Anthony Vincent

Anthony Vincent est un journaliste queer français, né en .

Anthony Vincent
Biographie
Naissance
Nationalité
Domiciles
Formation
Licence en lettres, master en lettres modernes, master en journalisme culturel
Activité
Autres informations
A travaillé pour
Domaine
Journalisme mode et beauté
Œuvres principales

Diplômé en journalisme culturel, il est cocréateur du podcast Extimité et chef de la rubrique mode pour le média Madmoizelle.

Biographie

Anthony Vincent naît en et grandit en région parisienne[1]. Sa mère est professeure et son père est cadre. Tous deux d'origine martiniquaise, ses parents rejoignent la métropole dans les années 1980 et lui inculquent qu'en tant que personne noire, il devra prouver sa valeur toute sa vie[1].

Scolarisé en ZEP durant son adolescence, il souhaite devenir professeur de français à l'étranger[1]. Alors qu'il entame des études en lettres, il effectue un stage pour une émission littéraire diffusée sur la chaîne de télévision France 3. Il réalise alors que le journalisme est « un métier passionnant, mais en voie d’extinction. Qu’en sautant de Gutenberg à Mark Zuckerberg aussi brutalement, la profession n’avait pas su se réinventer et qu’elle se précarisait à vitesse grand V[2] ».

En , Anthony Vincent obtient un Master 1 en lettres modernes, puis, en , un Master 2 en journalisme culturel, à l'Université Sorbonne-Nouvelle[3]. Il rédige un mémoire de recherche en littérature sur l'auteur homosexuel Hervé Guibert, pour qui les notions de pudeur et d’impudeur ont une forte dimension politique[4]. C'est durant ce parcours universitaire, qu'il commence à s'intéresser à la mode comme moyen de se construire une identité choisie[1].

Anthony Vincent vit en région parisienne[1].

Parcours professionnel

En 2015, Anthony Vincent rédige des articles en tant que journaliste de mode pour l'hebdomadaire Grazia. Il travaille ensuite, de à , pour le Figaro et Madame Figaro, en traitant de mode, ainsi que de beauté femme et homme, avant de devenir journaliste indépendant. Il rédige notamment des articles sur les questions de mode et d'identité pour Vanity Fair France[5], Mixte[6], Antidote[7], Paulette, Les Inrockuptibles[8], Têtu[9], ou encore Nylon France[10].

Ses sujets de prédilection sont en lien avec les notions de constructions d’identité et de représentations, ce qui l'amène à écrire sur l’art contemporain, la mode et la beauté[2], en tenant compte des problématiques liées à l'appropriation culturelle, plus particulièrement dans le domaine des magazines féminins[1].

Parallèlement à sa carrière de journaliste en presse écrite et virtuelle, Anthony Vincent co-crée et produit le podcast Extimité[11]. Dans un entretien, il confie au magazine Marie-Claire que la réalisation de ce podcast est très chronophage, au point qu'il a des difficultés à prendre des congés. Pour pouvoir se libérer, plusieurs épisodes sont enregistrés à l’avance, afin d'être en mesure de maintenir le rythme de diffusion[11]. Il organise ses journées en fixant ses rendez-vous professionnels et interviews en matinée, puis rédige ses article, ou prépare le contenu du podcast Extimité, dans l’après-midi[2].

Depuis , il est chef de la rubrique mode pour le média français Madmoizelle[12], sur le site duquel il propose une page en tant que rédacteur mode[12].

Podcast Extimité

Douce Dibondo et Anthony Vincent, qui ont créé le podcast Extimité.

En 2018, ne supportant plus les cases dans lesquelles on enferme les minorités, Douce Dibondo et Anthony Vincent créent et produisent le podcast Extimité, afin d'offrir un espace où chacun a la possibilité de se raconter à la première personne, dans sa complexité, sans filtre colonial, sexiste ou hétéronormé. À leurs yeux, les récits intimes ont un pouvoir politique. Les personnes victimes de discriminations sont conviées à partager une conversation intimiste, durant laquelle il est possible de raconter sans pudeur les étapes de leur vie, de l'enfance à l'âge adulte, ainsi que les obstacles rencontrés en tant que personnes racisées ou LGBTQI[13]. Pour le magazine Paulette, « Douce et Anthony, aka le "Yin et le Yang", c’est une cohérence et une complémentarité à toute épreuve », un duo queer et racisé, complice, en symbiose »[14]. Anthony Vincent complète en expliquant que ce podcast fonctionne comme une sorte de pacte de lecture entre les invités et l'audience, qui permet de raconter d’où l’on vient et qui l’on est[14].

Dans un entretien accordé au média Komitid, Anthony Vincent explique qu'il a particulièrement apprécié l'émission consacrée à Baba, un psychologue malien, qui l'a réconcilié avec lui-même. En effet, ce thérapeute a évoqué la psychophobie (les tabous et stigmatisations liés aux problèmes de santé mentale) et l’importance de prendre soin de sa santé mentale, particulièrement en tant que personne queer et/ou racisée[15]. L'invité a également évoqué sa demisexualité (le fait de ressentir une attirance sexuelle pour une personne uniquement après avoir préalablement tissé un lien émotionnel avec elle) et l’incompréhension que cela suscite dans notre société. En l'écoutant, Anthony Vincent réalise à quel point il est « fatigué de tenter de correspondre à l’hypersexualisation qu’on plaque trop souvent sur [lui] : en tant qu’homme, en tant que gay, et en tant que noir. Et à quel point [il] néglige [s]a santé mentale »[15].

