Années 510 av. J.-C.

Événements

Lancier, détail de la frise des archers du palais de Darius à Suse. Briques siliceuses à glaçure, vers 510 av. J.-C. conservé au Musée du Louvre.
  • 520 av. J.-C. : Darius Ier, débarrassé de ses ennemis et reconnu roi par tout le Proche-Orient réorganise l’empire achéménide : il remodèle le système administratif sur le modèle assyrien, augmente le nombre des satrapes tout en diminuant leurs pouvoirs, en leur adjoignant des gouverneurs militaires, des collecteurs d’impôts, et des inspecteurs dépendant du palais. Il crée un vaste réseau de routes, impose une loi commune et un système monétaire unique, la darique d’or[1]. L’impôt devient obligatoire dans l’Empire perse (sous Cyrus, les sujets contribuaient à l’entretien de l’État par des dons ou des tributs à leur convenance) et son versement doit se faire en métaux précieux. C’est sur l’agriculture que pèse essentiellement le poids des impôts.
Recensement de la province de Judée sous le gouvernorat de Zorobabel : la province ne représente qu’une étroite bande de territoire autour de Jérusalem, depuis Jéricho à l’est jusqu’à Lod et Ono à l’ouest, et de Bethléem et Nétopha au sud jusqu’à Béthel et Aï au nord. Sa population est vraisemblablement de 50 000 habitants. Elle est rattachée à la cinquième satrapie transeuphratène. Le gouverneur perse, tolérant en matière religieuse, est très strict quant au paiement des impôts. Le gouverneur de chaque province doit remettre en nature une somme fixe au gouvernement central. En retour le trésor royal aide au fonctionnement des grands travaux publics (Temple). Cette protection du culte national renforce le prestige du grand-prêtre de Jérusalem[2].
  • 520-515 av. J.-C. : les Juifs rentrés en Palestine, sous la suzeraineté des Perses, entament la reconstruction du temple de Jérusalem. 40 000 Juifs exilés sont conduits par le prêtre Josué et le prince de Juda Zorobabel, nommé « gouverneur de Juda », qui rétablissent l’autel sur les fondations du temple et le déroulement normal des sacrifices et des fêtes. Encouragés par les prophètes Aggée (août-décembre 520 av. J.-C.) et Zacharie (novembre 520/novembre 518 av. J.-C.), témoins de l’agitation religieuse et du zèle pour le temple animant les rapatriés, ils reprennent la reconstruction du temple qui est achevé en février-mars 515 av. J.-C. Les exilés qui restent en Babylonie constitueront la première Diaspora (dispersion). Le mouvement de retour en Judée se poursuit jusque dans le courant du IVe siècle[3],[2].
Héraclès au repos, amphore du Peintre d'Andokidès, v. 520 av. J.-C., Staatliche Antikensammlung de Munich.
  • 520−488 av. J.-C. : règne de Cléomène Ier, roi de Sparte, succédant à son père Anaxandridas II avec Démarate comme collègue (515-491 av. J.-C.)[4].
  • 520 av. J.-C. : règne de Zhou Daowang, treizième roi des Zhou Orientaux en Chine[5]. Il est assassiné le 12 novembre 520 av. J.-C., par son frère le prince Chao.
  • 519-477 av. J.-C. : règne de Zhou Jingwang, quatorzième roi des Zhou Orientaux en Chine[5].
  • 519 av. J.-C. :
    • Darius Ier reprend le contrôle de la Lydie et de l’Ionie après la mort du satrape de Sardes rebelle Oroitès, tué sur son ordre par ses gardes par une ruse de son envoyé Bagaios. Artapherne le remplace comme satrape de Lydie[6]. Otanès s’empare de Samos. Chios et Lesbos se soumettent à la domination perse[7].
    • Les Ioniens de Platée, conseillés par Sparte, quittent la confédération thébaine pour se mettre sous la protection d’Athènes[8].
    • sermon de Bénarès, exposé de la révélation qu’a eue le Bouddha (date présumée)[9]. L’idée essentielle est que tous les êtres vivants transmigrent sans fin d’une existence à une autre, passant par des états divers, en fonction de leurs actes antérieurs. La doctrine primitive est exprimée dans les quatre « saintes Vérités », exprimées dès le premier sermon : la Vérité de la douleur, la Vérité de l’origine de la douleur, la Vérité de la cessation de la douleur et la Vérité de la voie qui mène à la cessation de la douleur.
