Droite (politique)

En politique, le terme de droite désigne à l'origine la partie droite de l'Assemblée nationale dans l'hémicycle, vu de la place de son président, en France : à l'époque de la Révolution française, les députés favorables au régime monarchique se placèrent à droite car symboliquement la droite représente dans la tradition ce qui est préférable et doit servir de règle. On retrouve notamment ce sens dans les expressions suivantes : « Être assis à la droite du père » et « Être le bras droit de quelqu'un ». En latin, « dexter » veut d'ailleurs dire « à droite » ou « favorable », tandis que « sinister » est « à gauche » ou de « mauvais augure ».

Pour les articles homonymes, voir Droite.

Par la suite, l'appellation « droite » a perduré et fut utilisée pour désigner les idées de ceux qui, à des degrés divers, sont restés attachés à une vision classique de la politique, contrairement à la « gauche », tournée vers une conception moderne[1]. Les courants politiques dits de droite correspondent plus généralement à des courants politiques ayant une doctrine, une tradition ou une idéologie plutôt conservatrice manifestant en tout cas un certain attachement à l'ordre, considéré comme juste ou comme un moindre mal[2],[3]. En effet, la droite refuse d'accorder du crédit en la croyance progressiste des Lumières de la perfectibilité de l'Homme, alors défendue par les socialistes et les libéraux[4],[5]. Les conservateurs sont plutôt enclins à défendre la culture, non comme source de progrès moral, mais comme moyen de brider les mauvais penchants de l'Homme ; ce dernier étant pourvu du libre arbitre[6]. Ce qui caractérise la droite est alors le pessimisme anthropologique, le sens du tragique et le rejet de l'utopie[7],[8],[9],[10],[11].

La droite inclut des familles de pensée de type réactionnaire (comme le légitimisme) mais, historiquement, elle n'a cessé depuis son apparition de perdre ses valeurs les plus conservatrices[MW 1] : le phénomène est à relier au sinistrisme.

D'après Michel Winock, on ne devrait pas parler de droite au singulier, mais davantage des droites, qui, dès l'origine, ont divergé et se sont opposées[MW 1]. La diversité des droites commence par la diversité des démocraties libérales : la droite espagnole n'est pas la droite française[MW 1]. D'autres distinctions viennent ensuite.

Cependant, certains auteurs estiment qu'il est possible de donner une définition universelle (c'est-à-dire indépendante de considérations historiques ou géographiques) de l'état d'esprit philosophique qui anime la droite. Louis Le Carpentier fait ainsi état de « la reconnaissance d'un ordre naturel (ou universel) et objectif des choses, l'adhésion à ce même ordre, et la volonté effective d'agir - non seulement à l'échelle individuelle, mais aussi et surtout à l'échelle collective - en conformité avec lui, ainsi de l'actualiser dans la société politique »[12].

Origine

Le traitement du roi français Louis XVI est l'objet de profondes divisions dans le paysage politique français après 1789 : la question du veto royal sur les décisions de l'Assemblée, puis celle de la condamnation à mort du roi[N 1],[MW 2]. Ce sont les premières controverses qui vont diviser ce qui sera convenu d'appeler la Droite et la Gauche.

L'origine du terme « droite » remonte à la Révolution française, bien qu'il faille un certain temps avant que cette division devienne caractéristique de la politique française[MW 3]. Lors des débats de l'Assemblée constituante de la monarchie constitutionnelle de 1791 et à la position occupée par les partis politiques dans l’hémicycle. Lors du vote sur la question du veto royal le , les députés favorables au maintien d'un pouvoir de blocage du roi, c’est-à-dire d'un contrôle du pouvoir législatif par l'exécutif[N 2], c'est-à-dire les députés favorables au veto, royalistes et conservateurs, se rangèrent à droite du président de séance, les députés hostiles au véto royal se rangèrent à gauche[MW 4]. La pratique est restée et s'est ensuite largement étendue dans le reste de l'Europe[réf. nécessaire].

