Église Notre-Dame-et-Saint-Fiacre de Neuilly-sous-Clermont

L'église Notre-Dame et saint-Fiacre est une église catholique paroissiale située à Neuilly-sous-Clermont, dans le département de l'Oise, en région Hauts-de-France, en France. Elle succède à une chapelle du milieu du XIIe siècle, dont la façade a été conservée. La fondation de la paroisse remonte au XIIIe siècle, et le chœur-halle gothique à trois vaisseaux de deux travées a été construit à cette époque. Certaines fenêtres ont été pourvues d'un remplage rayonnant. La nef a été reconstruite après la guerre de Cent Ans et voûtée d'ogives dans le style flamboyant, ce qui a nécessité une subdivision entre nef et collatéral moyennant trois grandes arcades. Le clocher se dresse au-dessus de la travée nord-ouest du chœur-halle, et se remarque par son élégante flèche. L'église a été classée aux titre des monuments historiques par arrêté du [1]. Son histoire reste mal connue et l'on ne sait guère plus qu'un prieuré-cure y était attaché jusqu'à la Révolution française.

Pour les articles homonymes, voir Église Notre-Dame et Église Saint-Fiacre.

Église Notre-Dame et Saint-Fiacre

Vue sud-est de l'église
Présentation
Culte Catholique romaine
Type Église
Rattachement Diocèse de Beauvais
Début de la construction XIIe siècle
Fin des travaux XVe siècle
Architecte inconnu
Style dominant gothique et gothique flamboyant
Protection  Classé MH (1933)
Géographie
Pays France
Région Hauts-de-France
Département Oise
Ville Neuilly-sous-Clermont
Coordonnées 49° 20′ 38″ nord, 2° 24′ 44″ est
Géolocalisation sur la carte : France
Géolocalisation sur la carte : Hauts-de-France
Géolocalisation sur la carte : Oise

Histoire

L’église de Neuilly n’a pas encore fait l’objet d’une étude historique et architecturale détaillée. Jusqu’en 2013, seulement deux auteurs lui ont consacré quelques lignes ou quelques paragraphes. Le premier a été Louis Graves dans son Précis statistique sur le canton de Mouy en 1835, cité par Janny Noblécourt dans sa brochure parue en 2013[2]. Comme cela lui arrive parfois, Graves donne une description un peu confuse (« le portail est légèrement déporté vers la gauche du chœur », « édifice de forme allongée ») ou utilise une terminologie qui lui est propre (« la nef est de style ogival tertiaire », « le chœur est plus ancien, du temps de l’architecture à rosaces »). L’église est effectivement plus longue que large, mais sa forme en tau (en T) n’est pas mise en évidence par la description de Graves. Le portail ouvre dans la nef et non dans le chœur, comme le suggère son texte. En fait c’est l’ensemble nef et bas-côté nord qui est déporté à gauche du chœur-halle. Cet ensemble possède une façade occidentale commune, celle de l’ancienne nef, et le portail est au milieu de cette façade. C’est l’attribution du portail à l’architecture romane par Louis Graves qui permet de dire que la façade est la partie la plus ancienne de l’église, mais il faut prendre l’expression « arcade romane » avec beaucoup de réserve, car l’arc de la porte est en anse de panier, et non en plein cintre comme d’usage à la période romane. Si Graves fait allusion à l’arc de décharge sous le gâble qui surmonte le portail, cet arc est en tiers-point et très aigu, et les deux fenêtres qui flanquent le portail sont également en tiers-point. Les deux baies gémelées au-dessus du gâble sont en arc brisé. Surtout le tracé très aigu de l’arc de décharge paraît incompatible avec la période romane. Il n’y a aucun élément de décoration bien spécifique, mais les deux contreforts établis dans le prolongement des jambages du portail présentent des ressauts faiblement prononcés, et leur saillie est relativement faible, ce qui évoque la période romane. Il sera donc plus prudent de ne pas attribuer la façade à un style concret et de retenir ses influences gothiques et romanes, ce qui placerait la façade au milieu du XIIe siècle. Eugène Müller pense même que la façade serait contemporaine du chœur et daterait du XIIIe siècle[3]. Le style du reste de la nef serait qualifié de gothique flamboyant en employant la terminologie actuelle : elle a donc été rebâtie au dernier tiers du XVe siècle, après la guerre de Cent Ans, ou pendant la première moitié du XVe siècle. Le chœur serait de style gothique rayonnant selon Graves, où l’on voit des rosaces en haut de la plupart des fenêtres. En fait, seulement trois sur les sept fenêtres que compte le chœur sont rayonnantes, et le style des supports et la modénature sont également à prendre en compte. La paroisse ayant été fondée au XIIIe siècle, il est en tout cas communément admis que le chœur fut construit au XIIIe siècle au moment de l’érection de la chapelle du XIIe siècle en église paroissiale[4].

