Îles du Frioul

Les îles du Frioul (en provençal Frieu) sont un archipel français situé à environ 2,7 km au large du quartier d'Endoume, à Marseille. L'archipel est composé de quatre îles principales, l'ensemble atteignant 200 ha. Les Îles représentent un des 111 quartiers de Marseille rattaché au 7e arrondissement.

Pour les articles homonymes, voir Frioul (homonymie).

Îles du Frioul

Vue d'ensemble des îles du Frioul
Administration
Pays France
Région Provence-Alpes-Côte d'Azur
Département Bouches-du-Rhône
Ville Marseille
Canton Marseille-Saint-Lambert
Arrondissement municipal 7e
Code postal 13007
Démographie
Population 146 hab. (2015)
Densité 75 hab./km2
Géographie
Coordonnées 43° 16′ 38″ nord, 5° 18′ 24″ est
Altitude m
Superficie 193,5 ha = 1,935 km2
Localisation
Géolocalisation sur la carte : Marseille
Îles du Frioul

    Toponymie

    Le mot provençal Frieu, désigne un passage maritime et donc ici le bras de mer séparant les deux îles de Pomègues et Ratonneau qui, par extension, a donné son nom à l'archipel[1]. Il dérive du latin fretum et n'a aucun lien étymologique avec la province homonyme du Frioul en Italie dont le nom dérive du latin Forum Iulii (tout comme la ville de Fréjus).

    À noter qu'une île de la commune de Sant Feliu de Guíxols, en Catalogne porte quasiment le même nom pour les mêmes raisons étymologiques, mais en version catalane Illa del Freu »)[2].

    L'archipel

    Le Frioul est constitué de quatre îles :

    Les îles Pomègues et Ratonneau sont reliées par la digue Berry, qui a été construite dès 1822 sous Louis XVIII. Elle a été nommée ainsi en souvenir du duc de Berry, assassiné en 1820 par Louvel. Cette digue a transformé un mouillage forain utilisé depuis les Romains en port véritable.

    Un service de vedettes relie le Vieux-Port (Quai de la Fraternité ex-Quai des Belges) aux îles. Le port de Pomègues-Ratonneau est séparé du Vieux-Port par une distance de 5,9 km, tandis qu'un parcours de 4,4 km est nécessaire pour rejoindre le château d'If.

    La baie de Marseille et l'archipel du Frioul - carte du XVIIIe siècle.

    Histoire du Frioul

    Une histoire essentiellement militaire

    Ces îles, du fait de leur position stratégique en rade de Marseille, en ont constitué pendant longtemps les défenses avancées : chaque éminence porte un fort militaire, et les batteries, tranchées, postes d'observations, parsèment l'ensemble de l'archipel. Dès Henri IV, un fort très important couronne l'île Ratonneau, actuellement totalement enfoui sous les reconstructions successives. Puis ce fut l'île d'If qui est fortifiée et, sous Louis XIV, les fortifications sont étendues à l'ensemble de l'archipel par Vauban. D'autres constructions militaires sont édifiées sous Napoléon.

    Sous la Troisième République avec le système Séré de Rivières, la majorité des fortifications de l'archipel sont reprises ou édifiées : les forts de Ratonneau et celui de Pomègues, le fort du Brégantin, la tour de Pomègues, les batteries du cap de Croix, du cap Caveaux, etc. Ces fortifications édifiées entre 1860 et 1900 donnent à l'archipel son paysage actuel. En 1902, l'armée édifie le dernier bâtiment militaire, le sémaphore de Pomègues, qui veille sur la rade pendant 90 ans.

    Pendant la Première Guerre mondiale, des ballons d'observations sont stationnés avant d'être transférés à Gémenos, au quartier des Paluds, en 1923.

    Au cours de la Seconde Guerre mondiale, et notamment lors de la libération de Marseille, le Frioul connait le feu des armes. L'occupation allemande investit les fortifications de l'île, et les modifie ou complète par la construction de batteries nouvelles, de redoutes, toujours clairement identifiables à ce jour par leur construction en béton armé, dont les batteries de marine du cap Caveau sont un exemple impressionnant. Ces travaux sont menés par le Service du travail obligatoire, pour lequel nombre de Marseillais sont réquisitionnés par les Allemands. Les Alliés s'emploient à bombarder massivement l'archipel, inhabité mais lourdement fortifié, pour détruire ces défenses avancées qui leur entravent l'accès à la ville. Aujourd'hui encore, malgré la végétation sauvage qui a repoussé, les photos aériennes montrent un sol lunaire parsemé de cratères de bombes, surtout à Ratonneau.