Il faut distinguer dès sa création deux branches de la droite : la droite contre-révolutionnaire, hostile à tout changements et réformes induits par le processus révolutionnaire, cherchant à préserver l'Ancien Régime[MW 5] ; et la droite libérale, avec à sa tête Jean-Joseph Mounier, qui recherche des réformes profondes de la France d'alors, avec comme modèle la monarchie parlementaire anglaise[MW 6].

On a aussi pu évoquer les Girondins, ancêtres de la droite, ainsi que les Montagnards (qui siégeaient haut dans l'hémicycle), qui représentaient alors la gauche, ainsi que la Plaine, sorte de centre d'alors[MW 2].

Le fait de devenir majoritaire pour les opposants d'origine, n'a pas entraîné de permutation de places dans l'Assemblée. La disparition du royalisme n'a pas non plus modifié la structuration des places de l'Assemblée.

Les mots droite et gauche sont chargés de signification symbolique. Il est constant à travers les cultures qu'il y ait une prééminence pour la droite, qui peut exprimer la droiture, la dextérité tandis que la gauche renvoie à l'idée de détour, ou d'instabilité, d'erreur[réf. nécessaire]. Il est une autre division, que le succès de la division droite-gauche met au second plan : c'est la division haut-bas. Cette dernière implique plus franchement une hiérarchie des catégories ordonnées et est pour cela rejetée par la révolution française au profit des deux pôles droite-gauche alignés sur un plan horizontal[13].

L'historien Dale Van Kley considère que les origines de la droite seraient beaucoup plus lointaines que leur formalisation. Elles remonteraient au moins à la fondation du parti dévôt, vers 1750, voire à la ligue ultra-catholique et gallicane des guerres de religions du XVIe siècle. À l'inverse, les origines de la gauche seraient, selon ce même auteur, à chercher dans le jansénisme voire dans le calvinisme[14].

Droite et gauche en politique

Le regard de l'historiographie a évolué sur ce clivage dont les modalités restent débattues.

Version traditionnelle

  • Le clivage gauche-droite date de la Révolution française.
  • Il y a un homme de gauche au XIXe siècle (Jacques Néré).
  • La Troisième République est gouvernée à gauche jusqu’en 1902 (René Rémond), cette conclusion étant « ratifiée par l’école historique française » (Jean-François Sirinelli).

Version aujourd’hui remise en question.

  • La Troisième République est gouvernée au centre et non pas à gauche jusqu’en 1902. C'est le point de vue de Jean-Pierre Rioux[15], qui est contesté par Jacques Julliard.
  • Il n’existe pas d’homme de gauche au XIXe siècle, selon Alain Corbin[16]. Cela reste contesté par Jacques Julliard et Maurice Agulhon.
  • Au XIXe siècle, le langage gauche-droite était réservé à la topographie parlementaire. C’est seulement vers 1900 qu’il commence à se répandre dans la population. Ce fait, établi par Marcel Gauchet[17], est entériné par Jacques Julliard[18], ainsi que par les nouvelles générations qui étudient le sujet[19].

Valeurs

Margaret Thatcher, une des premières femmes chef de gouvernement du monde moderne, en lançant la « révolution conservatrice » de la décennie 1980, est caractéristique de la droite de la deuxième moitié du XXe siècle, tant par ses positions conservatrices que par son libéralisme économique.

En politique, les valeurs ont un caractère parfois transversal et peuvent se retrouver, selon les cas, à droite comme à gauche. Il s'agit par exemple de la liberté, de la nation, de la justice ou de la tolérance. Comme le constate René Rémond, un des principaux spécialistes de la droite, la plupart des thèmes et valeurs ont circulé entre la gauche et la droite. À partir de la Révolution française, la gauche, socialiste ou libérale, qui fait l'apologie de la liberté individuelle tandis que la droite, opposée aux idées des Lumières, lui oppose l'importance de l'autorité, de l'abnégation, des fins collectives, de la famille. C'est alors la droite qui défend l'importance de l'autorité contre une gauche soupçonneuse de tout pouvoir. Concernant la question de l'unité et de la diversité, les positions se sont totalement inversées : la gauche qui défendait l'unité jacobine de la France et s'attachait à faire refluer les particularités, qu'elles soient de langue ou de droit, défend désormais la diversité et a fait voter les lois de décentralisation. Concernant la colonisation, les positions se sont inversées : l'effort de colonisation était soutenu par la gauche, contre une droite qui rechignait, mais à partir de 1950 et du mouvement de décolonisation, c'est la gauche qui soutient l'indépendance et la droite qui cherche à conserver ces territoires. Citons encore le cas de l'écologie, qui peut aussi bien être interprété comme un thème de gauche que comme un thème réactionnaire et donc de droite[13].

