AGM-129 ACM

L'AGM-129 ACM (Advanced Cruise Missile) est un missile de croisière subsonique et furtif doté d'une tête nucléaire. Il a été conçu pour remplacer l'AGM-86 ALCM. Il est emporté exclusivement par les B-52H de l'US Air Force (USAF).

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AGM-129 ACM
Présentation
Type de missile Missile de croisière nucléaire
Constructeur Raytheon Missile Systems
Déploiement Juin 1990 - Septembre 2008
Caractéristiques
Moteurs turboréacteur Williams International F112-WR-100
(3,25 kN de poussée)
Masse au lancement 1 334 kg
Longueur 6,35 m
Diamètre 0,705 m
Envergure 3,1 m
Vitesse 800 km/h
Portée 3 700 km
Charge utile tête nucléaire W80-3
(entre 5 et 150 kT)
Guidage guidage inertiel et LIDAR
Précision 30 ~ 90 m
Détonation impact
Plateforme de lancement Boeing B-52 Stratofortress

Conception

En 1982, l'USAF entama l'étude d'un nouveau missile de croisière furtif, après avoir constaté que l'AGM-86B aurait des difficultés à pénétrer les futurs systèmes de défense antiaérienne. Celui-ci comptait sur la pénétration à basse altitude pour échapper aux systèmes de défense sol-air soviétiques. Cependant, le déploiement d'appareils de contrôle aérien avancé (AWACS), dont les radars pouvant repérer des appareils évoluant à basse altitude, réduisit les possibilités pour les AGM-86 d'atteindre leur cible.

En 1983, la division Convair de la compagnie General Dynamics se vit accorder le contrat de développement de l'AGM-129A face à Lockheed et Boeing.

Le premier vol du missile eut lieu en juillet 1985 et les premiers missiles de série furent livrés à l'USAF en 1987 date à laquelle le programme est devenu public, c'est le premier engin volant furtif dont l'existence est révélée. Le programme de développement rencontra divers problèmes de logiciel, de qualité, de programmation et des accidents lors des tests vu les innovations technologiques qu'il développe. Le membre du Congrès, Les Aspin qualifia le programme ACM d'acquisition désastreuse, affublée des pires problèmes des huit programmes d'arme stratégique que son comité avait supervisés. En 1989, le Congrès des États-Unis stoppa le financement du programme ACM. Les problèmes de conception et de qualité obligèrent l'USAF à stopper les livraisons de missiles en 1989 et 1991. McDonnell Douglas fut alors invité à qualifier une seconde ligne de production. Au début de l'année 1989, les États-Unis reçurent l'autorisation de tester l'AGM-129A au Canada.

Les plans de production prévoyaient le remplacement des 1 461 missiles AGM-68B à cadence maximum jusqu'en 1993, suivi d'une production à raison de 40 unités par an. En janvier 1992, la fin de la Guerre froide poussa le président George Bush père à annoncer une réduction des acquisitions d'ACM, réduisant les commandes à 640 missiles. Plus tard celles-ci furent ramenées à 520.

En 1985, l’USAF proposa d'étudier une variante de l'ACM, baptisée AGM-129B, capable de détruire les cibles contre lesquelles l'AGM-129A était considéré comme inefficace, et proposa de modifier 120 missiles pour cette mission. En 1991, le Congrès américain refusa la requête et l'USAF fut obligée de mettre fin au programme. En 1992, le Département de la Défense demanda à l'Air Force de relancer le programme, ce à quoi le General Accounting Office était opposé.

Peu d'informations précises ont filtré vis-à-vis des différences entre les deux versions. Le document du Département de la Défense, DoD 4120.15-L « Model Designation of Military Aerospace Vehicles » (Modèle de désignation des véhicules militaires aérospatiaux) indique que l'AGM-129B est un AGM-129A « modifié au niveau structurel et logiciel, et doté d'une autre tête nucléaire pour accomplir des missions classifiées dévolues aux missiles de croisière ». Cependant, certains prétendent que l'AGM-129B est une version conventionnelle du missile, de la même façon que l'AGM-86C est une version conventionnelle de l'AGM-86B. Certains rapports affirment que l'AGM-129B a réellement été mis en production, d'autres qu'il fut annulé avant d'entrer en production.

