Édith Pinet

Édith Branch Pinet [edit bɹæntʃ pinɛt], dite Garde Pinet, dite Mémère Pinet à la fin de sa vie, C.M., (née en 1904 à Burnsville, au Nouveau-Brunswick - morte en 1999 à Paquetville, au Nouveau-Brunswick) est une fermière, une marchande et une infirmière canadienne, surtout connue pour sa pratique de sage-femme.

Édith Pinet
Édith Pinet en 1928.
Nom de naissance Marie Édith Branch
Alias
Garde Pinet, Mémère Pinet
Naissance
Burnsville (Nouveau-Brunswick)
Décès
Paquetville (Nouveau-Brunswick)
Nationalité Canada
Profession
Infirmière
Autres activités
Marchande, fermière
Formation
École d'infirmières de Saint-Jean-sur-Richelieu
Distinctions
Ascendants
Angus Branch et Victoire Cormier
Conjoint
Guillaume Pinet

Pour les articles homonymes, voir Pinet (homonymie).

Biographie

Origines

 
Richard Branch
 
Isabelle Black
 
 
Augustin Cormier
 
Christine Léger
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Angus Branch
 
 
 
 
 
 
Victoire Cormier
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Édith Branch Pinet

Édith Branch Pinet naît Marie Edith Branch[1] le à Burnsville, dans la paroisse de Paquetville, au Nouveau-Brunswick[2]. Ses parents sont Angus Branch et Victoire Cormier, mariés le à Caraquet[3]. Elle est baptisée à l'église Saint-Augustin de Paquetville. La famille adopte la langue du père, l'anglais, mais ce dernier se convertit au catholicisme de la mère[2].

Son père, le garde forestier Angus Branch, naît à Big River[4],[2]. Ses parents sont Richard Branch et Isabelle Black[3].

Sa mère, l'institutrice (Marie) Victoire Cormier, naît à Caraquet[2] le [5]. Ses parents sont Augustin Cormier ( - ) et Christine Léger (1836 - )[5].

Édith a trois frères, dont James (1907-1980)[6] et Joseph[1], ainsi que sept sœurs, dont Kathleen[2], Emo Jene[1] et Winnifred (1913-1982)[1]. Deux de ses frères deviennent contacteurs et James devient prêtre et auteur alors que de ses sœurs, trois deviennent religieuses, trois institutrices et une infirmière[2].

Premiers emplois et études

La famille Branch, en 1933.

Édith étudie à l'école élémentaire du village jusqu'en quatrième année[4]. Elle travaille pour sa famille dès son enfance et devient ensuite servante chez le marchand Nicolas Thériault[2]. De douze à quinze ans, elle travaille comme cuisinière au camp de bûcheron de son frère Richard; sa mère lui envoie des devoirs[2]. Elle envoie des demandes d'inscription au couvent des Religieuses Hospitalières de l'hôpital de Campbellton, où a étudié sa sœur Kathleen, ainsi qu'à l'hôpital Notre-Dame de Montréal mais est refusée, n'ayant pas l'instruction nécessaire[7]. En 1924, elle s'inscrit à la nouvelle école d'infirmières Saint-Jean-d'Iberville, désormais un quartier de Saint-Jean-sur-Richelieu, au Québec[7]. Les épidémies de diphtérie et de typhoïde ne l'épargnent pas et elle est hospitalisée durant 45 jours[4]. Elle perd tous ses cheveux et doit porter une perruque, qu'elle appelle sa « transplantation », durant deux ans[4]. Elle n'obtient son brevet d'infirmière qu'en 1928[4]. Ses notes sont toutefois très bonnes et elle se fait reconnaître pour son franc-parler[7].

Garde Pinet

Vue aérienne du domaine Pinet à Trudel en 1930.

Après ses études, elle rejoint sa sœur Kathleen à New York mais son séjour est de courte durée puisqu'elle revient pour épouser Guillaume « William » Pinet, un bûcheron aisé, veuf et plus âgé qu'elle. Durant trente ans, Édith et son mari gèrent un moulin à bois, un magasin général et une grande ferme[7].

Lorsque Édith Pinet s'installe à Trudel, la région ne compte alors pas de médecin mais c'est habituellement une femme âgée qui fait le travail de sage-femme[8]. Toutefois, Garde Pinet est appelée pour la première fois lors d'une urgence en 1929; cette première « délivrée » est Thérèse Lacacé[8]. Garde Pinet donne naissance à 3 000 enfants durant sa carrière; elle note en effet toutes ses naissances dans un carnet[7]; elle donne notamment naissance à la chanteuse Édith Butler[9]. Elle ne facture pas ses services à l'origine mais finit par demander 5 $ par accouchement, uniquement si la famille en a les moyens[8].

Son mari Guillaume Pinet meurt en 1958[10]. N'ayant plus de conducteur, Édith passe son permis de conduire et s'achète une automobile[9].

Édith Pinet opère de plus une sorte de clinique externe chez elle, où elle soigne blessures mineures et maladies bénignes, fabriquant même certains remèdes[11],[8]. « Le devoir l'appelant », elle doit même prodiguer des soins lors des funérailles de son mari et du mariage d'un de ses fils[9]. Elle travaille avec des instruments rudimentaires mais ne perd pourtant jamais un nouveau-né[9]. En entrevue à L'Évangéline, elle s'oppose à ceux affirmant que l'hôpital est le seul endroit sûr pour accoucher et affirme ne pas avoir peur de discuter avec un médecin[8]. Elle soutient aussi être capable de reconnaître les complications et d'emmener la mère à l'hôpital si tel est le cas[8].