Cependant usuellement, les valeurs suivantes sont considérées comme étant caractéristiques de la droite : liberté[20], hiérarchie, ordre, sécurité, tradition, conservatisme ; par opposition, les valeurs suivantes sont généralement considérées comme étant de gauche : égalité, solidarité, progressisme, insoumission, etc.

Alain de Benoist donne les valeurs communes suivantes des mouvements de droite :

  • L'idée que l'homme est toujours modelé (mais pas forcément déterminé) par des valeurs qui lui sont antécédentes et dont il a hérité ;
  • Une certaine aspiration à l'ordre social ;
  • La tendance à pencher en faveur de la liberté et non de l'égalité, lorsque l'une et l'autre entrent en conflit ;
  • L'idée que la société est plus que l'addition des seuls individus qui la composent ;
  • Une certaine tendance à privilégier le concret par rapport à l'abstrait (Joseph de Maistre), l'organique par rapport au pur intellect, le particulier par rapport au général, la puissance par rapport à la connaissance (ou la « vita activa » par rapport à la « vita contemplativa »)[21].

Par la suite, Louis Le Carpentier relève que « les cinq valeurs essentielles ou fondamentales de la Droite sont […] le mérite (pour la droite républicaine, le centre droit), l'ordre, la réalité, la tradition et la force d'âme »[22].

On retrouve traditionnellement à droite un goût pour la hiérarchie, la discipline et l'autorité que l'on peut expliquer par le pessimisme anthropologique [23],[8].

Périmètre

Diverses familles

La droite est souvent désignée comme conservatrice mais ce qualificatif est insuffisant pour représenter un ensemble de courants idéologiques et politiques aux positions parfois très différentes. En France par exemple, on trouve dans les mouvements généralement classés à droite des tenants de courants aussi hétérogènes que le radicalisme, la démocratie chrétienne, le libéralisme, le conservatisme, le souverainisme ou le nationalisme.

Selon les pays et les circonstances, certains de ces courants peuvent parfois être classés à gauche. Ainsi, les libéraux se retrouvent plus souvent à gauche lorsque l'interventionnisme économique y est prôné, et que la question politique se concentre sur les mœurs (cas des États-Unis où les libéraux sont assimilés à des sociaux-démocrates) ou, inversement, à droite, lorsque le libéralisme économique est dominant, et que les mœurs ne font pas débat (cas des principaux États d'Europe continentale comme la France) ou encore, dernière possibilité, ces deux aspects peuvent s'observer en même temps (cas de l'Allemagne ou des pays Scandinaves, par exemple).

Droite libérale

Adam Smith, l'un des penseurs des sciences économiques modernes et du libéralisme économique.

Les maîtres à penser de la droite libérale française du XIXe siècle sont Benjamin Constant et François Guizot[MW 7].

Benjamin Constant énonce par exemple les libertés qui doivent, selon lui et son courant de pensée, être exemptes de la pression de la loi : « la liberté individuelle, la liberté religieuse, la liberté d'opinion, dans laquelle est comprise la publicité (liberté de la presse), la jouissance de la propriété, la garantie contre tout arbitraire[MW 8]. » Il propose une monarchie parlementaire, où le roi ne règne pas, mais possède certaines prérogatives, et peut s'opposer au pouvoir d'une chambre législative démocratiquement élue. Un système judiciaire indépendant complète le système, conformément à la théorie libérale de la séparation des pouvoirs de Montesquieu[MW 9].

