École militaire interarmes
L'École militaire interarmes (EMIA) est une des écoles de l'Armée de terre française chargée de former des officiers issus du recrutement interne (anciens officiers de réserve, sous-officiers ou militaires du rang). L'EMIA est l'équivalent de l'EMA (École militaire de l'air) pour l'Armée de l'air ou l'EMF (École militaire de la flotte) pour la Marine nationale. Elle a pour devise « le travail pour Loi, l'honneur comme guide ».
Pour l'école malienne, voir École militaire interarmes de Koulikoro.
Fondation |
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Type | |
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Nom officiel |
École militaire interarmes |
Directeur |
Général de brigade Patrick Collet |
Devise |
Le travail pour loi, l'honneur comme guide |
Membre de | |
Site web |
Pays | |
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Campus |
Camp de Coëtquidan |
Ville |
L'EMIA est implantée à Coëtquidan (Morbihan) sur la commune de Guer. Ses élèves fréquentent la même école[pas clair][1] que leurs camarades de l'École spéciale militaire de Saint-Cyr, issus d'un concours externe, de l'École d'administration militaire (EAM, dissoute en 2013, à la suite de la création de l'école des commissaires des armées) et ceux du 4e bataillon de l'École spéciale militaire de Saint Cyr. Elle relève du commandement des écoles de Coëtquidan et de la direction des ressources humaines de l'Armée de terre (DRHAT).
Formation
L'EMIA recrute ses élèves parmi les sous-officiers d'active et les militaires du rang (depuis 2010) sélectionnés par concours. Les élèves-officiers suivent une formation de deux ans. À l'issue de la première année, ils sont nommés au grade de sous-lieutenant, puis de lieutenant à la fin de la seconde année. Les lieutenants nouvellement promus complètent alors leur formation pendant une année supplémentaire dans l'école d'application de leur choix. (Draguignan pour l'artillerie et l'infanterie, Saumur pour l'arme blindée-cavalerie, Angers pour le génie, etc.)[2].
Histoire
L'EMIA est l'héritière des différentes écoles d'armes du XIXe siècle, qui formaient des officiers issus des corps de troupe. La plus importante de ces écoles d'armes, l’école d'infanterie de Saint-Maixent, fut fusionnée avec Saint-Cyr en 1942 dans l'école des élèves-aspirants de Cherchell, créée après l'occupation allemande de la zone Sud. En 1944 l'École militaire de Cherchell prit le nom d’« École militaire interarmes ». Elle s'installa à Coëtquidan, les bâtiments de l'ancienne école de Saint-Cyr, à Saint-Cyr-l'École ayant été détruits dans des bombardements. La nouvelle école, qui prit en 1947 le nom d'« École spéciale militaire interarmes », formait à la fois, selon l'idée d'amalgame de son fondateur le général de Lattre de Tassigny, des officiers issus du concours externe et des officiers issus du recrutement interne.
Ce système fonctionne jusqu'en 1961, date à laquelle on sépara la formation des officiers « directs », confiée à la nouvelle école de Saint-Cyr, et celle des officiers «semi-direct », confiés à l'EMIA[3]. Selon Michel Goya[4], cette dissociation s'explique par la volonté de préserver les jeunes « directs » du contact avec les vétérans de la guerre d'Algérie, l'objectif étant de faire table rase d'un passé traumatisant pour construire une armée nouvelle et résolument moderne.
Recrutement
Historique
Longtemps, les candidats ont été sélectionnés à l'École militaire de Strasbourg. L'EMS comportait deux filières : le bataillon du concours unique des services (CUS) et le peloton préparatoire au concours de l'EMIA (PPEMIA). Les élèves de l'EMS avaient également la possibilité de se présenter à un concours d'ingénieurs auxiliaires de l'armement[Quoi ?].
Aujourd'hui
Le concours pour entrer à l'École militaire interarmes[5] nécessite quatre conditions : être âgé de 35 ans maximum, être titulaire d'un baccalauréat (admission sur concours) ou de la licence (admission sur titre), être militaire non-officier de trois ans de service minimum au 1er janvier de l'année du concours et enfin être apte physiquement.
Les épreuves dépendent du choix de la filière pour les épreuves écrites. Les épreuves orales et physiques sont communes à toutes les filières. Après s'être inscrit au concours dans son unité, le candidat doit choisir l'une des trois filières pour l'examen : sciences (SI), langues (L), économie (ES). Ensuite, les candidats doivent d'abord passer une série d'épreuves écrites pour être admissibles, puis passer une série d'oraux et d'épreuves physiques pour être admis.
