Élections législatives portugaises de 2009

Les élections législatives portugaises de 2009 (en portugais : Eleições legislativas portuguesas de 2009) se sont tenues au Portugal le , afin d'élire les deux cent trente députés de la onzième législature de l'Assemblée de la République, pour un mandat de quatre ans. Elles ont de nouveau été remportées par le Parti socialiste (PS), qui perd toutefois la majorité absolue.

Élections législatives portugaises de 2009
230 députés de l'Assemblée de la République
(Majorité absolue : 116 députés)
Corps électoral et résultats
Inscrits 9 514 322
Votants 5 681 258
59,68%  4,6
PS  José Sócrates
Voix 2 077 238
36,56%
 8,5
Sièges obtenus 97  24
PPD/PSD  Manuela Ferreira Leite
Voix 1 653 665
29,11%
 0,3
Sièges obtenus 81  6
CDS-PP  Paulo Portas
Voix 592 778
10,43%
 3,2
Sièges obtenus 21  9
BE  Francisco Louçã
Voix 557 306
9,81%
 3,5
Sièges obtenus 16  8
CDU  Jerónimo de Sousa
Voix 446 279
7,86%
 0,3
Sièges obtenus 15  1
Carte des résultats
Représentation de l'assemblée
Premier ministre
Sortant Élu
José Sócrates
PS
José Sócrates
PS
Législature élue
XIe

Contexte

Lors des élections législatives anticipées du 20 février 2005, le PS de José Sócrates avaient remporté 45 % des voix et 121 députés, soit la première majorité absolue de son histoire, et la première pour un parti seul depuis 1991. Face à cet échec, le président du Parti social-démocrate (PPD/PSD) et Premier ministre sortant, Pedro Santana Lopes, avait renoncé à diriger son parti, au profit de Luís Marques Mendes. Investi à la tête du gouvernement, Sócrates engagea une politique de stricte rigueur budgétaire, avec réduction des effectifs et baisse des traitements dans la fonction publique et hausse de la fiscalité, afin de ramener les indicateurs du pays dans les limites du pacte de stabilité et de croissance.

En octobre suivant, les socialistes remportaient les élections locales, sans reprendre les mairies de Lisbonne et Porto. À peine trois mois plus tard, le PS était défait à l'élection présidentielle, sur fond de dissidence et de gauche divisée face au centre droit uni derrière la candidature d'Aníbal Cavaco Silva, qui mettait fin à trente années de présidence du centre gauche. De plus en plus impopulaire et contesté dans la rue, le chef du gouvernement parvenait toutefois, après l'échec de 1998, à remporter le référendum sur la légalisation de l'interruption volontaire de grossesse (IVG) en 2007.

Alors que les efforts budgétaires avaient porté leurs fruits, le déficit public ayant reculé jusqu'à 2 % du produit intérieur brut (PIB), le Portugal a subi de plein fouet les effets de la crise qui secouait alors l'économie mondiale, tombant en récession. En conséquence, le gouvernement adoptait des mesures de relance qui aggravaient les comptes publics, déjà plombés par la contraction d'une économie peu compétitive internationalement. Aux élections européennes du 7 juin 2009, pour la première fois depuis vingt ans, les socialistes connaissaient un recul et laissaient la première place aux sociaux-démocrates, désormais dirigés par Manuela Ferreira Leite, après avoir confié leur direction à Luís Filipe Menezes entre 2007 et 2008.

Mode de scrutin

Le mode de scrutin retenu prévoit l'élection des députés au scrutin proportionnel suivant la méthode d'Hondt, connue pour avantager les partis arrivés en tête. La loi électorale établit à 230 le nombre de sièges à pourvoir. Les députés sont élus dans vingt-deux circonscriptions électorales, à savoir les dix-huit districts du Portugal, les Açores, l'île de Madère, le continent européen et le reste du monde.

Principaux partis et chefs de file

Parti Chef de file
Parti socialiste
Partido Socialista
José Sócrates
Premier ministre
Parti social-démocrate
Partido Social Democrata
Manuela Ferreira Leite
Coalition démocratique unitaire
Coligação Democrática Unitária
Jerónimo de Sousa
Parti populaire
Partido Popular
Paulo Portas
Bloc de gauche
Bloco de Esquerda
Francisco Louçã

Sondages

Institut Date PS PSD CDU CDS/PP BE
Aximage 26.09.2009 38,8 % 29,1 % 8,4 % 8,6 % 10,0 %
Intercampus 24.09.2009 38,0 % 29,9 % 8,4 % 7,7 % 9,4 %
CESOP (UCP) 24.09.2009 38,0 % 30,0 % 7,0 % 8,0 % 11,0 %
Marktest 24.09.2009 40,0 % 31,6 % 7,2 % 8,2 % 9,0 %
Aximage 18.09.2009 36,1 % 29,7 % 7,5 % 7,6 % 10,0 %
Eurosondagem 18.09.2009 34,9 % 31,6 % 8,4 % 8,4 % 9,6 %
Intercampus 18.09.2009 32,9 % 29,7 % 9,2 % 7,0 % 12,0 %
CESOP (UCP) 16.09.2009 38,0 % 32,0 % 7,0 % 7,0 % 12,0 %
Marktest 12.09.2009 35,3 % 32,4 % 6,9 % 5,2 % 16,2 %
Eurosondagem 11.09.2009 33,6 % 32,5 % 9,4 % 8,0 % 9,6 %
CESOP (UCP) 11.09.2009 37,0 % 35,0 % 8,0 % 6,0 % 11,0 %
Aximage 07.09.2009 34,5 % 28,9 % 7,8 % 8,1 % 10,4 %
Dernières élections 20.02.2005 45,03 % 28,77 % 7,54 % 7,24 % 6,35 %

