Bonaventure Des Périers
Bonaventure des Périers (ou Bonaventure Des Périers selon la graphie d’époque), né vers 1510, probablement à Arnay-le-Duc en Bourgogne, mort en 1543 ou 1544 à Lyon, est un auteur de poésie, de dialogues et de contes français, ainsi qu'un traducteur et un éditeur.
Pour les articles homonymes, voir Bonaventure et Périers.
Alias | |
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Naissance |
vers 1510 Arnay-le-Duc Royaume de France |
Décès |
1543 ou 1544 Lyon Royaume de France |
Activité principale |
Langue d’écriture | français |
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Genres |
Œuvres principales
- Les disciples et amys de Marot contre Sagon, La Hueterie et leurs adherentz
- Cymbalum mundi en françoys
- Les Nouvelles récréations et joyeux devis
Biographie
Après une formation d’humaniste (il fit ses études à Autun entre 1525 et 1532 auprès de Robert Hurault, abbé de l'abbaye Saint-Martin), il collabora en 1535, sous le nom latinisé d’Eutychus Deperius, à la traduction de la Bible de Pierre Robert Olivétan[2], parue la même année, et travailla avec Étienne Dolet, qui préparait ses Commentarii linguae latinae. En 1536, il entra au service de Marguerite de Navarre, sœur de François Ier, en qualité de valet de chambre[1]. Il publia des poèmes, défendit Clément Marot dans la querelle qui l'opposa au poète et ecclésiastique François de Sagon. En 1544 parut, grâce aux soins d'Antoine Du Moulin, un Recueil des Œuvres de feu Bonaventure des Périers : sa mort remonterait donc à 1543 ou 1544. D’après un texte d’Henri Estienne (publié seulement en 1566), des Périers se serait suicidé en se jetant sur son épée, mais cette histoire semble surtout motivée par la haine de cet auteur protestant envers Des Périers qui s'est moqué de Martin Luther et d'autres protestants dans le Cymbalum mundi.
En effet, une tradition remontant au pasteur André Zébédée (dans une lettre du [2]) lui attribue la paternité de Cymbalum mundi (la Cymbale du monde), en français, avec quatre dialogues poétiques, forts antiques, joyeux et facétieux, son œuvre la plus connue. Publié à Paris en 1537 et peu de temps après à Lyon en 1538, cet ouvrage fut saisi par le Parlement sur ordre direct et exceptionnel du roi et, après des procédures impliquant les délibérations de la Sorbonne, fut détruit (un exemplaire de la première édition et deux de la seconde nous sont néanmoins parvenus).
Le Cymbalum s'ouvre sur une lettre adressé par Thomas Du Clévier[Note 1] à Pierre Tryocan[Note 2] dans laquelle le premier prétend envoyer à son ami une traduction d'un manuscrit latin trouvé dans un monastère. Le texte est ensuite constitué de quatre dialogues satiriques dans la tradition de Lucien de Samosate, qui mettent en scène des dieux, des humains et des animaux qui parlent (il se termine sur un dialogue entre deux chiens!).
L'ensemble du livre demeure très énigmatique et il a fait l'objet de nombreux débats chez les spécialistes de la Renaissance. Une des hypothèses concernant l'interprétation de l'ouvrage le fait émaner du milieu protestant de l’entourage de Marguerite de Navarre. D’autres hypothèses en font au contraire un livret catholique raillant d'abord et avant tout les Églises réformées. Enfin, d’autres voient dans cet ouvrage l’œuvre d’un auteur carrément athée qui, dans une série d’allégories, ridiculise toute forme de croyance et de dogme, catholique, et protestant ou autre.
Des Périers est un conteur au style charmant, plein d’esprit et de finesse. Dans ses nouvelles, publiées dans un recueil qui lui a aussi été attribué seulement après sa mort (les Nouvelles récréations et joyeux devis), il reprend la tradition des contes populaires. Il emprunte aussi aux Italiens et à François Rabelais, de courtes anecdotes satiriques (apologues) qui brocardent les travers individuels et les abus de pouvoirs de toute sorte.
