Bataille de Kassab
La bataille de Kassab, appelée l'offensive al-Anfal par les rebelles, a lieu lors de la guerre civile syrienne. Le , les rebelles lancent depuis la Turquie une offensive sur la ville de Lattaquié. Ils s'emparent de Kessab, située sur la frontière, les loyalistes contre-attaquent et après des combats longtemps indécis, ils reprennent la ville le 15 juin.
Date |
21 mars – (2 mois et 25 jours) |
---|---|
Lieu | Kassab |
Issue | Victoire des loyalistes |
République arabe syrienne Hezbollah | Front islamique
Front al-Nosra Turquie |
• Hilal al-Assad † | • Abou Souhaib al-Turkmeni † • Ibrahim Benchekroun † |
inconnues | inconnues |
194 morts au moins 500 blessés au moins (selon l'OSDH, du 21 au 31 mars 2014)[1] | 128 morts au moins 230 blessés au moins (selon l'OSDH, du 21 au 31 mars 2014)[1] |
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Déroulement
Le 21 mars 2014, au nord, les rebelles lancent une offensive préparée depuis plusieurs mois et visant à prendre le gouvernorat de Lattaquié depuis la Turquie[2]. Ils franchissent la frontière à l'ouest et au sud-est de Kessab[2]. L'attaque part du mont Kassius et des villages turkmènes (en territoire turc) situés sur les hauteurs. Elle est menée par plusieurs groupes islamistes : le Front al-Nosra, Ansar al-Cham, Ahrar al-Cham et le Harakat Cham al-Islam[3],[4]. La 1re division côtière de l'Armée syrienne libre prend également part à l'offensive[5]. Les rebelles disposent de quelques chars et dès le premier jour ils s'emparent de la petite ville de Kessab[2].
Le 22 mars, les rebelles prennent la colline de site militaire dénommé « l’Observatoire 45 », l'armée syrienne contre-attaque rapidement et des combats acharnés et indécis ont lieu[6].
Le 23 mars, un MiG-23 syrien est abattu près de Kessab par un F-16 turc, le pilote parvient à s'éjecter[7]. La Turquie accuse la Syrie d'avoir violé son espace aérien, ce que la Syrie nie en dénonçant le soutien de la Turquie aux « groupes terroristes »[7].
Peuplée d'environ 5 000 habitants, la population du canton de Kassab est principalement chrétienne et Arménienne et compte aussi un tiers d'alaouites[8]. La prise de la ville par des groupes islamistes provoque l’émoi en Arménie et dans le monde. Depuis le début de la guerre civile en Syrie, les habitants de Kassab ont accueilli nombre de réfugiés de la diaspora arménienne fuyant les villes syriennes ravagées (dont ceux du village arménien de Yacoubié, vidé de sa population). Dès le début de l'attaque, presque toute la population arménienne de la ville prend la fuite en direction de Lattaquié, sans rencontrer d'opposition de la part des rebelles qui les laissent passer sur certains points[9]. Ces derniers publient des vidéos pour chercher à rassurer la population[2], le maire arménien de la ville, Vasken Chaparian, déclare qu'à sa connaissance, « aucun Arménien n'a été tué ou blessé »[10]. Cependant des pillages sont commis dans des maisons, l'église est incendiée, les murs sont tagués de graffitis anti-chrétiens, des tombes sont profanées et des statues détruites[11].
Le 25 mars, les rebelles prennent le village de Samra, donnant ainsi pour la première fois à la rébellion syrienne une ouverture sur la mer[2].
De violents combats s'ensuivent, notamment pour le contrôle de la tour 45[12], capturé par Ansar Al-Cham le 26 mars, reprise définitivement par l'armée syrienne le 3 avril. L'aviation syrienne pilonne les environs de Kassab[13]. Le front se stabilise et l'armée gouvernementale syrienne entame alors une contre-offensive. Le 28 avril, des commandos de l'unité Suqur Al Sahra (« les Faucons du Désert ») de l'armée syrienne reprennent le village d'al-Samra en débarquant depuis la mer, bloquant l'accès des islamistes à la mer[14].
