Abbaye Saint-Pierre d'Avenay
L'abbaye Saint-Pierre d'Avenay est une ancienne abbaye bénédictine, de fondation royale, située à Avenay dans la Marne, fondée par sainte Berthe vers 660. Étant l'une des plus anciennes abbayes de France, elle jouissait de nombreux privilèges. Un grand nombre de familles nobles y faisait entrer leurs filles vouées au célibat.
Abbaye Saint-Pierre d'Avenay | |
Ordre | Saint-Benoit |
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Fondation | ~ 660 |
Fermeture | 1792 |
Diocèse | Reims |
Fondateur | Berthe d'Avenay |
Dédicataire | Saint-Pierre |
Localisation | |
Pays | France |
Région | Grand-Est |
Département | Marne |
Commune | Avenay-Val-d'Or |
Coordonnées | 49° 04′ 14″ nord, 4° 02′ 54″ est |
Histoire
Sainte Berthe, femme de Saint Gombert, fait construire dans son monastère tous les bâtiments que saint-Benoît a prescrits, à l'exception du moulin, car le vallon n'est arrosé par aucune rivière. Elle achète une fontaine, au hameau de Vertuelle, à Louvois, pour une livre. Berthe prie et la fontaine devient la source d'un ruisseau, la Livre, qui alimente l'abbaye[1]. Le monastère, dès les premiers siècles de son existence, possède de riches et nombreux domaines, attesté par Hincmar mais avec l'invasion des Normands, les troubles et les perturbations des IXe et Xe siècles, les domaines de l'abbaye sont extrêmement réduits, diminué de la meilleure partie de ses revenus, non seulement dans les « pays lointains », mais encore dans les dépendances du Val-d'Or.
La maison abbatiale et l'église sont entièrement incendiées et reconstruites vers la fin du XIIe siècle. La nouvelle abbatiale est consacrée en 1186. Un grand nombre de familles nobles désire y faire entrer leurs filles vouées au célibat. Les revenus de l'abbaye sont insuffisants pour l'entretien des religieuses, l'apport des postulantes n'est pas toujours en proportion des dépenses que leur admission peuvent causer. L'archevêque de Reims, Guillaume aux Blanches Mains, réduit au nombre de quarante les novices.
En 1197, sous Thibaud III, les religieuses d'Avenay, sur la recommandation de Guillaume aux Blanches Mains, élisent Wilhelmine abbesse sans l'autorisation du comte, il faut pour le désarmer l'intervention du prélat qui est désavoué.
En 1205, le pape Innocent III dispense l'abbaye de répondre à aucune justice séculière rendue par les prévôts, baillis ou sénéchaux.
En 1233, Thibault, en campagne, vient avec sa suite se reposer à l'abbaye d'Avenay et requiert le droit de gîte. Après débat et enquête qui donne raison à l'abbesse Aélis, Thibault se désiste[2].
La règle bénédictine ayant vécu de nombreuses dérives, l'abbaye doit être réformée vers 1530 par l'abbesse Françoise, première abbesse nommée par le roi de France François Ier en vertu du concordat de 1516.
En juillet 1544, lors des offensives en Champagne[3], Charles Quint établit son camp dans l'abbaye que les religieuses doivent quitter jusqu’à la trêve de Crépy-en-Laonnois[4].
Au début de la deuxième guerre de religion, le , les huguenots mettent le feu à l'église. L'abbaye est restaurée et réformée à nouveau par l'abbesse Françoise de La Mark.
En 1636, pendant la Guerre de Trente Ans, menacées par l'invasion des espagnols sous les ordres de Jean de Werth, les religieuses se retirent dans leur prieuré de Saint-Joseph de Châlons.
Un incendie se déclare dans la nuit du au 1er septembre 1754 et réduit en cendres la plus grande partie des bâtiments. L'autorité ecclésiastique veut transférer l'abbaye au prieuré de Longueau à Baslieux-sous-Châtillon. En 1756, le roi accorde l'autorisation de reconstruire et l'abbaye est de nouveau restaurée.
Le , l'Assemblée constituante prononce l'abolition des vœux monastiques et la suppression des congrégations religieuses. Les 33 religieuses qui y vivent encore, suivant strictement la règle, sont dispersées le .
Le mobilier de l'abbatiale a été transféré dans l'église paroissiale.
Administration
Les officières chargées de l'administration du monastère sont l'abbesse, la prieure, élue par les religieuses, la cellériere, chargée de la gestion des biens de l'abbaye, la trésorière, la dépositaire.
Abbesses
Les abbesses sont appelées Madame.