« Bonaventure des Périers, une des figures les plus caractéristiques des lettres françaises du XVIe siècle, continue à poser, par son destin d'homme et d'écrivain, des énigmes qui sont loin d'être dévoilées. Tôt disparu, mort sans doute par suicide, il n'est connu que grâce à des allusions disparates susceptibles d'interprétations fort diverses. Novateur timide dans le champ de la poésie qu'il avait marquée de quelques inventions formelles et surtout de sa sensibilité fraîche, un peu naïve; novateur hardi, aux dires de plusieurs critiques, dans le domaine des idées religieuses; auteur incertain d'un recueil de contes qui reste un des chefs-d'œuvre du genre de son époque, il a laissé un héritage varié et contradictoire[3]. »
Œuvres
- Les disciples et amys de Marot contre Sagon, La Hueterie et leurs adherentz, On les vend à Paris en la rue sainct Jacques... : à l'enseigne du Croissant, en la boutique de Jehan Morin, , 73 p., in-8 (BNF 33349284)
- La prognostication des prognostications non seulement de ceste presente année MDXXXVII, mais aussi des aultres à venir, voire de toutes celles qui sont passées, composée par Maistre Sarcomoros, natif de Tartarie et secretaire du tres illustre et tres puissant roy de Cathai, serf de vertus, Paris, s.n., , 12 p., in-8 (BNF 33553070)
- Cymbalum mundi en françoys : contenant quatre dialogues poétiques, fort antiques, joyeux et facétieux, Lyon, B. Bonnyn, , Sign. A-D : car. goth. ; in-8 (BNF 30334257)
- Les Nouvelles récréations et joyeux devis de feu Bonaventure Des Périers, valet de chambre de la royne de Navarre, Lyon, R. Granjon, , In-4°, pièces liminaires, CVIII ff., car. de civilité (BNF 30334267)
- Recueil des œuvres de feu Bonaventure Des Périers, Lyon, Jean de Tournes - Antoine Du Moulin (éditeur scientifique), , 196 p., in-8 (BNF 30334281)
Auteur (prétendu) avec Élie Vinet[4] et Jacques Peletier[5] :
- Discours non plus mélancoliques que divers de choses mesmement qui appartiennent à notre France, et à la fin la manière de bien et justement entoucher les lucs et les guiternes, Poitiers, Enguilbert de Marnef, , 112 p., in-4 (BNF 30334265)
Commentaires
La critique a développé maintes études sur divers sujets concernant l'œuvre de Bonaventure des Périers. On trouve, par exemple, des recherches au sujet de divers aspects de ses nouvelles influencées par la tradition italienne : sur la naïveté, l'ironie, l'aspect sombre des thèmes, la présence de juges et de criminels, l'utilisation des animaux, le comique, le recours au narrateur masqué, etc.
L'un des commentateurs des textes de Des Périers fut Bernard de La Monnoye au XVIIIe siècle, bourguignon lui-même, qui servit de référence jusqu'à la fin du XIXe siècle. La Monnoye introduit surtout des notes expliquant le sens du vocabulaire employé par Des Périers au XVIe siècle[6].
De nombreux textes sont consacrés aussi à Des Périers dans la très abondante littérature critique au sujet du Cymbalum mundi dont on lui attribue la paternité.
