Bataille de Ravenne
Au cours des guerres du Rinascimento pour la prédominance en Italie, les Français, confrontés à une contre-offensive de la Sainte-Ligue, battent avec l'artillerie alliée du duc de Ferrare les troupes espagnoles le lors de la bataille de Ravenne. Mais Gaston de Foix meurt durant cette bataille et Jacques II de Chabannes, son successeur, n’a pas ses talents de général. Menacés au nord, les Français doivent se replier vers le Piémont.
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Date | |
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Lieu | Ravenne (Romagne) |
Issue | Victoire franco-ferraraise |
Royaume de France Duché de Ferrare | Sainte-Ligue : Monarchie espagnole États pontificaux |
Gaston de Foix-Nemours † duc Alphonse Ier d'Este | Raimond de Cardona |
23 000 hommes | 16 000 hommes |
3 à 4 500 morts, 4 500 blessés | 9 000 morts |
Batailles
- Casaloldo (it) (10 mai 1509)
- Agnadel (14 mai 1509)
- Padoue (it) (15 - 30 septembre 1509)
- Polesella (it) (22 décembre 1509)
- Monselice (1509-1510)
- Val Vestino (1510-1517)
- Villamarina (19 juillet 1510)
- Capo di Monte (8 septembre 1510)
- Mirandola (1510 - 1511) (it)
- Treviso (1511) (it)
- Brescia (18 février 1512)
- Ravenne (11 avril 1512)
- Navarre (1512)
- Saint-Mathieu (10 août 1512)
- Blancs-Sablons (22 avril 1513)
- Brest (24 avril 1513)
- Novare (6 juin 1513)
- Guinegatte (16 août 1513)
- Dijon (8 - 13 septembre 1513)
- Flodden Field (9 septembre 1513)
- La Motta ou Creazzo (7 octobre 1513)
Contexte
Inquiet des progrès de Louis XII, le pape Jules II manifeste sa volonté de chasser les Français d’Italie. Le , il lève l’excommunication de Venise et les troupes papales aident les Vénitiens à reconquérir le terrain cédé aux Français.
En , Louis XII prend Bologne et convoque le concile de Pise, destiné à destituer le pape. Jules II riposte par sa bulle Sacrosanctæ, en excommuniant les membres du concile de Pise. Puis le , il forme la Sainte-Ligue avec l’Espagne, la république de Venise, l’Angleterre et les cantons suisses contre la France.
Au début de 1512, les armées coalisées reprennent Brescia et marchent sur Bologne. Mais les troupes françaises, commandées par Gaston de Foix, parviennent à faire lever le siège de Bologne, et obligent les troupes de la Sainte-Ligue à évacuer Brescia.
L'événement
Le , en direction de Forlì, les Français et les troupes de la Sainte-Ligue guidées par Raimond de Cardona se retrouvent face à face sur le rivage du fleuve Ronco, presque au confluent avec le Montone. Il s'ensuit le combat de Ravenne, dont un monument, dit « colonna dei Francesi », rappelle l'emplacement.
À la bataille prennent part les plus célèbres chevaliers et aventuriers de l'époque, entre autres Bayard et Gaston de Foix-Nemours du côté français et Romanello de Forlì, alors très connu pour être un des vainqueurs du défi de Barletta. Les Français, guidés par Gaston de Foix-Nemours, reçoivent l'aide décisive de l'artillerie d’Este, qui, sous la direction du duc Alphonse Ier d'Este était à cette époque parmi les plus efficaces d'Europe.
Il se raconte que pendant que le duc de Ferrare pointait ses canons, certains de ses subordonnés lui dirent qu’en tirant en cet instant, ils auraient frappé indistinctement aussi bien les ennemis espagnols que les alliés français ; Alphonse d'Este aurait répondu : « Tirez sans crainte de vous tromper, ce sont tous nos ennemis ».
Phrase emblématique de la défiance qui circulait en Europe au début du XVIe siècle. Ce fut justement le duc d’Este qui, avec diplomatie, empêcha les Français de piller Ravenne.
Conséquences
Malgré leur victoire, les Français, à la suite des graves pertes subies, doivent se retirer de Lombardie à l'approche d'une armée suisse hostile, en laissant le duc de Ferrare en grande difficulté. Les troupes espagnoles et pontificales ont le temps de se ressaisir et les 18 000 soldats suisses arrivent en Lombardie. En , les Français ont complètement évacué la Lombardie et Maximilien Sforza est placé sur le trône ducal à Milan.
