Église Sainte-Rita de Paris
L'église Sainte-Rita de Paris est construite en 1900 dans le 15e arrondissement de Paris. Dédiée à sainte Rita de Cascia, elle est fondée comme lieu de culte pour l'Église catholique apostolique, issue du mouvement millénariste. Devenue une église gallicane en 1987-1988, elle acquiert alors une certaine réputation médiatique, notamment en raison de la bénédiction des animaux qui s'y déroule chaque année. Elle est mise en vente dans les années 2000-2010 et promise à la démolition en 2011-2012, ce qui entraîne une série de protestations. Fin 2015-, le bâtiment est pendant quelques mois occupé par une association catholique traditionaliste.
Ne doit pas être confondu avec Chapelle Sainte-Rita de Paris.
Église Sainte-Rita | |
L'église Sainte-Rita de Paris en 2016. | |
Présentation | |
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Culte | Église catholique apostolique (1900-1987) Gallicanisme (1987-2015) |
Type | Église |
Début de la construction | 1900 |
Architecte | Paul Gravereaux et Théodore Judlin |
Style dominant | néo-gothique |
Géographie | |
Pays | France |
Région | Île-de-France |
Commune | Paris |
Arrondissement | 15e |
Coordonnées | 48° 50′ 41″ nord, 2° 18′ 23″ est |
Caractéristiques
L'église Sainte-Rita est située au 27, rue François-Bonvin, dans le nord du 15e arrondissement de Paris. Les stations de métro les plus proches sont Sèvres-Lecourbe et Volontaires.
Il s'agit d'un édifice de style néo-gothique[1], à nef unique, dédié à sainte Rita de Cascia. Le chemin de croix et la grille de fer forgé protégeant la châsse de sainte Rita (qui contient un gisant en cire de la sainte) provient de la chapelle du couvent des religieuses de Sens. Le confessionnal a été donné par la mission catholique belge de Paris. L'église contient des reliques de la Vraie Croix, de saint Pierre, de sainte Geneviève et de sainte Rita[2], ainsi qu'une calotte et une lettre manuscrite du pape Pie X[réf. nécessaire].
- Intérieur de l’église.
- Reliques de Sainte-Rita.
- Les voûtes de l'église.
Histoire
Une église millénariste, puis gallicane
Le terrain est acquis en 1898 par l'Association des chapelles catholiques et apostoliques. Celle-ci dépend d'une branche dissidente de l'Église écossaise qui date de 1835 et se définit comme l'Église catholique apostolique. L'édifice est construit en 1900 par les architectes Paul Gravereaux et Théodore Judlin[3].
Pendant la majeure partie du XXe siècle, les fidèles de cette dénomination religieuse y célèbrent leur culte. Celui-ci, qui relève du millénarisme, est centré sur le retour imminent de Jésus-Christ. À mesure que les années passent et que disparaissent les évêques et les prêtres de l'Église catholique apostolique, le clergé n'est pas remplacé et le mouvement entame son déclin[4]. À partir des années 1970, la plupart de ses églises sont vendues ou désaffectées.
En 1988, le bâtiment de Sainte-Rita est mis à disposition de Dominique Philippe, l'« archevêque primat » d'une communauté gallicane (sans lien avec l'Église catholique)[5]. Il acquiert alors une certaine réputation médiatique en raison des messes qui s'y célèbrent ponctuellement : messe des motards, cérémonie en mémoire de Michael Jackson, bénédiction annuelle des animaux (des chiens, des chats, des ânes ou encore des chameaux)[6],[7]. Les cérémonies y étaient célébrées selon le rite tridentin.
En 2015, cet édifice non consacré est investi par des catholiques traditionalistes[8]. Les cérémonies sont alors célébrées selon le rite tridentin[9].
Le projet de démolition
L'Association des chapelles catholiques et apostoliques, propriétaire de l'église, met en vente l'édifice dans les années 2000. Celui-ci n’entrant pas dans le cadre de la loi de 1905, il n’y a donc pas besoin de cérémonie de désacralisation[10]. En 2010, la Commission du Vieux Paris considère que l'église, construite en 1900, ne mérite pas de protection particulière et autorise un acheteur éventuel à la démolir[11],[3]. Le permis de démolir est délivré en 2011[Par qui ?] à un promoteur nantais, qui souhaite réaliser à la place un bâtiment de 7 étages pour 19 logements et 19 places de stationnement[11] en extension de l'annexe de l'UNESCO qui jouxte le terrain[12], ainsi que des logements sociaux et des parkings, cela malgré l'opposition des paroissiens et une fréquentation nombreuse[9],[7]. Le permis de construire est accordé[Par qui ?] en [10]. Le député-maire Philippe Goujon indique « être en contact avec d'autres églises intéressées pour reprendre le lieu », notamment des Chrétiens d'Orient, des gallicans ou encore des grecs orthodoxes[13],[14].