- Les épreuves écrites[6] sont constitués de deux épreuves communes. Une épreuve de synthèse d'une durée de quatre heures, l'épreuve consiste en une synthèse portant sur un sujet relatif au monde de la défense, il s'agit de vérifier l'aptitude du candidat à analyser et à rédiger. Une épreuve de langue anglaise d'une durée de deux heures, l'épreuve écrite de langue anglaise comporte deux parties. Elle vise à vérifier la compétence linguistique et l'expression écrite. Puis, en fonction de la filière, deux épreuves spécifiques, pour les SI, il s'agit d'une épreuve de mathématiques et d'analyse de processus d'une durée de quatre heures et d'une épreuve de sciences physiques d'une durée de quatre heures. Pour les L, il s'agit d'une épreuve d'histoire des relations internationales et géopolitique d'une durée de quatre heures et d'une épreuve de langue vivante autre que l'anglais d'une durée de trois heures. Pour les ES, il s'agit d'une épreuve de sciences économiques d'une durée de trois heures et d'une épreuve de mathématiques appliquées d'une durée de trois heures[7].
- Les épreuves orales[8] sont communes à toutes les filières. La première épreuve est une épreuve d'aptitude aux fonctions d'officiers, cette épreuve comporte un entretien du candidat avec le président du jury, une personnalité scientifique ou universitaire et un officier supérieur examinateur sur un sujet tiré au sort de culture générale. La seconde épreuve est une épreuve de connaissances militaires, cette épreuve consiste en une interrogation orale de chaque candidat par le colonel adjoint du président et deux officiers supérieurs examinateurs. La dernière épreuve est une épreuve de langue anglaise. Il existe aussi une épreuve de langue vivante optionnelle[7].
- Les épreuves physiques consistent à grimper une corde (l'épreuve consiste à grimper en style libre deux fois une hauteur de cinq mètres mesurée à partir du sol dans les délais les plus courts), un test de type « Cooper », effectué sur piste, une épreuve de natation de 100 mètres nage libre et 10 mètres en apnée (en piscine, avec ou sans virage, après un départ plongé ou sauté depuis le plot de départ), une épreuve d'abdominaux et enfin un parcours d'obstacle[7].
Il existe aussi un concours sur titre pour les personnels déjà titulaires d'un diplôme de niveau minimum de baccalauréat plus deux ans. Les élèves sélectionnés ne passent pas les épreuves écrites et vont directement passer les épreuves orales et physiques[9].
Diplomes
Diplômes universitaires
Tous les élèves officiers obtiennent à leur sortie de l’école le diplôme de l’Ecole Militaire Interarmes qui leur confère le grade de licence (180 ECTS), validé par le ministère de l’enseignement et de la recherche[10].
Stages, diplômes et brevets spécifiques
Dans le même temps, les élèves officiers passent de nombreux stages militaires qui leur donnent des qualifications spécifiques :
- capacité à commander une section de trente hommes environ ;
- brevet de parachutisme militaire ;
- directeur de mise en œuvre des explosifs ;
- directeur de tir ;
- moniteur de tir de combat ;
- stages d’aguerrissement aux techniques commando, jusqu'à instructeur ;
- attestation prévention et secours civiques de niveau 1 ;
- certificats militaires de langues étrangères ;
- stage académique de recherche en milieu international ;
- stage d’aguerrissement en milieu équatorial ;
- stage d’aguerrissement en montagne.
Traditions
Le drapeau de l'école militaire interarmes porte sur sa cravate la croix de chevalier de la Légion d'Honneur (depuis 2011), la croix de guerre 1939-1945 avec palme et la croix de guerre TOE avec palme. En outre la croix de guerre 1939-1945 avec palme de l'école militaire de Cherchell est également épinglée sur cette cravate (elle comporte, en plus de la palme, une agrafe marquée « Cherchell »).
Les élèves de l'EMIA sont surnommés les « dolos », d'après la marque de corned beef des anciennes rations de combat qui représente un bœuf (un « bœuf » étant en langage argotique militaire un soldat rustique, dur à la tâche et pas toujours très fin). Les élèves de l'EMIA ont commencé à revendiquer cette appellation dans le courant des années 1970. Lors des cérémonies, ils portent la Tenue de Parade, dite « TP », ainsi que le sabre modèle F1 inspiré du Sabre de cavalerie légère modèle An IX. Lors des activités de tradition ils portent le calot bleu ciel[11], hérité de celui des cadets de l'École de Cherchell.