Elle cesse son métier de sage-femme en 1970 à cause d'un cancer et d'autres problèmes de santé; son dernier « délivré » est Jerry Murty[8]. Toutefois, elle continue de soigner des gens dans sa maison ou de prodiguer des conseils au téléphone[12],[8]. Elle décide de finir ses jours au foyer de soins de Paquetville portant son nom, où elle meurt le [11].

Famille

L'ancien magasin d'Édith Pinet, en 2011.

Elle rencontre son futur époux, Guillaume Pinet, en 1928 à la gare de Burnsville[7]. Guillaume naît le et ses parents sont Anthyme Pinet (1839-1915) et Mathilde Thériault (?-1873)[10]. De son premier mariage, célébré le à Berlin, au New Hampshire, avec Joséphine Joncas (1866-1928), il a six enfants: Arthur, Maria (1896-1963), Joseph Ernest (1898-1918), Lauza (1902-1985), Joseph Raoul (1904-1909) et Marie Jeanne[10]. Édith et Guillaume se marient en 1928 à Paquetville[1] et le couple a treize enfants, dont deux morts en bas âge: Édith, Éthel, Winnie, Betty, William, Denis, Kathleen, Jean et Patsy[4]. Ils adoptent aussi trois ou quatre enfants selon les sources, dont Clifford Godin, Lucille Gozzo et Gérald Lizotte[4],[11]. Quatre de leurs filles deviennent infirmières[7].

Distinctions et hommages

Le Manoir Edith B. Pinet de Paquetville.
Image externe
Édith Pinet
Édith B. Pinet dans son magasin

En 1979, elle est faite membre de l'Ordre du Canada[13], le village de Paquetville la nomme mère de l'année à l'occasion de l'Année internationale de l'enfant[14] et elle inaugure le réseau CBC à Fredericton[12]. En 1982, l'Office national du film du Canada produit le court-métrage Une sagesse ordinaire, relatant sa vie et son travail. Le film est présenté l'année suivante à Paquetville[12] et à cette occasion, elle est nommée Citoyenne Honoraire de la municipalité. En 1986, elle reçoit un doctorat honorifique en Sciences Infirmières de l'Université de Moncton[14]. Le foyer de soins Manoir Édith B. Pinet est inauguré à Paquetville en sa présence en 1987[14]. En 1988, elle est décorée du grade de Chevalier de l'Ordre de la Pléiade[14]. En 1992, on lui décerne la médaille du centenaire du Canada[14]. En 1994, elle reçoit le prix d'excellence de la fête du Nouveau-Brunswick[14].

Elle disait: « Peu importent les épreuves, la vie doit continuer normalement. Personne n'est éprouvé au-delà de ses capacités - Such is life » et elle considérait que chacun des enfants qu'elle a mis au monde est comme son enfant[11].

Notes et références

  1. « Edith B. Pinet », sur Généalogie des descendants de Jacques Léger dit Larosette (consulté le ).
  2. « Édith B. Pinet: Une sage-femme - page 1 », sur Musée virtuel du Canada (consulté le ).
  3. « Angus Branch », sur Généalogie des descendants de Jacques Léger dit Larosette (consulté le ).
  4. Angélie Thériault, « Madame Edith Pinet (75 ans) choisie mère de l'année », L'Évangéline, vol. 92, no 53, , p. 27 (lire en ligne)
  5. « Marie-Victoire Cormier », sur Généalogie des descendants de Jacques Léger dit Larosette (consulté le ).
  6. Marguerite Maillet, Gérald Leblanc et Bernard Emont, Anthologie de textes littéraires acadiens : 1606-1975, Moncton, Éditions d'Acadie, , 643 p. (ISBN 2-7600-0228-4), p. 332
  7. « Édith B. Pinet: Une sage-femme - page 2 », sur Musée virtuel du Canada (consulté le ).
  8. Chris Morris, « Au cours des années 1930, le métier de sage-femme s'imposait », L'Évangéline, vol. 95, no 53, , p. 47 (lire en ligne)
  9. « Édith B. Pinet: Une sage-femme - page 3 », sur Musée virtuel du Canada (consulté le ).
  10. « Guillaume Pinet », sur Généalogie des descendants de Jacques Léger dit Larosette (consulté le ).
  11. « Édith B. Pinet: Une sage-femme - page 6 », sur Musée virtuel du Canada (consulté le ).
  12. « Édith B. Pinet: Une sage-femme - page 4 », sur Musée virtuel du Canada (consulté le ).
  13. « Ordre du Canada - Edith B. Pinet », sur Le gouverneur général du Canada (consulté le ).
  14. « Édith B. Pinet: Une sage-femme - page 5 », sur Musée virtuel du Canada (consulté le ).

Voir aussi

Bibliographie

Documentaires:

  • Jeannine Thériault Landry, La Vie au bout des doigts, Montréal, Éditions du Fleuve,

Articles de presse:

  • Angélie Thériault, , dans L'Évangéline;
  • (en) Arlee McGee, , dans The Atlantic Advocate;
  • Chris Morris, , dans L'Évangéline;
  • Martin Pître, , dans Le Voilier, Le Point;
  • Louis Légère, , dans Le Voilier, Le Point;
  • , dans La Presse;
  • La Presse canadienne, , dans L'Acadie Nouvelle

Filmographie

1982 : Une sagesse ordinaire, réalisé par Claudette Lajoie-Chiasson

Liens externes

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