    Après la guerre, les îles restent terrain militaire. En 1959, un hangar, toujours visible, est construit pour abriter les filets anti-sous-marins destinés à être mouillés devant la rade et le port, installés par la marine sur l'archipel à partir de 1928. Une rampe de mise à l'eau est édifiée sur le quai de Pomègues au sud du plan d'eau.

    Dans les années 1950 et 1960, jusqu'à quatre escorteurs d'escadre et quatre chasseurs de mines de 1 500 tonnes peuvent être simultanément à quai[4].

    L'archipel reste propriété de la Défense nationale et interdit au public jusqu'en 1975, année où le maire Gaston Defferre obtient de la Défense l'autorisation de transformer la rade militaire déclassée en port de plaisance, bordé d'un noyau urbain de 450 logements, quelques commerces et d'une caserne de pompiers. Un service de navettes maritimes est créé à cette occasion, pour permettre à ces habitants de vivre. Le reste des îles a été cédé à la commune de Marseille par le ministère de la défense à partir de 1995.

    Terre d'immigration

    Lors de la peste de Marseille au XVIIIe siècle, les îles Ratonneau et Pomègues ont servi de lieu de quarantaine.

    Pour l'accueil des réfugiés arméniens, dans les années 1920, les autorités installent un centre de tri sanitaire sur les îles.

    Camp d'internement

    Pendant la Première Guerre Mondiale, des alsaciens, des lorrains et des allemands sont internés sur les îles[5],[6],[7],[8].

    Un quartier

    Le Frioul est un quartier de Marseille, administrativement rattaché au 7e arrondissement et au 1er secteur sous le nom ″Les Îles″. Celles-ci sont toutes sans voitures et même le vélo y est admis sous contrainte[9]. On y trouve un port de plaisance de plus de 600 places, bordé de constructions bétonnées des années 1970, avec des commerces en rez de chaussée longeant le port et des habitations au-dessus.

    Environ une centaine d'habitants vivent à l'année sur ces îles, enfants, adultes ou retraités, ainsi que des plaisanciers vivant sur leurs bateaux. Près de 650 m2 de jardins partagés, divisés en 13 parcelles, sont travaillés ici depuis 2004.

    Le Frioul abrite également un centre de vacances de la Fédération Léo-Lagrange, une caserne de marins-pompiers, l'une des stations du service du pilotage de Marseille-Fos, et une ferme marine bio, installée dans l'ancien port de quarantaine de Pomègues[10], probablement la seule activité économique de production du quartier.

    Les services publics sont peu présents : en l'absence de police, d'école, de médecin, les habitants doivent se rendre quotidiennement en ville pour ces besoins. Cet état de fait, et une desserte maritime contestée, créent un certain ressentiment des insulaires à l'égard de leur cité-mère.

    Des projets de doublement du port, ainsi que de bâtis complémentaires à but touristique, sont régulièrement évoqués par la Communauté urbaine.

    Festival MIMI

    Jusqu'en 2017, le festival-atelier musical MIMI avait lieu chaque été dans la cour de l’ancien hôpital Caroline. Ce festival était organisé par l'Association d’Aide aux Musiques Innovatrices, centre de développement des musiques actuelles, installée à la friche la Belle de Mai[11].

    La République libre du Frioul

    La République libre du Frioul
    (1997 à 2001)
    Administration
    Pays France
    Territoire revendiqué Le Fort de Brigantin et Paris
    Statut politique Micronation
    Gouvernement République
    Président à vie
    Mandat
    Egrégore le Virtuel
    1997-2001
    Ministre convoyeur du verbe
    Mandat
    Jean-Claude Mayo
    1997-2001
    Démographie
    Population hab.[12] (1997-2001)
    Langue(s) Français
    Géographie
    Coordonnées 43° 16′ 32″ nord, 5° 18′ 24″ est
    Divers
    Monnaie Polymonnaie
    Devise « Car dans notre société, on n'a jamais le droit de faire le con »
      La République libre du Frioul
      Restes du Fort de Brigantin en 2019.

