Arsène d'Arsonval

Jacques Arsène d'Arsonval, né le à La Porcherie (Haute-Vienne) et mort le dans la même commune, est un médecin, physicien et inventeur français. On lui doit notamment le galvanomètre balistique, le premier téléphone agréé par les PTT et des études sur l'électrothérapie par les courants à haute fréquence.

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Arsène d'Arsonval
Arsène d'Arsonval dans son laboratoire de physique biologique de l'École des hautes études.
Naissance
La Porcherie, (Haute-Vienne) (France)
Décès
Nationalité  Français
Domaines Physique, physiologie, médecine
Institutions Collège de France
Renommé pour TSF , courants, électricité médicale

Biographie

Né le au château de la Borie à La Porcherie (Haute-Vienne), Jacques Arsène d'Arsonval est le fils de Pierre Catherine d'Arsonval (1805 - 1883), médecin, et de Marie-Louise Betzi de Beaune (1810 - 1870).

Il est élève du lycée impérial de Limoges, puis du collège Sainte-Barbe à Paris. Il est ensuite étudiant en médecine et assiste aux cours de Claude Bernard, dont il devient le préparateur au Collège de France en 1873 (il sera aussi le préparateur de Brown-Séquard lorsque ce dernier succède à Claude Bernard en 1878). Il obtient son diplôme de médecin en 1876.

En 1881, s'inspirant sans doute d'un propos[1] prêté par Jules Verne au capitaine Nemo, il propose de mettre à profit la différence de température entre la surface et le fond de l'océan tropical pour faire tourner une machine thermique et produire ainsi de l’électricité : c'est la première formulation correcte du principe de l'énergie thermique des mers (ETM).

Arsène d'Arsonval en taupin au collège Sainte-Barbe.

De 1882 à 1910, il dirige le laboratoire de biophysique du Collège de France, puis le nouveau laboratoire de Nogent-sur-Marne, dont il est le directeur jusqu’en 1931.

Collège de France. M. le professeur d'Arsonval, membre de l'Institut (Bibliothèque de la Sorbonne, NuBIS).

D’Arsonval a marqué l'histoire de l'électrophysiologie par ses nombreuses découvertes dans le domaine de l’électricité médicale. Père de la haute fréquence médicale, il va faire naître la « d’arsonvalisation »[2] ou « diathermie » en étudiant les effets des courants à haute fréquence sur les animaux. Pour déceler les faibles courants lors de l’étude des contractions musculaires, il construit de nombreux appareils[3], dont le plus connu est le galvanomètre balistique, réalisé en collaboration avec Marcel Deprez.

Parmi ses nombreux travaux, il met au point le premier téléphone adopté par les PTT, démontre expérimentalement le transport de l’énergie électrique, invente le vase d’Arsonval, un récipient de verre à double paroi, le vide étant fait dans l'espace séparant les cloisons extérieure et intérieure. Par son principe, ce récipient est à l'origine des bouteilles thermos. Vers 1902, il collabore avec Georges Claude sur la liquéfaction des gaz et fait naître les industries de l’Air liquide à Champigny.

Il participe, avec Gustave Ferrié, aux premières émissions de TSF et aux premiers essais de téléphone sans fil en 1911. Pendant la Première Guerre mondiale, alors qu'il travaille sur les équipements électriques de transmission, il montre que les chocs électriques à haute tension ne provoquent pas forcément la mort immédiate, et qu’une réanimation est possible par respiration artificielle.

Prophète de l'électricité industrielle

On cite souvent la déclaration qu'il aurait faite au Congrès international des électriciens de 1881 : « Canaliser l'électricité est bien démocratiser la force. Il y a plus : transporter la force à grande distance c'est pouvoir se passer du charbon, dont les provisions s'épuisent, c'est pouvoir utiliser les forces naturelles, jusqu'ici perdues... grâce à la science, la possibilité d'hier sera la banalité de demain » (Vayre 2007, p. 69).