L'autre courant libéral de l'époque, plus conservateur, est représenté par François Guizot : celui-ci recherche à réconcilier le système monarchique traditionnel et la nouvelle France issue de la Révolution[MW 10]. Cette droite modérée s'oppose à sa gauche aux Jacobins, et à son extrémisme politique responsable de la Terreur[MW 11], et à sa droite aux Ultraroyalistes, qui prônent un retour à la monarchie absolue de l'Ancien Régime[MW 10].

Cette droite-ci s'appuie sur la bourgeoisie montante, et défend les principes de liberté et d'égalité des droits[MW 11] ; le régime qu'elle a appelé de ses vœux est constitutionnel et libéral[MW 12].

L'idée première de Guizot est de rétablir un ordre dans la société française, mais point par la violence ; cet ordre doit être consenti par la population pour être durable[MW 11]. Pour parvenir à cette unité nationale, il investit beaucoup dans l'éducation des masses, l'école devant devenir un vecteur d'unité, de stabilité, en déjouant la montée des passions[MW 13].

Durant tout le XXe siècle et dans de nombreux pays, la droite libérale jouera un rôle politique de premier plan. Elle s'appuiera d'ailleurs pour ses politiques économiques sur un corpus de textes d'auteurs libéraux, dont la référence première de ce courant est le « père de l'économie moderne », Adam Smith. Des économistes néo-libéraux comme Friedrich Hayek, Ludwig von Mises ou encore Milton Friedman peuvent être situés dans la lignée d’Adam Smith.

En France, on peut retrouver dans Valéry Giscard d'Estaing une prolongation de ce mouvement de pensée[MW 14].

Droite bonapartiste

Le gaullisme, centré sur la figure du fondateur de la Ve République, est une prolongation moderne du bonapartisme[réf. nécessaire].

Cette droite est caractéristique de Napoléon Ier, qui instaure un régime bonapartiste après le Coup d'État du 18 brumaire[MW 15]. Le régime est d'inspiration monarchique, mais il repose sur la souveraineté populaire, et non plus le droit divin de l'Ancien Régime[MW 15].

Se fondant sur un plébiscite, il se fait élire « Consul à vie » par les Français avec une majorité écrasante de 3 568 885 accords contre 8 374 oppositions[MW 15].

Si on a pu qualifier cette période de « despotisme éclairé », l'ampleur des réalisations de Napoléon est considérable, et a joué un rôle fondamental dans la formation de la France moderne : redressement des finances publiques, création du Code civil, création des Préfets, des Lycées, des Grandes écoles comme l'École centrale[Lequel ?], de la Cour des comptes, du Conseil d'État, ainsi que mise sur pied de la Banque de France[MW 16].

Caractériser le régime du Second Empire de son neveu Napoléon III est plus difficile. Si le régime aspire toujours à l'ordre social et de l'unité nationale[MW 17], le régime s'aliène les milieux d'affaires avec le Traité franco-anglais de libre-échange de 1860, le régime développe aussi une branche sociale en reconnaissant le droit de grève en 1864[MW 18].

Les soutiens du bonapartisme, vers le milieu du XIXe siècle sont les espaces ruraux, les armées, l'administration, ainsi que le clergé[MW 19].

Le principe central en est l'autorité, et on peut voir dans le gaullisme une continuation contemporaine de cette droite[MW 20]. Dans un esprit de rassemblement et d'unité nationale, la droite bonapartiste, qui se voulait l'incarnation de la France entière, a pu par le passé nier d'être de droite, afin de ne pas diviser le pays en clans partisans[MW 21].

Droite « contre-révolutionnaire »

Le nom de cette droite provient de son refus de la Révolution française. Y sont rassemblés tous ceux qui s'opposent aux changements alors en cours, notamment les royalistes et les conservateurs[MW 5]. Initialement, elle compte parmi ses orateurs l'abbé Maury, un académicien[MW 6]. Ne pouvant freiner la démocratisation de la France d'alors, les membres de cette droite chercheront à fuir le pays, comme l'a fait le frère de Louis XVI, le Comte d'Artois[MW 6].

