Pendant un procès, il est possible de discréditer un témoin à charge en le soumettant à un contrinterrogatoire bien conduit. Un bon contrinterrogatoire retient l'attention du jury en mettant en évidence les incohérences des déclarations de la partie adverse. Un bon plaideur emploie des questions orientées pour inciter le témoin à répondre dans le sens souhaité et faire progresser l'affaire dans la bonne direction.

Partie 1
Partie 1 sur 3:
Préparer un contrinterrogatoire

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    Maitrisez les éléments de l'affaire. Pour un profane, le contrinterrogatoire n'est qu'une série de questions posées au hasard, mais en réalité, il s'agit d'une démarche minutieusement planifiée qui demande de longues heures de préparation. Pour formuler des questions pertinentes, vous devez connaitre à fond tous les éléments de l'affaire. Commencez vos recherches en vue de l'examen le plus tôt possible avant le début du procès.
    • Étudiez tous les faits et ne vous limitez pas à ceux dont vous aurez besoin dans l'immédiat. En collectant les informations nécessaires pour votre dossier, efforcez-vous de déterminer de quelle manière le contrinterrogatoire servira vos intérêts. Par exemple, si vous faites le contrinterrogatoire d'un médecin qui témoigne en tant qu'expert, essayez de déterminer de quelle manière le discréditer peut vous aider. L'efficacité de tout un système de défense peut ne dépendre que du discrédit qui sera jeté sur un témoin à charge [1] .
    • Faites une enquête approfondie sur le témoin que vous allez examiner. La connaissance des antécédents d'une personne vous aidera à choisir vos questions afin d'obtenir des réponses en votre faveur. Veillez à pouvoir appuyer vos faits par des justificatifs, comme des déclarations signées, des transcriptions et des documents officiels.
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    Faites le plan du contrinterrogatoire. Il s'agit de l'ordre que vous suivrez pendant l'examen du témoin. Les questions que vous poserez et les réponses que vous espérez obtenir doivent être préparées bien à l'avance. Le but est de poser des questions précises qui inciteront le témoin à répondre en votre faveur, en révélant les lacunes, les préjugés et les points faibles de ses déclarations précédentes.
    • Écrivez les questions dans une colonne et les réponses que vous souhaitez obtenir, dans une autre. Notez les détails de tout ce que vous voulez dire et essayez d'anticiper les réponses du témoin. Posez-lui des questions sur des preuves précises, en vue d'obtenir des explications, des clarifications ou pour contester des déclarations qui avaient été faites pendant le procès.
    • Chaque réponse doit être appuyée par les résultats de la recherche que vous avez faite. Par exemple, si vous posez au témoin une question sur la période pendant laquelle il a travaillé pour le compte d'un établissement de santé, veillez à avoir un document établi par l'hôpital, indiquant que l'intéressé a bien fait partie du personnel pendant une certaine période. De cette façon, si le témoin donne une réponse inexacte, vous aurez une preuve matérielle pour démonter le contraire.
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    Ne posez pas des questions dont vous ignorez les réponses. Il est important de connaitre l'affaire à fond pour être en mesure de prévoir précisément les réponses du témoin à vos questions. Autrement, le résultat pourrait vous surprendre et finir par desservir votre cause. Chaque question que vous poserez doit amener le témoin à admettre une faiblesse ou un fait qui lui est défavorable.
    • Si vous connaissez les faits et si vous avez les appuis nécessaires, les réponses seront évidentes pour vous. Par exemple, vous pouvez demander à l'expert s'il a travaillé pendant la nuit du 19 juin. Vous devez avoir une preuve écrite concernant son emploi du temps pour la période considérée. Si le témoin donne une fausse réponse, vous avez les éléments nécessaires pour le discréditer.
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    Posez vos questions pendant la déposition. Préparez le plan du contrinterrogatoire avant la date de la déposition, ainsi vous verrez quelles seront les réponses du témoin. Considérez qu'il s'agit d'une tentative qui vous aidera à déterminer l'efficacité de votre plan. Après la déposition, rectifiez votre plan si nécessaire et finalisez-le en vue du contrinterrogatoire proprement dit.
    • Si vous n'aimez pas l'une des réponses qui ont été faites, vous pouvez décider de ne pas poser la question correspondante. Vous ne devez retenir que les questions qui sont favorables à votre dossier.
    • Sachez que vous aurez de bonnes raisons pour discréditer un témoin qui, pendant la déposition et plus tard, a donné des réponses différentes à une même question.
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    Cherchez les incohérences. Si le témoin est questionné plusieurs fois sur un point donné, il est possible que ses réponses contiennent des incohérences. Votre travail consiste à repérer ces incohérences et à les utiliser en votre faveur. En toute occasion, posez les mêmes questions et notez les réponses correspondantes [2] . Lorsque vous identifiez une incohérence, mettez au point et posez une question pour attirer l'attention des juges et du jury sur l'incohérence en question.
    • Cherchez aussi les partialités. Vous pouvez jeter un doute sur la crédibilité du témoin, en commençant votre contrinterrogatoire par une question qui porte sur une déclaration partiale que le témoin a faite précédemment.
    • Par exemple, Vous pouvez poser au témoin une question sur le nombre d'opérations chirurgicales qu'il a faites. S'il a répondu « 8 ou 9 » pendant la déposition et qu'il dit « 15 ou 20, » référez-vous à sa déclaration précédente lorsque vous poserez votre deuxième question.
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Partie 2
Partie 2 sur 3:
Mettre au point des questions efficaces