Du vivant de l'auteur, La Croix rapportait, en 1933, que cette déclaration avait été faite en 1882[4] à une distribution de prix à l'école Arago et, sur la foi d'un exemplaire de ce discours remis cinquante ans plus tard au conseil municipal de Paris par d'Arsonval lui-même, sous la forme : « Canaliser l’électricité, c’est bien démocratiser les forces. Mais il y a plus. Transporter les forces à grande distance, c’est pouvoir se passer du charbon dont les provisions s’épuisent, c’est pouvoir utiliser les forces naturelles jusqu’ici perdues. Dans un avenir prochain nous verrons les eaux de nos fleuves, les vents ou les marées mettre en mouvement de puissantes machines électriques d’où partira un réseau de fils télégraphiques sillonnant le pays et distribuant sur son parcours la force à l’industrie et à l’agriculture »[5].

Œuvres et publications scientifiques

  • «Utilisation des forces naturelles. Avenir de l'électricité», in La Revue scientifique, , n°12, p. 370-372. en ligne
  • «Utilisation des forces naturelles par l'électricité.», in La Revue Scientifique, , n°18, p. 550-556. en ligne
  • «Discussion de la commission d'électro-physiologie.», in La Revue Scientifique, , n°24, p. 725-729. en ligne
  • «Recherches expérimentales sur les piles hydro-électriques.», 1/2, in La Lumière électrique, , n°13, p. 246-248. en ligne
  • «Recherches expérimentales sur les piles hydro-électriques.», 2/2, in La Lumière électrique, , n°17, p. 300-303. en ligne
  • «Action physiologique des courants alternatifs», in: CR Soc Biol(1891), 43, 283-286.
  • «Recherches sur la décharge électrique de la torpille», in : J. Phys. Theor. Appl.(1896), 5(1), 149-154. Texte intégral
  • «Interrupteur électrolytique», in: J. Phys. Theor. Appl. (1899), 8(1), 206-209 , Texte intégral
  • «L'air liquide» in: J. Phys. Theor. Appl.(1898), 7(1), 497-504 Texte intégral
  • «Discours prononcé à la séance solennelle de la Sorbonne», [S.l.] , [s.n.] [1933?] Gauthier-Villars (Paris), 6 p., 8°, Extrait de la Plaquette du "Cinquantenaire de la Soc. franç. des Électriciens", .

Distinctions

Arsène d'Arsonval fut cofondateur avec Éleuthère Mascart de l’École supérieure d'électricité en 1894, membre de l’Académie de médecine dès 1888, de l’Académie des sciences en 1894 et de plusieurs sociétés savantes et industrielles. En 1908, il est le premier président de la Compagnie générale de radiotélégraphie. Il est élu président de l'Institut d’actinologie[6] en 1918. Grand-croix de la Légion d'honneur[7] en 1931.

Éponymie

Arsène d'Arsonval a laissé son nom à :

L'Union astronomique internationale a donné le nom de D'Arsonval à un cratère lunaire.

Notes et références

  1. Energie thermique des mers, ETM, OTEC
  2. « Les courants de haute fréquence apparaissent dans les années 1880 avec les travaux de Hertz. Tesla et d’Arsonval seront les premiers à tester leur effet sur les tissus, l’antériorité revenant à d’Arsonval. Il montre que les courants supérieurs à 10 000 Hz ne provoquent plus de stimulation musculaire comme on voyait avec la basse fréquence utilisée par Duchenne de Boulogne. La première application médicale a lieu en 1896 à l’Hôtel-Dieu et le terme "darsonvalisation" est créé en 1899. Le courant passe par le patient entre une électrode active (dont la forme plus ou moins fine augmente l’effet thermique) et une plaque neutre appliquée sur le patient. » J.-F. Minot: «Histoire du bistouri électrique chirurgical en France»
  3. Liste des brevets conservés au Collège de France
  4. C'est également ce que rapporte Le Matin, citant d'Arsonval lui-même, cf. « Le jubilé du professeur d'Arsonval : l'illustre savant a été reçu hier à l'Hôtel de Ville », Le Matin, , p. 3 (lire en ligne)
  5. « Gazettes : la houille blanche prévue en 1882 », La Croix, no 15427, , p. 1 (lire en ligne)
  6. L'actinologie est la science de l'usage thérapeutique des rayons ultraviolets et infrarouges.
  7. « Cote LH/58/36 », base Léonore, ministère français de la Culture