La Restauration de 1814-1815, qui porte Louis XVIII au pouvoir, représente une victoire des héritiers de la droite contre-révolutionnaire[MW 22]. Le Roi, recherchant le compromis, accorde au peuple français une Charte constitutionnelle garantissant l'égalité des citoyens devant la loi, la liberté de culte, la liberté de presse, et qui surtout prive le Roi de son pouvoir législatif au profit de Chambres élues. Les Ultras, « plus royalistes que le Roi », y sont eux opposés[MW 22].

Parmi les bases intellectuelles de l'ultracisme, on trouve les écrits de Joseph de Maistre et Louis de Bonald[MW 23]. Pour eux, il existe un ordre naturel fondé sur la religion, les coutumes, la tradition, que les Révolutionnaires ont détruit, en lui substituant les fausses valeurs de liberté et de droits de l'homme[MW 23].

Ce courant entretient une haine farouche du protestantisme, qui promeut l'individualisme, lui préférant le devoir de soumission du catholicisme[MW 22].

Notion de « droite radicalisée »

Depuis les grands mouvements migratoires en Occident, le globalisme, le multiculturalisme, et surtout les attentats du 11 septembre 2001, est née et émerge une génération de partis qui récupèrent certaines thématiques de l’extrême droite proprement dite : c’est celle que Jean-Yves Camus nomme les « droites radicalisées »[24]. Il s’agit de partis issus de scissions droitières de formations conservatrices et/ou libérales et démocratiques, combinant au plan programmatique soit le libéralisme économique avec une dose de protectionnisme, soit une opposition à la mondialisation libérale et à la construction européenne fédérale (donc favorables à l’Europe des nations et à l'État-Nation).

Cette nouvelle génération se compose selon cet auteur de la Liste Dedecker en Belgique ; du Parti pour la liberté de Geert Wilders aux Pays-Bas ; du Mouvement pour la France (MPF) de Philippe de Villiers et du Mouvement citoyens genevois (MCG) et Mouvements citoyens romand (MCR) en Suisse romande.

Extrême droite

Le terme d'« extrême droite » désigne des mouvements variés, prenant forme à la fin du XIXe siècle[25], souvent caractérisés par l'autoritarisme, le nationalisme, et le traditionalisme[réf. à confirmer]. Ils sont souvent en opposition avec les principes de liberté et d'égalité défendus par la droite dite « modérée » ou « républicaine »[réf. nécessaire], terme hérité de l'époque où la droite était principalement monarchiste. De plus, le nationalisme a assuré la primauté et même l’exclusivité à l'extrême droite. Mais selon Cas Mudde, les mouvements idéologiques d'extrême droite comportent pas moins de 26 grandes définitions existantes avec 58 critères[25]. Cependant, l'extrême droite s’est trouvée face à de nouveaux problèmes lui imposant une nouvelle définition. Pour Jean-Yves Camus, les idéologues anti-extrême droite, notamment les antifascistes, ont eux aussi souvent usé du terme « extrême droite » de façon « simplificatrice et péremptoire »[26].

En France, le poids électoral de l'extrême droite est relativement important dans les années 1930 et à partir du début des années 1980. Cependant, le mode de scrutin majoritaire semble être un frein à son accession au pouvoir : Jean-Marie Le Pen a réalisé 17,8 % des suffrages contre Jacques Chirac au second tour de la présidentielle de 2002 et Marine Le Pen 33,9 % face à Emmanuel Macron au second tour de celle de 2017.

Droitisation et droite décomplexée

La droitisation[27] signifie l’évolution vers la droite d’un parti politique, d’un électorat ou d’une société. L’usage du terme est souvent accolé à la métaphore de la pente glissante : on parlera notamment de « dérive droitière ». Évoquer la droitisation d’un parti de droite est une manière de pointer un rapprochement de l'extrême droite[28].

Sociologie

Le vote ouvrier traditionnellement dévolu à gauche s'est orienté à droite au cours des trente dernières années[29]. Assez traditionnellement, la jeunesse a tendance à voter à gauche, alors que les seniors votent plus volontiers à droite[MW 24].

L'électorat le plus assidu de la droite républicaine sur-représente les chefs d'entreprises, les artisans, les commerçants, ainsi que les professions libérales[MW 25]. Une autre constante est celle des catholiques pratiquants, qui plébiscitent la droite républicaine, mais restent hostiles à l'extrême droite[MW 26].