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    N'évoquez qu'un seul fait par question. Si vos questions contiennent de nombreuses informations, vous aurez probablement une réponse que vous n'avez pas prévue. Posez des questions simples qui ne contiennent qu'un seul fait à la fois. Allez-y à petits pas et demandez au témoin de confirmer chaque fait par un « oui » avant de passer à la question suivante. De cette façon, vous serez en mesure de faire progresser votre argumentation lentement mais surement, tout en gardant le contrôle de la situation.
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    Posez des questions orientées et non des questions ouvertes. Formulez vos questions pour obtenir des réponses par « oui ». Guidez le témoin en présentant un fait sous la forme d'une question, ensuite passez au fait suivant. Cette technique vous permet de garder le contrôle du contrinterrogatoire pour éviter tout risque de dérapage. Tout le monde aura l'impression que le témoin est d'accord avec tout ce que vous dites.
    • Par exemple, au lieu de dire : « quelle est la nature de votre relation avec le défendeur ? » Dites plutôt : « vous avez rencontré le défendeur en janvier 1999, lorsque vous avez partagé ensemble la même chambre à l'université de Virginie, est-ce correct ? »
    • Souvenez-vous qu'une question ouverte laisse beaucoup d'initiative au témoin et lui permet de vous donner une réponse que vous n'avez pas prévue, au lieu de confirmer simplement un fait dont vous êtes certain.
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    Employez les questions ouvertes à bon escient. Dans quelques cas, il vaut mieux user d'une question ouverte que d'une question orientée qui appelle une réponse par oui ou par non. Les juges et les membres du jury peuvent avoir du mal à suivre une longue série de questions orientées et parfois il est plus facile de démontrer votre point de vue en incitant le témoin à s'exprimer.
    • Lorsque vous faites subir un contrinterrogatoire à un témoin expert, il vaut mieux l'amener à fournir l'information lui-même que de la lui suggérer, surtout si vous comptez revenir en arrière et lui reprocher une incohérence [3] .
    • Toutefois, même les questions ouvertes doivent être formulées avec soin. Assurez-vous des réponses données par le témoin et continuez en posant des questions supplémentaires pour maintenir le bon déroulement du contrinterrogatoire.
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    Veillez à ce que vos questions soient en phase avec le déroulement du procès. Il ne sert à rien de relever des incohérences, si elles ne sont pas en votre faveur. Ne posez pas de questions dans le vide, parce que chaque question supplémentaire risque de vous causer des surprises. N'oubliez pas que le but d'une question est de vous rapprocher de votre but.
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    Évitez d'ennuyer le juge et le jury. Variez les termes de vos questions de façon à éviter les répétitions. Les avocats qui commencent dans le métier construisent leurs questions orientées de la même façon. Par exemple : « vous..., est-ce correct » ou « est-il correct que... ». Pour poser une bonne question orientée, il n'est pas nécessaire de répéter constamment les termes « est-ce correct » ou « est-ce vrai ». Vous aurez plus de force et plus de conviction si vous évitez cette mauvaise habitude.
    • Essayez de citer les faits en toute simplicité, en utilisant votre voix pour montrer qu'il s'agit d'une question. Par exemple, vous pouvez dire : « vous avez rencontré M. Lapin, le 2 aout au matin. » Le témoin répondra « oui » même si vous n'avez pas utilisé l'expression « est-ce correct », pour monter qu'il s'agit bien d'une question.
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Partie 3
Partie 3 sur 3:
Conduire un contrinterrogatoire

