Édith Pinet
Édith Branch Pinet [edit bɹæntʃ pinɛt], dite Garde Pinet, dite Mémère Pinet à la fin de sa vie, C.M., (née en 1904 à Burnsville, au Nouveau-Brunswick - morte en 1999 à Paquetville, au Nouveau-Brunswick) est une fermière, une marchande et une infirmière canadienne, surtout connue pour sa pratique de sage-femme.
Nom de naissance | Marie Édith Branch |
---|---|
Alias |
Garde Pinet, Mémère Pinet |
Naissance |
Burnsville (Nouveau-Brunswick) |
Décès |
Paquetville (Nouveau-Brunswick) |
Nationalité | Canada |
Profession |
Infirmière |
Autres activités |
Marchande, fermière |
Formation |
École d'infirmières de Saint-Jean-sur-Richelieu |
Distinctions | |
Ascendants |
Angus Branch et Victoire Cormier |
Conjoint |
Guillaume Pinet |
Pour les articles homonymes, voir Pinet (homonymie).
Biographie
Origines
Richard Branch | Isabelle Black | Augustin Cormier | Christine Léger | ||||||||||||||||||||||||||||||||
Angus Branch | Victoire Cormier | ||||||||||||||||||||||||||||||||||
Édith Branch Pinet | |||||||||||||||||||||||||||||||||||
Édith Branch Pinet naît Marie Edith Branch[1] le à Burnsville, dans la paroisse de Paquetville, au Nouveau-Brunswick[2]. Ses parents sont Angus Branch et Victoire Cormier, mariés le à Caraquet[3]. Elle est baptisée à l'église Saint-Augustin de Paquetville. La famille adopte la langue du père, l'anglais, mais ce dernier se convertit au catholicisme de la mère[2].
Son père, le garde forestier Angus Branch, naît à Big River[4],[2]. Ses parents sont Richard Branch et Isabelle Black[3].
Sa mère, l'institutrice (Marie) Victoire Cormier, naît à Caraquet[2] le [5]. Ses parents sont Augustin Cormier ( - ) et Christine Léger (1836 - )[5].
Édith a trois frères, dont James (1907-1980)[6] et Joseph[1], ainsi que sept sœurs, dont Kathleen[2], Emo Jene[1] et Winnifred (1913-1982)[1]. Deux de ses frères deviennent contacteurs et James devient prêtre et auteur alors que de ses sœurs, trois deviennent religieuses, trois institutrices et une infirmière[2].
Premiers emplois et études
Édith étudie à l'école élémentaire du village jusqu'en quatrième année[4]. Elle travaille pour sa famille dès son enfance et devient ensuite servante chez le marchand Nicolas Thériault[2]. De douze à quinze ans, elle travaille comme cuisinière au camp de bûcheron de son frère Richard; sa mère lui envoie des devoirs[2]. Elle envoie des demandes d'inscription au couvent des Religieuses Hospitalières de l'hôpital de Campbellton, où a étudié sa sœur Kathleen, ainsi qu'à l'hôpital Notre-Dame de Montréal mais est refusée, n'ayant pas l'instruction nécessaire[7]. En 1924, elle s'inscrit à la nouvelle école d'infirmières Saint-Jean-d'Iberville, désormais un quartier de Saint-Jean-sur-Richelieu, au Québec[7]. Les épidémies de diphtérie et de typhoïde ne l'épargnent pas et elle est hospitalisée durant 45 jours[4]. Elle perd tous ses cheveux et doit porter une perruque, qu'elle appelle sa « transplantation », durant deux ans[4]. Elle n'obtient son brevet d'infirmière qu'en 1928[4]. Ses notes sont toutefois très bonnes et elle se fait reconnaître pour son franc-parler[7].
Garde Pinet
Après ses études, elle rejoint sa sœur Kathleen à New York mais son séjour est de courte durée puisqu'elle revient pour épouser Guillaume « William » Pinet, un bûcheron aisé, veuf et plus âgé qu'elle. Durant trente ans, Édith et son mari gèrent un moulin à bois, un magasin général et une grande ferme[7].
Lorsque Édith Pinet s'installe à Trudel, la région ne compte alors pas de médecin mais c'est habituellement une femme âgée qui fait le travail de sage-femme[8]. Toutefois, Garde Pinet est appelée pour la première fois lors d'une urgence en 1929; cette première « délivrée » est Thérèse Lacacé[8]. Garde Pinet donne naissance à 3 000 enfants durant sa carrière; elle note en effet toutes ses naissances dans un carnet[7]; elle donne notamment naissance à la chanteuse Édith Butler[9]. Elle ne facture pas ses services à l'origine mais finit par demander 5 $ par accouchement, uniquement si la famille en a les moyens[8].
Son mari Guillaume Pinet meurt en 1958[10]. N'ayant plus de conducteur, Édith passe son permis de conduire et s'achète une automobile[9].
Édith Pinet opère de plus une sorte de clinique externe chez elle, où elle soigne blessures mineures et maladies bénignes, fabriquant même certains remèdes[11],[8]. « Le devoir l'appelant », elle doit même prodiguer des soins lors des funérailles de son mari et du mariage d'un de ses fils[9]. Elle travaille avec des instruments rudimentaires mais ne perd pourtant jamais un nouveau-né[9]. En entrevue à L'Évangéline, elle s'oppose à ceux affirmant que l'hôpital est le seul endroit sûr pour accoucher et affirme ne pas avoir peur de discuter avec un médecin[8]. Elle soutient aussi être capable de reconnaître les complications et d'emmener la mère à l'hôpital si tel est le cas[8].
