Aloïs Stanke
Aloïs Stanke, en religion frère Alfred, né à Dantzig le et mort à Metz le , est un moine franciscain allemand.
Ne doit pas être confondu avec Alain Stanké.
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(à 70 ans) Metz |
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Il a été infirmier militaire dans la prison du Bordiot à Bourges pendant la Seconde Guerre mondiale et s'est signalé par son humanité à l'égard des prisonniers et notamment des résistants.
Biographie
Aloïs Joseph Stanke naît à Dantzig dans une famille polonaise dont le nom était Stanicewski jusqu'à ce que son père germanise leur patronyme en Stanke[1].
Adolescent, il entre vers 1920 à l'institut des frères hospitaliers de la Sainte Croix, un Ordre franciscains, et prend le nom de frère Alfred. Quatre ans plus tard, il est envoyé au Vatican où il est affecté à la cuisine du pape Pie XI au moment où la religieuse milanaise responsable de ses repas devint trop âgée[2],[1].
À son retour en Allemagne, il est infirmier dans un hôpital de Cologne tenu par les clarisses. En , à Coblence, les nazis s'emparent des biens des communautés religieuses et arrêtent les moines. Stanke passe alors dix jours en prison :
« […] Moi aussi, j'ai fait de la prison. C'était en 1936 à Coblence. Je n'étais pas le seul, ce même jour de mars 36, les SS ont réquisitionné les maisons et les biens des religieux, ont arrêté les moines de mon couvent et je me suis retrouvé pendant dix jours en cellule en compagnie d'un souteneur et d'un assassin […] C'est de cette époque que date ma haine du nazisme[3] »
En 1940, il est mobilisé et envoyé en France avec le grade de caporal.
En 1942, il est affecté à la prison du Bordiot à Bourges comme surveillant et infirmier. Jusqu'en 1944, il va utiliser certaines caractéristiques liées à sa position pour venir en aide aux prisonniers qui y sont incarcérés, parmi lesquels des résistants et des pilotes anglais. Non seulement il les soigne mais il les soulage quand ils ont été torturés, les réconforte autant qu’il peut, leur fournit un complément de nourriture. Il facilite leurs échanges[Quoi ?] pour leur permettre de se préparer aux interrogatoires ; il facilite leurs communications avec l'extérieur, leurs familles ou les organisations de résistance. Il est aidé en cela par Georges Ruetsch[4], interprète à la préfecture, et Félix Desgeorges, marchand de vin, qui avait son magasin rue Jean-Baffier. Ainsi viendra-t-il en aide au résistant Marc Toledano qui, venu prendre des nouvelles de son frère incarcéré à la prison du Bordiot à Bourges, fut à son tour arrêté et torturé par un sous-officier allemand nommé Schultz.
En 1966, Marc Tolédano témoignera des différents actes de bravoure d'Alfred Stanke dans son livre Le Franciscain de Bourges. Ce récit a été porté au cinéma par Claude Autant-Lara dans le film Le Franciscain de Bourges (1968), qui a rendu célèbre le personnage de frère Alfred, joué par Hardy Krüger[5].
Le frère Alfred aura aussi l’occasion de montrer son courage et son habileté lorsqu'il est muté à Dijon en . Alors que l'armée allemande se retire, il est fait prisonnier en par les Américains près de Vesoul et transféré aux États-Unis, où il est enfermé dans un camp en Arizona. Ses amis de la Résistance interviennent auprès des autorités américaines et obtiennent sa libération en [6]. Il séjourne ensuite tantôt en France, tantôt en Allemagne.
De 1963 à 1975, il séjourne souvent à Cosne-sur-Loire chez différents amis.
Dans la nuit du 18 au , un incendie se déclare dans la chambre qu'il occupe au couvent Saint-Antoine de Sélestat, où il se rendait régulièrement. Gravement brûlé, il est transporté à l'hôpital des grands brûlés à Metz, mais meurt le [7]. Ses obsèques sont célébrées le à la cathédrale Saint-Étienne de Bourges.
Ayant souhaité reposer en France, il est enterré au cimetière de Saint-Doulchard[8], comme son ami Georges Ruetsch.
Hommages
Outre le livre de Marc Toledano et le film de Claude Autant-Lara, on peut noter :
- un timbre-poste français émis en 2000 ;
- un Monument à Alfred Stanke en face du 46, avenue Charles de Gaulle à Bourges ;
- une allée qui porte son nom à Bourges, l'allée Alfred-Stanke, située dans le quartier du Val d'Auron ;
- une plaque à Cosne-sur-Loire (Nièvre), où il a séjourné de 1963 à 1975 ;
- une plaque posée en à la prison du Bordiot à Bourges.
- une plaque à Saint-Mammes (77), à l'angle de la rue Grande et de la rue du Port de Celle, devant la maison où il vécut en 1941 et en 1942;
Il existe à Bourges une Association des amis du frère Alfred-Stanke dit le « Franciscain de Bourges »[9]
Notes et références
- (en) Douglas Boyd, Blood in the Snow, Blood on the Grass: Treachery, Slaughter, Murder and Massacre. France 1944, The History Press, 2012, p. 168 et suiv. (en ligne).
- Yves Chiron, op. cit. p. 120.
- Toledano, Marc, Le Franciscain de Bourges, Flammarion, (ISBN 2-08-060218-7)
- Georges Ruetsch avait aidé le frère Alfred à mieux maîtriser le français, qu'il parlait très mal au départ, et ils s'étaient liés d'amitié.
- « Tournage du film "Le Franciscain de Bourges" », sur memoire.ciclic.fr, (consulté le ).
- Roland Narboux, Histoire de Bourges au XXe siècle : 1940-1970, Royer, 1993, p. 68.
- De nombreuses sources le disent à tort mort à Sélestat.
- Bertrand Beyern, Guide des tombes d'hommes célèbres, Paris, Le Cherche-Midi, 2011, p. 48.
- Association les Amis d'Alfred Stanke, 25, route de Chârost, 18400 Villeneuve-sur-Cher (Cher).[réf. nécessaire]
Voir aussi
Bibliographie
- Marc Toledano, Le Franciscain de Bourges, Paris, J'ai lu, 1969, 319 p. ; réédité en 1973 avec une préface du colonel Rémy
- Le Saint & l'assassin : le franciscain de Bourges & Paoli, destins croisés, scénario et dessins de Bernard Capo, bande dessinée, Bourges, Bulleberry, 2017.
Filmographie
- Le Franciscain de Bourges, film français, réalisé par Claude Autant-Lara, tourné en 1967.
Liens externes
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