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    Suivez scrupuleusement votre plan. Autant que possible, ne déviez pas de la ligne directrice que vous vous êtes fixée pour le contrinterrogatoire. Pensez à organiser l'ensemble de l'examen de façon à ce que le résultat corresponde à vos attentes. Vous pouvez réagir aux déclarations du témoin en posant des questions supplémentaires, mais n'agissez ainsi que si vous êtes sûr que votre affaire en tirera profit et que vous avez une idée précise sur les réponses que vous aurez.
    • Si vous obtenez une mauvaise réponse, évitez de discuter avec le témoin, car un tel comportement jouera en votre défaveur. Mais, si vous êtes sûr de l'existence d'une incohérence, vous pouvez discréditer le témoin [4] .
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    Adaptez vos questions à la personnalité du témoin. Ne traitez pas tous les témoins de la même façon. D'autre part, prenez en compte les faiblesses qui feront pencher le contrinterrogatoire en votre faveur. Après une bonne pratique du contrinterrogatoire, vous saurez comment ajuster votre ton et votre style pour influencer favorablement les juges, les membres du jury et le témoin.
    • Commencez par poser des questions faciles pour mettre le témoin en confiance et ne passez aux questions plus subtiles qu'après avoir établi un lien de confiance avec le témoin.
    • Soyez tenace et agressif(ve), sans être tyrannique.
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    Concluez en force. N'oubliez pas que les membres du jury se souviendront surtout de la dernière question. Lorsque vous aurez épuisé vos questions et démontré la justesse de votre point de vue, évitez de poser d'autres questions. Si vous avez bien organisé votre contrinterrogatoire, vous n'aurez pas besoin de poser des questions supplémentaires.
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    Sachez quand « il ne faut pas » soumettre un témoin à un contrinterrogatoire. Si vous estimez que l'examen ne sera d'aucune utilité, évitez de le faire. Évitez aussi de procéder à un contrinterrogatoire avec le seul espoir de trouver quelque chose d'utile. En effet, vous pouvez créer facilement une situation préjudiciable à votre cause. Ne prenez pas le risque de poser des questions orientées, si vous n'avez pas suffisamment de justificatifs pour les étayer. Efforcez-vous de concentrer votre argumentation sur un point faible de l'accusation [5] .
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Conseils

  • Souvenez-vous que vous devez vous contrôler. Lorsqu'un avocat mène un contrinterrogatoire, il doit contrôler la situation. Ne permettez pas à un témoin d'ajouter de son propre chef, une information inutile ou une déclaration personnelle. Demandez au juge d'informer le témoin qu'il ne doit répondre qu'aux questions qui lui sont posées.
  • Exercez-vous à conduire un contrinterrogatoire. Travaillez avec un partenaire ou un collègue et entrainez-vous à poser des questions, produire des preuves et mettre la pression en posant des questions supplémentaires.
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Catégories: Matières juridiques
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