Élection présidentielle philippine de 2022

L'élection présidentielle philippine de 2022 a lieu le afin d'élire le nouveau président de la République et son vice-président pour un mandat de six ans. Les deux postes sont pourvus lors d'élections séparées, ce qui rend possible une cohabitation entre deux élus de partis différents.

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Élection présidentielle philippine de 2022
Corps électoral et résultats
Inscrits 67 525 619
Votants 56 095 234
83,07%  2,4
Votes blancs et nuls 2 279 750
Ferdinand Marcos Jr. PFP
Colistier : Sara Duterte
Voix 31 629 783
58,77%
Leni Robredo Indépendante[alpha 1]
Colistier : Francis Pangilinan
Voix 15 035 773
27,94%
Manny Pacquiao PROMDI
Colistier : Lito Atienza
Voix 3 663 113
6,83%
Isko Moreno Aksyon Demokratiko
Colistier : Willie Ong
Voix 3 663 113
6,83%
Président des Philippines
Sortant Élu
Rodrigo Duterte
PDP Laban
Ferdinand Marcos Jr.
PFP

Le président sortant Rodrigo Duterte est inéligible à sa succession, la constitution interdisant d'effectuer plus d'un mandat.

Ferdinand Marcos Junior, surnommé « Bong Bong Marcos » (BBM) et fils de l'ex-dictateur Ferdinand Marcos remporte la présidence avec une large majorité des voix, tandis que la fille du président sortant, Sara Duterte, remporte la vice-présidence avec une avance similaire.

Contexte

Rodrigo Duterte et Leni Robredo prêtant serment en 2016.

L'élection présidentielle de mai 2016 voit la victoire de Rodrigo Duterte, du parti PDP-Laban. Son colistier Alan Peter Cayetano échoue quant à lui à décrocher la vice-présidence, qui est remportée par la candidate du Parti libéral, Leni Robredo.

Dès 2020, et alors que le conflit en mer de Chine méridionale ne semble pas ralentir, des voix s’élèvent au sujet d'une possible ingérence de la Chine durant l’élection[1],[2].

Le système de décompte des voix se retrouve sur le devant de la scène lorsque la sénatrice Imee Marcos, sœur du candidat à la vice-présidence en 2016, Bongbong Marcos, propose de le réformer. Celui-ci a été automatisé en 2010 afin de réduire les fraudes, mais la sénatrice propose un système hybride manuel-automatique, argumentant que le décompte des voix se doit d’être public. La COMELEC de son côté affirme que les machines de votes déployées sous son autorité par son partenaire Smartmatic sont fiables jusqu'à 99,99 %[3]. Les élections philippines étaient, jusqu'en 2010 et l’élection de Benigno Aquino III, notoirement sujettes à la fraude sous le schéma dagdag-bawas qui consistait en un transfert illégal de voix d'un candidat à un autre[4].

Le système politique philippin n'est que peu démocratique. « Il s’agit d’un système féodal où les candidats sont des vedettes de cinéma ou de télévision, des artistes ou des sportifs issus de dynasties politiques enracinées dans différentes régions du pays », indique David Camroux du Centre de recherches internationales (Ceri). Les deux tiers des députés et sénateurs sont issus de dynasties politiques[5].

En tête des sondages, la fille de Rodrigo Duterte et maire de Davao, Sara Duterte, décline initialement toute candidature, et ce même après le retrait de la course à la vice-présidence de son père, annonçant préférer se consacrer à son mandat municipal[6]. Elle annonce finalement sa candidature à la vice-présidence le 13 novembre, deux jours avant la date-butoir, sous l'étiquette du Lakas-CMD. Elle devient la colistière de Ferdinand « Bongbong » Marcos, favori des sondages[7] ;

Système électoral

Le président des Philippines est élu au scrutin uninominal majoritaire à un tour pour un mandat de six ans non renouvelable. Les candidats à la présidence se présentent en parallèle de leur colistiers candidats à la vice-présidence[8]. En cas de décès, de destitution ou d'incapacité permanente du président, le vice-président termine son mandat. Si la durée de ce remplacement est supérieure à quatre ans, le vice président est soumis à la même interdiction de réélection[8].