Les chants de tradition de l'EMIA sont La Prière, Sarie Marès et le Dolo Cornu[12].
Une phrase populaire : « Dolo un jour, Dolo toujours ! ».
Conservation des archives
Début 2016, afin de permettre la conservation des archives numériques des promotions de l'École militaire interarmes, la 54e promotion a créé un site internet permettant d'archiver les sites des promotions afin d'éviter les disparitions malencontreuses de cet historique[13],[14].
Promotions depuis 1961
1er | 1961-1962 | Capitaine Bourgin |
2e | 1962-1963 | Serment de Koufra |
3e | 1963-1964 | Belvédère |
4e | 1964-1965 | André Zirnheld[15]. |
5e | 1965-1966 | Cinquantenaire de Verdun |
6e | 1966-1967 | Connétable du Guesclin[16] |
7e | 1967-1968 | Narvik[17]. |
8e | 1968-1969 | Libération de Strasbourg |
9e | 1969-1970 | Plateau des Glières |
10e | 1970-1971 | Général Kœnig[18]. |
11e | 1971-1972 | Souvenir[19] |
12e | 1972-1973 | Général Marceau[20] |
13e | 1973-1974 | Général Brosset[21] |
14e | 1974-1975 | Capitaine Cazaux[22] |
15e | 1975-1976 | Capitaine Cardonne[23] |
16e | 1976-1977 | Capitaine de Belsunce[24] |
17e | 1977-1978 | Lieutenant Chezeau[25] |
18e | 1978-1979 | Général Laurier |
19e | 1979-1980 | Lieutenant-colonel Broche[26] |
20e | 1980-1981 | Capitaine Cozette[27] |
21e | 1981-1982 | Centenaire[28] |
22e | 1982-1983 | Lieutenant Leclerc de Hauteclocque |
23e | 1983-1984 | Lieutenant Borgniet |
24e | 1984-1985 | Lieutenant Bernard de Lattre de Tassigny. |
25e | 1985-1986 | Lieutenant Lhuillier |
26e | 1986-1988 | Dalat |
27e | 1987-1989 | Capitaine Legrand[29] |
28e | 1988-1990 | Valmy[30] |
29e | 1989-1991 | Bataillon de Corée |
30e | 1990-1992 | Général Daboval |
31e | 1991-1993 | Capitaine Barrès[31] |
32e | 1992-1994 | Combats de Tu-Lê |
33e | 1993-1995 | Capitaine Maine |
34e | 1994-1996 | Cadets de Cherchell |
35e | 1995-1997 | Lieutenant Schaffar[32] |
36e | 1996-1998 | Général Gandoët[33] |
37e | 1997-1999 | Grande Guerre |
38e | 1998-2000 | Général Berge[34] |
39e | 1999-2001 | Campagne d'Italie |
40e | 2000-2002 | Capitaine Coignet |
41e | 2001-2003 | Capitaine Biancamaria[35] |
42e | 2002-2004 | Lieutenant de Ferrières |
43e | 2003-2005 | Général de Lanlay |
44e | 2004-2006 | Colonel Guéguen[36] |
45e | 2005-2007 | Colonel Delcourt |
46e | 2006-2008 | Lieutenant Antoine de la Bâtie[37] |
47e | 2007-2009 | Général de Corps d'armée Le Ray |
48e | 2008-2010 | Capitaine Flores[38] |
49e | 2009-2011 | Colonel du Puy-Montbrun[39] |
50e | 2010-2012 | Général Bigeard[40] |
51e | 2011-2013 | Maréchal Bessières[41] |
52e | 2012-2014 | Ceux d'Afghanistan[42] |
53e | 2013-2015 | Général Delayen |
54e | 2014-2016 | Lieutenant Nungesser[43] |
55e | 2015-2017 | Colonel Vallette d'Osia[44] |
56e | 2016-2018 | Lieutenant-colonel Mairet[45] |
57e | 2017-2019 | Général Lucien Le Boudec |
58e | 2018-2020 | Uskub[46] |
59e | 2019-2021 | Armée des Alpes |
60e | 2020-2022 | Général Eblé |
61e | 2021-2022 | Gergovie |
Culture populaire
En , paraît le premier album d'une bande dessinée consacrée à l'EMIA :
- Nelson Castillo, Matthieu Sylvain, Rémi Le Capon et Patrice Buendia, EMIA : Frères d'armes, Paris/Marcinelle/impr. en Belgique, Zéphyr Éditions, , 56 p. (ISBN 978-2-36118-194-9)
Notes et références
- Signification probable : "… suivent le même cursus d'enseignement et de formation"
- « Scolarité de l’Ecole Militaire Interarmes. », sur www.st-cyr.terre.defense.gouv.fr (consulté le ).