D'après Louis Paris et suivant l'ordre chronologique établi par le Gallia Christiana :
- 660-690 : Berthe (†690)
- 849-869 : Berthe II (ca. 825/830-† apr. 852), fille de Lothaire Ier et de Ermengarde de Tours
- 864-869 : Teuteberge
- 893 : Berthe III
- 1050-1086 : Alix ou Aélis
- 1086-1103 : Agnès
- 1103-1110 : Fridebourg ou Frideburge
- 1110-1136 : Cécile
- 1130-1170 : Aélis, Alvidis
- 1130-1170 : Adelidis de Joinville, fille de Roger de Joinville
- 1170-1197 : Hélisende, fille de Jean, comte de Roucy.
- 1197-1204 : Wilhelmine, fille de Roger de Joinville
- 1204-1220 : Eustasie
- 1224-1248 : Aélis, ou Aélidis
- 1248-1274 : Isabelle, fille de Thiébaut II de Bar[réf. nécessaire]
- 1274-1289 : Alix III
- 1289-1303 : Isabelle II
- 1303-1324 : Claire ou Clarisse des Armoises
- 1324-1326 : Marie
- 1333-1339 : Clémence
- 1339-1356 : Jehanne d'Arcy, soeur de Hugues d'Arcy[réf. nécessaire]
- 1356-1357 : Gillette de Roclain
- 1357-1360 : Henriette
- 1360-1395 : Jehanne d'Angremont
- 1395-1397 : Jehanne III
- 1397-1410 : Nicole de Saulx
- 1409-1435 : Nicole de Craon, fille de Jean de Craon
- 1435-1460 : Catherine de Craon, fille de Jehan II de Craon, nièce, coadjutrice de la précedente
- 1460-1493 : Marguerite d'Aixne ou d'Aisne
- 1492-1510 : Jehanne de Thourotte
- 1514-1521 : Clémence
- 1526-1532 : Françoise, moniale, première abbesse nommée par le roi.
- 1532-1538 : Marguerite de la Dieppe ou de la Diese
- 1538-1552 : Jacqueline de Bossut
- 1552-1576 : Louise de Linange
- 1576-1608 : Françoise de la Marck de Bouillon, fille de Robert IV de La Marck et de Françoise de Brézé
- 1608-1610 : Marie-Françoise de Lévis-Ventadour, fille de Anne de Lévis
- 1609-1625 : Françoise de Beauvilliers de Saint-Aignan (-†1624), sœur de Marie et Claude de Beauvilliers, abbesses de l'abbaye de Montmartre
- 1625-1637 : Bénédicte de Gonzague(1614-†1637), fille de Charles, duc de Nevers[N 1].
- 1638-1666 : Marie Cauchon de Treslon (†1666)
- 1666-1687 : Marie-Eléonore Brûlart de Sillery (-†1687), nièce de Léonor d'Estampes
- 1687-1720 : Marguerite-Françoise de Boufflers (1642-†1720)
- 1720-1776 : Charlotte-Julie de Boufflers (1698-1777), nièce de la précédente, fille de Louis François de Boufflers
- 1776-1790 : Marguerite de Cossart d'Espiés (1727-), dernière abbesse.
Prieures
En cas de vacance du siège ou d'absence de l'abbesse, les affaires de la communauté sont gérées au nom du monastère, soit par la trésorière, soit par la prieure.
- ~ 1574 : Ursule de Voiry ou Voiroz, prieure
- ~ 1579 : Magdeleine de Hangard, prieure
- ~ 1603 : Jehanne de Laval, prieure, Guillemette des Ortyes, sous-prieure
- ~ 1608 : Jehanne de Laval
- 1623 : Louyse de Noirefonteyne, Emonne de la Chaussée, sous-prieure
- 1627 : Emonne de la Chaussée[5], Elisabeth Laignelet, sous-prieure
- 1647 : Marie Roland
- 1666 : Françoise de Baudier, grande prieure, Marie de Clermont, prieure des cloistres, Jeanne de Brugny, sous-prieure
- 1691 : Jeanne d'Aoust, grande prieure
- 1700 : Catherine Clozier de Juvigny, grande prieure ; Madeleine de Bascle, prieure des cloîtres ; Charlotte de Gausna de Conigy, sous-prieure
- 1761 : Saubinet, prieure ; Benoist, prieure des cloistres ; Voille, sous-prieure
Trésorières
Dans les monastères de bénédictines, la trésorière occupe souvent, après l'abbesse, le premier rang parmi les dignitaires, et la supplée, dans les transactions temporelles, en cas d'absence ou d'empêchement.
Chanoines
Dans l'ordre de Saint-Benoît, on élève des bâtiments pour les hommes, proche ou même dans l'enclos des monastères de filles mais séparés toutefois des lieux habités par les religieuses, dont ils ont la conduite, tant pour l'administration des sacrements que pour gouverner leur temporel. Tous, prêtres ou chanoines, dépendent de l'abbesse.
Le curé de la paroisse d'Avenay est toujours pris parmi les chanoines.
