Andy Goldsworthy

Andy Goldsworthy est un artiste britannique, né dans le Cheshire le , qui produit des sculptures intégrées à des sites spécifiques urbains ou naturels. Il est l'un des principaux artistes du Land art et utilise des objets naturels ou récupérés pour créer des sculptures éphémères ou permanentes faisant ressortir le caractère de leur environnement.

Andy Goldsworthy
Andy Goldsworthy en 2005.
Biographie
Naissance
Nationalité
Formation
Activités
Autres informations
A travaillé pour
Le roi René comte de Provence (d)
Mouvement
Représenté par
Galerie Lelong (d)
Genres artistiques
Site web
Distinctions
Œuvres principales

Biographie

Andy Goldsworthy naît dans le Cheshire le [1] et grandit à Leeds dans le Yorkshire. Dès l'âge de 13 ans, il travaille dans des fermes et cette expérience l'influence profondément. Il découvre la beauté des matériaux naturels façonnés par l'homme, comme les sillons dessinés par le tracteur dans le champ, ou le mélange des objets de la ferme avec les pierres. La brutalité très visuelle de la campagne marque également ses conceptions artistiques, par ses observations quotidiennes d'animaux morts, ou de chiens attaquant les moutons[2]. Plus tard, il compare le caractère répétitif du travail paysan à la routine de la sculpture : « Une bonne partie de mon travail ressemble à la cueillette des patates ; il faut rentrer dans son rythme. »[3]

À Leeds, il entre au College of Art de Bradford en 1974, puis s'inscrit à la Preston Polytechnic de Lancaster afin d'étudier les beaux-arts entre 1975 et 1978 ; il obtient un diplôme de Bachelor of Arts de cette université[4].

À partir de 1979, Andy Goldsworthy commence à réaliser des sculptures naturelles éphémères, composées de sable, de neige, de pierres, de feuilles ou de glace.

Goldsworthy réside successivement dans le Yorkshire, le Lancashire et en Cumbria. En 1985, il s'installe à Langholm dans le Dumfriesshire, en Écosse, puis, l'année suivante, à Penpont, village voisin où il installe son atelier dans un ancien grenier en pierre. De ce mouvement qui l'a entraîné peu à peu plus au nord, Goldsworthy déclare qu'il est « dû à un mode de vie qu'il ne maîtrisait pas complètement », mais que les facteurs en sont les occasions qui se présentent, le désir de travailler à ces endroits et des « raisons économiques »[5].

En 1993, il reçoit un doctorat honoris causa de l'université de Bradford. Il est actuellement professeur itinérant de l'université Cornell[6].

En 2004, le réalisateur allemand Thomas Riedelsheimer lui consacre un documentaire intitulé Rivers and Tides (1h30) qui sort en salle en et connaît un succès mondial. La musique est composée pour l'occasion par le guitariste Fred Frith[7]. Ce film présente le travail d'élaboration sur plusieurs mois d'une œuvre intitulée Rivers and Tides, constituée de serpentins de glace, de feuilles et de cercles de branches, de nids de bois et de cairns.

Style artistique

Andy Goldsworthy travaille généralement en plein air, avec des matériaux trouvés sur place, bien qu'il ait réalisé à l'occasion certaines œuvres à l'intérieur de bâtiments, musées ou galeries (par exemple, le mur d'argile à Digne). Il utilise quasi exclusivement des matériaux ou objets naturels (neige, glace, feuilles d'arbres, tiges, galets, fleurs, etc.) pour ses œuvres (à quelques exceptions près, comme le cairn édifié à partir de morceaux d'acier sur le site d'une ancienne mine)[8].

Pour ses œuvres éphémères, Goldsworthy n'utilise généralement pas d'autres outils que ses propres mains et dents, des outils improvisés et éventuellement un Opinel. Il lui est arrivé de faire appel à de la machinerie lourde ou légère pour réaliser des œuvres d'envergure et permanentes (notamment les cairns les plus grands ou des sculptures comme Roof, Stone River et Three Cairns, Moonlit Path et Chalk Stones). Pour la création de Roof, Goldsworthy a travaillé avec son assistant et cinq maçons qui se sont assurés que la structure puisse survivre au temps et à la nature.