Vue depuis le sud.

Le second auteur ayant écrit sur l’église Notre-Dame-et-Saint-Fiacre est Jules Crépin dans son Histoire d'Auvillers et de Neuilly-sous-Clermont en 1906, cité lui aussi par Janny Noblécourt[2], et repris littéralement sans citation de source par Lucien Charton dans son ouvrage de compilation Liancourt et sa region en 1969[5], puis par la commune dans un dépliant pour les Journées du patrimoine. Crépin se base en partie sur Graves, et déduit prendre l’expression « arcade romane » que les parties les plus anciennes, « on les trouve surtout dans la façade », dateraient du XIe siècle. Or, la période romane ne s’arrête pas en 1200, et les influences gothiques du portail ont déjà été mentionnées. L’auteur donne également le renseignement intéressant que c’est la nature marécageuse du sol qui a dû empêcher la construction du bas-côté sud. Elle était sans doute projetée par les bâtisseurs du XIIIe siècle qui ont raccordé le vaisseau central du chœur et son collatéral nord à la nef, tout en laissant libre l’option de créer un bas-côté sud communiquant avec le collatéral sud du chœur, au lieu de bâtir le chœur dans le même axe que la nef. Sinon Crépin donne une description plus consciencieuse que savante, qui donne un aperçu exact de la configuration de l’église, mais ne comporte aucune analyse stylistique, ni de datation approximative pour la nef et le chœur. Finalement, la dernière publication en date est la brochure de Janny Noblécourt parue en 2013. Elle met l’accent sur l’illustration, et apporte des renseignements complémentaires sur le mobilier et sur le second patron de l’église, saint Fiacre. Aucun élément nouveau n’apparaît sur l’histoire, et l’auteur n’a apparemment pas consulté de documents d’archives. La description s’enrichit des citations déjà mentionnées, malheureusement sans lecture critique ni synthèse, et d’une autre citation concernant l’emploi du fer dans la construction. Noblécourt s’est posé la question si les tirants de fer dans la nef sont la conséquence de l’ajout du bas-côté. Or, comme le montre la façade occidentale, le bas-côté nord n’a pas été ajouté, et l’ensemble nef et bas-côté nord est par ailleurs parfaitement homogène. Mais c’est effectivement le poids des voûtes et leur poussée sur les murs qui a nécessité les tirants. Une digression sur l’apparition des voûtes dans les églises semble hors de propos. La description de l’intérieur de l’église est rudimentaire, et l’auteur n’effectue pas de comparaison avec d’autres églises dans la région en vue de permettre une datation, sauf pour une porte dont la localisation n’est pas spécifié. Des périodes différentes sont indiquées pour les deux fenêtres au sud du chœur, qui présentent toutefois davantage de points en commun que de différences, et qui datent apparemment d’origine toutes les deux, car l’appareil du mur sud du chœur ne montre aucune trace de reprise[6]. La fenêtre de gauche présente un remplage de deux lancettes émoussées surmontées d’un oculus, comme les fenêtres du chœur de la collégiale Notre-Dame de Montataire toute proche. Maryse Bideault et Claudine Lautier les datent de 1250-1260, alors que Noblécourt propose les années 1190-1230. Le remplage de la fenêtre de droite se compose de deux lancettes aigües encadrant une lancette en tiers-point surmontées d’un oculus. Avec la différence d’une lancette médiane trilobée et un oculus quatre-feuilles, ce schéma se retrouve sur les fenêtres hautes de l’abbatiale de Saint-Martin-aux-Bois, que Maryse Bideault et Claudine Lautier datent également de 1250-1260[7].

