Kos (Dodécanèse)
Kos ou Cos[alpha 1] (grec ancien : Κῶς, grec moderne : Κως, en turc İstanköy[alpha 2], en italien Coo) est une île grecque faisant partie de l'archipel du Dodécanèse, dans la mer Égée.
Kos Κως (el) | ||
Le port de Kos | ||
Géographie | ||
---|---|---|
Pays | Grèce | |
Archipel | Dodécanèse | |
Localisation | Mer Égée (mer Méditerranée) | |
Coordonnées | 36° 51′ 00″ N, 27° 14′ 00″ E | |
Superficie | 290,3 km2 | |
Point culminant | Mont Dikaios (843 m) | |
Géologie | Île continentale | |
Administration | ||
Périphérie | Égée-Méridionale | |
District régional | Kos | |
Dème | Kos | |
Démographie | ||
Population | 30 947 hab. (2001) | |
Densité | 106,6 hab./km2 | |
Plus grande ville | Kos, Dikaio, Irakleides | |
Autres informations | ||
Fuseau horaire | UTC+02:00 | |
Site officiel | www.kos.gov.gr | |
Géolocalisation sur la carte : Grèce
| ||
Îles en Grèce | ||
Géographie
Longue de 40 km sur 8 km de largeur, Kos est la troisième plus grande île du Dodécanèse après Rhodes et Kárpathos. Elle est située à 4 km des côtes turques et de la ville d’Halicarnasse (Bodrum).
La ville principale, centre touristique et culturel de l’île, s’appelle également Kos.
Mythologie
Dans la mythologie grecque, lors d’une expédition antérieure à la guerre de Troie, après avoir ravagé Troie et tué son roi Laomédon, les Grecs menés par Héraclès voient leurs navires poussés vers les rivages de Kos[1],[2],[3],[4],[5]. Héra a demandé à Hypnos d'endormir Zeus, puis, pour nuire à Héraclès[1], elle soulève sur la mer une tempête grâce à Borée, vent qui pousse les six navires d'Héraclès désemparés[1] : un seul subsiste ; de tout ce que le héros a pu accumuler à leur bord, il ne parvient à sauver que ses soldats et ses armes[5]. Lorsque Zeus se réveille, il déverse une colère particulièrement terrible et va à la recherche d'Hypnos qui est sauvé par la nuit Nyx.
Zeus furieux jette du haut du ciel Héphaïstos le fils d'Héra, son épouse qu'il suspend du haut du ciel avec deux enclumes aux pieds et des chaînes d'or aux mains, et ce aux regards des autres dieux restés prudemment figés[2],[1],[3],[4]. Loin de cette scène de ménage divine, rescapé sur l'île à un endroit nommé Lacetère[5], Héraclès rencontre un troupeau de moutons et son berger Antagoras, à qui il demande un bélier. Le berger, homme fort et vigoureux, offre à Héraclès de le gagner à la lutte. Pendant le combat, les Méropes viennent au secours du berger. On dit que les Méropes ont considéré Héraclès comme un pirate venant piller leur terre, aussi lui jettent-il des pierres[4].
D'autres sources[6] disent, à propos de ce combat, qu'Héraclès attaqua la ville de Cos pour ravir et obtenir la main de Chalciopée, la fille du roi Eurypyle, fils de Poséidon : il aura d'elle un enfant nommé Thessalos[7]. Certaines sources[8],[9] affirment qu'Héraclès est accompagné par Télamon. Quoi qu'il en soit, l'affaire tourne au désavantage d'Héraclès, forcé de céder au nombre, voire blessé par Chalcodon (« aux dents de calcaire »), et, s'il parvient à fuir, c'est grâce à son père Zeus qui l'emmène en sécurité[5], à Argos[2], ou bien chez une dame thrace de ses amies[5]. Chez elle, Héraclès se déguise en femme pour échapper à ses ennemis.