À l'instar de nombreux artistes du Land art, Andy Goldsworthy considère ses œuvres comme de l'« art éphémère », le temps de dégradation pouvant varier de quelques secondes à plusieurs années : sculptures de glace qui ne durent qu'une saison, sculptures de sable sur une plage disparaissant à la première marée, constructions de pierre ou de métal qui ne subissent qu'une entropie naturelle.

La photographie joue un rôle crucial dans son art. Goldsworthy conserve les traces de ses œuvres au moyen d'épreuves photographiques en couleur dont beaucoup sont accompagnées d'un titre sous forme de légende expliquant la genèse de l'œuvre. Selon ses propres termes, « Each work grows, stays, decays — integral parts of a cycle which the photograph shows at its height, marking the moment when the work is most alive. There is an intensity about a work at its peak that I hope is expressed in the image. Process and decay are implicit »[9],[10].

Son intention n'est pas « d'apposer sa marque » sur le paysage mais de travailler instinctivement avec lui, afin que ses créations manifestent, même brièvement, un contact en harmonie avec le monde naturel. Il s'intéresse particulièrement au temps tel qu'il est rendu manifeste par l'évolution de la nature. « Mouvement, changement, lumière, croissance et altération sont l'âme de la nature, les énergies que j'essaie de faire passer à travers mon travail » [11].

Andy Goldsworthy voyage beaucoup mais se concentre sur un seul endroit. C'est ainsi qu'il a rendu visite, à plusieurs reprises, à un rocher bien précis près de Saint-Louis dans le Missouri. Il a également travaillé dans le désert d'Australie, à Grise Fiord au nord du Canada, et au Pôle Nord pendant deux jours.

Il a exposé seul à plusieurs reprises en Angleterre, en France, aux Pays-Bas et au Japon. Il a participé à la Biennale de Venise en 1988 et 1995 et exécuté plusieurs commandes importantes, comme celle du Jardin de pierres, commanditée par le Musée de l'héritage juif de New York[12], ou celle commanditée pour la cour d'entrée du musée De Young de San Francisco, intitulée Drawn Stone, qui fait écho aux fréquents tremblements de terre de la ville. Cette installation comporte, dans la chaussée, une gigantesque crevasse qui se subdivise en plusieurs craquelures plus petites, et des blocs de calcaire pouvant servir de bancs. Les petites craquelures ont été faites au marteau, ajoutant un caractère imprévisible à l'œuvre lors de sa création[13].

Expositions et installations

Œuvres pérennes en France

Refuge d'Art

Refuge d’Art est un parcours de 150 km à travers la réserve naturelle géologique de Haute-Provence. Il permet à des randonneurs de relier trois Sentinelles, cairns en pierre sèche édifiés aux entrées de la réserve. Ce parcours est ponctué de Refuges, bâtiments en ruine restaurés pour servir d'abris. Une sculpture est installée dans chaque site[27].

Autres

Galerie


Voir aussi

Articles connexes

Bibliographie sélective

  • Hand to Earth: Andy Goldsworthy, Henry Moore Centre, Leeds, England, 1990.
  • A Collaboration with Nature, Harry N. Abrams, Inc., New York, 1990.
  • Stone, Harry N. Abrams, Inc., New York, 1994. Diffusion en France : éditions Anthese (Pierres).
  • Wood, Harry N. Abrams, Inc., New York, 1995. Diffusion en France : éditions Anthese (Bois).
  • Wall, Harry N. Abrams, Inc., New York, 1995. Diffusion en France : éditions Anthese (Mur).
  • Arch, Harry N. Abrams, Inc., New York, 1999. Diffusion en France : éditions Anthese (Arche).
  • Cairns, Diffusion en France : éditions Anthese / Images en manœuvres / Musée Gassendi, 1997.
  • Time, Cameron Books, Moffat, Dumfriesshire Schotland 2000. Diffusion en France : éditions Anthese (le temps).
  • Midsummer Snowballs, Harry N. Abrams, Inc., New York, 2001.
  • Refuges d'Art, Editions Artha / Varia, 2002.
  • Passage, Thames & Hudson, 2004. Diffusion en France : éditions Anthese (Passage).
  • Portfolio, Andy Goldsworthy, Refuges d'Art, 1999-2005, Coéditeurs Musée Gassendi, CAIRN, Réserve Géologique de Haute-Provence, 2005.
  • Mur et enclos, 2008.
  • Refuges d'Art, Editions Fage, Musée Gassendi, 2008.
  • Andy Goldsworthy, Repères 97, Ed. Galerie Lelong, Paris, 1998, (ISBN 2868820212)

