Basij

Le Niruyeh Moghavemat Basij force de mobilisation de la résistance »), couramment appelé le Bassidj (transcrit aussi en Basij, le mot persan بسيج signifiant « mobilisé »), est une force paramilitaire iranienne qui a été fondée par l'ayatollah Khomeini en novembre 1979 afin de fournir des jeunes volontaires populaires aux troupes d'élite dans la guerre Iran-Irak.

L'emblème des Basidj.

Présentation

Les bassidjis sont des gens chargés de la sécurité intérieure et extérieure de l'Iran. Ils s'entrainent dans le but de défendre l'Iran face à une éventuelle agression militaire américaine, israélienne ou européenne. Les bassidjis sont actuellement une branche des gardiens de la révolution islamique. Un membre de cette force est appelé bassidji.

Recrutement

Au début du régime islamique et de la guerre Iran-Irak, les bassidjis sont recrutés principalement parmi les jeunes adolescents qui s'étaient engagés, pleins d'espoir, dans la Révolution, et qui refusent désormais l'usure de l'utopie à l'œuvre dans la majorité de la population, et parmi les jeunes chômeurs[1]. La jeunesse populaire, qui espère une promotion au front ou après, au sein de l'appareil d'État, est nombreuse à s'engager au bassidj[1]. Les bassidjis, qui sont près d'un demi-million à s'être engagés pendant la guerre, ont alors été employés comme chair à canon (ou candidats au chahid)[1]. Du fait de ses spécificités (vie sacrifiée à la Révolution khomeiniste, aisance relative des Bassidji comparés aux difficultés socio-économiques de l'Iran, cohésion exceptionnelle du groupe, etc.), le Bassidj a pu être qualifié de « contre-société »[1].

À la fin de la guerre en 1988, le successeur de Khomeini, l'ayatollah Ali Khamenei, décide de ne pas les démanteler et d'en faire une milice chargée de la sécurité intérieure[2]. Celle-ci sert également à encadrer des jeunes majoritairement défavorisés et sans emploi. Au contraire des gardiens de la révolution, leur engagement idéologique est fragile et bon nombre d'entre eux s'engagent pour des raisons uniquement matérielles, car leur statut de bassidji peut leur permettre d'accéder à l'université où des places leur sont réservées[3]. Leurs privilèges sont néanmoins bien moindres que ceux accordés pendant la guerre[1].

Organisation

Ils font partie des forces militaires et de sécurité iraniennes qui sont toutes sous l'autorité du Guide de la Révolution islamique, l’ayatollah Ali Khamenei, qui a ordonné « au gouvernement et aux responsables de sécurité ainsi qu’aux Bassidjis de réprimer les éléments corrompus et contre-révolutionnaires ».

Les forces militaires et de sécurité iraniennes comprennent à la fois :

  • le corps des Gardiens de la révolution islamique, les pasdaran, nés avec la révolution de 1979, qui représentent la garde prétorienne de la république islamique. Forts de quelque 125 000 membres, Les pasdaran sont très motivés sur le plan idéologique. Fer de lance de la sécurité intérieure et extérieure de l’Iran, ils disposent de forces terrestres (dont des unités anti-émeutes), aériennes et navales, ainsi que de services de renseignement ;
  • l’armée régulière, héritée dans sa structure de l’ancien régime impérial du chah, les forces de sécurité intérieures qui englobent depuis les années 1990 la police urbaine, la police judiciaire et la gendarmerie. Elles sont appelées officiellement « forces de l’ordre de la république islamique ». Elles se chargent également du respect du code vestimentaire et moral islamique en vigueur depuis la Révolution. Tout comme les Pasdaran, les forces de l’ordre comptent elles aussi des unités anti-émeutes urbaines ;
  • des bassidjis, jeunes miliciens ne portant pas d'uniforme militaire et évoluant en civil.

Effectifs

Le général de brigade commandant les Basij, Mohammad Hejazi, estimait le nombre de bassidjis à 10,3 millions en et à 11 millions en . Le , il a affirmé que les bassidjis comptaient plus de 11 millions de membres dans le pays. Selon d'autres sources[2], ils seraient 4 millions. Des sources russes ont affirmé que l'Iran planifiait de créer une troisième force terrestre qui compterait un million de membres des bassidjis. Cependant, ces plans n'ont pas été confirmés par l'Iran[4].

Tâches

Le bassidj constituent une « force d’intervention populaire rapide »[réf. nécessaire]. D'après Mohammad Hejazi pour l'agence de presse Fars : « Parmi les tâches les plus importantes des Basij, on compte : la sécurité, le renforcement des infrastructures de développement, l'équipement des bases de résistance, [et] augmenter le nombre d'emplois ». Il a aussi décrit la « prohibition du vice » et la « promotion de la vertu » comme la « politique divine » des bassidj.

Les bassidjis jouent un rôle fondamental auprès du régime théocratique, car toute contestation à l'encontre de son fondement peut aboutir à une intervention de cette milice islamiste. Par exemple, lorsque les étudiants ont manifesté en masse dans la capitale iranienne, la plupart des manifestants, qui scandaient des slogans contre le guide suprême Ali Khamenei, véritable dirigeant de l'Iran, ont été victimes des tortures des bassidjis. Depuis l'accès au pouvoir du pasdaran Mahmoud Ahmadinejad, les bassidjis bénéficient du plein pouvoir sur le plan sécuritaire du pays afin d'empêcher « toute démonstration anti-théocratique ». Lors des manifestations qui ont suivi la réélection contestée d'Ahmadinejad en juin 2009, ils sont soupçonnés d'avoir tiré sur la foule des opposants, provoquant la mort de plusieurs dizaines de manifestants dont Neda Agha-Soltan[2]. D'après l'Institut jordanien de diplomatie et GlobalSecurity.org, ils servent aussi à faire respecter les codes vestimentaires islamiques et d'autres lois iraniennes, et ils ont une branche dans pratiquement toutes les mosquées d'Iran[4],[5].

Bibliographie

Alain Chaoulli, L'avènement des jeunes bassidji de la République islamique d'Iran : une étude psychosociologique, Paris, L'Harmattan, , 218 p. (ISBN 978-2-336-00234-7)

Morgan Lotz, Comprendre les Gardiens de la Révolution islamique - Leurs engagements et leurs actions, L'Harmattan, mars 2022, 274p. ( (ISBN 978-2-343-25525-5))

Au cinéma

  • Chroniques d'un Iran interdit, film de Manon Loizeau sorti en 2009[6]
  • Bassidji, documentaire réalisé en 2009, présente les bassidjis de l'intérieur.

Notes et références

  1. Farhad Khosrokhavar, « "Bassidje", auxiliaires juvéniles de la révolution iranienne », Cultures et Conflits, 18, été 1995.
  2. "Les bassidji, milice poreuse du régime iranien" d'Olivier Tesquet, L'Express, 17 juin 2009
  3. Selon Azadeh Kian-Thiébaut, sociologue au centre Monde Iranien du CNRS, cité par L'Express, "Les bassidji, milice poreuse du régime iranien", 17 juin 2009.
  4. « Mobilisation de la Force de résistance », sur GlobalSecurity.org,
  5. (en) « L'utilisation d'enfants-soldats au Moyen-Orient et en Afrique du Nord », Jordan Institute of Diplomacy,
  6. http://www.arte.tv/fr/recherche/3940442.html

Annexes

Articles connexes

Bibliographie

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