Psychologie

Il existe une variété d'études cherchant à découvrir des éléments psychologiques au fondement des orientations politiques[réf. nécessaire]. Une de ces études a déterminé que les personnes de gauche sont moins capables d'anticiper les jugements moraux des personnes de droite que l'inverse ce qui montrerait un échec de la gauche à comprendre les valeurs de la droite[30].

Cartographie

La doctrine des droites varie selon les pays. Par exemple, la droite espagnole représentée par le Parti populaire s'est fortement opposée au gouvernement Zapatero (2004-2011) lors des réformes destinées à faciliter le divorce, l'avortement ou le mariage homosexuel, alors que la droite parlementaire française est comparativement bien moins farouchement opposée à ces réformes sociétales[MW 1]. À l'inverse, en Belgique, la famille libérale flamande s'est montrée presqu'unanimement en faveur de la loi sur le mariage homosexuel[31].

Canada

Québec

États-Unis

Aux États-Unis, le système politique facilite la bipolarisation en faveur du Parti démocrate et du Parti républicain. Cette opposition se fait sur des thèmes qui ont historiquement varié et qui ne recouvrent pas le clivage classique droite/gauche tel qu'il est connu en Europe. Abraham Lincoln, républicain, s'est opposé aux démocrates du Sud esclavagistes et le mouvement progressiste a soutenu le président Theodore Roosevelt. Depuis les années 1960 avec la candidature de Barry Goldwater à l'élection présidentielle de 1964, puis la révolution conservatrice menée sous Ronald Reagan, le parti républicain est globalement considéré comme plus conservateur et plus à droite que le parti démocrate.

Néanmoins, localement, le parti démocrate peut rester aussi conservateur et proche de son adversaire républicain, notamment dans l'ouest, le centre et le sud du pays[réf. nécessaire]. Quelques observateurs estiment d'ailleurs qu'il n'y a pas de grand parti de gauche aux États-Unis (les démocrates seraient de droite, comme les républicains, les premiers étant cependant moins conservateurs que les seconds), ou même qu'il n'y a ni gauche ni droite dans ce pays[32][source insuffisante].

Europe

Le Parti populaire européen est un rassemblement de partis de droite européens, rassemblant plusieurs des plus hautes figures politique de l'Union européenne comme José Manuel Durão Barroso (ancien président de la Commission européenne), Angela Merkel (chancelière allemande) ou Mariano Rajoy (président du gouvernement espagnol).
Tendances de la droite française

Selon René Rémond, historien politique, il existe en fait trois traditions de droite, distinctes et concurrentes :

Selon René Rémond, ces différentes traditions sont distribuées inégalement selon les époques, mais les tendances évoluent peu, même si les partis, les hommes qui l'incarnent et les régimes politiques (monarchie ou république) changent.

Mouvements politiques actuels

En France, on distingue de nombreuses tendances à droite, certaines représentées par des partis, d'autres relevant plus du mouvement associatif :

(* il en existe de gauche)

Autres tableaux sur le clivage gauche-droite de 1789 à 2004

Suisse

En Suisse, il existe plusieurs partis de droite (cités ici du centre droit à l'extrême droite) :

Belgique

À l'extrême droite :

À la droite radicale[pas clair] :

Au centre droit :

Italie

L'usage de droite et gauche politique ne s’est imposé que depuis 1994 dans l’histoire de l’Italie républicaine[33]. Mais à l’origine, cette division remonte au début de l’histoire de l’Italie républicaine, c'est-à-dire vers la période 1861 à 1876.