Bibliographie

  • Arsonval, Arsène d' : Notice sur les titres et travaux scientifiques, imp. La lumière électrique (Paris), 1888, Texte intégral .
  • Arsonval, Arsène d' : Exposé des titres et travaux scientifiques, imp. de la Cour d'Appel (Paris), 1894, Texte intégral .
  • Laquerrière, A. : «Le professeur d’Arsonval», in: Journal de radiologie, Tome 24, no 3-4, Mars-.
  • Jean-Gaël Barbara: «Histoire des neurosciences. Les élèves de Claude Bernard», in : La Lettre des Neurosciences, 42, p. 8-11, Texte en ligne .
  • Jean-Gaël Barbara, Pierre Corvol(sous la dir.): Les élèves de Claude Bernard. Les nouvelles disciplines physiologiques en France au tournant du XXe siècle, Hermann (Paris), 2012.
  • Dr Louis Chauvois: D'Arsonval : Soixante-cinq ans à travers la science, éditions Oliven, Paris 1937. Prix Nicolas-Missarel 1938 de l’Académie française
  • Dr Louis Chauvois: D'Arsonval : une vie, une époque, 1851-1940, Plon (Paris), 1941, 1 vol. (152 p.-[8] p. de pl. h. t.) : ill., portr., fac-sim. ; 19 cm
  • Wladislas Kopaczewski: D'Arsonval et la biophysique, impr. Maroc matin (Rabat), 1947, 1 vol. (62 p.) : ill., portr. ; 24 cm
  • Pierre Vayre:Jacques Arsène d'Arsonval : un médecin limousin à Paris : la biophysique au secours des hommes, Ed. Glyphe(Paris), 2006, 1 vol. (209 p.) : ill., couv. ill. en coul. ; 21 cm (ISBN 2-911119-81-9)
  • Pierre Vayre, « Docteur Jacques Arsène d'Arsonval (1851-1940) : de la biophysique à l’Académie de chirurgie », e-mémoires de l'Académie nationale de chirurgie, vol. 6, no 2, , p. 62-71 (lire en ligne [PDF]).
  • Lefebvre Thierry, Raynal Cécile. Souvenir ou affabulation ? Une anecdote racontée par d'Arsonval à Claude Bernard [Question LXXXIX, Pharmacie et littérature]. In: Revue d'histoire de la pharmacie, 88e année, N. 325, 2000. p. 167–168. Texte intégral
  • Pierre Brunet. Dr W. Kopaczewski: «Cl. Bernard et la physiologie; Pasteur et la bactériologie ; D'Arsonval et la biophysique», in: Revue d'histoire des sciences et de leurs applications, 1948, vol. 1, no 3, p. 275–278.
  • (en) George J. Burch and Leonard E. Hill : «On D'Arsonval's Physical Theory of the Negative Variation», in :J Physiol. 1894 May 29; 16(5-6): 319–324.1. Texte disponible en ligne .
  • (en) Justesen, D. R. and Guy, A. W. (1985): «Arsène jacques d'Arsonval: A brief history.», in : Bioelectromagnetics, 6: 111–114. doi: 10.1002/bem.2250060203
  • Bernard Guillien : «Histoire des sciences. 1906-2006 : le centenaire de la “lyophilisation” », in: Reflets phys. no 2 (2006) p. 18 DOI: 10.1051/refdp/2006011 Texte intégral.

Liens externes

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