Bataille d'Aïn Djalout
La bataille d'Aïn Djalout[10] oppose le le sultanat mamelouk d'Égypte à l'ilkhanat de Perse dans la vallée de Jezreel, actuellement en Israël. L'empire mongol y subit une défaite historique, qui arrête sa progression vers l'ouest, entamée par les conquêtes de Gengis Khan à partir de 1203.
Date | |
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Lieu | Maayan Harod, Vallée de Jezreel, Galilée (Israël)[1] |
Issue |
Victoire du Sultanat mamelouk d'Égypte
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Sultanat mamelouk | Ilkhanat (Empire mongol) Royaume de Géorgie Royaume arménien de Cilicie Ayyoubides |
Sayf ad-Dîn Qutuz Baybars | Ketboğa † |
15 000 à 20 000 hommes[2],[3],[4] | 10 000 à 12 000 hommes[5],[6],[7],[8] |
Inconnues | 1 500 morts[9] |
Historique
Contexte : invasion du Moyen-Orient par les Mongols
L'armée mongole menée par Houlagou Khan, sous le règne du grand khan Möngke, après avoir conquis l'Irak du califat abbasside et la Syrie, menace le Proche-Orient et l'Égypte. Mais la mort de Möngke perturbe le déroulement de la campagne mongole ; Houlagou se replie sur Tabriz, ne laissant en Syrie qu'une partie de l'armée sous le commandement du général Ketboğa.
Contre-offensive des Mamelouks d'Égypte
Le sultan mamelouk Sayf ad-Dîn Qutuz décide d'attaquer les Mongols et l'avant-garde égyptienne quitte Le Caire pour la Syrie le . La route directe vers Damas est tenue par des Croisés qui laissent passer les Mamelouks (le pape Alexandre IV avait interdit l'alliance avec les Mongols ; lesquels venaient en outre de ravager les environs de Sidon en représailles à une opération de razzia de Julien de Sidon).
Les troupes de l'il-khan mongol avec à leur tête le gouverneur de la région, Ketboğa, vont à leur rencontre, avec quelques auxiliaires arméniens et géorgiens qui leur étaient inféodés. L'affrontement a lieu en Palestine, quelques kilomètres à l'ouest d'Afoula dans la vallée de Jezréel, à Maayan Harod (“Source d'Hérode” ; Aïn Djalout en arabe, “Source de Goliath”), le (25 ramadan 658 AH).
Déroulement de la bataille
Au premier assaut, les Mamelouks s'enfuient, attirant les Mongols vers le fond de la vallée dont les hauteurs sont occupées par des unités d'infanterie recrutées localement.
Lorsque Ketboğa se rend compte du traquenard, il stoppe la poursuite et fait manœuvrer le gros de ses troupes. Tandis que ses premiers rangs s'enfoncent dans l'avant-garde mamelouke, ses cavaliers légers opèrent un mouvement tournant vers les collines de Galilée afin d'attaquer l'aile gauche.
L'avant-garde mamelouke est décimée, mais le gros des forces parvient à décrocher. Durant une grande partie de la matinée, la bataille est confuse, le sultan tente de reformer son aile gauche en y transférant des hommes de l'aile droite et en lançant des assauts violents.
Galvanisés par les appels du sultan qui monte en première ligne avec sa garde personnelle, les Mamelouks réussissent à tenir devant l'armée mongole et la mettent en échec.
Ketboğa tente de rétablir la situation qui tourne à son désavantage, mais en vain ; il est contraint de reculer jusqu'au village de Boisin près du Jourdain. Les Mamelouks donnent un dernier assaut, qui oblige les Mongols et leurs alliés à s'enfuir. En ce qui concerne Ketboğa, on ignore s'il est tué durant ce dernier combat ou s'il est fait prisonnier puis exécuté.
Bilan
Cette première grande défaite des Mongols marque la fin de leur avance vers l'ouest. Par la suite, d'autres tentatives mongoles pour s'emparer de la Syrie échoueront.
Cette victoire augmente grandement le pouvoir des Mamelouks, lesquels conserveront le contrôle de la Palestine et de la Syrie jusqu'à la conquête ottomane en 1516.
Notes et références
- Maplink : 32° 36′ nord, 35° 15′ est.
- (Simon 2014)
- (Nicolle 1990, p. 116)
- Waterson 2007, p. 75.
- (Amitai-Preiss 1995, p. 27)
- (Smith 1984, p. 310)
- (Blair 1995)
- (Smith 1984)
- Amitai-Preiss 1995, p. 43.
- Aïn Djalout en arabe : ʿayn jālūt, عين جالوت, source de Goliath. Ein Harod en hébreu : עין חרוד, source d'Hérode.
Bibliographie
- René Grousset, L’empire des steppes, Attila, Gengis-Khan, Tamerlan, Paris, Payot, 1938, quatrième édition, 1965, 669 p. (ISBN 978-2-262-00934-2 et 2-262-00934-1, présentation en ligne, lire en ligne), « Expédition de Hülegü en Syrie. », p. 451-460.
- Jean-Paul Roux, Histoire de l'empire mongol, Paris, Fayard, , 597 p. (ISBN 978-2-213-03164-4).
- Jacqueline Sublet et André Miquel, Les Trois vies du Sultan Baïbars, Paris, Imprimérie nationale éditions, coll. « orientale », , 256 p. (ISBN 978-2-110-81076-2).
- (en) John Masson Smith, Jr., Mongol Armies And Indian Campaigns, University of California, Berkeley,
- (en) John Masson Smith, Jr., Ayn Jālūt: Mamlūk Success or Mongol Failure?, coll. « Harvard Journal of Asiatic Studies », , p. 310
- (en) Reuven Amitai-Preiss, Mongols and Mamluks: The Mamluk-Ilkhanid War, 1260–1281, Cambridge, Cambridge University Press, (ISBN 978-0-521-46226-6, lire en ligne )
- (en) James Waterson, The Knights of Islam: The Wars of the Mamluks, London, Greenhill Books, (ISBN 978-1-85367-734-2)
- (en) Blair, S., A compendium of chronicles: Rashid al-Din's illustrated history of the world, Nour Foundation,
- (en) Simon John, Crusading and warfare in the Middle Ages : realities and representations, Burlington, VT, Ashgate Publishing Limited, , 258 p. (ISBN 978-1-4724-0741-2, présentation en ligne)
- (en) D. Nicolle, The Mongol Warlords: Genghis Khan, Kublai Khan, Hülägü, Tamerlane. Plates by R. Hook, Pole, Firebird books, , p. 116
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