Ñ
Le Ñ, ñ, egne, ou ene tilde (en espagnol la eñe, nom féminin) est une consonne utilisée en aragonais, asturien, basque, breton, espagnol, galicien, guarani, hassanya, karone, tagalog, wamey, wolof, etc. En espagnol, il est utilisé pour représenter un son palatal nasal dont le symbole dans l'alphabet phonétique international est [ɲ] (comme le français ‹ gn ›). Il est aussi utilisé dans le digramme ‹ ñg › de l’alphabet des langues d’Angola.
Egne, N tilde | |
Graphies | |
---|---|
Capitale | Ñ |
Bas de casse | ñ |
Utilisation | |
Alphabets | aragonais, asturien, basque, breton, espagnol, galicien, guarani, hassanya, karone, wamey, wolof, etc. |
Phonèmes principaux | [ɲ] |
Utilisation
En français, ‹ ñ › est uniquement utilisé dans certains mots d’emprunt et n’est pas traditionnellement considéré comme faisant partie de l’alphabet, cependant il figure dans certains dictionnaires généralistes notamment dans le mot d’origine espagnole « cañon ».
En espagnol
Le ñ est la quinzième lettre de version castillane de l'alphabet latin, entre le N et le O dans l'ordre alphabétique. Il est une lettre à part entière, l'alphabet castillan comportant vingt-sept lettres (non vingt-neuf car le ch et le ll sont des digrammes exclus de l’alphabet depuis 2010)[1].
Historiquement, le ñ représentait deux N : « nn » : le tilde sur le « n » étant le raccourci sténographique pour le deuxième « n ». Par exemple, le mot año (année) vient du latin annus.
Étant une lettre typiquement espagnole, elle est souvent utilisée comme le symbole de cette langue : l'Institut Cervantes a incorporé le Ñ dans son logo.
En français
En ancien et moyen français, le tilde appelé tiltre en français, servait d'une part à l'abréviation : "Tiltre signifie tantost une ligne qu'on met sur des lettres pour suppléer l'abbreuiation des lettres totales d'un mot que l'Espagnol appelle tilde, le tirant du latin titulus, ainsi que nous"[2], d'autre part comme barre de nasalité : "La lettre consonne n ou m notant la nasalité d'une voyelle a été très tôt remplacée par une barre de nasalité que maintient l'emploi du tilde dans les alphabets phonétiques modernes. Cette barre irrégulièrement usitée, était encore courante aux XVIe et XVIIe siècles. La possibilité de confusion avec les accents ainsi que les flottements de la nasalisation expliquent l'abandon de ce signe diacritique"[3].
En français moderne, Pierre-Claude Boiste est le premier lexicographe à inclure le mot tilde dans son dictionnaire publié en 1800. Il consacre l'existence du ñ : "Les nasales sont des consonnantes dont l'émission vocale se fait par le nez (n, gn ou n tildée)[4]. Les écrivains romantiques comme Alfred de Musset remettent le ñ à la mode : "La señora, pourtant contre sa jalousie, Collant son front rêveur à sa vitre noircie[5]". On trouve uniquement le ñ dans quelques mots d’origine espagnole : cañon, señor, doña, piraña. Le rapport de 1990 sur les rectifications orthographiques recommande la francisation et donc de ne pas utiliser le ñ. Il figure aussi de manière résiduelle sur des patronymes tels que Guyñemer (l’acte de naissance de Georges Guyñemer, le , en est une illustration[6]).
Dans les autres langues
Le ñ est également présent dans les alphabets breton, wolof, aragonais (Grafía de Uesca de 1987), asturien, basque, galicien et guarani.
En breton, il est utilisé aux XVIIe et XVIIIe siècles comme signe abréviatif[7]. Au XIXe siècle le grammairien Le Gonidec l'utilise comme en espagnol (koaña = koagna (souper). Ce n'est que depuis 1907 que la graphie mise au point par Émile Ernault l'utilise pour marquer la nasalisation des voyelles a, e et i, comme dans les verbes bezañ (être), debriñ (manger) ou le pronom personnel eñ (il, lui), ainsi que le prénom Fañch, ce qui a précipité l'affaire Fañch[8].
Usage en informatique
Dans Unicode, le n tilde fait partie du bloc supplément latin-1, Ñ a pour point de code U+00D1 et ñ U+00F1. Ces deux caractères sont nommées respectivement lettre majuscule latine n tilde et lettre minuscule latine n tilde[9]. Le n tilde peut aussi être composé à l'aide du diacritique tilde « ̃ » U+0303.
- précomposé (supplément latin-1) :
formes | représentations | chaînes de caractères | points de code | descriptions |
---|---|---|---|---|
capitale | Ñ | Ñ | U+00D1 | lettre majuscule latine n tilde |
minuscule | ñ | ñ | U+00F1 | lettre minuscule latine n tilde |
- décomposé (latin de base, diacritiques) :
formes | représentations | chaînes de caractères | points de code | descriptions |
---|---|---|---|---|
capitale | Ñ | N◌̃ | U+004E | lettre majuscule latine n diacritique tilde |
minuscule | ñ | n◌̃ | U+006E | lettre minuscule latine n diacritique tilde |
En HTML, il existe les codes :
- capitale Ñ :
Ñ
et&209;
etÑ
- minuscule ñ :
ñ
et&241;
etñ
.
Entrée au clavier
Sur les dispositions de clavier possédant un tilde mort, comme l’azerty ou le qwertz, en saisissant le tilde mort puis n ou N.
Sur les claviers espagnols, le caractère étant plus fréquent dans la langue, la touche Ñ est présent en accès direct à droite de la touche L.
Par la méthode de saisies par numéro de caractère : Alt + 164 pour ñ et Alt + 165 pour Ñ.
Notes et références
- Real Academia Española (Académie royale espagnole), Respuestas a las preguntas más frecuentes, s.v. Exclusión de los dígrafos ch y ll del abecedario, 2010.
- Jean Nicot, Thresor de la langue françoyse tant ancienne que moderne, Paris, D. Douceur, (lire en ligne)
- Pierre Larousse, Grand Larousse de la langue française, tome 4, p. 3474
- P.C. Boiste, Dictionnaire universel de la langue française,
- Alfred de Musset, Contes d'Espagne et d'Italie, Paris, (lire en ligne)
- Acte de naissance no 16/1459/1894 (acte du 27 décembre précisant « né le 24 décembre courant »), « Registres d'actes d'état civil (1860-1902) », sur Archives numérisées de Paris (consulté le ).
- Julien Maunoir, De l'escriture et prononciation de la langue armorique, Quimper, Hardouin, (lire en ligne), P.3
- Bernez Rouz, Fañch, le prénom breton qui fait trembler la République, Gourin, Éditions des Montagnes noires, , 130 p. (ISBN 9791097073541)
- supplément Latin-1 sur le site d’Unicode.