Bloc de gauche

Le Bloc de gauche (en portugais : Bloco de Esquerda, abrégé en BE) est un parti politique portugais socialiste.

Bloc de gauche
(pt) Bloco de Esquerda

Logotype officiel.
Présentation
Coordinatrice Catarina Martins[1]
Fondation
Fusion de Union démocratique populaire
Parti socialiste révolutionnaire
Política XXI (pt)
Siège Rua da Palma 268
1100-394 Lisbonne
Aile jeunesse Jovens do Bloco
Positionnement Extrême gauche[2],[3],[4],[5],[6] à gauche[7],[8],[9],[10]
Idéologie Socialisme démocratique[11]
Écosocialisme[12]
Féminisme[13]
Euroscepticisme modéré[14]
Anticapitalisme[13]
Social-démocratie[15]
Populisme de gauche[16]
Affiliation européenne Parti de la gauche européenne[17]
Gauche anticapitaliste européenne[18]
Maintenant le peuple
Groupe au Parlement européen GUE/NGL[19]
Adhérents 6 830 (2009)[20]
Couleurs Rouge
Site web bloco.org
esquerda.net
Présidents de groupe
Assemblée de la République Pedro Filipe Soares
Parlement européen Manon Aubry (GUE/NGL)
Martin Schirdewan
Assemblée législative des Açores António Lima
Représentation
Députés
5  /  230
Députés européens
1  /  21
Députés des Açores
2  /  57
Échevins
4  /  2064
Drapeau du Bloc de gauche.

Histoire

Fondation

Il résulte de la fusion, en , de deux partis politiques d'extrême gauche et d'un mouvement politique[21]:

En 2000, le Bloc de gauche est rejoint par un parti de moindre dimension, le Ruptura/FER, lié à la Ligue internationale des travailleurs - Quatrième Internationale puis par d'autres petites organisations telles que le Parti maoïste pour la reconstruction du prolétariat.

La constitution du Bloc de gauche met fin à l'émiettement historique des mouvements d'extrême gauche portugais, divisés sur leurs programmes et avec lesquels les grands partis de gauche refusaient tout accord. Elle intervient dans un contexte de crise du Parti communiste et d’insatisfaction face au gouvernement socialiste d'António Guterres. La constitution du Bloc de gauche est aussi le résultat de la mobilisation de la société civile lors du référendum de 1998 sur la dépénalisation de l’avortement qui a contribué à renforcer la coopération entre les différentes forces de la gauche radicale[2].

Débuts

Se présentant pour la première fois en 1999, le Bloc de gauche obtient 2,44 % des voix. En 2002, il obtient trois députés (2,75 %) après la démission d'António Guterres. En 2004, il obtient également un siège de député européen pour Miguel Portas, inscrit au groupe Gauche unitaire européenne/Gauche verte nordique.

Montée en puissance

Il a obtenu huit sièges et 6,38 % le 20 février 2005, obtenant le meilleur résultat depuis sa création. Le Bloc de gauche a effectué une percée lors des élections européennes de 2009, envoyant trois eurodéputés siéger au Parlement européen avec 10,7 % des suffrages exprimés.

Il confirme ce score lors des élections législatives de septembre 2009, en obtenant 557 109 voix (9,85 %, +3,47) et un total de 16 députés (+8).

Contre-coup de 2011

Avec seulement 5,17 % des voix aux élections législatives anticipées du 5 juin 2011, il connaît le premier frein à sa progression depuis sa création, en perdant huit de ses seize députés, dont son chef de file parlementaire, José Manuel Pureza (en). Le , Francisco Louçã, coordinateur du BE depuis sa fondation, est remplacé par João Semedo (pt) et Catarina Martins, issus du même courant que lui.

Cette chute s'amplifie lors des élections municipales de 2013, le Bloc perdant sa seule mairie et n'ayant plus aucun élu au conseil de Lisbonne, Semedo ayant été incapable de sauver son siège. Elle est confirmée par le résultat des élections européennes de 2014, au cours desquelles le Bloc perd deux de ses trois sièges au Parlement européen avec seulement 4,6 % des suffrages exprimés (cinquième parti du pays).

Soutien au gouvernement socialiste minoritaire

Aux élections législatives de 2015, le Bloc de gauche, emmené par la tête de liste Catarina Martins recueille 10,19 % des voix et a ainsi droit à 19 députés. Dans la foulée, le Bloc de gauche, ainsi que le Parti communiste et les écologistes, acceptent de soutenir un gouvernement socialiste sans toutefois y participer. Cette alliance de gauche, inédite au Portugal depuis la chute de Salazar, s’explique par la volonté de ne pas reconduire le Premier ministre de droite Pedro Passos Coelho, arrivé en tête aux élections, mais dont la politique d’austérité est décriée[22].