Il revient ensuite à la charge et finit par vaincre les Méropes et dévaster leur ville, de nuit, nous précise-t-on[4] : il tue leur roi Eurypyle (aux « bonnes portes »). Après cela, il épouse Chalciopée et vient à la cérémonie de noce vêtu d'une robe de femme. Après cet épisode, Héraclès est appelé par Athéna à Phlégra, en Chalcidique, où il lutte contre le géant Alcyonée et participe à la gigantomachie[4],[8],[9]…
Enfin, Kos est citée dans l’Iliade d'Homère dans le Catalogue des vaisseaux au Chant II[10], comme apportant, avec Kalymnos, Nissiros, Kassos, et Kárpathos, trente vaisseaux sous le commandement de Phidippe et Antiphos à l'armée des Argiens menée par Agamemnon et Achille. L’île se retrouve sous d'autres noms : Céa chez Staphylos de Naucratis et Pline l'Ancien, d’autres sources citent Meropis et Nymphéa[11].
Histoire
Kos, site matrimonial et école hippocratique
Dans l'antiquité, Kos a subi, selon les époques, l'influence, parfois la domination des puissances voisines : empire perse, ligue de Délos, Rhodes… L'île abritait l'importante confrérie des Asclépiades et des sanctuaires dédiés à Asclépios et Déméter. Le récit mythique du combat d'Héraclès contre les Méropes avait aussi fait de l'île un site de consécration des mariages par les prêtres d'Héraclès, site où les nouveaux mariés, le jour des noces, devaient être vêtus en femmes[5], afin que leur virilité et la fécondité de leurs épouses fussent à leur sommet.
Hippocrate semble être natif de l'île et à l'époque hellénistique, Kos possédait une école médicale réputée, mais l'hypothèse selon laquelle cette école aurait été fondée dès l'époque classique par Hippocrate lui-même, semble infondée[12].
Kos à l'époque hellénistique
À l'époque hellénistique, Kos est un important centre religieux. En effet, une stèle de marbre du IIIe siècle av. J.-C. témoigne d'une activité religieuse d'importance[réf. nécessaire]. Le décret gravé sur cette stèle est relatif à la pureté rituelle que les prêtresses du culte à Déméter Olympia étaient tenues de respecter.
Le pouvoir politique s'organisait autour du monarque de la cité[réf. nécessaire], des prostatès[13] (à Kos un prostatès était l'équivalent d'un prytane à Athènes ; c'était une haute magistrature, dont les nommés veillaient au bon fonctionnement des institutions politiques), des exégètes[14] (ceux qui étaient chargés de conseiller et de surveiller l’application des lois sacrées ancestrales de la cité), et de l'assemblée (composée par le corps civique de l'île). Ce décret démontre que malgré l'incorporation de l'île de Kos à l'Empire lagide (IIIe siècle av. J.-C.) de Ptolémée Ier, la cité a su garder une autonomie politique (elle continue de promulguer des décrets de manière libre), qui tend à montrer que la conquête lagide n'a pas bouleversé l'organisation de la cité.
Byzantins et Ottomans
Pendant la période romaine, l’île est christianisée. Sous l'Empire byzantin, elle est, à partir du VIIe siècle, parfois attaquée et pillée par les Arabes (les Kossiotes se réfugient alors sur le continent anatolien proche).
Kos est possession de l’Empire ottoman de 1525 jusqu'en 1912, date à laquelle elle fut occupée par l’Italie comme les autres îles du Dodécanèse.
Ordre de Saint-Jean de Jérusalem
Au Moyen Âge, l’ordre de Saint-Jean de Jérusalem s'empare de l'île et elle est définitivement acquise en 1337[15], mais dès 1315, érige une forteresse à l'entrée du port. Les Hospitaliers abandonnent l'île en 1523 en même temps qu'il perdent Rhodes[16].
XXe siècle
Durant la Seconde Guerre mondiale, après la chute du régime mussolinien en 1943, les troupes italiennes du maréchal Badoglio accueillent en alliés un millier de Britanniques. Ces derniers ouvrent la campagne du Dodécanèse en , mais leurs troupes perdent en la bataille de Kos puis une partie du Dodécanèse, Kos tombant alors sous le contrôle de la marine et des troupes allemandes jusqu'en 1945[17]. Pendant l'occupation allemande, l'intégralité de la communauté juive locale[18] est déportée à Auschwitz[19],[20]. Après la capitulation allemande, Kos devient un protectorat britannique pendant deux ans, puis, comme l'ensemble du Dodécanèse, est rattachée à la Grèce en 1947.
XXIe siècle
Le , un tremblement de terre — d’une magnitude de 6 selon l’Observatoire d’Athènes — survient au milieu de la nuit. La secousse, ressentie jusqu'à Halicarnasse (Bodrum, en Turquie), a aussi affecté les autres îles du Dodécanèse[21].
