Aryen d'honneur

Aryen (ou aryenne) d'honneur (en allemand : Ehrenarier) est une expression du langage courant, sans existence officielle en Allemagne ni en France. L'expression était probablement employée en Allemagne nazie pour désigner des personnes ayant une partie de leurs ascendants Juifs, mais qui, en raison de leur position ou de leur mérite au sein du Reich, étaient considérées comme aryennes, et n'avaient pas besoin de dérogation pour obtenir une amélioration de leur statut[1]. En Croatie, l'expression fut inventée par le dirigeant du pays pour soustraire certains Juifs à l'application du statut souhaité par les nazis.

Personnes à qui ce qualificatif a été attribué

Allemagne

Ce qualificatif a été attribué à :

En France

Ne figurant explicitement pas dans le statut des Juifs, il est possible que l'expression ait été appliquée aux bénéficiaires de l'article 8, qui prévoyait que « par décret individuel pris en Conseil d'État et dûment motivé, les juifs qui, dans les domaines littéraire, scientifique, artistique, ont rendu des services exceptionnels à l'État français, pourront être relevés des interdictions prévues par la présente loi. Ces décrets et les motifs qui les justifient seront publiés au Journal officiel » voire à des personnes juives ayant bénéficié d'une application souple de ce statut.

Le philosophe Henri Bergson fit l'objet de multiples interventions pour être dispensé du recensement qui allait conduire les Juifs à porter l'étoile jaune. En dépit de ces interventions, il se présenta au commissariat de police pour se faire enregistrer[3]. Le qualificatif lui est quelquefois appliqué[4].

Le philosophe Vladimir Jankélévitch l'a refusé[5].

L'historien Pascal Ory a aussi qualifié du terme d'« Aryen d'honneur », en utilisant des guillemets, Joseph Joanovici dit Joano le Ferrailleur, qui fit une immense fortune en revendant les biens confisqués aux Juifs[6].

Lisette de Brinon aurait également été qualifiée ainsi[7].

L'entrepreneur de travaux publics, Georges Haymann, reçoit des Allemands un laissez-passer en 1940 qui indique : « Les papiers de Haymann, Georges, Marius ont été examinés par la Kommandantur. Il n'est pas soldat et peut vaquer à sa profession civile. Sa voiture Peugeot porte le n° 24247 - L.P. 2 »[8]. Afin de le garder, les Allemands lui donnent le titre d'« Aryen d'honneur » en exigeant de lui qu'il reste à Nevers afin de travailler à la reconstruction des ponts et passerelles bombardés sur la Loire. En 1942, Haymann abandonne ce statut pour entrer dans la clandestinité[8].

En Croatie

Pendant l'occupation allemande de la Yougoslavie, Ante Pavelić, chef de l'État indépendant de Croatie, crée dans son pays un statut d'Aryen d'honneur dont bénéficient diverses personnalités bien vues par son régime (parmi lesquels sa propre épouse)[9].

Bibliographie

  • « Le premier aryen d'honneur créé par Hitler », in Ici Paris, no 20, .

Notes et références

  1. (de)« Den Begriff „Ehrenarier" gab es offiziell nicht, nur in der Umgangssprache. Er bedeutete wohl, daß ein jüdischer Mischling auf Grund seiner Stellung und Verdienste im Reich wie ein Arier angesehen wurde und keinerlei Anstalten machen mußte, eine Besserstellung oder Gleichstellung durch Hitler zu erreichen. » in John Steiner et Jobst Freiherr von Cornberg, « Willkür in der Willkür : Befreiungen von den antisemitischen Nürnberger Gesetzen », , p. 162.
  2. Faligot et Kauffer 1990, p. 19-33, 40 à 47, 172-179.
  3. Léon Poliakov, L’Étoile jaune, Paris, Grancher, 1999,1re éd. 1949, p. 54 lire en ligne
  4. Frédéric Worms, Actualité de Bergson, Paris, PUF, 2007.
  5. Michel Onfray, « La première vie de Jankélévitch », France Culture, .
  6. Pascal Ory (professeur à l'université de Paris I), « Joano le ferrailleur », in L'Histoire, no 341, avril 2009 présentation en ligne.
  7. Pierre Assouline, Le Dernier des Camondo, Gallimard, 1997, p. 269-270. ISBN 9782070745548
  8. « Autorisation de circuler, Nevers, Nièvre, France, 20e siècle, milieu », Musée d'Art et d'Histoire du judaïsme, (consulté le )
  9. Laurence Rees, Holocauste: Une nouvelle histoire, Albin Michel, 2018, pages 301-302.
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