Sans se désolidariser du gouvernement socialiste, le , le Bloc de gauche vote contre le projet gouvernemental de diminution d'une taxe sociale acquittée par les sociétés sur le salaire minimum[23].

Opposition

Les divergences avec le gouvernement Costa se font sentir quand le Le Bloc de gauche et le Parti communiste s'abstiennent lors du vote du budget pour l'année 2021. La rupture est consommée un an plus tard, quand les deux formations votent cette fois contre, reprochant à l'exécutif de consacrer trop peu de fonds aux services publics et à l'amélioration du pouvoir d'achat. Le Parlement est dissous par le président de la République et des élections législatives anticipées se tiennent le . Le Bloc de gauche, tout comme le Parti communiste, subit une sévère défaite avec 4,43 % des voix et perd quatorze sièges pour n'en conserver que cinq, alors que le Parti socialiste remporte la majorité absolue.

Idéologie

Le Bloc de gauche critique le modèle capitaliste de croissance économique.

Il appelle à un renforcement du service public, notamment dans les secteurs de l’éducation, de la santé et de la sécurité sociale. Il est partisan d’une réforme fiscale qui taxerait plus lourdement les grandes fortunes et d’une lutte plus sévère contre la corruption.

Dès ses débuts, le Bloc de gauche a également soulevé, pour la première fois dans l’arène politique portugaise, certaines questions sociétales qui lui ont valu la qualification de « parti des causes fracturantes » : droit à l’avortement, légalisation du cannabis et dépénalisation des drogues dures, légalisation de l’union des homosexuels et droit à l’adoption, lutte contre les violences conjugales...

La dimension écologique a pris une importance particulière avec la Ve convention du parti, en 2007, qui a préconisé l’adoption d’un plan d’énergie durable et un commerce plus équitable entre les nations.

Dans le domaine de la politique étrangère, le Bloc de gauche est resté partisan de la construction européenne, tout en en critiquant les modalités. Ses positions sont devenues plus critiques dans le contexte de la crise de la dette publique grecque[24]. Il soutient la sortie de l'euro, obstacle selon lui à la souveraineté du Portugal et à une politique économique indépendante, la restructuration de la dette portugaise et la sortie de l’OTAN[25].

Dirigeants

Résultats électoraux

Élections présidentielles

Année Candidat 1er tour 2d tour
Voix % Rang Voix % Rang
2001 Fernando Rosas 128 927 2,98 4e Pas de 2d tour
2006 Francisco Louçã 288 756 5,30 5e
2011 Soutien à Manuel Alegre
2016 Marisa Matias 469 814 10,12 3e
2021 165 127 3,96 5e

Élections législatives

Année Tête de liste Voix % Rang Sièges Statut
1999 Francisco Louçã 132 333 2,44 5e
2  /  230
Opposition (XIVe)
2002 153 877 2,81 5e
3  /  230
Opposition (XVe, XVIe)
2005 364 971 6,35 5e
8  /  230
Opposition (XVIIe)
2009 558 062 9,82 4e
16  /  230
Opposition (XVIIIe)
2011 288 973 5,17 5e
8  /  230
Opposition (XIXe)
2015 Catarina Martins 550 892 10,19 3e
19  /  230
Opposition (XXe)
Soutien (XXIe)
2019 500 017 9,52 3e
19  /  230
Opposition (XXIIe)
2022 244 603 4,40 5e
5  /  230
Opposition (XXIIIe)

Élections européennes

Année Tête de liste Voix % Rang Sièges Statut
1999 Miguel Portas 61 920 1,79 5e
0  /  25
Extra-parlementaire
2004 167 313 4,91 4e
1  /  24
Opposition (Barroso I)
2009 382 667 10,72 3e
3  /  22
Opposition (Barroso II)
2014 Marisa Matias 149 628 4,56 5e
1  /  21
Opposition (Juncker)
2019 325 533 9,82 3e
2  /  21
Opposition (von der Leyen)

Région autonome des Açores

Année Tête de liste Voix % Rang Sièges Statut
2000 1 387 1,38 5e
0  /  52
Extra-parlementaire
2004 Zuraida Soares 1 022 0,63 4e
0  /  52
2008 2 972 3,30 4e
2  /  57
Opposition (Xe)
2012 2 428 2,25 4e
1  /  57
Opposition (XIe)
2016 3 410 3,66 4e
2  /  57
Opposition (XIIe)
2020 António Lima 3 962 3,81 5e
2  /  57
Opposition (XIIIe)