Filmographie

  • Penché dans le vent, un film de Thomas Riedelsheimer, production de Filmpunkt et Skyline Productions, 1h37, sortie en salles en 2017.
  • Refuges d'Art, DVD, 16 min 30 s, Sibylle Sturmer, 2006. Vendu avec l'ouvrage Refuges d'Art, (Fage / Musée Gassendi, 2008).
  • Energy art, DVD, 8 min 50, Yann Marquis, 2004. Vendu avec l'ouvrage Refuges d'Art, (Fage / Musée Gassendi, 2008).
  • Rivers and Tides, DVD, Thomas Riedelsheimer, Éditeur DVD : Compagnie des Phares et Balises, EAN 3545020007280, 2000.
  • Nature & Nature, un film de Camille Guichard, 13 min, production et diffusion Terra Luna Films, 1991.

Liens externes

Notes et références

  1. (en) J. P. Stonard, « Goldsworthy, Andy », Grove Art Online, (consulté le ).
  2. D'après une interview pour Time, 13 avril 2007.
  3. (en) T. Adams, « Natural talent », The Observer, (consulté le ).
  4. (en) « Andy Goldsworthy (British, 1956) », artnet (consulté le ).
  5. (en) « Andy Goldsworthy », Cass Sculpture Foundation (consulté le )
  6. (en) Rivers and Tides sur l’Internet Movie Database.
  7. (en) A. Sooke, « He's got the whole world in his hands », The Daily Telegraph, (consulté le )
  8. (en) « Andy Goldsworthy: Art of nature », ninemsn, (consulté le ).
  9. Traduction : « chaque œuvre pousse, subsiste, se dégrade — composantes intégrales d'un cycle que le photographe montre à son point culminant, marquant le moment où l'œuvre est la plus vivante. Il y a une intensité dans une œuvre à son sommet qui j'espère s'exprime dans l'image. L'évolution et la dégradation sont implicites ».
  10. Citation de Goldsworthy tirée de son livre Le Temps.
  11. Notes biographiques de son éditeur en France
  12. (en) S. Douglas, « In Their Words: James Turrell and Andy Goldsworthy », Artinfo, (consulté le )
  13. (en) « Andy Goldsworthy sculpture, Stone River, enters Stanford University's outdoor art collection », Cantor Arts Center, Université Stanford, (consulté le )
  14. (en) « Andy Goldsworthy: Arch at Goodwood, 2002 », Cass Sculpture Foundation (consulté le )
  15. (en) « Andy Goldsworthy on the Roof », Metropolitan Museum of Art, (consulté le )
  16. (en) « Andy Goldsworthy : Early Works : Leaves, Twigs, Enormous Snowballs and Icicles... Andy Goldworthy's Sculptures are Inherently Surprising and Beautiful », bbc.co.uk, (consulté le )
  17. (en) « Andy Goldsworthy : Nature and Art Combine when the Early Works of the Internationally Renowned Artist Andy Goldsworthy come to Fairfields Art Centre in Basingstoke », bbc.co.uk, (consulté le )
  18. (en) « Drawn Stone », Galerie Lelong (consulté le )
  19. (en) « The Andy Goldsworthy Project : 22 January – 15 May 2005 », National Gallery of Art, (consulté le )
  20. (en) « Andy Goldsworthy », Gibbs Farm
  21. (en) S. Oksenhorn, « A Wall of Integration, Not Division », Aspen Times Weekly, (consulté le )
  22. (en) G. Calton (photographe), « Andy Goldsworthy at the Yorkshire Sculpture Park », The Observer, (consulté le )
  23. (en) « Andy Goldsworthy », Yorkshire Sculpture Park (consulté le )
  24. (en) « Goldsworthy's Spire + Wood Line », Presidio
  25. (en) Kevin Rushby, « Andy Goldsworthy in Alderney », The Guardian, (consulté le )
  26. « En plaçant mon travail dans un lieu où quelque chose existe déjà, où des hommes ont déjà vécu, – explique Goldsworthy – ma vie et mon art sont mis en contexte. Je considère le paysage comme une succession de couches dont je serais la dernière strate. Je m’identifie à la géologie et à la façon dont les êtres déposent leur présence et leur vie par strates successives qui font la richesse d’un lieu »
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