Théâtre de l'Ambigu-Comique
Le théâtre de l’Ambigu-Comique est une ancienne salle de spectacle parisienne, fondée en sur le boulevard du Temple par Nicolas-Médard Audinot. Il a été démoli en 1966.
Surnom | L’Ambigu-Comique |
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Lieu | Boulevard du Temple, Paris |
Coordonnées | 48° 52′ 08″ nord, 2° 21′ 31″ est |
Inauguration | |
Anciens noms | Les Comédiens de bois |
Histoire
Audinot, ancien comédien de l’Opéra-Comique qu’il avait quitté pour devenir joueur de marionnettes aux foires, avait déjà réussi dans une des loges de la foire Saint-Germain, où ses grandes marionnettes dites « bamboches » eurent la vogue. Intitulé à sa fondation, les « Comédiens de bois », l’Opéra-Comique proposa des pantomimes et des féeries, puis son répertoire s’élargit pour inclure des marionnettes, des enfants, des acrobates ; on y joua des comédies, des vaudevilles, des opéras comiques, des drames, des pantomimes.
La variété et le mélange de ces moyens dramatiques justifièrent et expliquèrent le changement, au bout d’un an, du nom de ce théâtre, de « Comédiens de bois » à celui d’« Ambigu-Comique » lorsque Audinot substitua des enfants à ses marionnettes. Les bénéfices qu’il réalisa servirent à édifier l’Ambigu-Comique, où il transporta ses acteurs de bois. L’inauguration de cette salle eut lieu le . En avril suivant, Audinot obtint de joindre à ses marionnettes quelques jeunes enfants qu’il formait à l’art du théâtre. Il fit peindre sur son rideau d’avant-scène cette devise : Sicut infantes audi nos (« Écoute-nous comme si nous étions des enfants »). Son succès fit dire à Delille : « Chez Audinot, l’enfance attire la vieillesse. »
Après un arrêt du Conseil en lui interdisant de chanter, de danser et d’avoir plus de quatre musiciens, Audinot reprit tous ses avantages lorsque l’émotion excitée par cette mesure exigée par l’Opéra la fit retirer quelques jours après. Jugeant, en , le moment venu d’agrandir la salle, il supprima alors ses marionnettes pour leur substituer des enfants. N’ayant pas fini avec les ennuis que lui suscitaient les grands théâtres, il dut, à partir de , payer à l’Opéra un droit par représentation et s’engager à n’utiliser, en fait de ballets ou de morceaux lyriques empruntés à cette scène, que des compositions ayant au moins dix années de publicité. La Comédie-Française et la Comédie-Italienne stipulèrent, de leur côté, que les pièces dialoguées du répertoire leur seraient soumises, pour y apporter tels changements qu’il leur plairait, avant d’être jouées.
Malgré ces tracasseries et ces charges, l’Ambigu put être reconstruit et agrandi en . Audinot soutint sa vogue par des pantomimes historiques et romanesques comme La Belle au bois dormant, Le Masque de fer, La Forêt-Noire, Le Capitaine Cook, etc. Les comédies graveleuses de Plainchesne et Moline, fournisseurs attitrés de son théâtre, aidaient également à sa prospérité. Bachaumont a constaté, en 1771, que le théâtre d’Audinot était plus fréquenté que l’Opéra.
La proclamation de la liberté des théâtres, en , suscita un grand nombre de scènes rivales à l’Ambigu, qui dut fermer en . En , il inaugura le mélodrame avec Guilbert de Pixérécourt, Caigniez et Victor Ducange.
Ayant brûlé en , l’Ambigu fut reconstruit, sur les plans d’Hittorf et Lecointe, sur le boulevard Saint-Martin, au coin de la rue René-Boulanger. Charles Desnoyer en prend la direction en , suivi par Charles de Chilly, en .
En 1877, Henri Larochelle, avec son partenaire Eugène Ritt, prend la direction du théâtre. Henri Chabrillat leurs succède en comme directeur. Son administration grevée de dettes ne survécut que grâce au succès de L'Assommoir et de Nana. Il cède le bail de son théâtre à Sarah Bernhardt en fin juillet .
Le XIXe siècle vit le succès de l’Ambigu augmenter, à mesure que s’y donnaient des pièces à grand spectacle, des drames, des mélodrames, des pièces de boulevard et des vaudevilles, restant le représentant le plus fidèle des traditions dramatiques de ce qu’on appelle « le boulevard du crime ».
Dans les années 1920, le théâtre est passagèrement transformé en salle de cinéma. En , le comédien Christian Casadesus rouvre l’Ambigu-Comique : on y joue à nouveau des pièces de théâtre[1], dont des auteurs contemporains comme François Billetdoux et Roger Vitrac. En , le théâtre est, en dépit de nombreuses manifestations et d’un spectaculaire défilé de la profession tout entière, définitivement fermé et démoli. Les services du ministre de la Culture, André Malraux, promettent d’abord que la salle serait préservée, puis que le bâtiment le serait, alors que les travaux de démolition avaient déjà commencé. Le site est aujourd’hui un immeuble de bureaux, notamment occupé par le FONGECIF Ile de France.
D' à , la scène de l'Ambigu-Comique accueille les enregistrements de l'émission de la RTF Les optimistes du lundi. Animée par Jean Nohain, elle propose selon la tradition du music-hall une alternance de sketchs comiques, de chansons et de numéros – par exemple de prestidigitation.
Pièces créées au Théâtre de l'Ambigu-Comique
- Les Pauvres de Paris, drame en 5 actes et 7 tableaux d'Édouard Brisebarre et Eugène Nus,, créée le .
Galerie d'affiches
- Berthe la Flamande (1852).
- Rose-Bernard (1857).
- Le Juif errant (1860).
- Gigolette (1896).
- Le Fils banni
avec Adèle Dupuis.
Notes et références
- « Théâtre de l'Ambigu-Comique », sur Les Archives du Spectacle (consulté le )
Sources
- Nicolas Brazier, Histoire des petits théâtres de Paris depuis leur origine, Allardin, Paris, 1838, p. 28-49
- Jules Bonnassies, Les Spectacles forains et la Comédie-Française, E. Dentu, Paris, 1875
- Gustave Vapereau, Dictionnaire universel des littératures, Hachette, Paris, 1876, p. 76-77
Bibliographie
- Michel Faul, Les Tribulations de Nicolas-Médard Audinot, fondateur du théâtre de l'Ambigu-Comique, Symétrie, Lyon, 2013 (ISBN 978-2-914373-97-5).
Liens externes
- Toutes les pièces et les représentations données à l’Ambigu-Comique au XVIIIe siècle sur le site CÉSAR
- Lettre de Louis Péricaud à Charles Nuitter (), à l'en-tête du théâtre de l'Ambigu-Comique, lire en ligne sur Gallica
- Site internet du Musée Adrien Mentienne à Bry-sur-Marne - Mise en valeur des collections du musée, dont celle relative à Louis Daguerre, qui fut décorateur à l’Ambigu Comique
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