Élections législatives macédoniennes de 2011

Les élections législatives macédoniennes de 2011 (en macédonien : Македонски парламентарни избори (2011)) se tiennent le dimanche , afin d'élire les 123 députés de la 7e législature de l'Assemblée de Macédoine, pour un mandat de quatre ans.

Élections législatives macédoniennes de 2011
123 sièges de l'Assemblée
(Majorité absolue  : 62 sièges)
Type d’élection Élection législative
Corps électoral et résultats
Inscrits 1 821 122
Votants 1 156 049
63,48%  6,4
Votes exprimés 1 124 064
Votes blancs et nuls 31 985
VMRO-DPMNE  Nikola Gruevski
Voix 440 824
39,22%
 9,6
Députés élus 56  7
SDSM  Radmila Šekerinska
Voix 368 804
32,81%
 7,7
Députés élus 42  18
BDI/DUI  Ali Ahmeti
Voix 115 524
10,28%
 2,5
Députés élus 15  3
PDSh/DPA  Menduh Thaçi
Voix 66 374
5,90%
 2,4
Députés élus 8  3
7e législature de l'Assemblée
Président du gouvernement
Sortant Élu
Nikola Gruevski
VMRO-DPMNE
Nikola Gruevski
VMRO-DPMNE

Marqué par une hausse de la participation, le scrutin voit de nouveau la victoire de la VMRO-DPMNE du président du gouvernement Nikola Gruevski. Elle devance l'Union sociale-démocrate de Macédoine (SDSM), en progression par rapport au scrutin précédent. Gruevski assure ensuite son maintien au pouvoir en confirmant sa coalition avec l'Union démocratique pour l'intégration (BDI/DUI).

Contexte

Après une journée de vote marquée par de nombreux incidents, les élections législatives anticipées du 1er juin 2008 sont marquées par la victoire de l'alliance formée autour de l'Organisation révolutionnaire macédonienne intérieure - Parti démocratique pour l'unité nationale macédonienne (VMRO-DPMNE) du président du gouvernement Nikola Gruevski, qui remporte la majorité absolue des sièges[1]. Ayant confirmé sa coalition avec l'Union démocratique pour l'intégration (BDI/DUI), Gruevski se maintient au pouvoir en formant son deuxième gouvernement.

Lors de l'élection présidentielle (mk) des et , le candidat de la VMRO-DPMNE Gjorge Ivanov est élu au second tour avec 63,4 % des voix, contre 36,6 % Ljubomir Frčkoski (mk), soutenu par l'Union sociale-démocrate de Macédoine (SDSM). Bien que le taux de participation atteigne seulement 42 % des inscrits, il dépasse le quorum de 40 % requis pour valider le résultat[2].

Le , la SDSM  dont l'ancien chef de l'État Branko Crvenkovski a repris la présidence  et le Parti démocratique des Albanais (PDSh/DPA) entreprennent un boycott de l'activité parlementaire pour protester contre la saisie des avoirs de Velij Aramkovski, propriétaire de plusieurs médias, les sociaux-démocrates appelant à la tenue de nouvelles élections. Le pays connaît alors une situation économique difficile, avec un taux de chômage de 33 % de la population active, 30 % des Macédoniens vivant sous le seuil de pauvreté et une croissance économique de 1,2 % en 2010. Au début de l'année 2011, l'exécutif a contracté un prêt sur deux ans auprès du Fonds monétaire international (FMI)[3].

Dénonçant « une crise politique artificielle » qui constitue un « délit contraire aux intérêts de la Macédoine et à ses perspectives d'avenir européen », la VMRO-DPMNE a finalement accepté de convoquer les Macédoniens aux urnes, et proposé la dissolution de l'Assemblée. Celle-ci a été votée le par 79 voix favorables[3].

