État comorien

L'État comorien est le premier régime politique des Comores indépendantes formé par trois des quatre îles formant l'archipel des Comores : Grande-Comore, Anjouan et Mohéli (seule Mayotte est restée rattachée à la France), dont l'indépendance fut proclamée unilatéralement le par Ahmed Abdallah. La période est créditée de 6 ou 7 coups d'État, suivant les auteurs, et Ali Soilih est l'homme ayant le plus d'influence.

État comorien

1975–1978


Drapeau des Comores

Emblème des Comores
Informations générales
Statut République
Capitale Moroni
Histoire et événements
6 juillet 1975 Déclaration d'indépendance
Ali Soilih ministre
prise de pouvoir d'Ali Soilih
Intervention de Bob Denard

Entités précédentes :

Chronologie

La prise d'indépendance

Said Mohamed Cheikh et le prince Said Ibrahim, le principal opposant de ce dernier, luttent pour obtenir davantage d'autonomie au fil des années. Les leaders grand comoriens et anjouanais plus jeunes, en revanche, sont plus revendicatifs. Cheikh meurt en 1970, Ahmed Abdallah obtient le leadership du parti Vert. Said Ibrahim devient président du conseil en , mais Abdallah arrive à le mettre en difficulté début 1972. Said Ibrahim obtient la dissolution de l'assemblée territoriale en , mais la nouvelle assemblée de est majoritairement favorable aux thèses d'Abdallah. Celui-ci prône un accompagnement rapide de la France vers l'indépendance.

D'un commun accord en 1973, dans un objectif d'indépendance concerté, un referendum est prévu. Les leaders politiques de Grande Comore et d'Anjouan optent tous pour l'indépendance, les leaders mahorais optent tous pour le maintien au sein de la république française. Certaines femmes mahoraises, les chatouilleuses s'organisent et empêchent les leaders indépendantistes de mener campagne à Mayotte. Les leaders mahorais n'ont aucune audience ailleurs qu'à Mayotte. Peu de temps après sa prise de pouvoir fin 1973, les opposants à Abdallah dénoncent déjà son attitude despotique[1].

La France organise la consultation du 22 décembre 1974.

Devant la volonté de la France de traiter Mayotte d'une façon particulière, l’Anjouanais Ahmed Abdallah, président du gouvernement, proclame unilatéralement l'indépendance de l'archipel le . Les membres mahorais de l'assemblée territoriale font savoir qu'ils ne veulent pas siéger à l'assemblée des Comores. Le 17, Abdallah demande l'évacuation des forces militaires françaises, qui s'exécutent. Le gouvernement français prend acte de cette décision en faisant adopter la loi du relative aux conséquences de l'autodétermination des îles des Comores, qui stipule que les îles de la Grande-Comore, Anjouan et Mohéli cessent de faire partie de la République française, tout en prévoyant l'organisation d'un nouveau référendum à Mayotte.

Alors que tous les leaders anjouanais et grands comoriens dont Ali Soilih émettent aussi des critiques vis-à-vis de cette prise d'indépendance, Said Ibrahim « ne décolère pas »[1], considérant que l’attitude d'Abdallah ne pouvait que rendre la relation avec la France difficile. Il considérait également que Abdallah ne respectait pas les termes de la consultation qui proposait une indépendance accompagnée et que dès lors il trompait la population[1].

Quelques jours après l'indépendance, le , Bob Denard, probablement sous les ordres directs de Jacques Foccart, envahit la Grande Comore, organise un coup d'État avec cinquante hommes et Ali Soilih prend le pouvoir. Ahmed Abdallah est délogé de l'île d'Anjouan par une centaine de mapinduzi (militaires militants) encadrés par des mercenaires. Il part alors en exil en France. En février 1976, Mayotte vote à nouveau pour le maintien dans la république française. Les trois îles sont sous la responsabilité d'Ali Soilih, un révolutionnaire qui instaure un régime socialiste et indépendantiste. Les relations entre la jeune république et l'ancienne puissance coloniale se tendent rapidement.

La révolution comorienne

Le gouvernement d'Ali Soilih met en place des comités politiques, à l’instar des soviets. Inspirée par la révolution culturelle, il invite les jeunes lycéens à s'opposer au système établi par exemple les institutions de la vie traditionnelle comme le grand mariage, les funérailles, le port du voile, le port de signes de distinction religieux ou ethnique... Ces jeunes s'efforcent d'humilier les notables et marchands qui ne soutiennent pas les actions du régime devenu autoritaire et organisent des campagnes militaires contre les mosquées, supposés lieux de résistance au régime. Des autodafés, de livres et d'archives, sont pratiqués pour galvaniser la jeunesse et marquer le renouveau du système éducatif.

Les administrations sont remaniés, les fonctionnaires sont licenciés et remplacés. Une armée populaire bénévole est créée. Six entreprises d'État sont créées et se partagent toute l'activité sur les îles. Une agriculture innovante est prônée, les cultures traditionnelles sont abandonnées. Des centres administratifs sont créés dans chaque village, construits par des opposants subissant un travail forcé.

Rapidement, la situation économique se détériore. Les compétences pour une agriculture moderne manquent, les ressources financières issues des plantations de rentes traditionnelles ne sont plus là. Les subventions ou les coopérants n'arrivent pas. Les fonctionnaires ne reçoivent plus leurs salaires. La population la plus pauvre commence à souffrir de la faim, et des mouvements de révolte apparaissent. La répression est dure, entrainant la banalisation des brutalités. À partir de fin 1977, les combats de la nouvelle armée gouvernementale et les premiers foyers d'insurrection provoquent des morts. Plus aucune aide ne parvient au pays.

Un coup d'État orchestré en mai 1978 sous l'égide de l'Afrique du Sud avec des mercenaires d'origine française met à bas le régime, instaure un État policier qui permet le retour des anciens politiques exilés ainsi que la mainmise entre des mains mercenaires du pouvoir économique, préalablement structuré par l'ancien régime désormais officiellement honni[réf. nécessaire].

Voir aussi

Articles connexes

Bibliographie

  • Mohamed Toihiri, La République des Imberbes, Éditions l'Harmattan, coll. « Encres Noires », (ISSN 0223-9930), critique romancée de la période et du régime
  • Jean-Louis Guebourg, La grande Comore : Des sultans aux mercenaires, Éditions L'Harmattan, , 272 p. (ISBN 978-2-296-28509-5, lire en ligne)
  • Emmanuel Nirina Vérin et Pierre Vérin, Histoire de la révolution comorienne : décolonisation, idéologie et séisme social, Editions L'Harmattan, , 158 p. (ISBN 978-2-7384-7752-1, lire en ligne)
  • Alain Deschamps, Les Comores d'Ahmed Abdallah : mercenaires, révolutionnaires et cœlacanthe, KARTHALA Editions, , 189 p. (ISBN 978-2-84586-628-7)
  • Abdelaziz Riziki Mohamed, Comores : les institutions d'un Etat mort-né, Paris/Montréal (Québec)/Budapest etc., Editions L'Harmattan, , 376 p. (ISBN 2-7475-0859-5)

Références

  • Portail des Comores
  • Portail des années 1970
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