Persépolis, par Charles Chipiez (1884). Les grands travaux entrepris par Darius Ier à Suse et à Persépolis, ne sont pas seulement destinés à glorifier le Grand Roi. Darius cherche à réunir tous les peuples de l’empire dans une réalisation commune, de façon à cimenter ses diverses composantes. L’empire apparaît au faîte de sa puissance. Mais les forces de désagrégation et les tendances autonomistes se réveillent à tout moment comme le montrent les différentes révoltes. Il n’y a pas donc d’assimilation dans un ensemble unique. À l’idéal de justice, d’universalité et d’harmonie proposé par Cyrus a succédé une centralisation à outrance et un despotisme qui se moule dans les vieilles traditions orientales[10].
L’Égypte, grâce au fonctionnement du canal du Nil à la mer Rouge, voit son essor commercial et maritime considérablement augmenté. Darius restaure la route de Koptos (près de Thèbes) à Kosseïr (sur la mer Rouge) et la piste de Cyrène au delta, par l’oasis de Siouah[13]. Darius restaure la bibliothèque de Saïs et fait construire des temples à El Kab, Bousiris et dans l’oasis de Kharga[14]. Sous son règne, la domination perse en Égypte ne pose guère de problèmes, à l’encontre de la tradition transmise par Hérodote. Le pouvoir du satrape perse coiffe une bureaucratie gardant de larges pans de l’administration autochtone. Les temples notamment ont rapidement repris leur activité et leur influence après l’invasion. Des contingents égyptiens sont intégrés à l’armée perse et de hauts fonctionnaires font de brillantes carrières à la cour du grand roi.
Parcours supposé de la campagne de Darius contre les Scythes de la mer Noire, selon la description d'Hérodote.
  • 513 av. J.-C. : expédition de Darius Ier contre les Scythes d’Idanthyrse (Scytharbès, selon Ctésias). L’armée perse passe pour la première fois les Détroits dans les environs de Chalcédoine. Darius traverse la Thrace, où il bat au sud du Danube une confédération tribale des Gètes dont c’est la première mention faite par Hérodote. Miltiade, qui accompagne l’expédition, est préposé avec les Ioniens à la garde du pont de bateaux établit sur le Danube (Istros). Darius s’enfonce dans les territoires scythes qui refusent la bataille rangée. Le Grand Roi étant en retard lors du retour de l’expédition, Miltiade propose de détruire le pont et d’abandonner Darius à son sort. Darius est sauvé dans sa retraite grâce à la fidélité des cités d’Ionie et s’embarque à Sestos pour l’Asie, laissant le commandement des troupes à Mégabaze avec pour mission de conquérir la Thrace. Histiée, « tyran » de Milet, est emmené à Suse comme conseiller de Darius. Le roi de Macédoine, Amyntas Ier, se soumet à Mégabaze[7]. La Thrace et la Macédoine restent sous domination Perse jusqu’en 479 av. J.-C..
Monnaie incuse de Sybaris, nomos d'argent (550-510).
  • 511-510 av. J.-C. : guerre entre Sybaris et Crotone. Sybaris déclare la guerre à Crotone qui refusait d’extrader les Sybarites, partisans de l’oligarchie et chassé par les démocrates. Crotone, à la tête d’une ligue de cités, prend Sybaris et la détruit jusqu’à modifier le cours du fleuve Crathis (actuel Crati) pour qu’il coule sur les ruines[21]. Sybaris était le seul port d’accès des Étrusques vers l’Orient (marchandises de luxe de Milet) : la destruction de la ville signifie pour eux un début d’asphyxie économique et une aggravation des conflits avec les Grecs.
  • 511 av. J.-C. : échec d’une première tentative de renversement d’Hippias à Athènes[22].
  • 510 av. J.-C. :
    • chute du tyran Hippias à Athènes, obtenue par la famille des Alcméonides avec l’aide des Spartiates. Il se réfugie en Perse où il sera le conseiller des Perses durant la bataille de Marathon. La famille des Alcméonides, exilée par Pisistrate, rentre à Athènes à la demande de l’oracle de Delphes. L’aristocratie triomphe. La chute d’Hippias voit ensuite s’opposer deux factions, celle d’Isagoras qui représente l’oligarchie, et qui l’emporte au départ (jusque vers 508 av. J.-C., et la faction démocratique dirigée par Clisthène[20].
    • chute de la dynastie des Orthagorides de Sicyone, à la suite d'une intervention de Sparte qui chasse le dernier tyran, Eschine, et réinstalle un régime oligarchique[23].
    • l'année 510 marque également le début de la période classique.