Région autonome de Madère

Année Tête de liste Voix % Rang Sièges Statut
2004 Paulo Martins 5 035 3,66 5e
1  /  68
Opposition (IXe)
2007 4 186 2,98 5e
1  /  47
Opposition (Xe)
2011 2 512 1,70 9e
0  /  47
Extra-parlementaire
2015 Roberto Almada 4 849 3,80 6e
2  /  47
Opposition (XIIe)
2019 Paulino Ascenção 2 489 1,74 6e
0  /  47
Extra-parlementaire

Élections municipales

Année Municipalités Freguesias
% Rang Maires Échevins Conseillers % Rang Conseillers
2001 1,18 9e
1  /  308
6  /  2044
28  /  6876
1,09 9e
46  /  34569
2005 2,95 6e
1  /  308
7  /  2046
114  /  6695
2,73 6e
229  /  34498
2009 3,02 7e
1  /  308
9  /  2078
139  /  6946
2,96 6e
235  /  34672
2013 2,42 7e
0  /  308
8  /  2086
100  /  6487
2,30 7e
138  /  27167
2017 3,29 6e
0  /  308
12  /  2074
125  /  6461
3,28 6e
213  /  27019
2021 2,75 7e
0  /  308
4  /  2064
94  /  6448
2,77 7e
162  /  26797

Notes et références

  1. (pt) « Portal do Bloco de Esquerda - Mesa Nacional elege Comissão Política e Comissão Permanente », sur Portal do Bloco de Esquerda, (consulté le ).
  2. Marco Lisi, « Portugal. Le Bloc de gauche, un acteur incontournable », sur ladocumentationfrancaise.fr (consulté le )
  3. « Au Portugal, un « attelage » de gauche mal ficelé mais qui dure », sur La Croix (consulté le )
  4. « Portugal: le socialiste Antonio Costa largement reconduit », sur ARTE (consulté le )
  5. « Législatives au Portugal: le socialiste Antonio Costa grand favori », sur TV5MONDE (consulté le )
  6. « Le socialiste Costa part grand favori des législatives au Portugal », sur L'Obs (consulté le )
  7. « Risque pays du Portugal : Politique », sur Société Générale (consulté le ).
  8. (en) Luke March, Contemporary Far Left Parties in Europe, Berlin, Friedrich-Ebert-Stiftung, (ISBN 978-3-86872-000-6, lire en ligne), p. 3.
  9. « La gauche portugaise se tient droit dans ses bottes européennes », sur La Libre, (consulté le ).
  10. « Le Portugal promet l'équilibre sans l'austérité », sur Les Echos, (consulté le ).
  11. (en) Wolfram Nordsieck, « Portugal », sur parties-and-elections.eu (consulté le ).
  12. (en) Derek Wall, The Rise of the Green Left: Inside the Worldwide Ecosocialist Movement, Pluto Press, , p. 97.
  13. (en) « Where is Portugal’s Radical Left? », sur Global Politics, (consulté le ).
  14. (en) « Country profile – Portugal - Euroviews 2014 », sur Euroviews (consulté le ).
  15. (pt) « Programa do Bloco é "essencialmente social-democrata" », SÁBADO,
  16. (en) « Populism Report Q3 2018 », Foundation for European Progressive Studies (consulté le )
  17. (en) « Our Parties », sur european-left.org (consulté le )
  18. « Archived copy » [archive du ] (consulté le )
  19. (en) « Bloco de Esquerda - GUE/NGL - Another Europe is possible », sur GUE/NGL (consulté le ).
  20. (pt) « Bloco de Esquerda comemora décimo aniversário », Público, (lire en ligne, consulté le ).
  21. (en) Marco Lisi, « New politics in Portugal: the rise and success of the left bloc », Pôle Sud, vol. n° 30, no 1, , p. 130 (ISSN 1262-1676 et 1960-6656, DOI 10.3917/psud.030.0127, lire en ligne, consulté le )
  22. Jean-Baptiste Chastand, « Au Portugal, la gauche provoque la chute du gouvernement et veut « tourner la page de l’austérité » », Le Monde.fr, (ISSN 1950-6244, lire en ligne, consulté le ).
  23. « Portugal. Premier échec au Parlement du gouvernement socialiste », Ouest-France.fr, (lire en ligne, consulté le ).
  24. « Fernando Rosas : « La gauche radicale portugaise est l'une des plus fortes en Europe », sur regards.fr (consulté le ).
  25. « « Geringonça », l’alliance inattendue », Le Monde diplomatique, (lire en ligne, consulté le ).

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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