Notes et références

  1. Les Montagnards, la gauche d'alors, étant favorable à un régicide, alors que les Girondins s'y opposaient
  2. Conformément à la théorie de la « séparation des pouvoirs » de Montesquieu

Michel Winock, La Droite, hier et aujourd'hui, Perrin, 2012

  1. p. 8
  2. p. 21-22
  3. p. 11
  4. p. 12
  5. p. 13
  6. p. 14
  7. p. 43.
  8. p.45
  9. p. 46.
  10. p. 48
  11. p. 49.
  12. p. 44.
  13. p. 49-50.
  14. p. 139.
  15. p. 59
  16. p. 60
  17. p. 65
  18. p. 61
  19. p. 68
  20. p. 229
  21. p. 70
  22. p. 25
  23. p. 26
  24. p. 169
  25. p. 170
  26. p. 171
  27. p. 227
  28. p. 71
  29. p. 228

Autres références

  1. Claude Polin et Claude Rousseau, La cité dénaturée. Cité classique contre cité moderne, Poitiers, Éditions PSR, 1997.
  2. (en-US) « What is Classical Conservatism? », sur Fact / Myth,
  3. Cerverette, « Donoso Cortés, par Guy Augé », sur Vive le Roy,
  4. Florence Lotterie, « Le progrès désenchanté : la perfectibilité selon Constant, ou le malaise libéral », dans Le Groupe de Coppet et le monde moderne : Conceptions — Images — Débats, Presses universitaires de Liège, coll. « Bibliothèque de la faculté de philosophie et lettres de l’université de Liège », (ISBN 979-10-365-1654-2, lire en ligne), p. 273–288
  5. Camille Dejardin, « Le meilleur du socialisme », sur Cairn,
  6. « Traité du libre arbitre - Wikisource », sur fr.m.wikisource.org
  7. Laurent Martin, « Le pessimisme culturel. Civilisation et barbarie chez Freud, Elias, Adorno et Horkheimer », Histoire@Politique, vol. 26, no 2, , p. 5–16 (ISSN 1954-3670, lire en ligne)
  8. Aimeric Jardin, « La gauche et la droite face au péché originel : la théologie politique de Léo Moulin », sur PHILITT,
  9. « 30Giorni | Reinhold Niebuhr et le réalisme politique de saint Augustin (par Gianni Dessì) », sur www.30giorni.it
  10. « Conservatisme vs/ utopie », sur Fondation du Pont-Neuf
  11. « Pierre Ponchon - Thucydide philosophe: la raison tragique dans l'histoire. Horos. | La Vie des Classiques », sur www.laviedesclassiques.fr
  12. Louis Le Carpentier, L'Esprit de Droite, analyse morale et politique, Reconquista Press, , 144 p. (ISBN 978-1-912853-17-5), p. 132
  13. L'Histoire, nr162, janvier 1993, La droite, 1789-1793, Les hommes, les idées, les réseaux
  14. [PDF]Dale van Kley, Les Origines religieuses de la révolution française Sur le site ahrf.revues.org
  15. J.-P. Rioux, Les Centristes de Mirabeau à Bayrou, Fayard, 2011
  16. A. Corbin dans J.-J. Becker et G. Candar (dir.), Histoire des gauches en France, vol. 1, La découverte, 2004
  17. M. Gauchet, dans P. Nora (dir.), Les Lieux de mémoire
  18. J. Julliard, Les Gauches françaises. Histoire, politique et imaginaire 1762-2012, Flammarion, 2012
  19. S. Aebischer, Gauche-Droite. Au-delà de cette limite la politique n'est plus pensable, éd. N. Philippe, 2003, p. 67 ; M. Dury, La Droite et la Gauche. Les lois de la représentation politique, éd. ESKA, 2001, p. 49 ; C. Voilliot et X. Landrin, dans J. Le Bohec et C. Le Digol, Gauche-droite. Genèse d’un clivage politique, PUF, 2012
  20. Michel Winock, La Droite, hier et aujourd’hui, Perrin, 2012, p. 112
  21. Alain de Benoist, Vu de droite
  22. Louis Le Carpentier, L'Esprit de Droite 2, les hommes qui l'incarnent, Reconquista Press, , 124 p. (ISBN 978-1-912853-24-3), p. 91-92.
  23. Jean Zaganiaris, « Réflexions sur une « intimité » : Joseph de Maistre et Carl Schmitt », sur Cairn,
  24. Jean-Yves Camus, L'extrême droite : une famille idéologique complexe et diversifiée, La Pensée et les Hommes, no 68, Bruxelles, juin 2008
  25. Nicolas Lebourg, « Extrême droite : l’enjeu de la définition », Fragments sur les Temps Présents, le 26 septembre 2008.
  26. Jean-Yves Camus, « L'extrême droite : une famille idéologique complexe et diversifiée », La Pensée et les Hommes, no 68, Bruxelles, juin 2008.
  27. Dossier droitisation, Le Huffington Post.fr, Dossier mis à jour.
  28. « Droitisation: décryptage d'un quiproquo sémantique », Julien Longhi, Linguiste, vice-président du Think Tank Different, 22 novembre 2012.
  29. Les électorats sociologiques - Le vote des ouvriers, de l’alignement à gauche à une « droitisation » ?
  30. (en) William Saletan, « Why Won’t They Listen? ‘The Righteous Mind,’ by Jonathan Haidt », The New York Times, 23 mars 2012.
  31. Vincent, « Mariage homo en Belgique : il y a 10 ans, qui a voté quoi et pourquoi ? », sur arcenciel-wallonie.be (consulté le )
  32. À la lecture d'André Kaspi, Les Américains, Paris, Le Seuil, 1996, (ISBN 2-02-009360-X), et d'Howard Zinn, Une histoire populaire des États-Unis, De 1492 à nos jours, Marseille, Agone, 2002, (ISBN 2-910846-79-2), il semblerait que les différences politiques entre les deux partis ne soient pas aussi tranchées en raison du maintien au pouvoir que permettent les consensus dans les différentes chambres des représentants (le maintien du pouvoir deviendrait donc plus important que les réformes politiques).
  33. [PDF] OÙ EN EST LA DROITE ? Sur le site fondapol.org

