Élections législatives japonaises de 1993

La 40e élection de la Chambre des représentants du Japon, la chambre basse et la plus importante des deux chambres formant la Diète, s'est tenue le . Elle a été marquée par la chute du Parti libéral démocrate (PLD) et une recomposition du payasage poitique japonais[1].

Élections législatives japonaises de 1993
511 députés de la Chambre des représentants
(Majorité absolue : 256 sièges)
Corps électoral et résultats
Inscrits 94 866 020
Votants 63 547 819
66,99%  6,3
Parti libéral-démocrate  Kiichi Miyazawa
Voix 22 999 646
36,62%
 9,5
Sièges obtenus 223  1
Parti socialiste japonais  Sadao Yamahana
Voix 9 687 588
15,43%
 8,9
Sièges obtenus 70  66
Shinseitō  Tsutomu Hata
Voix 6 341 364
10,10%
Sièges obtenus 55
Kōmeitō  Kōshirō Ishida
Voix 5 114 351
8,14%
 0,2
Sièges obtenus 51  6
Nouveau parti du Japon  Morihiro Hosokawa
Voix 5 053 981
8,05%
Sièges obtenus 35
Parti communiste japonais  Tetsuzo Fuwa
Voix 4 834 587
7,70%
 0,3
Sièges obtenus 15  1
Carte des résultats
Représentation de l'assemblée
Premier ministre du Japon
Sortant Élu
Kiichi Miyazawa
PLD
Morihiro Hosokawa
NPJ

Aperçu

L'instauration d'une taxe sur la consommation et le scandale Recruit avaient fortement affecté la popularité du Parti libéral démocrate (PLD) qui gouvernait depuis 1955. Certains membres du PLD (37 députés sur les 257 de la majorité en place) rejoignirent les députés de l'opposition pour voter le une motion de censure contre le Premier ministre Kiichi Miyazawa.

En réponse, celui-ci décida le jour même de dissoudre la Chambre des représentants, provoquant des élections anticipées. Certains dissidents du PLD quittèrent alors le parti et en formèrent de nouveaux : 44 parlementaires (36 députés et 8 conseillers), emmenés par Tsutomu Hata et Ichirō Ozawa, créent ainsi le le Parti de la renaissance (ou Shinseitō) qui prône une « révolution conservatrice » sur le modèle des politiques menées par Margaret Thatcher au Royaume-Uni ou par Ronald Reagan aux États-Unis durant les années 1980 ; 10 autres députés avaient déjà fondé le 21 juin le Nouveau parti pionnier (ou Nouveau parti Sakigake, NPS), essentiellement des quadragénaires et quinquagénaires, dirigés par Masayoshi Takemura, récemment élus à la Diète à la fin des années 1980, dont le but était de réagir aux différents scandales politico-financiers qui ont touché à l'époque le parti majoritaire en défendant une certaine éthique, un progressisme social (notamment environnementaliste) et une forme d'idéalisme en politique, en combattant la corruption et la collusion des hommes politiques avec les milieux financiers ou industriels, tout en dénonçant la bureaucratie et l'administration trop lourde à la fois de l'État et du gouvernement, se positionnant ainsi dans une optique libérale et réformatrice.

S'y ajoute le Nouveau parti du Japon (NPJ), créé dès le par l'ancien gouverneur de la préfecture de Kumamoto Morihiro Hosokawa, lui aussi issu du PLD, qui s'est entouré d'autres dissidents de ce parti, de jeunes élus locaux ou de tarento (comme les présentateurs et commentateurs de télévision Yuriko Koike et Banri Kaieda), dont beaucoup issus de l'Institut Matsushita de politique et de management. Il milite essentiellement pour une modification des pratiques politiques (et notamment pour plus de transparence dans le processus de décision et la lutte contre la corruption) sur le modèle du parlementarisme anglo-saxon et pour des réformes structurelles libérales allant dans le sens d'une réduction du poids de l'administration d'État, la décentralisation et la dérégulation. Il passe une alliance électorale et fait campagne conjointement avec le NPS. En dehors de ce partenariat privilégié, les deux formations soutiennent également d'autres candidats issus de petites formations de centre-gauche opposées au PLD autres que le PCJ, notamment le Parti démocrate socialiste (PDS, centre ou centre gauche socialiste démocratique, pro-américain et anti-communiste) de Keigo Ōuchi ou la Fédération sociale-démocrate (FSD, petit mouvement de centre gauche attaché, comme son nom l'indique, à la social-démocratie, voire au social-libéralisme, et à l'action citoyenne) de Satsuki Eda.

Conséquences

Le PLD perdit sa majorité absolue pour la première fois depuis 1983 et ne parvint pas à former un gouvernement pour la première fois depuis sa création en 1955. Il vit lui succéder une coalition « anti-PLD, anti-communiste » formée officiellement le par huit partis : les trois formations réformatrices libérales ou conservatrices issues du PLD (Shinseitō, NPJ et NPS), les quatre mouvements de la gauche non-communiste (le Parti socialiste japonais, ou PSJ, le PDS, la FSD et le Parti des réformes démocratiques, ou PRD, qui est le bras politique de la principale confédération syndicale japonaise, le Rengō) ainsi que le parti centriste et d'inspiration bouddhiste du Kōmeitō. Ils sont également soutenus à la Diète par des élus divers gauche ou divers droite (tel Kunio Hatoyama, autre dissident du PLD qui s'est fait réélire comme indépendant). Elle est dirigée par Morihiro Hosokawa qui est élu Premier ministre le par 262 voix sur 511 députés (deux voix de cette majorité hétéroclite se sont perdues sur le nom du président du parti socialiste Sadao Yamahana, qui n'était pourtant pas candidat), contre 224 au nouveau chef du PLD Yōhei Kōno et 15 au secrétaire général communiste Tetsuzō Fuwa. La socialiste Takako Doi devient pour sa part, le même jour, présidente de la Chambre des représentants, la première femme et la deuxième personne issue du PSJ (le premier ayant été Komakichi Matsuoka de 1947 à 1948) à accéder à ce poste. Elle a fait le plein des 264 voix de la nouvelle majorité, contre 222 au vétéran libéral-démocrate Seisuke Okuno (80 ans, député depuis 1963), 15 au communiste Kenjirō Yamahara et 2 bulletins blancs. Par tradition, le poste de vice-président revient à un membre du principal d'opposition, et c'est donc le député PLD Hyōsuke Kujiraoka qui est élu avec 477 voix et 29 bulletins blancs.

Références

  1. Jean-Marie Bouissou, « Les élections législatives au Japon (18 juillet 1993). La chute du Parti libéral-démocrate et la recomposition du système politique. », Revue française de science politique, no 44-°3, (DOI 10.3406/rfsp.1994.394837, www.persee.fr/doc/rfsp_0035-2950_1994_num_44_3_394837)
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