L'ancien prieuré près de l'église.

Pour résumer, on peut donc retenir qu'une chapelle comportant une nef unique non voûtée a été construite au milieu du XIIe siècle ; que son chœur primitif a été remplacé par le vaste chœur-halle actuel au XIIIe siècle, qui a peut-être été commencé au début du siècle mais achevé seulement après le milieu du siècle avec les deux travées du sud ; et que la nef a été en grande partie reconstruite et voûtée entre 1470 et 1540 environ. L'église est placée sous l’invocation de la Vierge Marie et de saint Fiacre, moine irlandais ayant vécu au VIIe siècle, connu surtout comme le patron des jardiniers. Elle a été classée monument historique par arrêté du [1]. Sous tout l’Ancien Régime, un prieuré était attaché à l’église. Son bâtiment a été reconstruit en 1769 et subsiste toujours au nord de la nef[5]. Le prieur était en même temps le curé : on parle dans ce cas d’un prieuré-cure. La paroisse de Neuilly-sous-Clermont a toujours dépendu du diocèse de Beauvais, sauf pendant l'annexion de ce diocèse par le diocèse d'Amiens entre 1801 et 1822. Elle était comprise dans l'archidiaconé et dans le doyenné de Clermont jusqu'à la Révolution[8]. Aujourd'hui, Neuilly ne forme plus une paroisse indépendante, et l'église Notre-Dame-et-Saint-Fiacre est affiliée à la paroisse Saint-Martin du Liancourtois. Des messes dominicales y sont célébrées irrégulièrement.

Description

Aperçu général

Plan de l'église.

Orientée à peu près régulièrement, avec une légère dérivation de l'axe de l'édifice vers le sud-ouest du côté de la façade, l'église répond à un plan bien spécifique qui lui est propre, avec un chevet plat. Hormis la façade occidentale de la nef qui subsiste de la chapelle ayant précédé l'église actuelle, l'on peut distinguer deux complexes : la nef de trois travées accompagnée d'un collatéral au nord seulement, et le chœur-halle qui comporte trois vaisseaux parallèles de deux travées. Le vaisseau central correspond au chœur liturgique et fait suite à la nef. Les autres vaisseaux peuvent être considérés comme collatéraux, et le collatéral nord fait suite au collatéral nord de la nef. Une autre lecture du plan est possible. On peut considérer les premières travées des trois vaisseaux du chœur comme transept. La première travée du vaisseau central serait donc la croisée du transept ; c'est ici que se trouve le maître-autel. Les premières travées des collatéraux seraient les croisillons nord et sud du transept, et les secondes travées les chapelles latérales du chœur. La dernière travée du vaisseau central serait le sanctuaire. L'ensemble de l'église est voûté d'ogives, et l'ensemble des travées sont voûtées à la même hauteur. Pour cette raison, Louis Graves a considéré que l'église possède une double nef, mais le collatéral nord est en tout cas sensiblement plus étroit, et on ne peut pas bénéficier d'une vue sur le maître-autel depuis le collatéral de la nef. En effet, le croisillon nord supporte le clocher, et l'un de ses contreforts réduit la largeur de l'arcade faisant communiquer nef et chœur. Restent encore à mentionner la tourelle d'escalier au nord du clocher ; une chapelle peu profonde au nord de la chapelle latérale nord du chœur ; et une sacristie moderne au sud de la chapelle latérale sud du chœur. L'édifice présente trois pignons, à l'ouest, au nord et au sud, ce qui met bien en évidence sa structure interne composée de deux volumes distincts. L'accès se fait uniquement par le portail occidental, mais des portes existent également dans la dernière travée du collatéral nord de la nef, et à l'ouest du croisillon sud.

Extérieur

La façade occidentale, datant du XIIe siècle.
Chœur, côté sud.
Vue depuis le sud-est.

