Bénigne Joly
Bénigne Joly, né en 1644 et mort en 1694, est un prêtre catholique français de Dijon. En 1873, le pape Pie IX lui octroya le titre de «Vénérable».
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Biographie
Ce dijonnais parfois appelé le « saint Vincent de Paul Bourguignon », était prêtre diocésain, prêtre du diocèse de Langres dont faisait partie alors la ville de Dijon.
Bénigne Joly est né en 1644 : son père était avocat au parlement, sa mère mourut quand il avait 12 ans. C’est à Paris qu’il poursuivit ses études dès qu’il eut 18 ans. Il y sera en contact avec les Lazaristes et avec les prêtres du séminaire Saint-Sulpice fondé par M.Ollier quelques années plus tôt. Saint Vincent de Paul est mort depuis 3 ans mais son souvenir est vif dans Paris.
En 1672, il est ordonné prêtre au séminaire des missions étrangères à Paris. Il revient à Dijon après 10 ans d’absence comme chanoine titulaire de la collégiale Saint-Étienne. Après une courte expérience d’enseignement dans un séminaire, il est nommé archidiacre, et reçoit la responsabilité de visiter les paroisses du diocèse.
Rencontre de la pauvreté
Le pays est alors en guerre et cela aggrave considérablement les conditions de vie de tous mais en particulier des moins fortunés. Il est témoin de l’augmentation de la mendicité. C’est en 1674 que commence pour lui son ministère auprès des pauvres : il veut d’abord les enseigner, leur distribuer des secours. Choisissant de les visiter à domicile, il veut à la fois leur apporter une aide matérielle mais aussi les évangéliser et leur donner une formation chrétienne.
Il va à la rencontre des pires situations et va faire des visites à la prison et il y rencontre des délinquants divers mélangés à des personnes mises en détention pour des dettes impayées : ces personnes, il va d’abord chercher à les libérer de leur dettes et à les sortir de ce lieu sordide.
De plus, Bénigne Joly fait des visites dans les deux hôpitaux de la ville. À cette époque, ces établissements accueillent non seulement des malades mais aussi des vieillards, des infirmes, des invalides, et comporte aussi un orphelinat, une pouponnière et un mouroir. L’hôpital Notre Dame de la Charité était alors tenu par les « Hospitalières du Saint Esprit » : quand il fallut les remplacer, les Filles de la Charité de Saint Vincent de Paul ont été sollicitées mais demandées de partout, Dijon ne peut alors les accueillir. Bénigne Joly est au courant de cette demande. En effet, en décembre 1677, il quitte Dijon pour Paris pour une expérience marquante dans sa vie spirituelle : il va suivre une longue retraite de quatre mois. C’est sans doute à cette occasion qu’il va décider de se consacrer le plus possible aux pauvres.
Dans les années suivantes, Bénigne Joly rédige des livres qu’on qualifierait aujourd’hui de livres de spiritualité : Le Secret de l’oraison mentale (1680), Les Exercices de piété pour employer saintement la journée (1682), etc.
Le « Bon Pasteur »
Attentifs aux soucis de son temps, il va œuvrer en plusieurs directions afin de servir les pauvres. Il fut rapidement considéré comme celui à qui on faisait appel dans toutes les entreprises charitables de la ville. Aussi lorsque celles qu’on appelait « des filles de mauvaise vie » demandèrent qu’on les aide à sortir de leur état, c’est vers Bénigne Joly qu’on se tourne. Il sollicite quelques amis de longue date pour l’aider dans cette tâche. Alors que le « Vieil hôpital » aurait dû assurer cette charge dans la répartition des responsabilités de l’époque, c’est à Bénigne Joly qu’on va demander de leur venir en aide, d’abord parce que l’hôpital était sans ressources et que les filles étaient elles-mêmes pauvres.
Sa première décision va être de louer une maison pour les accueillir et leur permettre de sortir de leur misère. Malgré des difficultés, son établissement va s’installer dans la vie dijonnaise sous le nom de « Bon Pasteur ». Il devra non seulement faire face à la défiance des notables mais aussi aux problèmes que pose un établissement de ce type : choix des responsables, organisations intérieures qui tiennent compte de la volonté de Bénigne Joly de permettre à ces filles de sortir un jour et de reprendre une vie dans la société, volonté d’accueillir toutes les filles y compris celles qui ne souhaitaient pas entrer dans la vie religieuse comme d’autres organisations le proposaient. Bénigne Joly tenait beaucoup à ce qu'elles réapprennent à mener une existence organisée, une vie commune avec des temps de travail et de prière.
Les nouvelles hospitalières
Depuis le début de son ministère, Bénigne Joly était un habitué des grandes salles de l’hôpital. S’il a fait ces visites pendant longtemps à titre privé, à partir de 1678, l’évêque de Langres le nomma supérieur de Notre Dame de la Charité et de l’hospice Sainte Anne. À l’hôpital, il y avait alors plus d’indigents que de malades.