      Le , Jean-Claude Mayo, propriétaire du fort de Brigantin, sur l'île de Ratonneau, et quelques amis décident de fonder la République libre du Frioul, une galéjade qui n'existe plus depuis 2001, car « dans notre société, on n'a jamais le droit de faire le con ». Le président, nommé à vie, est Egrégore le Virtuel, tandis que Jean-Claude Mayo en devient le ministre « convoyeur du verbe »[13]. La petite république édite sa propre monnaie, une polymonnaie dont le nom change suivant sa valeur, qui n'a cours légal que dans la république. Elle fait également une demande officielle pour entrer à l'ONU.

      Le , dans un courrier envoyé à Jean Tiberi, alors maire de la capitale française, la micronation déclare annexer Paris[14], tout en annonçant le lancement de sa propre monnaie.

      Les billets de banque :

      La République du Frioul

      La République du Frioul
      (Depuis 2011)
      Administration
      Pays France
      Territoire revendiqué Les îles du Frioul
      Statut politique Micronation
      Gouvernement République
      Démographie
      Population 146 hab.[22] (2011)
      Densité 75 hab./km2
      Langue(s) Français
      Géographie
      Coordonnées 43° 16′ 32″ nord, 5° 18′ 24″ est
      Superficie 1,935 km2
      Divers
      Monnaie Paga
      Devise « Pour l'art et l'insolence, sans insolation »
      Sources
        La République du Frioul

        Le voit le jour la République du Frioul. Sa devise est : « Pour l'art et l'insolence, sans insolation »[23].

        Des ambassades sont ouvertes partout en France et sur l'île du Frioul.

        Elle se dote de son drapeau, son blason, son timbre local et avec la poste française, d'une monnaie le paga, de ministres, d'une constitution et d'un gouvernement.

        L'objectif de cette République est de favoriser l'investissement social, culturel et artistique sur les îles du Frioul avec à long terme une autonomie ou des envies d’autodétermination.


        Environnement

        Sur le plan géologique, l'archipel date de l'Urgonien. Semblable en cela aux calanques de Marseille et aux madragues de l'Estaque, il présente des falaises de calcaire blanc stratifié tombant dans la mer. Mais au Frioul, ce paysage a été profondément remanié par l'homme, tant durant l'époque des grands travaux militaires que durant celle des constructions récentes. L'activité militaire a laissé en de nombreux endroits des bâtis éboulés, des gravats et une pollution métallique de munitions lourdes ou légères sur l'ensemble de l'archipel.

        Sur le plan floristique, on retrouve toutes les espèces endémiques du littoral provençal, ainsi que quelques espèces rares et protégées, propres aux îles de Marseille.

        La faune est assez pauvre, essentiellement représentée par l'avifaune, en particulier des oiseaux de mer dont la plupart sont rares et protégés. Il n'y a pas de grands mammifères, mais par contre des espèces introduites comme le lapin et le rat, ainsi que de nombreux chats harets. De petits lézards vivent dans les anfractuosités des murs et des remparts.

        L'archipel est très sec car il y pleut moins qu'à Marseille. Le faible relief des îles et leur étendue déchiquetée expliquent cette pluviométrie déficitaire. Combinée aux vents souvent violents qui peuvent y souffler, cette situation particulière a permis le développement d'une végétation rare avec 13 espèces protégées au niveau national ou régional.

        Ses paysages, et la très faible fréquentation humaine durant le XXe siècle, ont évidemment privilégié les oiseaux de mer les plus farouches, parmi les espèces animales qui occupent ce biotope très remanié par l'homme.

        Avenir du site

        Les îles du Frioul sont actuellement confrontées à des perspectives contradictoires quant à leur avenir. Elles présentent la particularité administrative d'être la propriété foncière de la commune pour plus de 90 % de son sol, ce qui est rarissime pour un espace urbain de cette taille. Des promoteurs souhaitent en faire un paradis insulaire pour milliardaires, des écologistes préfèrent y restreindre la fréquentation humaine.

        Natura 2000

        L'archipel a été proposé par l'État français comme zone Natura 2000. Le site, en vertu de son patrimoine naturel exceptionnel, a été retenu par l'Europe pour intégrer ce réseau européen dont l'objectif est de concilier activités humaines et protection de la nature. Dans le cadre de cette démarche des réunions de concertation avec l'ensemble des usagers du site ont permis d'élaborer un plan d'action pour la préservation de cet espace naturel.

        Environnement

        En 2002, dans un souci de préservation du patrimoine exceptionnel de l'archipel, la ville de Marseille crée, par délibération du Conseil municipal, le parc maritime des Îles du Frioul (PMIF)[24], sur le périmètre Natura 2000[25] et partage la gestion des espaces naturels avec le CEEP.