De son côté, lors d'un entretien accordé le , au média Reines des Temps Modernes, Douce Dibondo explique ses motivations initiales en ces termes : « il y avait beaucoup de contenus tenus par des féministes blanches qui relataient selon moi un féminisme blanc mais où il manquait nos voix à l’intersection. Il manquait nos intimes éminemment politiques, inscrits dans le social »[12].

Podcast Matière premières

Depuis , Anthony Vincent anime le podcast Matière premières, pour le média Madmoizelle, dans lequel il décrypte les étiquettes des vêtements, en rencontrant des experts du domaine, pour en apprendre davantage sur la production des matières premières nécessaire à la mode, loin de tout greenwashing[16].

Engagement

« En tant que personne noire, se trouver beau c'[est] presque un acte militant. Oser s'aimer dans un pays où le racisme est systémique, c'est un acte fort et très important. »

Après avoir vécu quelques situations discriminantes durant ses années de scolarisation au collège, c'est au lycée qu'Anthony Vincent prend conscience des problématiques liées au racisme. Le processus se poursuit avec son parcours universitaire, où il lui semble que les étudiants noirs subissent un traitement différencié[1].

Pour lui, les questions de représentation prennent de plus en plus de place dans les médias, cependant le journaliste estime qu’on a besoin d’inclusion, plus que de représentations. Le simple fait de partager publiquement le contenu des entretiens du podcast Extimité dans l’espace médiatique, soit les récits de personnes minorisées qui racontent leurs vies comme dans un journal intime, devient un acte politique[4].

Il explique avoir longtemps évité les questions de racisme dans les milieux professionnels, jusqu'à ce que sa première relation amoureuse agisse comme un révélateur. Son couple mixte lui permet de comprendre comment l'homophobie s'exprime différemment en fonction de la couleur de peau, ainsi qu'à quel point les injonctions liées à l'hypervirilité hétéronormée sont imposées aux hommes noirs. Il évoque la mort d'Adama Traoré, qui le renvoie à « sa propre condition d'homme noir de banlieue et au racisme qu'il avait involontairement intériorisé, en particulier l'antagonisme entre les Antilles et l'Afrique »[1]. De même, le peu d'affect exprimé dans de nombreuses familles noires peut être pensé comme un héritage potentiel de l'esclavage[1]. Dans ses entretiens, il raconte aussi le déclic qui l’a aidé à enfin trouver les personnes noires belles et parle du privilège de « ne pas voir les couleurs », du poids des stéréotypes associés aux hommes noirs, et de ce qu’il en coûte d’être un homme noir homosexuel.

Récompenses

  • 2019 : Podcast Extimité - Prix du Bondy Blog pour l’égalité des chances et contre les discriminations, dans la catégorie radio[15]

Références

  1. Épisode 01 - Anthony, (lire en ligne)
  2. KADALYS, « Dans la peau d'Anthony Vincent, journaliste beauté passionné », sur KADALYS (consulté le )
  3. « Anthony Vincent », sur Pigment Magazine
  4. Leslie, « Extimité : « On veut raconter la société depuis les marges : la vue y est imprenable » », sur Friction Magazine, (consulté le )
  5. Anthony Vincent et Condé Nast Digital France, « Harry Styles : Ce que ses looks racontent des masculinités », sur Vanity Fair, (consulté le )
  6. « Black designers matter : Le combat des designers noir.e.s au sein de l'industrie de la mode », sur Mixte Magazine, (consulté le )
  7. « Rokhaya Diallo : « Le racisme et le sexisme ne sont pas innés, ils s’apprennent » », sur Magazine Antidote, (consulté le )
  8. « Anthony Vincent », sur Les Inrocks (consulté le )
  9. Anthony Vincent, « Anthony Vincent, auteur sur TÊTU », sur TÊTU (consulté le )
  10. « Le sac à main a-t-il encore un genre ? », sur NYLON France, (consulté le )
  11. « Comment prendre de "vraies" vacances quand on est indépendant ou freelance ? », sur Marie Claire (consulté le )
  12. « Les articles de Anthony Vincent sur madmoiZelle.com », sur madmoiZelle.com (consulté le )
  13. Condé Nast, « Huit podcasts pour s’éduquer au sujet du racisme », sur Vanity Fair (consulté le )
  14. « PAULETTE TALKS : EXTIMITÉ, UN PODCAST À CŒUR OUVERT », sur Paulette Magazine, (consulté le )
  15. « 3 questions à Douce Dibondo et Anthony Vincent du podcast « Extimité » », sur KOMITID, (consulté le )
  16. (en-GB) « Les mini-séries podcasts de Madmoizelle: Matières Premières - bande annonce on Apple Podcasts », sur Apple Podcasts (consulté le )

Liens externes

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