De plus, il fallait alors remplacer les « sœurs du Saint Esprit » qui ne pouvaient plus assurer la responsabilité des soins de l’hôpital. Il se laissa convaincre de fonder une congrégation nouvelle. En 1682, trois jeunes filles se proposèrent et furent rapidement rejointes par d’autres originaires de Bourgogne, de Lorraine et de Paris.
En 1683, elles ont fait leur entrée à l’hôpital mais se sont trouvées rapidement en conflit avec les anciennes Hospitalières. C’est en janvier 1685 qu’eut lieu la première prise d’habits dans cette nouvelle congrégation qui se développa très rapidement. Bénigne Joly commença la rédaction d’une règle sur laquelle il travailla longuement. On peut constater qu’elle est très proche de celle que saint Vincent de Paul avait donnée à ses sœurs.
Le premier article résume l’intention de Bénigne Joly : « La fin vers laquelle Dieu a appelé et assemblé les Sœurs de cet hôpital, c’est pour honorer Notre Seigneur Jésus-Christ comme la source et le modèle de la charité, les servant en la personne des Pauvres, tant malades, soit spirituellement, soit corporellement. »
Ses autres activités pastorales
Les activités de Bénigne Joly étaient diverses : il n’y avait pas que le Bon pasteur et l’hôpital qui occupaient ses journées. Il était également chargé de visites pastorales dans le diocèse et il fut même élu visiteur par les Bénédictines de l’abbaye de Prâlon, près de Sombernon, où il passa beaucoup de temps.
Lors des visites qu’il faisait aux paroisses du diocèse comme au village de Prâlon, il prenait du temps pour exhorter, pour catéchiser. Il attachait beaucoup d’importance à cette tâche et devint très populaire auprès des enfants. Il avait à cœur la vie de foi de tous ceux qu’il rencontrait qu’il choisit de faire venir des Pères Lazaristes pour prêcher des missions. Il aurait aimé aussi accueillir des filles de la Charité de Saint-Vincent-de-Paul mais ce n’est qu’en 1686 que deux sœurs arrivèrent enfin à Dijon. Mais par la suite, il y en aura dans plusieurs paroisses.
Au fil des années, si Bénigne Joly est vraiment devenu l’animateur de toutes les œuvres caritatives de Dijon, il œuvre dans beaucoup d’autres directions et fonde une association de prière « réparatrice » qui se réunit chaque vendredi devant le Saint-Sacrement. Il va développer le culte du Sacré-Cœur et établir une confrérie du Sacré-Cœur pour assurer une adoration perpétuelle. Il rédigea aussi des opuscules pour aider les chrétiens à se défendre contre certaines doctrines qui se répandaient comme le jansénisme ou le quiétisme.
La fin de la vie de Bénigne Joly va être marquée par la famine de 1693 puis en 1694 par une épidémie de « fièvre pourpre » ou typhus dont Bénigne Joly lui-même mourra le 9 septembre 1694, tout juste après avoir rédigé la règle des sœurs hospitalières.
Canonisation
C’est en 1865 que les « sœurs Hospitalières de Notre-Dame de la Charité » entreprirent les démarches nécessaires pour introduire la cause de leur fondateur en vue d’un décret de canonisation. En septembre 1873, Pie IX donna son accord et Bénigne Joly reçut le titre de « Vénérable ».
Le Bon Pasteur après diverses évolutions resta ouvert à Dijon jusqu’en 1984. Les sœurs de la « congrégation de Notre-Dame de la charité de Bénigne Joly » sont encore présentes dans différents établissements de santé dans le diocèse : hôpital d’Auxonne, à la maison du clergé à Dijon, à la Maison des Fassoles.
Le corps de Bénigne Joly d’abord déposé au cimetière des pauvres puis à la chapelle de l’hôpital fut transféré à la clinique de la rue Gagneraux puis déposé en 1978 à la chapelle de la nouvelle clinique de Talant. À la suite de la vente de la clinique, le corps du vénérable Bénigne Joly a été déposé le 14 février 2007 dans le caveau de la congrégation au cimetière de Dijon.
Bénigne Joly fut profondément de son temps. Il a observé la situation de son époque et a voulu répondre aux besoins. Redonner de la vigueur aux paroisses, permettre un vrai catéchisme là où le clergé connaissait des difficultés (dues principalement à leur manque de formation en attendant que la création des séminaires décidée par le concile de Trente porte ses fruits), volonté de venir en aide aux plus nécessiteux que sont les personnes détenues, pauvres et malades.
Une clinique porte encore son nom à Talant. On connaît les « sœurs de Bénigne Joly » qu’on associe encore à la clinique tant elles y ont œuvré et continuent à y assurer une présence et une aide spirituelle auprès des malades.
Notes et références
Bibliographie
- Françoise Rouget, Un prêtre à Dijon : Bénigne Joly 1644-1694, Édition Évêché de Dijon, 1998.
- L'abbé Étienne Bavard (curé de Volnay), Vie du vénérable Bénigne Joly, le père des pauvres, Éditions Poussielgue frères, 1878.
Liens externes
- Ressource relative à la religion :
- Verrière figurée : Le vénérable Bénigne Joly, église du Sacré-Cœur, Dijon
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