Elle cesse son métier de sage-femme en 1970 à cause d'un cancer et d'autres problèmes de santé; son dernier « délivré » est Jerry Murty[8]. Toutefois, elle continue de soigner des gens dans sa maison ou de prodiguer des conseils au téléphone[12],[8]. Elle décide de finir ses jours au foyer de soins de Paquetville portant son nom, où elle meurt le [11].
Famille
Elle rencontre son futur époux, Guillaume Pinet, en 1928 à la gare de Burnsville[7]. Guillaume naît le et ses parents sont Anthyme Pinet (1839-1915) et Mathilde Thériault (?-1873)[10]. De son premier mariage, célébré le à Berlin, au New Hampshire, avec Joséphine Joncas (1866-1928), il a six enfants: Arthur, Maria (1896-1963), Joseph Ernest (1898-1918), Lauza (1902-1985), Joseph Raoul (1904-1909) et Marie Jeanne[10]. Édith et Guillaume se marient en 1928 à Paquetville[1] et le couple a treize enfants, dont deux morts en bas âge: Édith, Éthel, Winnie, Betty, William, Denis, Kathleen, Jean et Patsy[4]. Ils adoptent aussi trois ou quatre enfants selon les sources, dont Clifford Godin, Lucille Gozzo et Gérald Lizotte[4],[11]. Quatre de leurs filles deviennent infirmières[7].
Distinctions et hommages
Image externe | |
Édith Pinet | |
Édith B. Pinet dans son magasin | |
En 1979, elle est faite membre de l'Ordre du Canada[13], le village de Paquetville la nomme mère de l'année à l'occasion de l'Année internationale de l'enfant[14] et elle inaugure le réseau CBC à Fredericton[12]. En 1982, l'Office national du film du Canada produit le court-métrage Une sagesse ordinaire, relatant sa vie et son travail. Le film est présenté l'année suivante à Paquetville[12] et à cette occasion, elle est nommée Citoyenne Honoraire de la municipalité. En 1986, elle reçoit un doctorat honorifique en Sciences Infirmières de l'Université de Moncton[14]. Le foyer de soins Manoir Édith B. Pinet est inauguré à Paquetville en sa présence en 1987[14]. En 1988, elle est décorée du grade de Chevalier de l'Ordre de la Pléiade[14]. En 1992, on lui décerne la médaille du centenaire du Canada[14]. En 1994, elle reçoit le prix d'excellence de la fête du Nouveau-Brunswick[14].
Elle disait: « Peu importent les épreuves, la vie doit continuer normalement. Personne n'est éprouvé au-delà de ses capacités - Such is life » et elle considérait que chacun des enfants qu'elle a mis au monde est comme son enfant[11].
Notes et références
- « Edith B. Pinet », sur Généalogie des descendants de Jacques Léger dit Larosette (consulté le ).
- « Édith B. Pinet: Une sage-femme - page 1 », sur Musée virtuel du Canada (consulté le ).
- « Angus Branch », sur Généalogie des descendants de Jacques Léger dit Larosette (consulté le ).
- Angélie Thériault, « Madame Edith Pinet (75 ans) choisie mère de l'année », L'Évangéline, vol. 92, no 53, , p. 27 (lire en ligne)
- « Marie-Victoire Cormier », sur Généalogie des descendants de Jacques Léger dit Larosette (consulté le ).
- Marguerite Maillet, Gérald Leblanc et Bernard Emont, Anthologie de textes littéraires acadiens : 1606-1975, Moncton, Éditions d'Acadie, , 643 p. (ISBN 2-7600-0228-4), p. 332
- « Édith B. Pinet: Une sage-femme - page 2 », sur Musée virtuel du Canada (consulté le ).
- Chris Morris, « Au cours des années 1930, le métier de sage-femme s'imposait », L'Évangéline, vol. 95, no 53, , p. 47 (lire en ligne)
- « Édith B. Pinet: Une sage-femme - page 3 », sur Musée virtuel du Canada (consulté le ).
- « Guillaume Pinet », sur Généalogie des descendants de Jacques Léger dit Larosette (consulté le ).
- « Édith B. Pinet: Une sage-femme - page 6 », sur Musée virtuel du Canada (consulté le ).
- « Édith B. Pinet: Une sage-femme - page 4 », sur Musée virtuel du Canada (consulté le ).
- « Ordre du Canada - Edith B. Pinet », sur Le gouverneur général du Canada (consulté le ).
- « Édith B. Pinet: Une sage-femme - page 5 », sur Musée virtuel du Canada (consulté le ).
Voir aussi
Bibliographie
Documentaires:
- Jeannine Thériault Landry, La Vie au bout des doigts, Montréal, Éditions du Fleuve,
Articles de presse:
- Angélie Thériault, , dans L'Évangéline;
- (en) Arlee McGee, , dans The Atlantic Advocate;
- Chris Morris, , dans L'Évangéline;
- Martin Pître, , dans Le Voilier, Le Point;
- Louis Légère, , dans Le Voilier, Le Point;
- , dans La Presse;
- La Presse canadienne, , dans L'Acadie Nouvelle
Filmographie
1982 : Une sagesse ordinaire, réalisé par Claudette Lajoie-Chiasson
Liens externes
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