Étienne Dolet

Étienne Dolet, né le à Orléans et mort le à Paris, est un écrivain, poète, imprimeur, humaniste et philosophe français.

Étienne Dolet
Biographie
Naissance
Décès
(à 37 ans)
Paris
Formation
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Mouvements
Plaque commémorative à Lyon.

Biographie

Une tradition douteuse fait de lui le fils illégitime du roi François Ier, mais il est certain qu'il est issu d'une famille de haut rang. Il vit à Orléans jusqu'à l'âge de douze ans, puis il part en 1521 pour Paris, où il étudie pendant cinq ans auprès de Nicolas Bérauld, professeur de Gaspard II de Coligny.

En 1526, il se rend à Padoue. La mort de son maître et ami Simon de Villanova l’amène à accepter en 1530 le poste de secrétaire de Jean de Langeac, évêque de Limoges et ambassadeur de France à la République de Venise. Il s’est cependant arrangé pour assister aux conférences du maître vénitien Battista Egnazio et a trouvé le temps d'écrire des poèmes d’amour en latin à une Vénitienne du nom d’Elena.

À son retour en France, vers 1531, il étudie le droit et la jurisprudence à l’université de Toulouse, mais il est impliqué, par son humeur turbulente, dans de violentes disputes entre groupes d'étudiants[1]. Il est emprisonné et, malgré la protection de Jean de Pins, est finalement banni par un décret du parlement de Toulouse en 1534.

En 1535, il participe aux listes contre Érasme dans l'affaire de la controverse sur Cicéron et, grâce à l’imprimeur Sébastien Gryphe, publie le Dialogus de imitatione Ciceroniana, suivi des deux volumes du Commentariorum linguae Latinae.

Cet ouvrage est dédié à François Ier, qui lui accorde pour dix ans le privilège d’imprimer tout ouvrage en latin, grec, italien ou français, de sa plume ou sous sa supervision. Il obtient aussi une grâce, lors de l'homicide accidentel le 31 décembre 1536 d'un peintre nommé Compaing qui, dit-il, voulait l’assassiner. Il alla s'établir imprimeur à Lyon.

Il peut ainsi se mettre au travail et il édite Galien, Rabelais, Marot. Il n’ignore pas les dangers auxquels il s'expose. Cela se voit non seulement par le ton de ses textes, mais également par le fait qu’il a essayé d’abord de se concilier ses adversaires en éditant un Christianus de Caton, dans lequel il faisait sa profession de foi. Cette catholicité de façade, malgré son ultra-cicéronisme, transparaît dans les ouvrages sortis de ses presses, antiques et modernes, religieux ou laïcs, depuis le Nouveau Testament en latin jusqu'aux textes de Rabelais.

Mais avant que son autorisation d’imprimer n’expire, il s'attire à Lyon de nouvelles difficultés par son caractère satirique et par la publication d'ouvrages entachés d'hérésie. Son travail est interrompu par ses ennemis, qui le font emprisonner en 1542 sous l’accusation d’athéisme.

Après un premier séjour en prison de quinze mois, il est relâché grâce à l’intervention de l'évêque de Tulle, Pierre Duchâtel. Emprisonné une seconde fois en 1544, il s’échappe par ses propres moyens et se réfugie dans le Piémont.

Mais il revient imprudemment en France en pensant qu’il pourrait imprimer à Lyon des lettres, pour en appeler à la justice du roi de France, de la reine de Navarre et du Parlement de Paris. Il est à nouveau arrêté et jugé « athée évadé » par la faculté de théologie de la Sorbonne.

François Ier, qui l'avait d'abord protégé, l'ayant abandonné, il est amené de Lyon à Paris pour y subir le supplice. Puis il implore le pardon de Dieu, ce qui lui vaut de ne pas avoir la langue coupée avant la mise à feu du bûcher.

Le , il est étranglé puis son corps est brûlé avec ses livres sur la place Maubert. Cette place est réservée aux bûchers des imprimeurs : quatre y sont étranglés puis brûlés en 1546. Il aurait composé ce pentamètre sur le chemin du bûcher : Non dolet ipse Dolet, sed pia turba dolet Ce n’est pas Dolet lui-même qui s’afflige, mais la multitude vertueuse » )[2],[3].

Son crime était, selon les uns, d'avoir professé le matérialisme et l'athéisme, selon les autres, de s'être montré favorable aux opinions du réformateur protestant Martin Luther.

Dolet et la religion

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On ne sait si Dolet doit être classé parmi les représentants du protestantisme ou parmi les défenseurs d’un rationalisme antichrétien. Cependant, on sait qu’il n'était pas reconnu par les protestants de son temps et que Jean Calvin l’avait formellement condamné, tout comme Théodore Agrippa d'Aubigné et son maître Simon de Villanova, pour blasphèmes à l’encontre du Fils de Dieu.

Mais, à en juger par le caractère religieux de nombre de livres qu’il a publiés, une telle condamnation est certainement déplacée. Sa défense perpétuelle de la lecture des Écritures en langue vulgaire est particulièrement notable[4].

Œuvres

De Re navali, Lyon, 1537.