Bibliographie
- Charles Nodier, Bonaventure Desperiers ; Cirano de Bergerac, Paris, J. Techener, , 112 p., in-16 (BNF 31021157)
- Adolphe Chenevière, Bonaventure Des Périers, sa vie, ses poésies, Paris, E. Plon, Nourrit et Cie, , II-261 p., In-8° (BNF 30232659)
- Bonaventure Des Périers, un Arnétois de la Renaissance, Arnay-le-Duc, les Amis du pays d'Arnay, , 27 p., catalogue d'exposition
- Bernard Leblanc, Bonaventure des Périers, Viévy (21230 Arnay-le-Duc), Éd. des Druyères, , 202 p., 21 cm (BNF 34988772)
- Lionello Sozzi, Les contes de Bonaventure Des Périers : contribution à l'étude de la nouvelle française de la Renaissance, Genève, Slatkine reprints, , 501 p., 23 cm (ISBN 2-05-101680-1, BNF 37008914)
- Lucien Taupenot, Deux précurseurs de La Fontaine à Autun, revue « Images de Saône-et-Loire » n° 114 de , pp. 20-21.
- Dominique Bertrand (Directrice de publication) et Bénédicte Boudou (Collaboratrice), Lire les "Nouvelles récréations et joyeux devis" de feu Bonaventure des Périers, Clermont-Ferrand, Presses universitaires Blaise Pascal, coll. « CERHAC », , 260 p., 21 cm (ISBN 978-2-84516-399-7, BNF 41449913)
cette dernière édition contient :- Dominique Bertrand, Des Nouvelles Récréations qui ne “sont pas comme les marchandises” : falsification cynique de la “valeur”
- Jean-Claude Arnould, Le joyeux devis des nouvelles récréations
- Amélie Blanckaert & Romain Weber, Nouvelles Récréations et joyeux devis: pour qui ? pourquoi ?
- Nicolas Le Cadet, L'éloge de la naïveté
- Nicolas Lombart, L'éloge de l'habileté mercurienne: Bonaventure Des Périers face aux “coupeurs de bourses” (nouvelles 79, 80, 81)
- Anne-Laure Metzger-Rambach, Figure du fol et réflexion sur le monde tel qu'il va »
- Guy Demerson, « Éthique et esthétique de l'idiotisme
- Marie-Claire Thomine, Étude littéraire de la “Première Nouvelle en forme de préambule”
- Daniel Ménager, La sixième nouvelle des Joyeux Devis
- Véronique Montagne, La rhétorique de la séduction dans la nouvelle 16
- Pascale Mounier, Densité narrative et dissonance énonciative: le début de l'histoire de maître Arnaud. Étude stylistique d'un extrait de la nouvelle 24
- Bruno Meniel, Rire caustique ou rire fraternel ? Une lecture de la nouvelle 68
Notes et références
Notes
Références
- Notice d'autorité personne : (BNF 11899735)
-
André Zébédée à Charles de Candeley, de Genève, 31 juillet 1538 :
- ... L'article suyvant dit que France es par grans espritz tiré à l'enseigne de Epicure et que celluy qui a faict Cymbalum Mundi ne tendit jamais à aultre chose. Lequel (ce dit) estoit sorty de eulx et avoit esté clerc de Olivetain à mectre la bible en françoys. Le IIIIe article contient ce propoz : « il me souvient bien de Dolet, Rabelez et Marot et je m'estonne quant je rememorre ce qu'on m'en a dit à Lyon ».
- Notice d'autorité personne : (BNF 12133560)
- Notice d'autorité personne : (BNF 12299268)
Liens internes
- Chronologie de la littérature française : Littérature française du Moyen Âge - XVIe siècle – XVIIe siècle - XVIIIe siècle - XIXe siècle - XXe siècle - XXIe siècle
- Poésie française du XVIe siècle
- Liste de poètes de langue française
Liens externes
- Les Disciples et amys de Marot contre Sagon, La Hueterie et leurs adherentz sur Gallica
- Cymbalum mundi sur Gallica
- Les Nouvelles récréations et joyeux devis sur Gallica
- Recueil des œuvres de feu Bonaventure des Périers sur Gallica
- Cymbalum mundi, Base Epistemon, Bibliothèques virtuelles humanistes, Université de Tours, 2019. Version encodée du seul exemplaire de l'édition de Paris (Jean Morin, 1537)
- La Cymbale du monde, adaptation en français moderne, avec annotations, documents d'accompagnement et bibliographie.Notices d'autorité :
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