En 2014, le devenir de la paroisse devient l'un des enjeux dans les élections municipales dans le 15e arrondissement de Paris, avec une vidéo des principaux candidats s'exprimant au sujet de l'église Sainte-Rita[15],[16]. Les principaux opposants politiques à sa démolition sont Philippe Goujon[17] puis, en 2015, Frédéric Lefebvre[18].
Le , l'archevêque reçoit par voie d'huissier l'ordre de quitter l'édifice. La communauté, dont l'association Les Arches de Sainte-Rita, compte encore sur un classement des arches datant de 1900, dont les architectes ont découvert la singularité, afin d'empêcher la destruction de l'église[7].
Depuis le , les portes du presbytère et de la sacristie sont murées. Toutefois, la découverte en 2015 de particules d'amiante sur les murs de façade et les voûtes de l'église pourrait retarder sa démolition pour des raisons sanitaires[19].
Le , le maire du XVe, Philippe Goujon, annonce que ce projet est abandonné. Cette église ne sera pas détruite au cours des travaux. Henri Jozefowicz transmet l'annonce via Twitter[20].
L'opposition catholique traditionaliste
La démolition étant annoncée à partir du , un blocus est prévu autour du quartier de l'église Sainte-Rita par l'association Les Arches de Sainte Rita[21] présidée par Nicolas Stocker, fondateur du Rassemblement pour la France et proche des groupes de droite radicale Riposte laïque et Résistance républicaine[18],[22], alors que Dominique Philippe a accepté un accord transactionnel proposé par le propriétaire et le promoteur[23],[24]. L'église est alors occupée par une nouvelle association catholique traditionaliste, présidée par l'abbé Guillaume de Tanoüarn de l'Institut du Bon-Pasteur[17]. Les derniers fidèles gallicans dont le prêtre camerounais Samuel Pouhé sont évincés[18].
Par une ordonnance du , le président du tribunal de grande instance de Paris ordonne l’expulsion des occupants sans droit ni titre[10]. Ces derniers n'obtempérant pas, les promoteurs immobiliers saisissent le Préfet de police pour obtenir le concours de la force publique[10]. Par une ordonnance du , le juge des référés du tribunal administratif de Paris enjoint au Préfet de police d’apporter celle-ci[10],[25]. Toutefois une nouvelle ordonnance du même juge des référés admet la tierce opposition formée par l’un des occupants de l’église et suspend celle-ci le [10],[26]. Les promoteurs saisissent en appel le Conseil d’État qui valide dans son ordonnance du la demande initiale[10] et qui enjoint « au préfet de police de délivrer le concours de la force publique[27]. »
Le , l'église investie par des occupants « sans droit ni titre » est évacuée par les forces de l'ordre pendant une messe[n 1] convoquée à 6 h[29] par l’abbé de Tanoüarn, à la suite de l'action judiciaire de l'Association des chapelles catholiques et apostoliques[30],[31]. Informé la veille de l'évacuation, un groupe de fidèles s'est donc retrouvé très tôt le 3 août pour assister à la messe, avant de se barricader dans l'église[32]. Les forces de l'ordre donnent l'assaut peu avant 7 h[32]. Prévenu par la Préfecture, le maire du 15e arrondissement Philippe Goujon délègue à Olivier Rigaud (conseiller municipal délégué chargé du patrimoine et de l’habitat à la Mairie du 15e arrondissement[18]) la médiatisation de l'évacuation : « Ça a été assez compliqué. Il ne fallait pas que les élus soient trop nombreux pour éviter que la préfecture se dégonfle et reporte l'évacuation[27]. »
Plusieurs élus du Front national et des Républicains, comme Philippe Goujon, condamnent l'évacuation de l'église[29],[33]. Les occupants dont Frigide Barjot sont évacués[8]. Une image relayée sur Twitter montre l'abbé Jean-François Billot traîné au sol par les CRS[8]. Selon L'Express, les CRS tentaient de le relever, puis de l'emmener hors du bâtiment[30]. Celui-ci indique s'être « mis devant les fidèles les bras en croix pour les protéger ». Selon la Préfecture de Police, l'évacuation s'est déroulée « sans incident »[8].
En 2022, l'église n'est toujours pas détruite.