La façade occidentale de l'église Notre-Dame-et-Saint-Fiacre montre une disposition originale, avec deux contreforts qui flanquent directement le portail et font corps avec le gâble et l'arc de décharge qui le supporte. Les contreforts sont peu saillants et présentent trois légères retraites, puis s'achèvent par des glacis formant larmier. Les contreforts sont plus hauts que les murs gouttereaux et s'arrêtent à mi-chemin vers les rampants du pignon. Ils encadrent une paire de deux lancettes simples en arc brisé, non décorées et bouchées par des planches de bois. Au niveau des impostes de l'arc de décharge du gâble, on trouve une tablette moulurée, dont la mouluration se poursuit sur l'arête de l'arc. Avec le bandeau qui souligne les contours du gâble, c'est la seule ornementation de la façade en dehors du portail. Celui-ci est également très austère, et le tympan qui surmonte la porte en anse de panier est parfaitement nu. La décoration se résume à deux grêles colonnettes à chapiteaux et une archivolte moulurée. À gauche et à droite du portail, une fenêtre en tiers-point éclaire respectivement le collatéral nord et la nef. Autour de ces fenêtres et entre les contreforts, l'appareil est en pierre de taille. Plus haut il est en moellons retaillés, plus ou moins grands, et l'on voit que le mur a été repris près des rampants du pignon. Les angles du mur occidental sont épaulés par deux contreforts orthogonaux, qui ne sont pas plus hauts que les fenêtres et présentent deux glacis formant larmier (sauf celui qui regarde le nord). Leur faible hauteur, leur style qui se rapproche des deux contreforts centraux et le caractère différent des arcs-boutants au sud de la nef donnent à penser que ces contreforts sont antérieurs au voûtement flamboyant de la nef[9]. La façade indique son appartenance à une large nef non voûtée et sans bas-côtés, ce qui est le type le plus fréquent dans le Beauvaisis au XIIe siècle et avant. Également appelées nefs-granges, de telles nefs se rencontrent toujours dans de nombreuses petites communes des environs. On peut citer comme exemples les églises d'Angy, d'Ansacq, d'Auvillers (hameau de Neuilly), de Balagny-sur-Thérain, de Cramoisy, de Cauffry, de Saint-Félix, d'Hondainville, etc. Ce type de nef s'oppose au plan basilical avec grandes arcades et bas-côtés, répandu à la même époque dans le diocèse de Soissons mais également représenté dans le Beauvaisis[10].

On pense que l'état assez marécageux du terrain n'a pas permis d'édifier le bas-côté de droite. De ce côté existent deux énormes arcs-boutants à simple volée, avec rayons obliques de renforcement, ce qui constitue une disposition rare. De même, des arcs-boutants sont l'exception en l'absence de bas-côté : d'habitude, les culées sont établies dans le prolongement des contreforts des bas-côtés ; ici, elles reposent directement sur le sol et disposent de fondations propres. Les volées forment d'étroites arcades en anse de panier, et leur faible ouverture s'explique par la présence de contreforts qui s'ajoutent aux arcs-boutants. Au niveau des impostes des arcades, les culées se retraitent par un glacis, et elles sont décorées par des larmiers à ce niveau, ainsi qu'au niveau de la retombée des arcs-boutants. Enfin, elles sont amorties par des chaperons. L'on note que les arcs-boutants sont dépourvus de chéneaux et de gargouilles, l'écoulement des eaux pluviales s'effectuant par la gouttière de la nef. Les trois fenêtres qui éclairent la nef au sud sont agrémentées de réseaux typiquement flamboyants, se composant de deux lancettes trilobées, surmontées d'un soufflet et de deux étroites mouchettes. La finesse de ce remplage contraste avec l'aspect très massif des arcs-boutants. Il n'y a pas d'autres éléments de décoration, ni même de corniche, mais en dépit de cette économie des moyens, l'appareil est respectivement en pierre de taille, ou en grands moellons réguliers sur la partie haute du mur. Quant à l'élévation nord, elle ne présente pas d'arcs-boutants et aucune fenêtre, mais seulement trois contreforts particulièrement épais qui sont amortis par des glacis[5],[11].