Les élections présidentielle et vice-présidentielle philippines ont pour particularité d'être organisées le même jour mais sur des bulletins séparés, permettant ainsi aux électeurs de voter pour un président tout en votant pour un vice-président qui ne soit pas nécessairement son colistier. Les deux élus peuvent par conséquent être de bords politiques différents. Lors du scrutin de 2016 la candidate du Parti libéral Leni Robredo, colistière du candidat arrivé second à la présidentielle Mar Roxas, l'emporte ainsi d'une courte avance de 0,61 % des suffrages  la plus faible depuis l'élection de 1965  sur Bongbong Marcos, membre du Parti nationaliste, tandis que le colistier de Rodrigo Duterte, Alan Peter Cayetano, arrive troisième.

Les candidats à l'élection doivent être citoyens des Philippines depuis leur naissance, résider sur l'archipel depuis au moins dix ans au moment de l’élection, être âgés de quarante ans ou plus, être inscrits sur les listes électorales, et être capables de lire et écrire[8]. Les élections ont lieu sous la supervision de la Commission des élections des Philippines (COMELEC).

Candidats

Candidats officiels

La liste officielle des candidats est publiée le par la commission électorale[9]. Elle comprend dix noms :

Candidats à la présidence Candidats à la vice-présidence
Photo Nom Parti Notes Photo Nom Parti Notes
Ernesto Abella Indépendant Homme d'affaires et évangéliste

Porte-parole du président Duterte (2016-2017)

Pas de colistier
Norberto Gonzales PDSP Pas de colistier
Leody de Guzman PLM Syndicaliste et activiste
Walden Bello
Panfilo Lacson (en) Partido Reporma (en) Premier candidat déclaré
Vicente "Tito" Sotto III [10] Coalition du peuple nationaliste président du Sénat
Faisal Mangondato Katipunan Entrepreneur Carlos Serapio Katipunan
Ferdinand « Bongbong » Marcos[11] Partido Federal ng Pilipinas (en) Fils de Ferdinand Marcos
Sara Duterte Lakas Maire de Davao City
Jose Montemayor Jr DPP Avocat
Rizalito David DPP
Francisco « Isko » Moreno (en) Aksyon Demokratiko Maire de Manille
Willie Ong (en)[12] Aksyon Demokratiko
Manny Pacquiao[13] PROMDI (en) Sénateur et boxeur
Lito Atienza (en) PROMDI (en)
Leni Robredo[14] Indépendant Vice-présidente des Philippines
Francis Pangilinan (en), alias "Kiko" Parti libéral Sénateur et président du parti
Pas de colistier
Manny SD Lopez WPP

Retraits

Parmi les candidats déclarés s'étant finalement retirés figurent[15],[16],[17], les sénateurs Ronald dela Rosa (en) (présidence) et Bong Go (en) (vice-présidence), sous l'étiquette du PDP-Laban[18]. Le président Duterte, initialement désigné comme candidat du parti à la vice-présidence accompagnant Go[19], se retire début octobre 2021[20]. Dela Rosa se retire finalement le 13 novembre[21], tandis que Go se déclare candidat à la présidence, remplaçant pour des raisons légales le candidat d'un autre parti[22] ;

Sondages

Pour la présidence

Pour la vice-présidence

Résultats

Présidence

Résultats de l'élection à la présidence[23],[24]
Candidats Partis Voix  %
Ferdinand Marcos Jr. PFP 31 629 783 58,77
Leni Robredo Indépendante (LP)[alpha 1] 15 035 773 27,94
Manny Pacquiao PROMDI 3 663 113 6,81
Isko Moreno Aksyon 1 933 909 3,59
Panfilo Lacson Indépendant 892 375 1,66
Faisal Mangondato KTPNAN 301 629 0,56
Ernesto Abella Indépendant 114 627 0,21
Leody de Guzman PLM 93 027 0,17
Norberto Gonzales PDSP 90 656 0,17
Jose Montemayor DPP 60 592 0,11
Votes valides 53 815 484 95,94
Votes blancs et nuls 2 279 750 4,06
Total 56 095 234 100
Abstention 11 430 385 16,93
Inscrits / participation 67 525 619 83,07

Vice-présidence

Résultats de l'élection à la vice-présidence[23],[24]
Candidats Partis Voix  %
Sara Duterte Lakas-CMD 32 208 417 61,53
Francis Pangilinan LP 9 329 207 17,82
Tito Sotto NCP 8 251 267 15,67
Willie Ong Aksyon 1 878 531 3,59
Lito Atienza PROMDI 270 381 0,52
Manny SD Lopez WPP 159 670 0,31
Walden Bello PLM 100 827 0,19
Carlos Serapio KTPNAN 90 989 0,17
Rizalito David DPP 56 711 0,11
Votes valides 52 346 000 93,32
Votes blancs et nuls 3 749 234 6,68
Total 56 095 234 100
Abstention 11 430 385 16,93
Inscrits / participation 67 525 619 83,07