Notes et références
Notes
- L'existence de cette messe est contestée, L'Express rapportant qu'« une trentaine de militants de l'Action française notamment » se sont donc réunis à la hâte mardi soir ou dans la nuit de mardi à mercredi pour se barricader et mettre en scène un ersatz de messe juste avant l'intervention des forces de l'ordre »[28].
Références
- « L’église Sainte Rita », memoiresdupatrimoine.org, (consulté le )
- Régis Hanrion, Les pèlerinages en France: un guide d'histoire et de spiritualité, P. Lebaud, Editions du Félin, (ISBN 978-2-86645-168-4, lire en ligne), p. 180
- [PDF] « Séance plénière du 19 novembre 2010 », Commission du Vieux Paris,
- L'Église catholique-apostolique : une œuvre documentaire en langue française, article de Jean-François Mayer sur le site Religioscope.
- « L'église Sainte Rita renaît dans le 11e arrondissement », sur Paris Tribune, (ISSN 2275-3869)
- Anne-Marie Brisebarre, « La messe des animaux - Sainte-Rita, patronne des cas désespérés », Communications, vol. 74, , p. 139-158 (lire en ligne)
- Delphine de Mallevoüe, « Sainte-Rita expulsée avant démolition », Le Figaro, samedi 27 / dimanche 28 septembre 2014, page 16.
- O. P.-V. et H. B. (avec AFP), « Paris: L'église Sainte-Rita évacuée, droite et extrême droite s'indignent », 20minutes.fr, (consulté le )
- Delphine de Mallevoüe, « En plein Paris, l'église Sainte-Rita résiste à la démolition », Le Figaro, samedi 1er / dimanche 2 mars 2014, page 10.
- Brigitte Menguy, « Sainte-Rita, patronne des recours désespérés », lagazettedescommunes.com, (consulté le )
- « Les arrondissements, pas à pas - Juin 2011 », Sauvegarde des quartiers, (consulté le )
- D. de Mallevoüe, « L'église Sainte-Rita menacée de démolition », Le Figaro,
- Paris : l'église Sainte-Rita, un combat qui dérive
- Démolition programmée de l'église Sainte Rita : la Ville de Paris réagit
- Vaea Devatine, « L'église Sainte Rita au cœur des élections municipales », sur www.paristribune.info, (ISSN 2275-3869)
- Camille Bordenet, « Sainte-Rita, l'église des animaux, sera démolie et ses fidèles expulsés », Le Monde.fr, (ISSN 1950-6244, lire en ligne)
- Élodie Soulié, « Paris : les nouveaux protecteurs de Sainte-Rita ne font pas l’unanimité », Le Parisien, (lire en ligne, consulté le ).
- « Sainte Rita : Une « ZAD » d'extrême droite en plein Paris » (consulté le )
- « A Paris, portes murées à l'église Sainte-Rita, lieu de messe des animaux - Droit - Notre Temps », sur www.notretemps.com (consulté le )
- « Non destruction de l'église sainte-Rita », sur twitter
- http://www.lesarchesdesainterita.fr/
- Olivier Faye, « L’extrême droite et la droite s’émeuvent de l’évacuation de l’église Sainte-Rita à Paris », sur Droite(s) extrême(s), (consulté le )
- Vaea Devatine, « Blocus du quartier en vue autour de l'église Sainte Rita », sur www.paristribune.info, (ISSN 2275-3869)
- Delphine de Mallevoüe, « Dernière messe ce dimanche à l'église Sainte-Rita », sur lefigaro.fr,
- Paris : feu vert pour l’expulsion à Sainte Rita
- L'ordre d'évacuation de l'église Sainte-Rita annulé
- Lucas Burel, « Évacuation de l'église Sainte-Rita : "Faites-nous confiance, les images vont tourner" », nouvelobs.com, (consulté le )
- « Sainte-Rita : comment l'église des animaux est tombée aux mains de l'extrême droite », sur lepoint.fr.
- L’extrême droite et la droite s’émeuvent de l’évacuation de l’église Sainte-Rita à Paris
- « Evacuation de l'église Sainte-Rita, squattée par des militants catholiques » (consulté le )
- « L’église Sainte-Rita évacuée à Paris, la droite indignée », sur Paris Match, (consulté le ).
- « Paris : Les CRS expulsent par la force les fidèles de l'église Sainte Rita », valeursactuelles.com, (consulté le )
- Évacuation de l'église Sainte-Rita : "J’ai eu honte de voir traîner un prêtre au sol"
Voir aussi
Articles connexes
Liens externes
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