Adolphe Ponet
Adolphe Ponet, né le à Peyrus (Drôme) et mort le à Lyon, est un polémiste français.
Pour les articles homonymes, voir Ponet.
Naissance | |
---|---|
Décès |
(à 63 ans) Lyon |
Nom de naissance |
Jean Joseph Adolphe Ponet |
Nationalité | |
Activité |
Biographie
Jean-Joseph-Adolphe Ponet est le fils de Marie-Madeleine Lamberton et du capitaine en retraite Jean-Baptiste Ponet[1] (1768-1848). Ancien soldat de la Grande Armée, Jean-Baptiste élève son fils dans le culte napoléonien, faisant de lui un bonapartiste dès son plus jeune âge[2].
Élève du collège de Valence, Adolphe Ponet est diplômé du baccalauréat ès sciences. Après avoir accompli son service militaire dans un régiment de chasseurs à pied, il occupe brièvement un emploi de piqueur aux ponts et chaussées[3]. Entré dans la presse lyonnaise vers 1860, d'abord comme ouvrier typographe puis comme correcteur d'imprimerie, il collabore au Courrier de Lyon[4] à partir de 1863. En 1869, il fonde un petit hebdomadaire satirique, Le Rasoir. Malgré son bonapartisme, cette feuille est supprimée en pour avoir traité de matières politiques sans cautionnement. Toujours rédacteur au Courrier, Ponet y fait notamment campagne contre Ulric de Fonvielle, candidat républicain à une élection législative partielle, puis pour le plébiscite du 8 mai 1870[5].
Après la chute de l'Empire, Ponet quitte le Courrier de Lyon[6]. En , il crée un nouvel hebdomadaire satirique, La Comédie politique, qui s'engage immédiatement dans une lutte féroce contre les républicains.
En , le procureur Andrieux, qui avait déjà affronté Ponet en duel[7], intente un procès en diffamation au directeur de la Comédie politique. Défendu par Ernest Pinard, Ponet est condamné à 1000 francs d'amende et 1000 francs de dommages-intérêts[8]. Il est également incarcéré en 1873[9]. D'autres procédures judiciaires rythmeront la vie de l'hebdomadaire et de son fondateur jusqu'à la fin du siècle.
Pendant la première interruption de la Comédie (1873-1878), Ponet tente de lancer un quotidien, le Lyon-Journal, dont le premier numéro paraît le [10]. Il doit cependant en céder la direction à Frédérick Terme dès le printemps suivant[11].
Si Ponet s'en prend surtout aux républicains, certains monarchistes sont également visés par ses attaques. Bonapartiste « jérômiste » opposé à la politique d'Union des droites prônée par Paul de Cassagnac, il méprise les orléanistes et entretient des rapports exécrables avec une grande partie des cadres du mouvement impérialiste. Cette situation délicate au sein de son propre parti, notamment due à ses sollicitations financières, a été aggravée par la révélation de lettres confidentielles adressées à son secrétaire et dans lesquelles il exprimait son amertume après une démarche infructueuse auprès de l'ex-impératrice Eugénie en [9],[12].
Incarcéré une nouvelle fois, du au [13], à la suite d'articles attaquant les juges de l'anarchiste Cyvoct[7], Ponet est condamné à cinq ans de prison en 1888 après avoir été reconnu coupable de chantage à l'encontre de notables lyonnais[14].
Une fois sa peine purgée, Adolphe Ponet reprend la publication de la Comédie politique en . En , il publie un éditorial remettant en cause la condamnation d'Alfred Dreyfus[15]. Au cours des mois suivants, la Comédie politique devient l'un des premiers magazines satiriques illustrés à s'engager en faveur du détenu de l'île du Diable.
Entre-temps, de nouvelles procédures judiciaires pour dénonciation calomnieuse poussent Ponet à s'exiler à Genève[7].
Soutenu par un « Comité de protestation contre les abus judiciaires », il présente sa candidature à l'élection législative de la 3e circonscription de Lyon en . Son programme, qu'il expose au cours des réunions électorales et dans les colonnes de la Comédie, est plutôt marqué à gauche et comprend notamment l'instauration de l'impôt progressif sur le revenu[16]. Malgré les doutes quant à son éligibilité, il parvient à recueillir 807 voix, soit 9% des votants, mais il termine loin derrière le radical Dequaire (18%), le républicain modéré J. Buffaud (26%) et le député socialiste sortant, Étienne Bonard (36%)[17]. En vue du second tour, il répugne à donner des consignes de vote claires, même s'il exprime avec beaucoup de réserves une certaine préférence pour Dequaire[18].
Extradé peu de temps après ce scrutin, il parvient cependant à obtenir la cassation de son extradition et à regagner son exil helvétique[7]. Atteint d'une tumeur cérébrale, il est rapatrié par son fils Charles en et soigné au domicile familial du no 23 du chemin de l'Espérance (3e arrondissement, à l'angle du no 341 de la rue Paul-Bert)[19], où il meurt dans la nuit du 1er au [20].
Notes et références
- Archives départementales de la Drôme, état civil de Peyrus, registre des naissances de 1837, acte no 2 (vue 89 sur 199).
- Ponet, p. 25-27.
- Sallecrup, p. 87.
- Ponet, p. 29.
- Ponet, p. 31-32.
- Ponet, p. 34.
- Brun-Durand, p. 426.
- Ponet, p. 69.
- Ponet, p. 13-14.
- Ponet, p. 72.
- Ponet, p. 127.
- Le Siècle, 28 juin 1874, p. 2.
- La Comédie politique, 4 janvier 1885, p. 2.
- Pierre Larousse, Grand dictionnaire universel du XIXe siècle, t. 17, 2e supplément, Paris, 1890, p. 871.
- La Comédie politique, 13 septembre 1896, p. 2.
- La Comédie politique, 8 mai 1898, p. 2.
- Le XIXe siècle, 10 mai 1898, p. 2.
- La Comédie politique, 22 mai 1898, p. 3.
- La Comédie politique, 4 novembre 1900, p. 2.
- Archives municipales de Lyon, état civil du 3e arrondissement, registre des décès de 1900, acte no 2178 (vue 277 sur 323).
Voir aussi
Bibliographie
- J. Brun-Durand, Dictionnaire biographique et biblio-iconographique de la Drôme, t. II (H-Z), Grenoble, 1901, p. 426-427.
- Adolphe Ponet, Mes Démêlés avec le journal Le Pays et mes relations avec le comité de comptabilité, Lyon, 1877 (consultable en ligne sur Gallica).
- A.B. de Sallecrup, Deux mois à la Comédie politique, Lyon, 1887 (consultable en ligne sur Gallica).
Liens externes
- Portail de la Drôme
- Portail de la métropole de Lyon
- Portail de la France au XIXe siècle
- Portail de la presse écrite