Analyse

Le fils de l'ex-dictateur Ferdinand Marcos, Ferdinand Marcos Junior  surnommé "Bong Bong Marcos" (BBM)  remporte la présidentielle, tandis que la vice présidence est remportée par Sara Duterte, la fille de Rodrigo Duterte. Bien que de partis différents, tout deux réunissent chacun autour de 60 % des suffrages exprimés, loin devant les candidats arrivés seconds[25],[26],[27]. Leur investiture a lieu le 30 juin.

Notes et références

Notes

  1. Membre du Parti libéral, elle dépose sa candidature en tant qu'indépendante.

Références

  1. (en) ABS-CBN News, « China troll army, massive funds could influence 2022 polls: ex-Justice Carpio », sur ABS-CBN News (consulté le )
  2. (en) J. C. Gotinga, « Experts warn of China-backed candidates in 2022 PH elections », sur Rappler (consulté le )
  3. (en) « Imee Marcos wants manual vote counting at poll precincts, sponsors hybrid elections bill », sur Rappler (consulté le )
  4. « dagdag-bawas - Wiktionary », sur en.wiktionary.org (consulté le )
  5. « Aux Philippines, le clan Marcos en marche vers le pouvoir », La Croix, (ISSN 0242-6056, lire en ligne)
  6. Sara Duterte again rejects calls to run for president in 2022, Manila Times, 7 octobre 2021.
  7. La fille de Duterte brigue la vice-présidence, lapresse.ca avec AFP, 13 novembre 2021.
  8. (en) Joselito Guianan Chan, Managing Partner, Chan Robles and Associates Law Firm, « 1987 Constitution of The Philippines - Chan Robles Virtual Law Library », sur www.chanrobles.com (consulté le ).
  9. (en) Dwight De Leon, « It’s final: 10 names on the 2022 ballot for president, 9 for VP », sur rappler.com,
  10. (en-US) « FAST FACTS: 2022 presidential nominee Ping Lacson, vice presidential nominee Tito Sotto », sur RAPPLER, (consulté le )
  11. (en-US) « Dictator's son Bongbong Marcos to run for president in 2022 », sur RAPPLER, (consulté le )
  12. (en-US) « Isko Moreno to run for president in 2022 », sur RAPPLER, (consulté le )
  13. (en-US) « Manny Pacquiao to run for president in 2022 », sur RAPPLER, (consulté le )
  14. « Présidentielle aux Philippines : la principale opposante Leni Robredo candidate », sur France 24, (consulté le )
  15. (en) « Philippine presidential election: who’s running, who’s favourite and what’s their China policy? », sur South China Morning Post (consulté le )
  16. (en) « A dictator's son. A former actor. A champion boxer. Inside the manic race to replace Duterte as the Philippines' leader », sur CNN (consulté le )
  17. (en) « Race to replace Duterte as president of Philippines shapes into wild contest of personalities », sur The Washington Post (consulté le )
  18. (en) « Bato Dela Rosa to run for president in 2022 », sur CNN Philippines (consulté le ).
  19. « Philippines. Rodrigo Duterte candidat à la vice-présidence en 2022 », sur Courrier international, (consulté le )
  20. « Philippines : le président Rodrigo Duterte veut se retirer de la politique », sur france 24,
  21. « Bato to withdraw COC for president in Eleksyon 2022 », sur GMA News Online (consulté le )
  22. « Bong Gago backs out of VP race, runs for president instead », sur Rappler (consulté le )
  23. (en) « Presidential and Vice-Presidential Canvas 2022 », sur Congrès des Philippines (consulté le )
  24. (en) « Canvassing of votes for president, vice president – 2022 PH elections », sur Rappler (consulté le )
  25. « Aux Philippines, le retour de la famille Marcos, trente-six ans après la chute de la dictature », Le Monde.fr, (lire en ligne , consulté le )
  26. « Philippines : Ferdinand Marcos Jr revendique la victoire à la présidentielle » , sur LEFIGARO, (consulté le )
  27. AFP, « Philippines: victoire écrasante de Marcos Junior à la présidentielle », sur Le Journal de Québec (consulté le )

Voir aussi

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