Depuis la fin 2019, la quasi-totalité des demandeurs d’asile sont placés en détention dans des camps, y compris les enfants. Ils ne peuvent ni sortir, ni avoir de contacts avec le monde extérieur, suivre des cours, recevoir des ONG ou des avocats. Des cas de suicide et de morts dus à l'absence de soins médicaux ont été recensés[22].
Économie
Les principales activités de Kos sont le tourisme et l'agriculture : outre des céréales (maïs et blé), l'île produit des amandes, des figues, des olives, des tomates et de la laitue — un autre nom de la romaine est « laitue de Kos ». La vigne est également cultivée.
Notes et références
Notes
- L'orthographe Cos est plus ancienne, basée sur la latinisation et l'usage dans les textes littéraires du XVIe au XIXe siècle. La translittération en Kos, plus proche du grec ancien et du démotique en usage, tend à s'imposer dans les usages contemporains.
- tr:İstanköy
Références
- Iliade, XIV, 250-259.
- Iliade, XV, 14-33.
- Apollodore, I, 3, 5.
- Apollodore, II, 7, 1.
- Plutarque, Œuvres morales [détail des éditions] [lire en ligne], Questions grecques, 58.
- Scholie sur les Néméennes de Pindare, IV, 40 (?).
- Apollodore, II, 7, 8.
- Pindare, Odes [détail des éditions] (lire en ligne), Néméennes, IV, 22-27.
- Pindare, Odes [détail des éditions] (lire en ligne), Isthmiques, V (VI selon numérotation), 25-31.
- Homère, Iliade [détail des éditions] [lire en ligne] (vers 676-680).
- Harry Thurston Peck, Harper's Dictionary of Classical Antiquities, 1898, s.v. Cos.
- Vincenzo Di Benedetto : Cos e Cnido, in: Hippocratica - Actes du Colloque hippocratique de Paris 4-9 septembre 1978, éd. M. D. Grmek, Paris 1980, 97-111, voir aussi Antoine Thivel : Cnide et Cos ? : essai sur les doctrines médicales dans la collection hippocratique, Paris, 1981 (passim), (ISBN 22-51-62021-4); v. le compte rendu de Otta Wenskus (dans JSTOR).
- Edwige Krob, « Serments et institutions civiques à Cos à l'époque hellénistique », Revue des Études Grecques, vol. 110, no 2, , p. 434–453 (ISSN 0035-2039, DOI 10.3406/reg.1997.2734, lire en ligne, consulté le )
- Miriam Valdés Guía, « Bouzyges nomothetes : purification et exégèse des lois sacrées à Athènes », dans La norme en matière religieuse en Grèce ancienne, Presses universitaires de Liège (ISBN 978-2-9600717-4-0, lire en ligne), p. 293–320
- Bernard Galimard Flavigny, 2006, p. 74
- Bernard Galimard Flavigny, 1991, p. 56-57
- [vidéo] Débarquement allemand dans l'île de Kos, actualités françaises du , sur le site de l'INA.
- https://kis.gr/en/index.php?option=com_content&view=article&id=380&Itemid=109
- https://www.discoveringkos.com/destination-item/the-jewish-community-of-kos-island/
- https://vanishedworld.blog/2020/10/20/kos-a-jewish-community-in-the-aegean-sea/
- .
- « Sur l’île grecque de Kos, la détention des demandeurs d’asile est quasi systématique », Le Monde.fr, (lire en ligne)
Annexes
Bibliographie
- Iliade (trad. du grec ancien par Robert Flacelière), Éditions Gallimard, (1re éd. 1955) (ISBN 2-07-010261-0).
- Bertrand Galimard Flavigny, Histoire de l'ordre de Malte, Éditions Perrin (1re éd. 2006) (ISBN 2-262-02115-5)
- Bertrand Galimard Flavigny, Les chevaliers de Malte, Des hommes de fer et de foi, découverte Gallimard (1re éd. 1991) (ISBN 978-2-07-053342-8)
Liens externes
- Site officiel
- Ressources relatives à la géographie :
- Ressource relative aux beaux-arts :
- (en) Grove Art Online
- Notices dans des dictionnaires ou encyclopédies généralistes :
- Portail du monde insulaire
- Portail de la mer Méditerranée
- Portail de la Grèce
- Portail de l’ordre de Saint-Jean de Jérusalem