Charlotte de la Résurrection
Anne-Marie-Madeleine-Françoise Thouret, en religion Sœur Charlotte de la Résurrection (Mouy – Paris ) est la doyenne des Carmélites de Compiègne qui furent guillotinées à Paris durant la Grande Terreur.
Sœur Charlotte de la Résurrection | |
L'exécution des Carmélites, vitrail de l'église Notre-Dame du Mont-Carmel, Quidenham, Angleterre. | |
Bienheureuse, martyre | |
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Naissance | Mouy (Oise) |
Décès | barrière de Vincennes (Paris) |
Nom de naissance | Anne-Marie-Madeleine-Françoise Thouret |
Nationalité | Française |
Ordre religieux | Ordre des Carmes déchaux |
Béatification | par le pape Pie X |
Vénéré par | Église catholique romaine, Ordre du Carmel |
Fête | 17 juillet |
Béatifiée avec ses sœurs carmélites martyres de Compiègne le par le pape Pie X, elle est fêtée le 17 juillet.
Biographie
Enfance et entrée au Carmel
Anne-Marie-Madeleine Thouret est née le à Mouy, dans le diocèse de Beauvais.
Orpheline de père, elle supporta mal le remariage de sa mère ainsi que l'autorité de son beau-père.
Sa jeunesse développa en elle un goût immodéré pour la danse et toute occasion lui était bonne pour se soustraire à sa famille et aller danser. Elle était une jeune femme recherchée pour sa gaieté qui lui permettait de trouver des alliés prêts à camoufler sa désobéissance filiale. Nonobstant, un « événement si tragique » à ses dires — dont nous ne savons rien — étant survenu au cours d'un bal, elle se jura de ne plus jamais mettre les pieds dans une salle de bal.
Elle entra au Carmel de Compiègne à l'âge de vingt-et-un ans en 1736 mais les cinq années qui séparent son entrée au couvent de la prononciation de ses vœux définitifs tendent à prouver que son cheminement spirituel fut ardu[réf. nécessaire]. Elle prit alors le nom de Sœur Charlotte de la Résurrection.
Elle occupa les fonctions d'infirmière du couvent puis de peintre. Elle mit beaucoup de zèle dans ses fonctions au point que sa santé s'en ressentit[réf. nécessaire].
La Révolution
Lorsque la Révolution française éclate en 1789, elle est la doyenne[1] du Carmel de Compiègne (elle est alors âgée de 74 ans) qui compte vingt-et-une religieuses et doit marcher avec une béquille.
À cause du décret du qui supprime les ordres religieux (décret que sœur Charlotte reçut avec véhémence), chaque carmélite est invitée à déclarer si son intention est de sortir de son monastère. Toutes affirment « vouloir vivre et mourir dans cette sainte maison ». Elles en seront expulsées deux ans plus tard.
La consécration pour la France
Un siècle avant la Révolution une carmélite de ce monastère, sœur Élisabeth-Baptiste, avait vu en songe toutes les religieuses de son couvent dans la gloire du ciel, revêtues de leur manteau blanc et tenant une palme à la main[2]. L'interrogation quant à l'éventualité d'un martyre pour les religieuses de ce couvent était restée présente tout au long du siècle, jusqu'à l'arrivée de la Révolution et du début des violences.
En septembre 1792, lorsque la mère prieure sent dans la communauté monter le désir du martyre, elle propose aux religieuses, de faire un acte de consécration par lequel la communauté s'offrirait en Holocauste (sacrifice)[3] pour apaiser la colère de Dieu et (pour) que cette divine paix que son cher Fils était venu apporter au monde fût rendue à l'Église et à l'État"[réf. nécessaire].
Cette consécration est faite d'enthousiasme par toutes les religieuses, sauf deux, plus anciennes, qui expriment leurs craintes. Elles sont moins émues par le sacrifice lui-même, que de la manière dont il devra s'accomplir (la guillotine). Mais quelques heures plus tard, en pleurant, elles sollicitent la faveur de prêter à leur tour le serment, et ainsi de se joindre à leurs sœurs[réf. nécessaire].
Chaque jour, la communauté renouvelle sa consécration[4], et son engagement à mourir pour la France.
Le , en application de la loi sur les congrégations religieuses, les carmélites sont expulsées de leur couvent. Elles sont hébergées dans la ville de Compiègne par quelques familles, et vivent réparties en petits groupes dans quatre maisons, étroitement surveillées par la police locale. Elles n'en continuent pas moins mais secrètement de mener leur vie selon la règle de sainte Thérèse d'Avila et de se rendre discrètement à la messe[réf. nécessaire].
Le martyre
Les lois de Prairial an II durcissent la politique antireligieuse et le , les religieuses sont arrêtées et incarcérées dans l'ancien couvent de la Visitation devenu prison. Elles sont envoyées le 12 juillet à Paris pour être jugées.
Arrivées dans la cour de la Conciergerie après un voyage harassant, les sœurs, les mains liées dans le dos, doivent se débrouiller comme elles le peuvent pour descendre rapidement de la charrette. Ne pouvant se déplacer seule et sans l'aide de sa béquille, sœur Charlotte a du mal à descendre de la charrette. Elle est si violemment projetée à terre par l'un de ses bourreaux qu'on la croit morte, ce qui provoque la colère des témoins pourtant peu favorables aux prisonniers[réf. nécessaire].
La ci-devant Sœur Charlotte et ses sœurs sont jugées sommairement, condamnées et exécutées Place de la Nation le 17 juillet 1794. Son corps comme ceux de ses sœurs est jeté dans une fosse commune du Cimetière de Picpus voisin[réf. nécessaire].
Béatification
Charlotte est béatifiée en même temps que ses sœurs carmélites martyres de Compiègne le par le pape Pie X. Sa mémoire est fêtée le 17 juillet (avec les 16 autres carmélites)[5].
Les Carmélites de Compiègne
Pour le détail de la vie, du procès et de l'exécution des Carmélites, dont Charlotte de la Résurrection, se reporter à l'article des Carmélites de Compiègne qui traite la vie de toute la communauté.
Notes et références
- « Histoire du martyre communautaire », sur Martyre de la communauté des 16 carmélites de Compiègne, martyres.carmelites.free.fr (consulté le ).
- La palme est le signe du martyre chez les chrétiens, le martyre s'entendant bien sûr comme une vie donnée, offerte par amour, sans violence et sans laisser couler un sang autre que le sien.
- Le terme d'holocauste est à prendre ici dans le sens hébraïque du terme : un sacrifice offert à Dieu pour expier une faute. Traditionnellement il s'agissait d'un animal (bouc, agneau, taureau…) tué en offrande à Dieu, mais ici, il s'agit de la vie même des religieuses.
- « Les 16 bienheureuses Carmélites de Compiègne », sur Missel (consulté le ), Chapitre "Historique", partie "Le songe de sœur Elisabeth Baptiste".
- « Bienheureuse Charlotte », sur Nominis, nominis.cef.fr (consulté le ).
Annexe
Voir aussi
- Carmélites de Compiègne
- Georges Bernanos, Dialogues des Carmélites, Paris, Seuil, 1949
Bibliographie
- William Bush, Apaiser la Terreur, Clovis, Étampes, 2001
- Les carmélites de Compiègne, vol. B34, Société Historique de Compiègne, , 281 p..
Liens externes
- Ressource relative à la religion :
- (en) GCatholic.org
- [PDF] Commémoration des carmélites martyres de Compiègne, colloque « Mort et renaissance du Carmel en France » (1994), Société Historique de Compiègne
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