Échiquier politique
« Échiquier politique » est une expression idiomatique qui rapproche métaphoriquement le positionnement des partis politiques, mouvements politiques, et courants politiques d'une société au positionnement des pièces d'un jeu d'échecs sur un échiquier. Dans l'image de l'échiquier, les organisations politiques sont placées, telles les pièces d'un jeu d'échecs, à gauche si elles appartiennent à la gauche et à droite si elles appartiennent à la droite[1], et il est induit que ces organisations politiques diffèrent par leurs puissances et leurs importances, tout comme la dame et le roi diffèrent des pions.
Pour l’article homonyme, voir Échiquier.
On assimile souvent dans le langage courant à un échiquier n'importe quelle représentation d'un paysage politique : ces représentations peuvent être une simple échelle, ou un graphique à deux ou trois dimensions dont les axes représentent différentes variables (par exemple l'importance donnée aux libertés économiques). À la place d'échiquier politique, on parle dans de nombreuses langues, notamment en anglais et en allemand, de « spectre politique », en référence au spectre de décomposition de la lumière blanche.
Distinction gauche-droite
Par échiquier politique, il est en réalité souvent fait référence à une simple échelle gauche-droite. Cette échelle va de l'extrême gauche et la gauche représentée par les partis socialistes, les mouvements anarchistes/libertaires et communistes, puis, en passant par les sociaux-démocrates, la droite (partis conservateurs, économiquement keynésiens) et l'extrême droite.
Ces classifications sont différentes d'un pays à l'autre, et à chaque pays correspond un échiquier politique particulier. Ce qui se situe à gauche sur l'échiquier politique d'un pays peut se trouver à droite sur l'échiquier politique d'un autre pays. Les positions des différentes organisations politiques d'un pays les unes par rapport aux autres sont donc relatives.
Représentations alternatives
Certains analystes politiques affirment que le clivage gauche-droite, qui est fondamental dans l'idée que le paysage politique puisse être représenté sous forme d'échiquier, est devenu inadéquat[n 1].
D'autres axes que l'axe gauche-droite sont utilisés :
- Le degré d'intervention de l'État, créant ainsi une échelle allant du totalitarisme à l'anarchisme.
- L'importance de l'écologie dans les programmes politiques.
- Le rôle de l'Église : cléricalisme / laïcisme. Cet axe, selon les pays, est parfois directement superposé à l'axe droite/gauche.
- La politique étrangère : interventionnisme / isolationnisme.
- En liaison avec la politique étrangère, le militarisme : bellicisme et pacifisme dont les partisans dans certains pays sont désignés par les termes de « faucons » et « colombes ».
- Le commerce extérieur : Sous ce sujet on peut décrire différents axes, concernant la mondialisation des échanges (libre-échangisme/protectionnisme), ainsi que le type de mondialisation souhaitée (cf également l'article altermondialisme).
- La politique d'immigration : multiculturalisme / assimilationnisme / nativisme.
- La représentativité du pouvoir : démocratie / oligarchie ou monarchie. Également sur ce thème les différentes conceptions républicaines.
- Le type d'évolution de la société : révolution, progressisme, conservatisme, réaction.
- La forme de l'État : unitaire / fédéral.
- En Europe : l'intégration dans l'Europe : souverainisme / fédéralisme.
Diagramme de Nolan
Un autre modèle est celui du libertarien David Nolan. Ce diagramme montre ce qu'il considère comme les « libertés économiques » (comme le niveau des impôts, le marché libre et la libre entreprise) sur l'axe des abscisses, et les « libertés individuelles » (liberté de circulation, laïcité, libre possession de son corps qui regroupe la légalisation des drogues, l'avortement, l'euthanasie, etc.) sur l'axe des ordonnées.
Ceci place l'aile gauche en haut à gauche de ce diagramme, l'aile droite en bas à droite, les libertariens en haut à droite, et en bas à gauche les totalitaristes (d'extrême-gauche comme d'extrême droite). Ces derniers furent regroupés par Nolan sous l'appellation de populistes pour leur tendance à s'appuyer sur le « petit peuple », toutefois cela ne recoupe pas l'usage récent du terme populiste pour désigner des programmes économiquement très libéraux. L'axe gauche/droite est donc représenté par une diagonale traversant le diagramme du coin supérieur gauche au coin inférieur droit[3].
Political compass
Suivant largement la méthode d'Hans Eysenck, un autre modèle a été conçu, qui positionne les questions économiques sur l'axe horizontal et les questions de liberté sur l'axe vertical.
Diagramme de Pournelle
Le diagramme de Jerry Pournelle classe les idéologies en fonction de leur degré d'étatisme et de rationalisme, par deux axes, un en abscisse qui va de l'« État comme mal ultime » au « culte de l'État », et un en ordonnée qui va de l'« irrationalisme » à la « raison intronisée ». Le rationalisme y est défini comme la croyance en un progrès social planifié, avec en haut du diagramme ceux qui croient que les problèmes de société peuvent être résolus rationnellement, et en bas ceux qui redoutent de telles approches.
Modèles à trois dimensions
Deux modèles cubiques ont été construits d'après le diagramme de Nolan :
- Celui du Friesian Institute ajoute aux deux axes déjà existant un troisième représentant les libertés « positives » (droits politiques).
- L'autre s'intitule la Vosem Chart, et décompose les « libertés économiques » en « liberté d'entreprise » et « gouvernance / liberté de s'informer et de participer aux décisions ».
Notes et références
Notes
- « Cette distinction-là, telle qu'on l'a connue jusqu'à une période récente, a perdu l'essentiel de sa signification[2]. »
Références
- Exemple de représentation sous forme d'échiquier du paysage politique français au moment de l'élection présidentielle de 1995.
- Alain de Benoist, « L'effacement du clivage droite-gauche », dans Critiques, théoriques, L'AGE D'HOMME, (ISBN 9782825117590, lire en ligne), p. 227.
- Selon le site de "www.theadvocates.org" consulté le 27 novembre 2012.
Voir aussi
Articles connexes
- Science politique
- Pouvoir politique
- Mouvements et partis politiques
- Alternance politique
- World Values Survey
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