Armand Cattier

Pierre-Armand Cattier, né le à Charleville (France) et mort le à Ixelles (Belgique), est un sculpteur belge d’origine française.

Armand Cattier
Biographie
Naissance
Décès
(à 62 ans)
Ixelles
Nationalité
Activité
Monument à John Cockerill (1870), devant sa sépulture à Seraing.
Statue du Boduognat (1866), à gauche, pour la porte du Chemin de Fer de l'enceinte d'Anvers[1] de l'architecte Félix Pauwels.

Biographie

Armand Cattier, né à Charleville, en Ardennes, à quelques kilomètres de la frontière franco-belge, le , est le fils d’un ouvrier du textile, Jean-Louis Cattier, peigneur en laine, originaire d'un petit village, Sommepy, marié à Catherine-Thérèse Jurion, née à Charleville[2]. En 1840, sa famille s’installe à Bruxelles, capitale d'un nouvel état créé dix ans plus tôt, la Belgique, dont le produit national brut par tête d'habitant est alors supérieur à celui de la France et un des plus forts d'Europe[3]. Il y suit les cours de l'Académie royale des beaux-arts de Bruxelles et entre dans l'atelier du sculpteur Eugène Simonis[4],[5]. Il se marie le .

En 1863, il obtient une mention honorable au Salon de Paris[4]. En 1867, il expose au salon de Paris le modèle en plâtre de la statue de Boduognat, roi des Nerviens, prévue pour la décoration de l'une des portes de la Ligne de défense d'Anvers[6],[7]. Il demande à être naturalisé belge en décembre 1868 et obtient satisfaction[8] et le Lion gauche de la porte de Malines de la même enceinte.

À la fin des années 1860, il commence une série d'œuvres en l’honneur d’un industriel, John Cockerill, dont le rôle a été déterminant pour l’industrie de la région de Liège. John Cockerill était mort en 1840 à Varsovie mais sa dépouille est ramenée à Seraing en 1867, pour une inhumation au cimetière de la rue de la Glacière. Un projet de monument à sa mémoire est lancé. À la suite d'un concours organisé en octobre 1868, Armand Cattier réalise un bronze, coulé par la Compagnie des Bronzes de Bruxelles. Ce monument érigé en 1871 à Seraing devant la tombe de l'industriel est dédié à Cockerill ainsi qu'« à l’intelligence et au travail »[9]. Quatre statues d’ouvriers cantonnent le piédestal en petit granit de l’Ourthe : un houilleur, un mécanicien, un puddleur et un forgeron. Ces quatre statues sont en fonte et ont été coulées à la fonderie de Tusey[10].

En 1872, un second Monument à John Cockerill est érigé à Ixelles sur la place du Luxembourg, devant la gare de Bruxelles-Luxembourg, première gare construite à Bruxelles, les ateliers Cockerill ayant fourni les premiers rails, matériels ferroviaires et locomotives de Belgique. La figure sommitale de l'industriel s'appuie sur une enclume, et aux angles sont assis les quatre ouvriers. Dans ce deuxième groupe, tous les personnages sont en bronze et ont été coulés par la Compagnie des Bronzes de Bruxelles[10]. Les quatre médaillons en bronze flanquant les faces du piédestal représentant les profils de quatre des principaux collaborateurs de l'industriel ont disparu[9].

Ces deux monuments, empreints de réalisme, sont marqués par l’évolution sociale en cours. Leur conception reflète un ordre social et culturel strictement hiérarchisé, avec d'une part l’industriel au sommet et, d'autre part, la masse laborieuse des travailleurs à ses pieds. La dureté des conditions de vie des travailleurs au XIXe siècle n'est en rien suggérée. Par contre, anticipant Constantin Meunier d'une dizaine d'années, Armand Cattier réalise des figures d'ouvriers, en tenue de travail, saisis avec un certain naturel[11]. À cette époque, du fait de la croissance et de l'industrialisation de la Belgique, un homme sur trois, parmi les actifs, travaille dans l'industrie, premier secteur d'emploi, pour un sur quatre en France où le secteur primaire reste plus important que le secteur secondaire[12].

En 1878, une réalisation plus classique, Daphnis, lui vaut une deuxième médaille à l'Exposition universelle de 1878 à Paris[4],[13],[14].

Armand Cattier est promu officier de l'ordre de Léopold[4]. Il meurt le à Ixelles[4].

Articles connexes

Notes et références

  1. Eugène Warmenbol, « La Porte du Chemin de Fer à Anvers. Ambiorix et Boduognat : « le dernier rempart de la nationalité belge », in Les Celtes aux racines de l'Europe, Monographies du Musée royal de Mariemont, 2006.
  2. « Charleville, 1830-1833 », sur archives.cg08.fr. Acte n°388, image 20/571
  3. Pierre Léon, La domination du capitalisme, 1840-1914, Éditions Armand Colin, , p. 71
  4. Edmond Léopold Joseph Gustave Marchal, La sculpture et les chefs-d'œuvre de l'orfèvrerie belges, Imprimerie F. Hayez, , 806 p. (lire en ligne)
  5. Académie royale des sciences, des lettres et des beaux-arts de Belgique, Biographie nationale, H. Thiry-van Buggenhoudt, .
  6. Louis Dussieux, Les artistes français à l'étranger, Lecoffre, , p. 335
  7. Hippolyte Gautier, Les curiosités de l'exposition universelle de 1867, avec six plans, (lire en ligne)
  8. Archives des arts et de la bibliographie de Belgique., , « Nécrologie. Armand Cattier. », p. 493
  9. « Monument à John Cockerill – statue de Cockerill et ensemble – Seraing », sur le site e-monumen.net
  10. « Deux monuments à Cockerill : fonte meusienne et bronze belge ! », sur fontesdart.org
  11. Patrick Derom, Jacques Van Lennep et Catherine Leclercq, Les Sculptures de Bruxelles, Éditions Pandora,
  12. Pierre Léon, La domination du capitalisme, 1840-1914, Éditions Armand Colin, , p. 310
  13. Catalogue des Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique
  14. Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique. Armand Cattier. Daphnis.

Liens externes

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