Résultats

Scores

À gauche, le parti arrivé en tête dans chaque district, à droite le parti arrivé deuxième dans chaque district.
Parti Suffrages Députés
Voix %+/-Sièges+/- %
Parti socialiste (PS) 2 077 238 36,56 % 8,47 97 24 42,17 %
Parti social-démocrate (PPD/PSD) 1 653 665 29,11 % 0,34 81 6 35,22 %
Parti populaire (CDS/PP) 592 778 10,43 % 3,19 21 9 9,13 %
Bloc de gauche (BE) 557 306 9,81 % 3,46 16 8 6,96 %
Coalition démocratique unitaire (CDU)
PCP
PEV
446 279


7,86 %


0,32


15
• 13
• 2
1
1
6,52 %
5,65 %
0,87 %
Autres 178 012 3,14 % 1,01 0 N/A
Bulletins blancs 99 086 1,74 % 0,06
Bulletins nuls 76 894 1,35 % 0,21
TOTAL (participation : 59,68 %) 5 681 258 100,00 % N/A 230 N/A N/A

Analyse

Conformément à ce que prédisaient les sondages, le Parti socialiste du Premier ministre José Sócrates est arrivé en tête, tout en perdant sa majorité absolue et en subissant un fort recul, de l'ordre de 8 points. Cette régression du centre-gauche n'a pas énormément profité au Parti social-démocrate de Manuela Ferreira Leite, qui n'améliore quasiment pas son score. La surprise de ce scrutin vient du Parti populaire (CDS/PP). En effet, la formation conservatrice de Paulo Portas se classe troisième, déjouant les pronostics, et obtient l'un de ses meilleurs résultats depuis 1976. À la gauche de la gauche en revanche pas de surprise : le Bloc de gauche (BE), qui marque la plus forte progression de ce scrutin, supplante la Coalition démocratique unitaire, et les deux formations obtiennent un résultat conforme aux enquêtes d'opinion.

Aucun des deux grands partis n'ayant remporté la majorité absolue à l'Assemblée de la République, le futur Premier ministre devra former une coalition, ou à tout le moins s'appuyer sur d'autres partis pour gouverner. Dans ce cas de figure, José Sócrates est en meilleure posture que Manuela Ferreira Leite, dans la mesure où la gauche portugaise remporte ici 54,23 % des suffrages et 128 sièges, contre 39,54 % et 102 députés à la droite.

Réactions

Malgré le fait que son parti ait enregistré une chute de 8 points et perdu sa majorité absolue, José Sócrates a déclaré que le PS avait remporté une « extraordinaire victoire électorale » et que son parti avait été « choisi sans aucune ambiguïté » par le peuple portugais qui avait « parlé bien clair »[1].

De son côté, Manuela Ferreira Leite a déclaré « assumer [ses] responsabilités » après avoir « présenté les solutions [qu'elle] considérait nécessaires pour le futur », tout en précisant que « ces élections font partie d'un cycle de trois scrutins » et qu'elle convoquerait un Conseil national du PSD « après les élections locales [...] pour analyser ce long cycle électoral »[2]. Concernant le CDS/PP, son chef de file Paulo Portas a relevé qu'il s'agissait « du meilleur score du CDS en 26 ans » et que « le peuple a retiré sa majorité absolue aux socialistes », analysant que « le pays a refusé l'arrogance du pouvoir absolu », car le Portugal veut « une politique de solutions et non d'affichage »[3].

Quant à Francisco Louçã (BE), il a appelé à « reconstruire le système de protection sociale » et à « appliquer un impôt sur les grandes fortunes », relevant qu'aucun parti « n'avait autant progressé en termes de pourcentage » que le Bloc, et que « la majorité absolue n'est plus possible pour le Parti socialiste »[4]. Enfin, le secrétaire général du PCP et chef de file de la CDU, Jerónimo de Sousa, a déclaré que le résultat de sa coalition était « un signal stimulant » pour obtenir « la rupture et le changement » avec les politiques de droite, parlant d'un « solide élément de confiance pour lutter contre les injustices sociales »[5].

Conséquences

Le , José Sócrates a été invité par le président Aníbal Cavaco Silva à former le XVIIIe gouvernement constitutionnel. Sa composition fut annoncée le 22 octobre[6], et les nouveaux ministres prirent leurs fonctions quatre jours plus tard[7].

Le débat sur le programme gouvernemental devant l'Assemblée de la République se déroula du 5 au 6 novembre. Aucun parti n'ayant demandé le rejet ou l'approbation du programme, et le gouvernement n'ayant pas requis son approbation, ce dernier fut considéré comme investi[8].

Notes et références

Annexes

Articles connexes

Liens externes

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