Système électoral

L'Assemblée de Macédoine (Собрание на Македонија) est un parlement monocaméral composé de 123 sièges pourvus pour quatre ans, dont 120 au scrutin proportionnel plurinominal dans six circonscriptions de 20 sièges chacune. Les électeurs votent pour le candidat d'une liste, et ce vote correspond à une voix pour cette dernière tout en jouant le rôle d'un vote préférentiel pour le candidat en question, lui donnant la possibilité de faire monter sa place dans la liste. Après décompte des suffrages, les sièges sont répartis selon la méthode d'Hondt au quotient simple, sans seuil électoral au niveau national. Toutes les listes reçoivent par conséquent un siège en proportion de leurs part des suffrages exprimées, avec un siège par tranche de 1/20ème de suffrage dans chacune des six circonscription, soit un seuil de facto de 5 % des suffrages exprimés. Les sièges sont répartis, au sein des listes, entre les candidats ayant reçu le plus grand nombre de suffrages en leur nom, par ordre décroissant.

Les trois sièges restants sont pourvus par la diaspora, au scrutin uninominal majoritaire à un tour en Europe et Afrique, en Amérique, et en Asie et Océanie. Ces sièges sont pourvus pour la première fois lors de ce scrutin, des sièges de députés de la diaspora ayant été ajoutés peu avant la dissolution de l'assemblée sortante.

Le système proportionnel permet notamment la représentation de la minorité albanaise. En outre, toute liste doit comprendre au moins 30 % de candidats de chaque sexe[4].

Campagne

Pour mener sa campagne, l'Union sociale-démocrate de Macédoine (SDSM) choisit son ancienne présidente Radmila Šekerinska, son dirigeant actuel Branko Crvenkovski ne revendiquant aucune place au sein du futur gouvernement en cas de victoire[3]. Elle défend  au même titre que l'Organisation révolutionnaire macédonienne intérieure - Parti démocratique pour l'unité nationale macédonienne (VMRO-DPMNE) de Nikola Gruevski  l'intégration au sein de l'Union européenne (UE) et de l'Organisation du traité de l'Atlantique Nord (OTAN)[5].

Coalisée avec une quizaine de partis, la SDSM mène campagne sous le slogan « Pour votre avenir » et met l'accent sur la nécessité d'investir dans les infrastructures et l'agriculture, ainsi que d'instaurer des aides sociales pour les personnes les plus démunies. Elle promet de faire les efforts nécessaires pour régler le débat autour du nom de la Macédoine qui empoisonne les relations avec la Grèce et bloque les perspectives d'intégration euro-atlantique de la Macédoine. De son côté, la VMRO-DPMNE se présente alliée à 23 partis, un record dans l'histoire macédonienne, et propose un programme intitulé « Renaissance en 100 pas : développement et promotion » qui contient des engagements en matière de baisse des impôts et de soutien au tourisme par une réduction de la TVA. Le parti utilise massivement les réseaux sociaux, notamment Facebook, pour mener sa campagne[5].

Principales forces politiques

Parti/coalition Idéologie Chef de file Score en 2008
VMRO-DPMNE
ВМРО-ДПМНЕ
Centre droit
Libéral-conservatisme, démocratie chrétienne
Nikola Gruevski
(Président du gouvernement)
48,8 % des voix
63 députés
Union sociale-démocrate de Macédoine
Социјалдемократски сојуз на Македонија (SDSM)
Centre gauche
Social-démocratie, libéralisme, europhilie
Radmila Šekerinska 25,1 % des voix
28 députés
Union démocratique pour l'intégration
Демократска унија за интеграција (DUI)
Bashkimi Demokratik për Integrim (BDI)
Centre droit
Conservatisme social, europhilie, intérêts des Albanais
Ali Ahmeti 12,8 % des voix
18 députés
Parti démocratique des Albanais
Демократска партија на Албанците (DPA)
Partia Demokratike Shqiptare (PDSh)
Centre droit
Conservatisme social, intérêts des Albanais
Menduh Thaçi 8,3 % des voix
11 députés

