Alunissage
L’alunissage ou alunage[1] est un néologisme signifiant l'arrivée sans dommage d'un engin spatial habité ou inhabité sur la surface de la Lune[2].
L'exploration de la Lune a été un des buts de l'humanité dès que celle-ci a compris que la Lune était le corps céleste le plus proche de la Terre. L'un des exemples les plus flagrants étant le fameux roman de Jules Verne, De la Terre à la Lune, écrit en 1865, ou plus récemment les albums de Hergé, Objectif Lune (1953) et On a marché sur la Lune (1954).
Le premier véhicule qui s'est posé sur la Lune est la sonde Luna 9 envoyée par l'Union soviétique en 1966. La première arrivée d'un homme sur la Lune est celle de la mission américaine Apollo 11 commandée par Neil Armstrong, accompagné de Buzz Aldrin. Armstrong posa le module lunaire Eagle sur la surface de la lune à 20 h 17 min 40 s UTC (21 h 17, heure française), le . Un total de douze hommes ont atterri sur la Lune lors des différentes missions du programme Apollo, et en incluant les missions automatiques dix-huit engins spatiaux s'y sont posés jusqu'en 1976. Neuf de ces missions ramenèrent sur Terre des échantillons de roche et de sol lunaire.
Un néologisme à éviter
Le mot « alunissage » est un néologisme attesté dès 1921[3], signifiant « se poser sur la surface de la Lune ». Ce terme est construit par extrapolation d'une étymologie erronée du terme « atterrir », compris comme « se poser sur la planète Terre » alors qu’il signifie en réalité « se poser sur la terre ferme, sur le sol », par opposition à « amerrir » qui signifie « se poser sur la mer, à la surface de l'eau ». En comparaison, la langue anglaise utilise le terme « Moon landing », du mot « land » qui signifie « terre » en tant que sol, et non pas « Earthing » qui viendrait du mot Earth utilisé pour la planète Terre. L’utilisation de ce néologisme spécifique à la Lune n'a d'ailleurs pas donné lieu à la création d'autres termes spécifiques aux autres astres sur lesquels des sondes spatiales se sont posées, tels que « amarsissage » sur Mars (quoique donné, parfois par plaisanterie, lors de l'arrivée de Curiosity sur la planète rouge) ou « avénussissage » sur Vénus.
Les termes « alunir » et « alunissage » ne sont pas acceptés par l’Académie française et par l’Académie des sciences[4],[3], pour lesquelles il est préférable d’employer les termes « atterrir » et « atterrissage ». De même, le répertoire terminologique publié au journal officiel français le précise la définition d’« atterrissage » : « action de poser un engin aérospatial sur le sol d’un astre. »[5]. Le dictionnaire de spatiologie rédigé par le CNES et le CILF indique que le terme alunissage est à proscrire[6]. Cette recommandation est reprise par différents dictionnaires [7],[8]
Contexte
Contexte scientifique
Le premier problème d'un atterrissage sur la Lune est la vitesse élevée nécessaire à un vaisseau spatial balistique pour échapper à la gravité terrestre. Le seul moyen développé à ce jour pour obtenir ce résultat sont les fusées, qui fournissent une importante poussée au départ et laissent leur charge continuer sur son inertie ensuite ; c'est uniquement pour cette raison qu'une vitesse de libération est nécessaire. Contrairement aux autres véhicules aériens tels que les aérostats ou les avions à réaction, une fusée peut prolonger son accélération dans la haute atmosphère et dans le vide spatial, hors de l'atmosphère terrestre, ce qui est nécessaire pour atteindre cette vitesse.
Dès qu'on a laissé la Terre derrière soi, l'atterrissage sur la Lune requiert un vaisseau spatial capable d'atteindre une vitesse permettant d'annuler ou de dépasser la gravité lunaire afin de freiner sa descente vers la Lune. Dans le cas d'un trajet Terre-Lune, cette vitesse est de 2 400 m/s, soit 8 640 km/h. Elle est en général obtenue grâce à une rétrofusée. Si l'on ne peut ralentir et contrôler la vitesse de descente du véhicule spatial vers la lune, celui-ci n'atterrira pas, mais s'écrasera à sa surface. Nombre des premières tentatives d'atterrissage sur la Lune russes et américaines se soldèrent par l'écrasement de la sonde spatiale. Certains objets furent aussi délibérément précipités sur la surface lunaire, comme lors du programme Apollo : les troisièmes étages des fusées Saturn V furent délibérément projetés sur la Lune pour enregistrer leurs impacts grâce aux sismographes mis en place à la surface de la Lune par les missions précédentes. Ces écrasements permirent de définir plus précisément la structure interne de la Lune.