- « Historique de l’Ecole Militaire Interarmes. », sur www.st-cyr.terre.defense.gouv.fr (consulté le ).
- Michel Goya, Sous le feu, Tallandier, , p.229
- « Le concours pour entrer à l'École Militaire InterArmes : Condition d'accés ».
- « Le concours pour entrer à l'École Militaire InterArmes : épreuves écrites ».
- « Concours sur épreuves d'admission à l'école militaire interarmes » [PDF].
- « Le concours pour entrer à l'École Militaire InterArmes : épreuves orales ».
- « Concours sur titres d'admission à l'École militaire interarmes » [PDF].
- « Qualifications et diplômes à l'EMIA. », sur www.st-cyr.terre.defense.gouv.fr (consulté le ).
- Le port de ce calot a été réintroduit à l'EMIA en 1988 par la Promotion VALMY sur proposition de l'EOA LABROSSE.
- « Les Chants de l'EMIA », sur dolos.chez.com (consulté le ).
- « Le mamouth: Un nouveau chantier pour la Nungesser », sur lemamouth.blogspot.fr (consulté le ).
- « L'EMIA face au devoir de conservation du patrimoine des promotions », sur lignesdedefense.blogs.ouest-france.fr (consulté le ).
- « Site de la promotion Zirnheld ».
- https://www.promotions-emia.fr/les-promotions-emia/promotions-emia-de-1961-a-1986.html#promotions-1961-1971
- « Site de la promotion Narvik ».
- « Site de la promotion Général Kœnig ».
- « Page de la promotion Souvenir - Site promotions E.M.I.A. ».
- « Site de la promotion Général Marceau ».
- « Site de la promotion Général Brosset ».
- « Site de la promotion Capitaine Cazaux ».
- « Site de la promotion Capitaine Cardonne ».
- « Site de la promotion Capitaine de Belsunce ».
- « Site de la promotion Lieutenant Chezeau ».
- « Site de la promotion Lieutenant-colonel Broche ».
- « Site de la promotion Capitaine Cozette ».
- « Site de la promotion Centenaire ».
- « Site de la promotion Capitaine Legrand ».
- « Site de la promotion Valmy ».
- « Site de la promotion Capitaine Barrès ».
- « Site de la promotion Lieutenant Schaffar ».
- « Site de la promotion Général Gandoët ».
- « Site de la promotion Général Berge ».
- « Site de la promotion Capitaine Biancamaria ».
- « Site de la promotion Colonel Guéguen ».
- Le nom est à portée symbolique, Antoine-Dejean-de-la-Bâtie fait partie des victimes de l'attentat du poste Drakkar en 1983 à Beyrouth durant la guerre du Liban. Voir « "Nous saluerons le Président, pas el-Assad" », sur Le JDD, et « 20 heures de France 2 [9e minute] », sur YouTube / INA,
- « Site de la promotion Capitaine Flores ».
- « Page de la promotion Colonel du Puy-Montbrun ».
- « Site de la promotion Général Bigeard ».
- « Site de la promotion Maréchal Bessières ».
- « Site de la promotion Ceux d'Afghanistan ».
- « Site de la promotion Lieutenant Nungesser », sur www.emia54.promotions-emia.fr (consulté le ).
- « Site de la promotion Colonel Vallette d'Osia », sur http://www.emia55.fr/.
- « Site de la promotion Lieutenant-colonel MAIRET », sur https://mairet.promotions-emia.fr/.
- Chant de la Promotion 2018-2020 : Uskub, 24 juillet 2019, (écouter en ligne) (nISSM)
Voir aussi
Bibliographie
- Ministère de la Défense, Force et Courage : histoire et traditions de l'École militaire interarmes de 1873 à nos jours, Guer, École militaire interarmes, , 125 p. (ISBN 978-2-11-089165-5 et 2-11-089165-3)
Articles connexes
Liens externes
- Site officiel
- Ressource relative à la vie publique :
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