Le 14 juin, face à la contre-offensive de l'armée syrienne et du Hezbollah, la plupart des rebelles abandonnent Kassab et se replient en Turquie[15]. Le 15 juin 2014, l'armée syrienne entre dans la ville et en reprend le contrôle après des combats contre quelques petits groupes rebelles[15]; Dans les jours qui suivent, les habitants commencent à rentrer chez eux[16].
Les pertes
Selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), les combats livrés du 21 au 30 mars font plus de 1 000 tués ou blessés, dont 128 morts chez les rebelles et 194 tués du côté des loyalistes[17],[1].
Parmi les morts figurent le général Hilal Al-Assad, un cousin éloigné du président Bachar el-Assad, chef des Forces de défense nationale du gouvernorat de Lattaquié, tué le 23 mars avec sept de ses hommes[7],[18]. Un chef rebelle, Abou Souhaib al-Turkmeni, est tué au début des combats[2]. Ibrahim Benchekroun, chef du groupe djihadiste Harakat Cham al-Islam, meurt au combat le 2 avril[19],[20].
Liens externes
- Françoise Wallemacq et Patrice Hardy, « Les revenants de Kessab: reportage dans la communauté arménienne de Syrie », sur RTBF.be, .
Notes et références
- (en) « More than 1000 fighters killed in Lattakia clashes », sur archive.fo, SyriaHR Observatory, (consulté le )
- Jean-Pierre Perrin, « Les islamistes du Front al-Nusra s’infiltrent dans le nord de la Syrie », Libération, (consulté le )
- Nicolas Falez, « Offensive rebelle dans le nord de la Syrie »(Archive.org • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?), RFI,
- (en) Dominic Evans, « Rebels battle for Syria border post near Mediterranean », Reuters, (lire en ligne, consulté le )
- (en) Hasan Mustafa, « The Moderate Rebels: A Growing List of Vetted Groups Fielding BGM-71 TOW Anti-Tank Guided Missiles », (consulté le )
- Paul Khalifeh, « A Lattaquié, la contre-attaque des rebelles surprend le régime syrien », RFI, (consulté le )
- Le Monde avec AFP et Reuters, « La Turquie abat un avion de chasse syrien », Le Monde, (lire en ligne, consulté le )
- L'Obs avec AFP, « Contre-offensive rebelle d'envergure dans le nord de la Syrie »,
- « Les chrétiens du village de Kassab poussés à l’exode par les combats », Les Observateurs de France 24, (consulté le )
- Ignace Leverrier, « « L’épuration ethnique » des Arméniens en Syrie : dramatiser pour mieux mobiliser », Un oeil sur la Syrie, (lire en ligne, consulté le )
- Françoise Wallemacq et Patrice Hardy, « Les revenants de Kessab: reportage dans la communauté arménienne de Syrie », RTBF Info, (consulté le )
- Carte Wikimapia.
- Benjamin Barthe et Guillaume Perrier, « Discrètement aidés par l'armée turque, les rebelles syriens font une incursion sur la côte », Le Monde, (lire en ligne, consulté le )
- « Syrian army cuts militants’ access to sea in Latakia »(Archive.org • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?), Syria 360°,
- AFP, « Syrie: l'armée reprend la ville de Kassab, frontalière de la Turquie », La Croix, (ISSN 0242-6056, lire en ligne, consulté le )
- Firas Makdesi, « Syrie-Les habitants de Kassab de retour après le départ des rebelles », sur www.zonebourse.com, Reuters, (consulté le )
- « Syrian army claims seizure of key Latakia position », The Daily Star, (consulté le )
- « Un cousin de Bachar al-Assad tué dans des combats près de Lattaquié », France 24, (consulté le )
- David Thomson, « L’arrivée en Syrie », Les Jours, (consulté le )
- David Thomson et Wassim Nasr, « Exclusivité RFI: les jihadistes marocains en Syrie », RFI,
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