Les chœurs-halles, terme dérivé d'église-halle, sont une particularité de la moyenne vallée de l'Oise et de ses environs. Ailleurs, ils sont plus rares ; dans le Val-d'Oise, il n'y a par exemple que l'église Saint-Pierre de Genainville qui en possède. Ils se caractérisent par un chevet plat (ce qui n'empêche pas une petite abside comme à Villers-Saint-Paul) et la fusion du chœur avec ses chapelles latérales, l'ensemble étant voûté à la même hauteur ou presque. Le transept, s'il existe, se trouve généralement intégré dans le chœur-halle. Les exemples les plus connus sont Nogent-sur-Oise, Plailly et Villers-Saint-Paul ; d'autres exemples étant Brenouille, Laigneville, Rieux, Rousseloy et Saint-Félix. C'est justement à Saint-Félix que l'on trouve des pignons au nord et au sud, et une toiture commune pour l'ensemble des six travées du chœur-halle. Sinon le chœur de l'église de Neuilly n'offre extérieurement rien de remarquable, que ce ne soient des massifs de maçonnerie qui relient les contreforts d'angle, et des fenêtres de deux types fondamentalement différents : trois sont de type rayonnant, et quatre sont des lancettes simples sans remplage, ou, dans le cas de la petite chapelle du nord, deux lancettes gémelées. Cette coexistence de deux types de fenêtres différents se trouve aussi au chœur de Rieux, qui date également du XIIIe siècle. Les deux fenêtres rayonnantes au sud ont déjà été mentionnées : la première comporte deux lancettes en arc à peine brisé, surmontées d'un oculus rond ; la seconde comporte deux lancettes aigües encadrant une troisième plus basse et moins aigüe, surmontée d'un oculus rond. Il a été dit que ce dessin est apparemment inspiré des fenêtres hautes de Saint-Martin-aux-Bois, et l'on en trouve une autre variante du côté est : la lancette médiane est trilobée comme à Saint-Martin-aux-Bois, mais surmontée d'une rose pentalobe au lieu d'un quadrilobe. Dans les lancettes aigües, s'inscrivent des têtes trilobées surmontées d'un trèfle qui paraît un peu écrasé. Les meneaux sont garnis de petits chapiteaux et les fenêtres sont entourées d'une gorge et d'une baguette. Elles prennent appui sur un mur-bahut, qui présente un glacis qui court tout autour. Ce glacis est également présent sur les contreforts, qui sont en plus munis d'un larmier en hauteur, et s'achèvent respectivement par un glacis, ou un chaperon de part et d'autre de la baie d'axe du chevet. Quant au clocher, il ne possède qu'un étage intermédiaire et l'étage de beffroi, dont chaque face est percée de deux baies en arc brisé, qui s'ouvrent entre deux paires de colonnettes à chapiteaux, et sous de doubles archivoltes moulurées d'un mince boudin dégagé. Le manque de hauteur du clocher est compensé par la gracieuse flèche octogonale en charpente, qui est couverte d'ardoise et cumule à une hauteur de 31,75 m au-dessus du niveau du sol[5],[11].

Nef et collatéral

Grandes arcades de la nef.

La nef communique avec le collatéral par trois grandes arcades brisées, qui ont un profil prismatique compliqué, et se fondent dans les piliers ondulés, tout comme les ogives et doubleaux, également prismatiques. Il n'y a donc pas de chapiteaux. Ce type de voûtement est caractéristique du style flamboyant. On note le tracé surbaissé des doubleaux de la nef, ainsi que les déformations qu'ils ont subies, et qui ont rendu nécessaires les tirants en fer. Une autre particularité est la forme bombée des voûtes dans le sens nord-sud : la clé de voûte est située nettement plus haut que les sommets des grandes arcades et des formerets le long du mur sud. En effet, les voûtes bombées ou domicales sont fréquentes pendant les premières décennies du voûtement d'ogives au XIIe siècle, puis deviennent l'exception dans la région[12]. Les piliers ondulés sont d'un plan plus simple que dans les autres églises flamboyantes (ou partiellement flamboyantes) des environs, telles que Clermont, La Neuville-en-Hez, Pont-Sainte-Maxence, Ully-Saint-Georges, Verberie ou Verneuil-en-Halatte. Ils présentent quatre ondulations ou renflements orientées vers les arcades et doubleaux, qui sont séparées par des gorges. Il n'y a pas d'ondulations correspondant aux ogives, ni d'angles saillants ou de listels. Des piliers analogues sont engagés dans les murs latéraux et dans la pile sud-ouest du clocher. L'ensemble nef et collatéral est donc parfaitement homogène et d'une architecture élégante et soignée, mais malheureusement les retombées des voûtes au droit des murs gouttereaux ont été défigurées par des réparations maladroites à grand renfort de plâtre. La configuration des lieux est peu pratique, car le collatéral est pratiquement inutilisable puisque des fidèles y prenant place ne pourraient pas voir l'officiant. La première travée est utilisée comme chapelle des fonts baptismaux. En plus le contrefort sud de la pile sud-ouest du clocher réduit d'environ un quart la largeur de l'arc triomphal, ce qui donne un certain cloisonnement du chœur, alors que la pile sud-est du clocher n'a apparemment pas eu besoin d'un contrefort aussi saillant. La nef a une longueur de 14 m. La largeur serait de 4,50 m selon Janny Noblécourt, mais la valeur réelle doit être plus importante en considérant l'ensemble des proportions et les dimensions du chœur. La largeur du collatéral est de 3,25 m. Vu sa hauteur identique à celle de la nef, le terme de bas-côté paraît déplacé[5],[13].