        En 2012 est créé le parc national des Calanques, qui intègre les espaces naturels terrestres des îles de l’archipel qui sont ainsi classés en cœur de parc (la zone marine autour étant quant à elle classée en Aire maritime adjacente). Le parc est, avec la ville de Marseille, co-gestionnaire du site.

        Œuvre Artistique et cinéma

        L'archipel du Frioul a fait l'objet de tournages pour la série Draculi & Gandolfi de Guillaume Sanjorge, avec la tour de Pomeguet en décors de fond[26].

        Galerie de photos

        Notes et références

        1. « fricandeu - Tresor dòu Felibrige - Dictionnaire provençal-français - Page 11184 », sur www.lexilogos.com (consulté le )
        2. « illa del Freu | enciclopèdia.cat », sur www.enciclopedia.cat (consulté le )
        3. Le Tresor dóu Felibrige de Frédéric Mistral donne pour ce nom l'étymologie grecque αντι πολιν, « devant la ville ».
        4. in La Provence, 28 juillet 2012, p. 6
        5. Le pan méconnu de la Première Guerre mondiale à Marseille dans le journal La Marseillaise, n°23449, édition du samedi 6 au dimanche 7 novembre 2021
        6. SPIESER, Jean-Louis, Prisonniers au château d’If et aux îles du Frioul. Alsaciens et Allemands internés à Marseille en 1914, Editions Gaussen, Marseille, 2017 – cote AD68 9475
        7. Archives départementales (sources : Jean-Laurent VONAU et Jean-Claude FARCY) des Bouches du Rhône : cotes AD13 4 M 2353 ; 1 R 874 ; 8 R 42, 8 R 141 ; 1 Y 158, 1 Y 183, 1 Y 198, 1 Y 203
        8. WINTZENHEIM 14-18 Wintzenheim 1914 : trois jeunes civils, otages des Français de Ludovic CONTE (lire en ligne)
        9. Marcel Robert, Iles sans voitures, 2013« Présentation »
        10. Charpentier C., 2011 : « Les poissons bio du Frioul, ferme aquacole marine » Alim'agri, magazine du Ministère de l'agriculture, de l'alimentation, de la pêche, de la ruralité et de l'aménagement du territoire no 1550 (octobre-novembre-décembre 2011) - p. 45-47
        11. « Festival Mimi (2011-2017) », sur leguidedesfestivals.com (consulté le )
        12. 0
        13. Michel Henry, « Porte ouverte sur la République libre du Frioul. Ce site marseillais a tous les attributs d'un Etat. La dérision en plus. », sur Libération.fr, (consulté le )
        14. « R L F - Annexion de la ville de Paris », sur republiquelibre.free.fr (consulté le )
        15. « République Libre du Frioul - Sommaire », sur republiquelibre.free.fr (consulté le )
        16. « RLF - Banque centrale - virginie », sur republiquelibre.free.fr (consulté le )
        17. « RLF - Banque centrale - mayo », sur republiquelibre.free.fr (consulté le )
        18. « RLF - banque centrale - Amadou », sur republiquelibre.free.fr (consulté le )
        19. « RLF - Banque centrale - 500 pascals », sur republiquelibre.free.fr (consulté le )
        20. « RLF - Banque centrale - rougerie », sur republiquelibre.free.fr (consulté le )
        21. « RLF - Banque centrale - werber », sur republiquelibre.free.fr (consulté le )
        22. 146
        23. « Republique-du-frioul », sur republique-du-frioul.webnode.fr (consulté le )
        24. « Parc maritime des îles du Frioul | Capitales Françaises de la Biodiversité », sur www.capitale-biodiversite.fr (consulté le )
        25. « INPN - FSD Natura 2000 - FR9312007 - Iles Marseillaises - Cassidaigne - Description », sur inpn.mnhn.fr (consulté le )
        26. « Archive : Le Studio Phocéen en tournage sur l'archipel du Frioul à Marseille », sur Studio Phocéen, (consulté le )

        Annexes

        Articles connexes

        Liens externes

          • Portail du monde insulaire
          • Portail de la mer Méditerranée
          • Portail de Marseille
          • Portail des micronations
          Cet article est issu de Wikipedia. Le texte est sous licence Creative Commons - Attribution - Partage dans les Mêmes. Des conditions supplémentaires peuvent s'appliquer aux fichiers multimédias.