Ses principaux ouvrages sont :

  • Stephani Doleti orationes duæ in Tholosam. Eiusdem epistolarum libri II. Eiusdem carminum libri II. Ad eundem Epistolarum amicorum liber (1534)
  • Stephani Doleti Dialogus de Imitatione Ciceroniana adversus Desid. Erasmus Roterdamum pro Christophoro Longolio (1535), où il combat Erasme.
  • Commentarius Linguæ latinæ, livre I (1536) ; livre II (1538), Lyon, 2 volumes in-folio.
  • De Re navali liber ad Lazarum Bayfium (1537)
  • St. Doleti Gallii Aurelii Carminum libri quatuor (1538)
  • Formulae latinarum locutionum (1539)
  • Manière de bien traduire d’une langue en l’autre (1540)[5]
  • Les Gestes de François de Valois, roi de France (Lyon, E. Dolet, 1540)
  • Le Second Enfer (1544)
  • Cantique d’Estienne Dolet (1546), sur sa désolation et sa consolation.

Étienne Dolet a aussi laissé des poésies latines et françaises, des traductions françaises de quelques écrits de Platon et de Cicéron, des pamphlets de circonstance, dont deux sur son emprisonnement, intitulés le Premier et le Second Enfer (1544). Étienne Dolet écrivit aussi un autre pamphlet, où il demande qu'il soit possible de lire la Bible en langue vulgaire, et qui fut brûlé.

Étienne Dolet, symbole de la libre pensée, et autres hommages

Les statues de Paris et Orléans

Statue d'Étienne Dolet, sur la place Maubert.
Buste d'Étienne Dolet dans le jardin Groslot, à Orléans.

Une statue en bronze d’Étienne Dolet est érigée sur la place Maubert à Paris, à l'endroit même de son bûcher. Elle est inaugurée le dimanche 19 mai 1889 à 14 heures[6]. Elle représente l'humaniste debout, les mains liées avec une presse d'imprimerie à ses pieds[7]. La veille, la Société de la libre-pensée du 5e arrondissement (groupe Étienne Dolet) avait organisé à la mairie du même arrondissement une conférence intitulée « Étienne Dolet, sa vie, son œuvre, son martyre », par le citoyen Bourneville, député de la Seine[8]. Au bas de la statue figure la phrase qu'il aurait prononcée en latin avant sa mort : « Non dolet ipse dolet, sed pia turba dolet »[9].

Le monument est immortalisé par André Breton dans son roman Nadja (1928).

Cette statue, lieu de ralliement des dreyfusards, anticléricaux et libres penseurs, est enlevée et fondue en 1942 pendant l'Occupation, et n'a jamais été remplacée, malgré quelques tentatives[2]. À la fin de la guerre, il ne restait que le socle, disparu en 1980 lors du réaménagement de la place[10].

Un buste à son effigie est inauguré en 1933 à Orléans dans le jardin Hardouineau, puis enlevé et fondu en 1942. Un nouvel monument en pierre est créé le sculpteur Van Den Noorgaete en 1955. Il est installé dans le même espace vert de la commune, dans le jardin de l'ancienne mairie, de nos jours appelé jardin de l'Hôtel-Groslot. Il est inauguré en présence de nombreuses associations laïques[11].

L'association Pour un monument à la mémoire d'Etienne Dolet, Place Maubert à Paris a été créée en 2017 pour re-ériger un monument à sa mémoire. Le sculpteur Anselm Kiefer a accepté de s’associer à ce projet (voir les pages 30 et 31, dans le Figaro du jeudi 27 janvier 2022). Voyez le site https://www.monumentetiennedolet.org/ [archive]

Hommages

Jeton maçonnique de la Respectable Loge Étienne Dolet, Orient d'Orléans, Grand Orient de France, 110 ans de la Loge, 1902-2012.
Médaillon représentant Étienne Dolet, situé à l'entrée de la Bibliothèque d'étude et du patrimoine, à Toulouse.

En Île-de-France

À Orléans

  • À Orléans, une rue et un collège portent le nom d'Étienne Dolet.
  • Étienne Dolet est le nom d'une des loges du Grand Orient de France, sise à Orléans.

Ailleurs en France

Notes et références

  1. Emile Vaisse-Cibiel, Étienne Dolet à l'Université de Toulouse. : 1531-1533, Toulouse, Chauvin, (lire en ligne)
  2. Jacqueline Lalouette, « Du bûcher au piédestal : Étienne Dolet, symbole de la libre pensée », Romantisme, 1989, n°64. Raison, dérision, Laforgue. pp. 85-100.
  3. René Lemieux, « Thanatographie d’Étienne Dolet : spéculer sur la liberté en traduction, la Modernité et la crainte de mourir », sur revuecygnenoir.org, .
  4. Christine de Coninck, Étienne Dolet, humaniste insoumis, Ampelos Editions, , 256 p. (ISBN 978-2356181701, présentation en ligne)
  5. lire en ligne sur Gallica.
  6. « Monuments dédiés à Etienne Dolet », sur edolet.free.fr (consulté le )
  7. « Bibliothèque municipale de Lyon - Exposition : Etienne Dolet (1509-1546) : l’encre et le feu », sur www.bm-lyon.fr (consulté le )
  8. Texte de la conférence : Étienne Dolet, sa vie, son œuvre, son martyre sur Gallica.
  9. Albert Mousset, « Le destin des statues « partisanes » », sur lemonde.fr, .
  10. Xavier-Philippe Guiochon, « La restitution des monuments publics détruits : entre disparition et recréation », sur cnap.fr (consulté le ).
  11. « Étienne Dolet (1509-1546), l'encre et le feu », bibliothèque municipale de Lyon, exposition du 12 novembre 2009 au 5 janvier 2010.

Voir aussi

Sources et bibliographie

Liens externes

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