Chœur-halle

Chœur, vue sud-nord.

L'ensemble du chœur-halle a une largeur de 18,20 m et une profondeur de 18,20 m ; la hauteur sous les voûtes est de 8,15 m sous le clocher. Le transept est un peu moins profond que le chœur, ce qui se voit bien par la position désaxé du contrefort central du mur-pignon sud. Le vaisseau central est plus large que les deux collatéraux (croisillons et chapelles latérales). La chapelle latérale nord du chœur se distingue par son arcade ouvrant dans la petite chapelle faisant saillie devant le mur-pignon nord, et dont l'on ignore la fonction. Elle est voûtée en berceau brisé. Sa faible profondeur évoque un enfeu, mais sa largeur paraît trop importante pour cette fonction. Enfin, la présence du clocher au-dessus du croisillon nord entraîne des particularités, car les trois arcades s'ouvrant vers les travées voisines sont munies de doubleaux secondaires, ce qui n'est pas le cas ailleurs dans le chœur-halle, sauf pour l'arcade entre le sanctuaire et la chapelle latérale sud, où les doubleaux secondaires ne disposent toutefois pas de colonnettes à chapiteaux leur étant réservés.

Pour les supports des voûtes, le parti retenu est de pourvoir des colonnes à chapiteaux pour les doubleaux, et de fines colonnettes à chapiteaux pour les ogives, ce qui donne en principe un pilier cantonné de quatre colonnes et quatre colonnettes entre le vaisseau central et le collatéral sud ; une colonne entre deux colonnettes à la retombée des doubleaux au droit des murs extérieurs ; mais une colonnette unique dans les angles. Aucun support n'est donc réservé aux formerets, sauf au nord de la base du clocher. Les fûts sont appareillés, pas monolithiques. À l'intérieur de la base du clocher, les grosses piles sud-ouest et sud-est sont habilement dissimulées par les colonnettes à chapiteaux, mais le maître d'œuvre n'a pas trouvé une solution concluante pour les autres faces de la pile sud-est. Du côté de la croisée du transept, on y trouve un ressaut qui n'accueille aucune colonnette, ainsi qu'une colonnette sans emploi dont on devine mal ce qui aurait pu être sa fonction. Du côté du sanctuaire, un contrefort fait saillie devant la pile. Les ogives sont au profil d'une arête entre deux tores, et les doubleaux présentent un méplat entre deux tores. Ce sont des profils extrêmement courants au XIIe et XIIIe siècle, qui se rencontrent aussi dans l'église voisine de Cambronne-lès-Clermont. Les chapiteaux sont sculptés de crochets, sauf pour les trois doubleaux et quatre ogives du collatéral sud, où les corbeilles sont de faible hauteur et non sculptés. Les colonnes sont en même temps plus fortes. Vu l'état impeccable de ces supports alors qu'ils sont rongés par l'humidité ailleurs, il semble s'agir du résultat d'une réfection. Une piscine gothique subsiste dans le mur du sud, près de la porte de la sacristie. Une dernière particularité à mentionner est le tracé surhaussé de tous les doubleaux, qui comportent une partie verticale, alors que les formerets affectent un tracé en tiers-point normal[5],[13].