Liste des atterrissages sur la Lune
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Carte cliquable de tous les atterrissages (sans dommages) lunaires de 1966 à 2020.
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- , Union soviétique : l'impacteur Luna 2 s'écrase sur la Lune.
- , États-Unis : l'impacteur Ranger 4 s'écrase sur la Lune.
- , États-Unis : l'impacteur Ranger 6 s'écrase sur la Lune.
- , États-Unis : l'impacteur Ranger 7 parvient à transmettre des photos avant de s'écraser sur la Lune.
- , États-Unis : l'impacteur Ranger 8 parvient à transmettre des photos avant de s'écraser sur la Lune.
- , États-Unis : l'impacteur Ranger 9 parvient à transmettre des photos avant de s'écraser sur la Lune.
- , Union soviétique : Luna 9 premier engin à se poser "en douceur" et à transmettre des photos une fois au sol.
- , États-Unis : Surveyor 1.
- , États-Unis : Surveyor 2.
- , Union soviétique : Luna 13 répète l'atterrissage sur la Lune de Luna 9.
- , États-Unis : Surveyor 3.
- , États-Unis : Apollo 11, premier atterrissage sur la Lune d'un homme (Neil Armstrong puis Buzz Aldrin).
- , Union soviétique : Luna 15 s'écrase sur Mare Crisium quelques heures après l'atterrissage sur la Lune de Neil Armstrong.
- , États-Unis : Apollo 12 deuxième vol habité à atterrir sur la Lune (Charles Conrad, Alan Bean).
- , Union soviétique : Luna 16 première mission russe à parvenir à atterrir sur la Lune et à retourner sur Terre avec des échantillons du sol lunaire.
- , États-Unis : Apollo 14 troisième vol habité à atterrir sur la Lune (Alan Shepard et Edgar Mitchell).
- , États-Unis : Apollo 15 quatrième vol habité à atterrir sur la Lune (David R. Scott et James B. Irwin).
- , États-Unis : Apollo 16 cinquième vol habité à atterrir sur la Lune (John W. Young et Charles M. Duke Jr).
- , États-Unis : Apollo 17 sixième et dernier vol habité à atterrir sur la Lune (Eugene Cernan et Harrison Schmitt).
- , Union soviétique : Luna 24 dernière mission russe sur la Lune, avec retour réussi d'échantillons lunaires sur Terre.
- , Inde : l'impacteur Moon Impact Probe, élément de la sonde indienne Chandrayaan-1, s'écrase comme prévu sur la Lune.
- , Chine : le rover d'exploration Yutu, élément de la sonde chinoise Chang'e 3, se pose sur la Lune.
- , Chine : la sonde chinoise Chang'e 4 se pose sur la face cachée de la Lune.
- 1er décembre 2020, Chine : Chang'e 5 se pose sur la lune dans le but de récupérer des échantillons du sol lunaire.
Notes et références
- Gérard Proulx, Astronautique, Ottawa, , 2e éd., 221 p. (lire en ligne), p. 73.
- Cette formulation incorrecte à laquelle il est recommandé de substituer atterrissage sur la Lune, est aussi improprement employée pour un atterrissage sur un autre satellite naturel.
- Définitions lexicographiques et étymologiques de « alunir » dans le Trésor de la langue française informatisé, sur le site du Centre national de ressources textuelles et lexicales.
- Le vocabulaire de l’Astronautique de Louis Guibert p. 262 1962.
- Répertoire terminologique français, édition 2000 - Site du Ministère de la Culture et de la Communication.
- Dictionnaire de Spatiologie du CNES et CILF 2001 p. 22.
- Éditions Larousse, « Définitions : alunir », sur www.larousse.fr (consulté le ).
- Centre national de Ressources Textuelles et Lexicales, « Définitions : Alunir », sur www.cnrtl.fr (consulté le ).
- (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Moon landing » (voir la liste des auteurs).