile Gentil signe avec le sultan Gaourang II un traité d’alliance qui confie à la France le protectorat sur le Baguirmi pour le protéger de Rabah. En 1898, la France lance trois expéditions en direction du Tchad : la mission Voulet-Chanoine depuis Dakar et le fleuve Niger, la mission Foureau-Lamy depuis Alger et le Sahara algérien et la mission d'Émile Gentil depuis le Moyen-Congo. La bataille décisive du , la bataille de Kousséri, vit s'affronter les forces du commandant François-Joseph-Amédée Lamy et celles du seigneur de guerre soudanais Rabah – tous deux morts durant le combat. Émile Gentil fonde alors Fort-Lamy sur la rive droite du Chari et devient le premier administrateur du Tchad.

Aux termes du décret du portant organisation du Congo français et dépendances[1], la colonie du Congo français est divisée en quatre entités distinctes :

En 1905, l'administration du Tchad fut confiée à un gouverneur général sis à Brazzaville, capitale de l'Afrique-Équatoriale française dont le Tchad fut partie intégrante avant d'être placé sous l'autorité d'un lieutenant-gouverneur à Fort-Lamy, aujourd'hui N'Djaména.

Le décret du , portant réorganisation des possessions du Congo français et dépendances[2], unit le « Territoire de l'Oubangui-Chari » au « Territoire militaire du Tchad » et les érige en « Colonie de l’Oubangui-Chari-Tchad », dont le chef-lieu est Fort-de-Possel. Le , un décret transfère le chef-lieu à Bangui.

En 1910, il devint l’un des territoires de la fédération de l’Afrique-Équatoriale française (AEF), avec le Moyen-Congo et le Gabon, tout d’abord en tant que territoire unifié sous le nom « Oubangui-Chari-Tchad », puis en tant que colonie autonome en 1915.

Résistances anti-coloniales

La conquête du Tchad se termine par la victoire française sur la Sanousiyya dans le Tibesti en , après la victoire française obtenue en 1913-1914 lors de la campagne du Borkou et de l'Ennedi. En 1916, les Français brisent rapidement la tentative de résistance du sultanat Dar Sila (de)[3]. En 1917, le commandant français Gérard fait massacrer, lors du massacre des coupes-coupes, plus d'une centaine de notables d'Abéché, qu'il accuse de préparer un complot. Il n'est pas jugé par l'armée française mais simplement relevé de son commandement[3].

En 1927, le dieu de Lam, prophète millénariste, déclenche des agitations au sud du Tchad, qui dureront trois ans[4]. En 1929, se déclenche également la guerre de Bouna, qui se termine par la destruction du village de Bouna et de ses habitants par les Français[5].

Administration coloniale

La colonisation du Tchad fut marquée par l'absence de politique d'unification du territoire et la lenteur de la modernisation du pays. Le Tchad fut relégué au bas de l'échelle des priorités françaises et l'État colonial ne le considéra guère que comme une source de coton et de main d'œuvre peu qualifiée à employer dans les colonies plus productives du sud. De nombreuses régions n'eurent jamais de réel gouvernement ; l'immense préfecture de Borkou-Ennedi-Tibesti n'était dotée que d'une poignée d'administrateurs militaires et le centre était à peine mieux pourvu. Seul le sud bénéficia d'une réelle administration coloniale.

Le recensement de 1939 indique une population de 1,5 millions d'habitants dont 6 000 européens[6].

Durant la Seconde Guerre mondiale, en , le gouverneur Félix Éboué décida de rallier le général de Gaulle et le Tchad fut la première colonie à se joindre à la France libre. Le Tchad servit alors de point de départ à plusieurs opérations militaires dirigées par le maréchal Leclerc dans le désert libyen entre 1941 et 1943.

Le , le Tchad accède à l’indépendance sous la présidence de François Tombalbaye. La moitié nord du pays reste sous le contrôle de l’armée française jusqu’en 1965.

Subdivisions

« Bas-Chari » redirige ici. Pour l’article homophone, voir Bashari.

En 1901, le territoire est divisé en trois régions[7] :

En 1906, le Tchad intègre la nouvelle colonie de l'Oubangui-Chari-Tchad par le décret du .

Entre 1910 et 1935 : 9 puis 10 circonscriptions

L'arrêté du , divise le territoire militaire du Tchad en 9 circonscriptions[8] :

CirconscriptionChef-lieuSubdivisions
1KanemMaoMao, Bol, Rig-Rig, Moussoro, Massakory, Ngouri
2BathaAtiAti, Mongo
3OuaddaïAbéchéAbéché, Oum-Hadjer, Toumtouma, Arada, Kallim
4Bas-ChariFort-LamyFort-Lamy
5BaguirmiTchikinaMassénya, Bousso, Bokoro, Melfi
6SelamatAmm-et-TimanAm Timane, Aboudéia
7LogoneBehagleBehagle, Doba
8Mayo-KebbiLéréLéré, Fianga
9Moyen-ChariFort-ArchambaultFort-Archambault, Kiyabé, Goundi-Bédiondo, Moïssala
10Borkou-EnnediLargeau-

La circonscription du Borkou-Ennedi est créée en 1914[9].