Dès l'événement, la victoire française à Ravenne fut comparée à une défaite, de grands officiers, comme Gaston de Foix-Nemours et le vicomte de Lautrec, ayant été tués ou grièvement blessés au cours du combat. C'est ainsi que, trois jours après la bataille, Bayard écrivait à son oncle, évêque de Grenoble :
- « Monsieur, si le roi a gagné bataille, je vous jure que les pauvres gentilhommes l'ont bien perdue; car, ainsi que nous donnions la chasse, M. de Nemours vint trouver quelques gens de pied qui se ralliaient, et voulut donner dedans; mais le gentil prince se trouva si mal accompagné, qu'il y fut tué, dont toutes les déplaisances et deuils qui furent jamais faits ne fut pareil que celui qu'on a démené et qu'on démène encore en notre camp; car il semble que nous ayons perdu la bataille[1]. »
Monstre de Ravenne
En 1544, Jacob Rueff (de) est le premier auteur à signaler la naissance d'un monstre italien, présage de l'issue de la bataille de Ravenne.
Le monstre serait né en 1511 à Ravenne, selon Lycosthènes, année précédant la bataille, ou le jour même (), selon Boaistuau[2]. Dans son livre traitant des monstres et prodiges (1573), Ambroise Paré le décrit ainsi :
« Du temps que le Pape Jules second suscita tant de malheurs en Italie, et qu'il eut la guerre contre le roi Louis douzième 1512, laquelle fut suivie d'une sanglante bataille donnée près de Ravenne ; peu de temps après on vit naitre en la même ville un monstre ayant une corne à la tête, deux ailes, et un seul pied semblable à celui d'un oiseau de proie ; à la jointure du genou un œil ; et participant de la nature de mâle et de femelle[3] ».
Dans les années 1560, Boaistuau en donne les explications symboliques. La corne représente l'orgueil et l'ambition ; les ailes, la légèreté et l'inconstance ; l'absence de bras, le refus des bonnes œuvres ; le pied d'oiseau de proie, la rapine et l'avarice ; l'œil situé sur le genou, l'attachement aux choses terrestres ; les deux sexes, la luxure et la sodomie.
Le monstre représente « tous les péchés qui régnaient de ce temps en Italie ». Les Italiens n'ont pas suivi les signes inscrits sur la poitrine du monstre : l'Upsilon Y signifiant désir de vertu, et la croix au-dessous l'enseignement du Christ. La guerre et la défaite furent leur châtiment[2].
Notes et références.
- Lettre reproduite en annexe à l’Histoire du gentil seigneur de Bayard, par le Loyal Serviteur, édition en orthographe moderne, Balland, 1967, p. 453.
- J-L. Fischer, Monstres, Histoire du corps et de ses défauts, Syros-Alternatives, (ISBN 2-86738-648-9), p. 49-50.
- Ambroise Paré, Œuvres complètes (1585), Le 25e livre traitant des Monstres & Prodiges, chapitre III, exemple de l'ire de Dieu.
Voir aussi
Sources primaires
- Le Loyal Serviteur, Histoire du gentil seigneur Bayard, édition en orthographe moderne, Balland, 1967, chap. 43, p. 329-348.
- François Guichardin, Storia d'Italia, 1537-1540, livre X, chap. XII et XIII. (Tr. fr. dir. J.-L. Fournel et J.-C. Zancarini, Paris, Laffont, 1996, t. 1, p. 783-795.)
Bibliographie
- N. Ghigi, La battaglia di Ravenna, Bagnacavallo, 1906.
- E. Rodocanachi, Le Pontificat de Jules II, 1503-1513 (1928), p. 156-160. (Avec gravures d'époque représentant la bataille.)
- Jean-Louis Fournel, « Ravenne () : la première bataille moderne ? », dans Ariane Boltanski, Yann Lagadec et Franck Mercier (dir.), La bataille : du fait d'armes au combat idéologique, XIe – XIXe siècle, Rennes, Presses universitaires de Rennes, coll. « Histoire », , 288 p. (ISBN 978-2-7535-4029-3, présentation en ligne), p. 79-91.
Articles connexes
- La Maison d'Este
- La Ligue catholique (Italie)
- Les guerres d'Italie, la quatrième guerre d'Italie (1508-1513)
Liens externes
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