Voir aussi

Corrélats

Idées et courants :

Bibliographie

 : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

  • René Rémond, Les Droites en France, Paris, Aubier Montaigne, coll. « Collection historique », , 4e éd. (1re éd. 1954, sous le titre La Droite en France de 1815 à nos jours : continuité et diversité d'une tradition politique), 544 p. (ISBN 2-7007-0260-3, présentation en ligne), [présentation en ligne], [présentation en ligne], [présentation en ligne].
  • Auguste Rivet, L’image de la droite (1871-1881) en Haute-Loire : in Cahiers de la Haute-Loire 1979, Le Puy-en-Velay, Cahiers de la Haute-Loire, (lire en ligne)
  • Marcel Gauchet, « La droite et la gauche », dans Pierre Nora (dir.), Les Lieux de mémoire, III, Les France, 1. Conflits et partages, Gallimard, Paris, 1992, rééd. coll. « Quarto », tome II, 1997, p. 2533-2600.
  • Marc Crapez, « De quand date le clivage gauche/droite en France? », Revue française de science politique, 48 (1), février 1998.
  • Paul-François Paoli, Comment peut-on être de droite ?, Albin Michel, 1999.
  • Alain de Benoist, Bibliographie générale des droites françaises, 4 vol., Coulommiers, Dualpha, coll. « Patrimoine des lettres », 2004-2005, 2365 p.
  • Jean-François Sirinelli (dir.), Histoire des droites en France, 3 vol., Paris, Gallimard, coll. « Tel », 2006 (1re éd. 1992), 956 p.
  • Xavier Jardin (dir.), Dictionnaire de la droite, Paris, Larousse, « À présent », 2007. (ISBN 2035826179)
  • Frédéric Boily, Le Conservatisme au Québec : retour sur une tradition oubliée, Québec, Presses de l'Université Laval, 2011.
  • Jacques Leclercq, De la droite décomplexée à la droite subversive, L'Harmattan, 2012.
  • Michel Winock, La Droite, hier et aujourd'hui, Perrin, 2012.
  • Emmanuel Terray, Penser à droite, éditions Galilée, 2013.
  • Guillaume Bernard, Le mouvement dextrogyre : la guerre à droite aura bien lieu, Desclée de Brouwer, 2016
  • Louis Le Carpentier, L'Esprit de Droite, analyse morale et politique, Reconquista Press, 2020, et L'esprit de Droite 2, les hommes qui l'incarnent, Reconquista Press, 2021
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