Entre 1935 et 1936/1937 : 4 départements (région du Tchad) + 2 départements (région de l'Oubangui-Chari)

Selon l'arrêté Renard du [10]. Région du Tchad :

DépartementChef-lieuSubdivisions
1Baguirmi-ChariFort-LamyFort-Lamy, Massakory, Massenya, Bousso, Melfi
2Borkou-Ennedi-TibestiFayaFaya, Fada, Zouar
3Kanem-BathaMoussoroMoussoro, Ati, Mongo, Zigueï, Rig-Rig, Bol
4Ouaddaï-SalamatAbéchéAbéché, Adré, Biltine, Goz-Beïda, Am-Dam, Oum-Hadjer, Aboudéïa, Am-Timan, Mangueigne

Région de l'Oubangui-Chari :

DépartementChef-lieuSubdivisions
1Chari-BangoranFort-ArchambaultKoumra, Moïssala, Ndélé
2LogoneMoundouBongor, Doba, Laï, Kélo, Léré, Fianga

Entre 1937 et 1947 : 10 départements

La réorganisation administrative intervient par décret du [11]. Elle reprend l'organisation publiée le [12].

DépartementChef-lieuSubdivisionsPostes de contrôle
1OuaddaïAbéchéAbéché, Adré, Biltine, Goz-Béïda, Am-Dam
2SalamatAm-TimanAm-Timan, Aboudeia, Mangueigne
3BathaAtiAti, Oum-Hadjer, Mongo
4Mayo-KebbiBongorBongor, Fianga, Léré, PallaKyabé
5Moyen-ChariFort-ArchambaultFort-Archambault, Koumra, Moïssala
6Bas-ChariFort-LamyFort-Lamy (commune mixte), Massakory, Bokoro
7Borkou-Ennedi-TibestiLargeauLargeau, Fada, Zouar
8BaguirmiMassenyaMassenya, Melfi, Bousso
9LogoneMoundouMoundou, Laï, Kélo, Doba, Baïbokoum
10KanemMoussoroMoussoro, Rig-Rig, Mao, Bol

Entre 1947 et 1960 : 9 régions

RégionChef-lieuDistricts
1OuaddaïAbéchéAbéché, Adré, Biltine, Am Dam, Goz Beïda
2SalamatAm TimanAm Timan, Aboudeïa, Mangueigné, Melfi
3BathaAtiAti, Mongo
4Mayo-KebbiBongorBongor, Fianga, Léré, Pala
5Moyen-ChariFort-ArchambaultFort-Archambault, Koumra, Kyabé, Moïssala
6Chari-BaguirmiFort-LamyFort-Lamy, Massenya, Bousso
7Borkou-Ennedi-TibestiFaya-LargeauFaya-Largeau
8KanemMaoMao, Bol
9LogoneMoundouMoundou, Doba, Laï

Notes

  1. Décret du 29 décembre 1903, portant organisation du Congo français et dépendances, publié au Journal officiel de la République française du 24 janvier 1904
  2. Décret du , portant réorganisation des possessions du Congo français et dépendances, publié au Journal officiel de la République française du  : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5492906n/f45.image
  3. Bernard Lanne, « Résistances et mouvements anticoloniaux au Tchad (1914-1940) », Outre-Mers. Revue d'histoire, vol. 80, no 300, , p. 425–442 (DOI 10.3406/outre.1993.3118, lire en ligne, consulté le )
  4. Christian Seignobos, « Le « dieu de Lam », prophète millénariste (Nord-Cameroun et Tchad méridional, 1927 à 1930) », Journal des africanistes, nos 89-1, , p. 32–83 (ISSN 0399-0346, lire en ligne, consulté le )
  5. Marielle Debos, Le métier des armes au Tchad, Editions Karthala, (ISBN 978-2-8111-0626-3, DOI 10.3917/kart.debos.2013.01, lire en ligne), « Chapitre I. Provenance, continuités et ruptures coloniales », p. 45-66
  6. Recensement du territoire du Tchad en 1939. Dossier 7I, Fonds F22-16, Fondation Charles de Gaulle (Paris).
  7. Archives nationales d'outre-mer,Tchad, consulté en 2019
  8. Gallica, Journal officiel de l'Afrique équatoriale française, N° 21 et 22, p. 575
  9. JO AEF, Arrêté du 8 janvier 1914, p.239
  10. Gallica, Journal officiel de l'Afrique équatoriale française, 1934 N° 23, p. 933
  11. Gallica, Journal officiel de l'Afrique équatoriale française, 1938 N°3, p. 156
  12. Gallica, Journal officiel de l'Afrique équatoriale française, 1937 N°1, p. 47

Articles connexes

Liens externes

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