Architecture
Les jardins sont grands et beaux et le Breuil est considéré par Baugier, comme l'un des plus beaux jardins de l'ordre monastique [6].
Prieuré
L'influence de l'abbaye s'étend sur les prieurés où elle envoie ses religieuses et recueille les revenus :
- Prieuré Saint-Joseph de Châlons-en-Champagne, fondé le , consacré en 1706, supprimé par arrêt du conseil du roi le et occupé par l'hôpital Saint-Maur. Rendu à la vie religieuse en 1839
Patrimoine foncier
Selon le dénombrement fait par Hincmar, les biens de l'abbaye se composent de onze cent cinquante manses, maisons ou fermes, à l'aide desquelles il pourvoit à la subsistance et aux besoins des clercs et des nonnes.
L'abbaye acquiert des rentes, revenus, cens, surcens, et autres droits seigneuriaux à Mareuil sur Ay. Hugues, comte de Champagne, qui est soigné à Avenay, donne deux manses et demie de terre avec tous leurs droits qu'il possède à Avenay et une terre à Plivot. Elle possède un moulin sur la Vesle à Bouy.
En 1147, le pape Eugène III fait un dénombrement succinct des biens et des églises : L'église Saint-Trezain d'Avenay avec la chapelle Notre-Dame. Suippe et Somme-Suippe avec les églises et tous les droits de seigneurie, l'église Saint-Hilaire de Mareuil-sur-Ay, Mutigny avec ses appartenances, les villages de Praesle, Vaulx, Bouy, Vraux, La dixme de Vaudemange, le fief de Columiers, le cens de Trelly, de Tauxières ; le fief de Goncourt, et le cens de Plivot, de Hauterive, à Porte Emmeline, Sarry, Lude.
Les jeunes filles entrant en religion devaient apporter à la maison dot ou pension viagère.
Dîmes
La dîme de Vauciennes est reçue en dot vers 1050-1080
Guy de Chastillon, archevêque de Reims, concède à l'abbaye l'église Saint-Martin de Suippes et Saint-Pierre de Somme-Suippe.
L'abbaye a le droit d'élire et de pourvoir aux cures des églises dont elle est patronne, de prêtres qu'elles présentent à l'ordination de l'évêque diocésain, droit de patronage, de présentation à l’évêque et de nomination d'un desservant aux églises ou cures (paroisses) où il percevait les grosses dîmes : Saint-Trezain d'Avenay, Saint-Hilaire de Mareuil, Saint-Martin de Mutigny, Saint-Martin de Suippes, Saint-Pierre de Somme-Suippe[7].
Héraldique
Dans l'Armorial général de France, Charles d'Hozier attribue à l'abbaye d'Avenay le blasonnement « D'argent à 3 molettes de gueules, à l'orle de 9 croix recroisettées de même »[8] qui est celui de la maison de Boufflers. Louis Paris indique qu'à très-peu d'exceptions près, les établissements monastiques n'ont jamais eu d'autres armoiries que celles de leur abbesse.
Bibliographie
- Louis Paris, « Histoire de l'abbaye d'Avenay », Travaux de l'Académie nationale de Reims, vol. 61, nos 1-2, 1876-1877, p. 150 (lire en ligne, consulté le ). .
- Louis Paris, « Histoire de l'abbaye d'Avenay », Travaux de l'Académie nationale de Reims, vol. 62, nos 3-4, 1876-1877 (lire en ligne, consulté le ). .
- Henri Menu, Notice sur l'atelier typographique établi en 1622 par l'abbesse Jeanne de Beauvilliers dans l'abbaye d'Avenay (Marne), Paris, Henri Menu, , 8 p..
Liens externes
Références et notes
- Notes
- Tallemant des Réaux dans le tome 2 de ses Historiettes et Alexandre Dumas dans Louis XIV et son siècle, écrivent que Henri II de Guise tombe, à 18 ans, amoureux de Bénédicte, à cause de la beauté de ses mains et qui avait donc le droit de porter des gants. Il lui déclare sa flamme lors d'une visite épiscopale à l'abbaye
- Références
- Louis Paris 1876-1877, p. 165-168.
- Cartulaire de l'abbaye Saint-Pierre d'Avenay
- Frédéric Schoell, Franz Xaver Zach, Cours d'histoire des états européens, vol. 15, de l'imprimerie royale et chez Duncker et Humblot, (présentation en ligne)
- Louis Paris 1876-1877, p. 416.
- Gallia Christiana, tome 9, col. 282
- Edme Baugier, Mémoire historique de la Champagne, t2, p.57
- Auguste Longnon, Dictionnaire topographique du département de la Marne : comprenant les noms de lieu anciens et modernes, Paris, , 380 p. (lire en ligne).
- Armorial général de la généralité de Châlons-sur-Marne, dressé sous la direction de C. d'Hozier
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