En 1997, une version baptisée AGM-129C Conventional Armed Cruise Missile (CACM) fut proposée, mais en 2000 la commande de 20 à 30 missiles d'essai fut annulée. Ce modèle devait être équipé d'une tête conventionnelle et d'un pénétrateur. De plus, il devait recevoir un guidage GPS. Le remplacement de la tête nucléaire par une tête conventionnelle plus lourde aurait réduit sa portée maximale à environ 1 500 km.

En , General Dynamics vendit ses activités missile à Hughes Aircraft Corporation. Puis en 1997, Hughes céda ses activités aérospatiales et de défense à Raytheon.

En , l'USAF annonça le retrait des missiles AGM-129A pour . La flotte des missiles est finie d'être démantelé en 2012[1].

Description

Six missiles AGM-129 en cours d'installation sous l'aile d'un B-52

L'AGM-129A inclut un corps et des ailes en flèche inversée conçus pour réduire la surface équivalente radar. L'entrée d'air du turboréacteur est noyée dans la partie inférieure du missile, afin d'améliorer sa furtivité[Note 1]. Les gaz de combustion du réacteur sont masqués par la dérive et refroidis par un diffuseur, afin de réduire la signature infrarouge. Pour réduire les émissions électroniques venant du missile, le radar de l'AGM-86B fut remplacé sur l'AGM-129A par la combinaison d'une centrale inertielle, d'un Lidar (Light detection and ranging) et d'un TERCOM (Terrain contour matching), système de navigation comparant le terrain survolé et une carte numérique préenregistrée. Ces modifications par rapport à l'ALCM, rendent le missile plus difficile à détecter et lui permettent de voler à plus haute altitude.

Pour sa propulsion, il est équipé d'un nouveau turboréacteur Williams International F112-WR-100 accroissant sa portée de près de 50 %. Son système de guidage lui offre une précision comprise entre 30 et 90 m.

L'AGM-129A est armé, comme l'AGM-86B, d'une tête nucléaire à puissance variable W80, entre kT et 150 kT.

Il est prévu pour être emporté par les bombardiers stratégiques B-1, B-2 et B-52H Stratofortress, mais il semble que seul le B-52 en soit équipé. Celui-ci peut emporter 12 missiles AGM-129A répartis par six sur les deux points d'emport externes sous les ailes.

Utilisation opérationnelle

Un AGM-129 en vol. La peinture noire « basse visibilité » participe également à la furtivité du missile en absorbant une partie des rayonnements radar la traversant.

Le , lors d'un test, un AGM-129A endommagea deux bâtiments, temporairement et heureusement inoccupés, faisant partie d'un observatoire de rayons cosmiques situé sur le Dugway Proving Ground de l'US Army. Le missile avait été tiré depuis l'Utah Test and Training Range par un B-52H de Minot Air Force Base (Dakota du Nord). Il volait depuis près de 3h30 en suivant son plan de vol et avait rempli tous ses objectifs lorsque l'accident se produisit. Pour cet essai, le missile emportait une charge militaire inerte.

Avec environ 5 missiles testés chaque année, le nombre de missiles restants est estimé à 415 en .

En mars 2007, l'USAF annonça qu'elle allait retirer du service ses stocks de missiles AGM-129 fin 2008.

Le , six ACM montés sur un B-52 traversèrent les États-Unis de Minot AFB à Barksdale Air Force Base (Louisiane), dans le but d'être démantelés. Cependant, les têtes nucléaires, qui auraient dû être retirées avant le vol, étaient toujours installées. Ainsi, pendant 36 heures des têtes nucléaires ont survolé le pays sans que personne ne se rende compte de leur disparition. Lorsque cette information fut dévoilée, elle provoqua un émoi aux États-Unis. Une enquête a montré que les protocoles de sécurité n’ont pas été respectés, et les quatre commandants d'unités et les personnes directement impliquées ont été lourdement sanctionnées ou démises de leurs fonctions.

Variantes

  • AGM-129A : 460 exemplaires
  • AGM-129B : Inconnu
  • AGM-129C : Probablement aucun

Opérateur

  • États-Unis : 415 missiles étaient à l'inventaire de l'USAF en 2006. Tous les missiles ont été retirés du service à la fin de 2008.

Notes et références

Notes

  1. L'une des principales sources de détection par un radar provient des échos renvoyés par les parties en rotation des moteurs, tels les étages de compresseur et leurs nombreuses pales. Une entrée d'air astucieusement conçue permet de piéger les ondes de l'émetteur et ainsi rendre l'appareil difficilement détectable.

Références

Voir aussi

Bibliographie

  • Jane's Handbook

Articles connexes

Liens externes

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