Antarès

Antarès (α Scorpii / Alpha Scorpii) est une étoile binaire de la constellation du Scorpion dont la plus brillante composante (α Scorpii A / Antarès A) est une supergéante rouge en fin de vie, d'une masse comprise entre 15 et 18 M et d'un diamètre variant entre 680 et 883 fois celui du Soleil, soit un volume 688 millions de fois plus élevé que lui. Elle est située à environ 550 années-lumière de la Terre.

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Antarès
α Scorpii
Comparaison entre la supergéante rouge Antarès et le Soleil, représenté par un point en haut à droite de l'image. Le cercle en tirets noirs représenterait l'orbite de Mars.
Arcturus est aussi représentée (petit disque), à titre de comparaison.
Données d'observation
(époque J2000.0)
Ascension droite 16h 29m 24,9s
Déclinaison −26° 25 55
Constellation Scorpion
Magnitude apparente +1,06

Localisation dans la constellation : Scorpion

Caractéristiques
Type spectral M1.5Iab-Ib + B2.5V
Indice U-B 1,34
Indice B-V 1,87
Astrométrie
Vitesse radiale −3,4 km/s
Mouvement propre μα = −10,16 mas/a
μδ = −23,21 mas/a
Parallaxe 5,89 ± 1,00 mas
Distance 550 al
(170 pc)
Magnitude absolue −5,58
Caractéristiques physiques
Masse Entre 15 et 18 M
Rayon 800 ou 680 à 883 R
Luminosité 75 900 à 97 700 L(variable)
Température 3 570 K
Âge 1,1×107 a

Autres désignations

Antarès, α Scorpii, 21 Sco (Flamsteed), HR 6134, HD 148478/9, CD-26 11359, CPD-26 5648, SAO 184415, FK5 616, HIP 80763, ADS 10074AB, CCDM J16294 -2626AB[1]

Propriétés

Pour imaginer ce que représente une telle taille, sachant que le Soleil mesure 1,4 million de kilomètres de diamètre, soit 0,01 ua, le rayon d'Antarès équivaut à plus de ua. Autrement dit, ramenée au système solaire, elle engloberait très largement l'orbite de Mars.

Sa surface se situerait entre Mars et Jupiter, mais contrairement à celle du Soleil avec « des bords bien nets », la surface d'Antarès serait « floue » car elle est entourée de gaz.

Sa magnitude varie de +0,9 à +1,8. Antarès est environ 10 000 fois plus lumineuse que le Soleil dans le spectre de la lumière visible. Mais sa température de surface, moins élevée que celle du Soleil (~3 570 °C contre 5 500 °C), fait qu'elle rayonne une partie considérable de son énergie dans l'infrarouge ; ainsi sa luminosité bolométrique est approximativement de 60 000 fois celle du Soleil[2].

Du fait de son statut de supergéante rouge, Antarès explosera sous forme de supernova dans un futur relativement proche (pour une étoile), étant donné sa masse. Elle apparaîtra alors pendant quelques semaines comme un astre aussi brillant que la Pleine lune.

Composante B

Antarès A possède une étoile compagne appelée Antarès B, découverte le par Johann Tobias Bürg[3]. C'est une étoile bleu-blanc de la séquence principale, de type spectral B2.5V séparée d'elle de 2,9 secondes d'arc, ce qui fait 550 ua[2] à cette distance, soit plus de 80 milliards de kilomètres.
Elle a une magnitude de +5,5. C'est seulement 1/370e de la brillance visuelle d'Antarès A, mais cela représente tout de même 170 fois la luminosité du Soleil.

Son observation est assez difficile à travers un petit télescope à cause de l'éclat et de la proximité d'Antarès A, mais elle devient facile pour des diamètres au-dessus de 150 mm. Le compagnon est souvent décrit comme étant de couleur verte, mais il s'agit probablement d'un effet de contraste[2].
Antarès B peut cependant être observée à travers un petit télescope durant quelques secondes lors des occultations d'Antarès A par la Lune, c'est d'ailleurs durant l'une de ces occultations qu'elle fut découverte.

Son orbite est peu connue et sa période est estimée à 878 ans.

Observation

Vue recomposée de la surface d'Antarès par le VLT.

À la latitude de la France, la meilleure période pour observer Antarès est aux alentours du 14 mai, quand l'étoile est en opposition au Soleil. Elle se lève alors au coucher du soleil pour disparaître à l'aube, elle est donc visible toute la nuit.

Tout près d'Antarès se trouve M4, amas globulaire intéressant à observer bien que ne s'élevant jamais beaucoup au-dessus de l'horizon (dans la partie tempérée de l'hémisphère nord).

En , le VLT de l'Observatoire européen austral (ESO) situé sur le mont Paranal au Chili a obtenu une image d'une précision sans précédent, la plus détaillée à cette date de la surface et de l’atmosphère d’une étoile autre que le Soleil[4].

Noms de l'étoile

Le nom de l'étoile vient de Ἀντάρης / Antárēs utilisé en grec ancien au sens de « comme Arès » (Arès est le dieu de la guerre, l'équivalent de Mars dans la mythologie de la Rome antique). Il fait référence à sa couleur rouge, similaire à celle de la planète Mars. Il est réutilisé en Europe à la Renaissance[5].

Le nom arabe d'Antarès, Qalb al aqrab (قلب العقرب) qui signifie « le cœur du scorpion », est utilisé de façon très ancienne et semble avoir une origine suméro-akkadienne[6]. Il a été directement translittéré en Europe au Moyen Âge pour donner Calbalacrab ou simplement traduit en latin (Cor Scorpionis)[7].

Notes et références

Notes

    Références

    1. (en) * alf Sco -- Double or multiple star sur la base de données Simbad du Centre de données astronomiques de Strasbourg.
    2. (en) James B. Kaler, « Antarès », sur Stars.
    3. (en) Robert Burnham Jr., Burnham's Celestial Handbook, vol. III : Pavo-Vulpecula, New York: Dover Publications Inc., , 2138 p. (ISBN 978-0-486-23673-5), p. 1666
    4. « Ceci n'est pas notre Soleil », Sciences et Avenir, (lire en ligne, consulté le )
    5. (en) Paul Kunitzsch et Tim Smart, A Dictionary of Modern Star Names : A Short Guide to 254 Star Names and Their Derivations, Cambridge, Massachusetts, Sky Publishing Corp., , 66 p. (ISBN 978-1-931559-44-7), p. 52.
    6. (en) Gwyneth Heuter, « Star names — origins and misconceptions », Vistas in Astronomy, vol. 29, partie 3, , p. 237–251 (DOI 10.1016/0083-6656(86)90015-2), p. 243.
    7. Noms relevés sur des astrolabes du XIVe siècle, on trouve aussi Alacrab, voir (en) Owen Gingerich, « Zoomorphic Astrolabes and the Introduction of Arabic Star Names into Europe », Annals of the New York Academy of Sciences, vol. 500, , p. 89–104 (DOI 10.1111/j.1749-6632.1987.tb37197.x), p. 98-100.

    Annexes

    Bibliographie

    Articles connexes

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