    • échec d’une expédition dirigée par le spartiate Dorieus contre la cité indigène d’Égeste. Lui et sa troupe s’établissent alors dans un lieu nommé Héracléa, près du mont Éryx. Il est battu et tué par un assaut combiné des Élymes et des Carthaginois. Les survivants, dirigés par Euryléon s’emparent d’Héracléa Minoa, à l’embouchure de l’Halycos, colonie de Sélinonte, aux frontières du territoire d’Agrigente[24].

Notes et références

  1. Georges Roux, La Mésopotamie : essai d'histoire politique, économique et culturelle, Seuil, , 473 p. (ISBN 978-2-02-008632-5, présentation en ligne)
  2. André Lemaire, Histoire du peuple hébreu: « Que sais-je ? » no 1898, Presses Universitaires de France, (ISBN 9782130810698, présentation en ligne)
  3. Pierre de Martin de Viviés, Les livres prophétiques, Éditions du Cerf, , 119 p. (ISBN 978-2-204-11316-8, présentation en ligne)
  4. Michel Kaplan et Nicolas Richer, Le monde grec, vol. 1, Éditions Bréal, , 384 p. (ISBN 978-2-85394-808-1, présentation en ligne)
  5. (en) Tan Koon San, Dynastic China : An Elementary History, The Other Press, , 533 p. (ISBN 978-983-954-188-5, présentation en ligne)
  6. Thierry Petit, Satrapes et satrapies dans l'empire achéménide de Cyrus le Grand à Xerxès Ier, Librairie Droz, , 316 p. (ISBN 978-2-251-66254-1, présentation en ligne)
  7. Pierre Briant, Histoire de l'Empire perse : De Cyrus à Alexandre, Fayard, , 1250 p. (ISBN 978-2-213-63946-8, présentation en ligne)
  8. Claude Mossé, Les institutions grecques à l'époque classique, Armand Colin, , 216 p. (ISBN 978-2-200-27074-2, présentation en ligne)
  9. Yves Denis Papin, Chronologie de l'histoire ancienne, Éditions Jean-paul Gisserot, , 126 p. (ISBN 978-2-87747-346-0, présentation en ligne)
  10. Jean-Claude Margueron, Le Proche-Orient et l'Égypte antiques, Hachette Éducation Technique, , 416 p. (ISBN 978-2-01-140096-3, présentation en ligne)
  11. (en) Horst Woldemar Janson et Anthony F. Janson, History of art : the Western tradition, Prentice Hall Professional, , 1031 p. (ISBN 978-0-13-182895-7, présentation en ligne), p. 14.
  12. M.A. Oraizi, L'Iran : un puzzle ?, Éditions L'Harmattan, , 350 p. (ISBN 978-2-296-25183-0, présentation en ligne)
  13. Jean Jolly, L'Afrique et son environnement européen et asiatique, Éditions L'Harmattan (ISBN 978-2-296-57476-2, présentation en ligne)
  14. Robert Cornevin, Histoire de l'Afrique, vol. 1, Payot, (présentation en ligne)
  15. (en) M. A. Dandamaev, A Political History of the Achaemenid Empire, BRILL, , 373 p. (ISBN 978-90-04-09172-6, présentation en ligne)
  16. (en) Sailendra Nath Sen, Ancient Indian History and Civilization, New Age International, , 668 p. (ISBN 978-81-224-1198-0, présentation en ligne)
  17. Sailendra Nath Sen, op. cit, p. 16.
  18. Odile de Bruyn, La compétence de l'Aréopage en matière de procès publics : des origines de la Polis athénienne à la conquête romaine de la Grèce (vers 700-146 avant J.-C.), Franz Steiner Verlag, 226 p. (ISBN 978-3-515-06654-9, présentation en ligne)
  19. Jean-Claude Poursat, La Grèce préclassique : Des origines à la fin du VIe siècle, Points, 225 p. (ISBN 978-2-7578-4500-4, présentation en ligne)
  20. Christian Bonnet, Athènes des origines à 338 av. J.-C. Que sais-je ?, Presses universitaires de France, 128 p. (ISBN 978-2-13-067612-6, présentation en ligne)
  21. 100 fiches d'histoire grecque, Éditions Bréal (ISBN 978-2-7495-2140-4, présentation en ligne)
  22. Aubin-Louis Millin, Annales encyclopédiques, Bureau des annales encyclopédiques, (présentation en ligne)
  23. Claude Mossé, Dictionnaire de la Civilisation Grecque, Éditions Complexe, , 527 p. (ISBN 978-2-87027-703-4, présentation en ligne)
  24. Gustave Glotz et Robert Cohen, Histoire grecque, vol. 1, Presses Universitaires de France, (ISBN 978-2-13-079108-9, présentation en ligne)
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