Mobilier

Une Vierge de pitié en bois provenant de l'église de Neuilly a été classé monument historique par arrêté du . Elle est haute de 87 cm et date de la fin du XVe , ou du début du XVIe siècle[14]. Son lieu de conservation n'est pas précisé. En tout cas, elle ne se trouve pas dans l'église, et n'est mentionnée par aucun des auteurs. Le mobilier de l'église est peu nombreux, et la plupart des statues ne sont pas des œuvres originales, mais elle renferme quelques éléments de mobilier remarquables, dont aucun n'est classé :

  • La Vierge à l'Enfant en bois du XVIe siècle, qui surprend par le regard préoccupé ou triste de la mère, contrastant avec la joie de vivre de l'Enfant Jésus. Le visage de celui-ci a fait l'objet d'une restauration maladroite[15].
  • Le fauteuil de célébrant, qui est en fait un cathèdre susceptible de provenir d'une cathédrale. La présence de ce meuble de style gothique flamboyant surprend dans cette petite église paroissiale. La datation reste à établir (il pourrait s'agir d'un meuble néogothique).
  • Les fonts baptismaux sous la forme d'une cuve baptismale à infusion, de plan ovale, ornée de godrons.
  • La dalle funéraire de dame Marye Abraham, femme du noble homme Laurens Bouffe, écuyer de la reine, morte le .
  • La plaque de fondation d'Edme Feret, mort le , en même temps plaque funéraire pour lui-même, sa sœur Marguerite Feret morte le , et son neveu Charles Delacourt.

Notes et références

  1. « Église Notre-Dame-et-Saint-Fiacre », notice no PA00114775, base Mérimée, ministère français de la Culture.
  2. Noblécourt 2013, p. 3.
  3. Eugène Müller, « Entre Creil et Clermont », Comité archéologique de Senlis, Comptes-rendus et mémoires, année 1892, Senlis, Imprimerie Eugène Dufresne, 3e série, vol. VII, , p. XLV (lire en ligne, consulté le ) .
  4. Louis Graves, Précis statistique sur le canton de Mouy, arrondissement de Clermont (Oise), Beauvais, Achille Desjardins, s.d. (1835), 124 p., p. 63-64.
  5. Lucien Charton, Liancourt et sa région, Liancourt, à compte d’auteur, , 560 p., p. 292-293.
  6. Noblécourt 2013, p. 1-16.
  7. Maryse Bideault et Claudine Lautier, Île-de-France Gothique 1 : Les églises de la vallée de l'Oise et du Beauvaisis, Paris, A. Picard, , 412 p. (ISBN 2-7084-0352-4), p. 218-227 et 332-340.
  8. Louis Graves, Précis statistique sur le canton de Mouy, arrondissement de Clermont (Oise), Beauvais, Achille Desjardins, s.d. (1835), 124 p. ; p. 34.
  9. Noblécourt 2013, p. 1-2.
  10. Dominique Vermand, « La voûte d’ogives dans l’Oise : les premières expériences (1100-1150) », Groupe d’étude des monuments et œuvres d’art de l’Oise et du Beauvaisis - L’Art roman dans l’Oise et ses environs (actes du colloque organisé à Beauvais les 7 & 8 octobre 1995), Beauvais, , p. 123-168 (ISSN 0224-0475) ; p. 123-128.
  11. Noblécourt 2013, p. 4-7.
  12. Dominique Vermand, La voûte d’ogives dans l’Oise, op. cit. ; p. 146-148.
  13. Noblécourt 2013, p. 7-9.
  14. « Vierge de pitié », notice no PM60003476, base Palissy, ministère français de la Culture.
  15. Noblécourt 2013, p. 12-13.

Annexes

Bibliographie

  • Jules Crépin, Monographie des anciennes paroisses d'Auvillers et Neuilly-sous-Clermont, Abbeville, Paillart, , 101 p.
  • Janny Noblécourt, Aide à la visite de l'église Saint-Fiacre-et-Notre-Dame de Neuilly-sous-Clermont, Mouy, Association « Connaissance et sauvegarde du patrimoine historique du canton de Mouy », , 16 p. (lire en ligne)

Articles connexes

Liens externes

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