Résultats

Résultats des élections législatives macédoniennes de 2011[6]
Parti/coalition Voix % +/- Sièges +/-
VMRO-DPMNE 440 824 39,22 9,56 56 7
VMRO-DPMNE 47 6
Parti socialiste de Macédoine (SPM) 3
Renouveau démocratique de Macédoine (DOM) 1
Parti démocratique des Serbes de Macédoine (DPS) 1
Parti démocratique des Turcs de Macédoine (DPT/TDP) 1
Union démocratique (DZ) 1
Parti d'action démocratique de Macédoine (SDA) 1
VMRO-Macédoine 1
Parti uni des Roms de Macédoine (OPR) 0 1
Union sociale-démocrate de Macédoine (SDSM) 368 804 32,81 7,70 42 18
Union sociale-démocrate de Macédoine (SDSM) 29 11
Nouveau Parti social-démocrate (NSDP) 4 1
Parti pour l'avenir européen (PEI) 3 2
Mouvement pour l'unité nationale des Turcs de Macédoine (DNET/TUBH) 1 1
Parti libéral de Macédoine (LPM) 1 1
Parti pour l'émancipation totale des Roms (PCER) 1 1
Parti progressiste serbe de Macédoine (SNS) 1 1
Députés indépependants (NP) 2 2
Union démocratique pour l'intégration (BDI/DUI) 115 524 10,28 2,54 15 3
Union démocratique pour l'intégration (BDI/DUI) 14 4
Ligue démocratique des Bosniaques (DLB) 1 1
Parti démocratique des Albanais (PDSh/DPA) 66 374 5,90 2,36 8 3
Renaissance démocratique nationale (RDK/NDP) 29 996 2,67 Nv 2 2
VMRO - Parti populaire (VMRO-NP) 28 267 2,51 2,27 0
Nouvelle Démocratie (ND) 19 992 1,78 Nv 0
Unis pour la Macédoine (OM) 17 117 1,52 Nv 0
Parti libéral-démocrate (LDP) 16 551 1,47 Abs 0 4
Autres[alpha 1] 20 615 1,83 0
Suffrages exprimés 1 124 064 97,23
Blancs et nuls 31 985 2,77
Total 1 156 049 100 123 3
Abstention 665 073 36,52
Inscrits / participation 1 821 122 63,48

Analyse

La coalition autour de l'Organisation révolutionnaire macédonienne intérieure - Parti démocratique pour l'unité nationale macédonienne (VMRO-DPMNE) remporte le scrutin, qui est marqué par une forte mobilisation des électeurs avec une hausse de six points de la participation, après avoir mené campagne sur la hausse des retraites, des traitements de la fonction publique. L'Union sociale-démocrate de Macédoine (SDSM) se satisfait de son résultat, en progression par rapport à 2008. Pour la commission électorale, ces élections ont été les mieux organisées de l'histoire macédonienne[7].

Conséquences

Après avoir reconstitué sa coalition avec l'Union démocratique pour l'intégration (BDI/DUI), Nikola Gruevski forme son troisième gouvernement.

Notes

  1. Partis ayant reçu moins de 1 % des voix.

Références

  1. « En Macédoine, les conservateurs remportent des législatives émaillées de violences », Le Monde, (lire en ligne, consulté le ).
  2. « Victoire du candidat du parti au pouvoir en Macédoine », Le Monde, (lire en ligne, consulté le ).
  3. Corinne Deloy, « 4 mois de boycott du Parlement par l'opposition conduisent Nikola Gruevski à convoquer des élections législatives anticipées en Macédoine », sur robert-schuman.eu, (consulté le ).
  4. Inter-Parliamentary Union, « IPU PARLINE database: EX-REPUBLIQUE YOUGOSLAVE DE MACEDOINE (Sobranie), Texte intégral », sur archive.ipu.org (consulté le ).
  5. Corinne Deloy, « Le parti du Premier ministre Nikola Gruevski devrait conserver le pouvoir en Macédoine », sur robert-schuman.eu, (consulté le ).
  6. (en) European Election Database, « Macedonia: Parliamentary Election 2011 », sur eed.nsd.uib.no (consulté le ).
  7. Corinne Deloy, « L'Organisation révolutionnaire-Parti démocratique pour l'unité nationale du Premier ministre Nikola Gruevski conserve le pouvoir en Macédoine », sur robert-schuman.eu, (consulté le ).

Voir aussi

Articles connexes

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