Jean-Baptiste Botul
Jean-Baptiste Botul est un philosophe fictif créé en 1995 par Frédéric Pagès et ses amis de l’Association des amis de Jean-Baptiste Botul. Originellement, l’œuvre de Botul constitue un canular littéraire, Botul et sa théorie philosophique (le botulisme) étant une plaisanterie renvoyant au botulisme, grave intoxication à la toxine botulique.
Pour les articles homonymes, voir Botulisme (homonymie).
Jean-Baptiste Botul | |
Naissance | |
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Décès | |
Activité | Philosophe |
Caractéristique | Spécialiste de Kant |
Créé par | Frédéric Pagès |
Historique
Créé en 1995, ce personnage est à l'origine d'un canular littéraire, qui a débuté par l'ouvrage La Vie sexuelle d'Emmanuel Kant qu'il était censé avoir écrit et dont l'auteur réel est Frédéric Pagès, journaliste au Canard enchaîné et ancien professeur de philosophie.
Le caractère fictif de Jean-Baptiste Botul n'a pas été décelé par des auteurs tels que Bernard-Henri Lévy, qui cite abondamment La Vie sexuelle d'Emmanuel Kant dans l'argumentaire qu'il développe dans De la guerre en philosophie, paru en [1],[2]. Éric Dupond-Moretti fit allusion à cet épisode dans la controverse qui l'opposa au philosophe dans le cadre de l'affaire Merah[3]. Avant Bernard-Henri Lévy, d'autres auteurs, plus ou moins sérieux, ont fait référence aux travaux de Botul[4]. Comme le relève Éric Poindron dans Le Collectionneur de Providence ou Petit traité de crânophilie, suivi de L'Affaire John B. Frogg ou le mystère de la citation de l'écrivain mystère — Éditions Les Venterniers, 2013 — l'hebdomadaire Télérama, dans un article de Martine Laval, s'était aussi laissé prendre au canular[5].
Il a pu être noté le rapprochement du nom de Botul avec le botulisme, dont l'étymologie renvoie au terme latin botulus, « boudin[6] » — le patronyme Botul n'existant pas en France[7].
Biographie fictive
Jean-Baptiste Botul (, Lairière - , Lairière) est présenté comme un philosophe français, originaire du village de Lairière, dans l'Aude. Se réclamant de la tradition orale, il n'a laissé aucun ouvrage écrit officiel. Des liaisons, avec Marthe Richard (à laquelle il se serait fiancé), avec Marie Bonaparte, Simone de Beauvoir, Ernestine Chassebœuf et Lou Andreas-Salomé, lui ont été attribuées. Ses multiples pérégrinations l'auraient amené à rencontrer Zapata, Pancho Villa, Henri Désiré Landru, Stefan Zweig, André Malraux. Les botuliens rapportent son amitié avec Marcel Proust, ainsi que son invention de la taxithérapie[8].
Libérateur de l'Alsace en 1945, puis conférencier, il aurait gagné en 1946 l'Amérique du Sud avec une centaine de familles allemandes fuyant l'Armée rouge. Il y fonde la colonie de Nueva Königsberg, dont les habitants « s'habillaient comme Kant, mangeaient, dormaient comme lui, et faisaient chaque après-midi la même promenade dans un décor reconstitué qui évoquait les rues de Königsberg »[9].
Les Amis de JB Botul
L'association des Amis de Jean-Baptiste Botul[10],[11] a contribué à faire publier des œuvres permettant de découvrir le « botulisme », c'est-à-dire la pensée du personnage. Les œuvres botulistes consistent en des retranscriptions d'interventions orales ou en des fragments de correspondance. On notera parmi elles la plus célèbre La Vie sexuelle d'Emmanuel Kant, puis Landru, précurseur du féminisme, enfin Nietzsche et le démon de midi et La Métaphysique du mou. Tous ces ouvrages sont parus aux éditions Mille et une nuits.
Spécialiste d'Emmanuel Kant, Botul se distingue notamment par son interprétation de la morale kantienne. Il défend l'idée que, pour Kant, le philosophe ne se reproduit pas par pénétration mais par retrait.
L'association a organisé pendant une dizaine d'années, le jour de l'épreuve de philosophie au baccalauréat, et ce depuis dix ans (avec quelques interruptions), le « banquet du bac philo » (diffusé par France Culture), joute oratoire à partir des sujets de l'épreuve.
Une rue traversière du village de Pomy, dans l'Aude, porte son nom[12]. Elle fut ainsi baptisée lors d'une cérémonie suivie d'un banquet républicain durant l'été 2002, par le maire, Jean-Baudeuf, en présence du sous-préfet de l'Aude[13].
Le NoDuBo
Le NoDuBo, ou Noyau Dur Botulien, est constitué par les fondateurs de l’Association des amis de Jean-Baptiste Botul, en 1995. Il comprend Christophe Clerc et Claire Doubliez, avocats de la Conférence du stage, Heike Heberlé, psychiatre, Nathalie Jaudel, psychanalyste, Hervé Le Tellier, écrivain, Ali Magoudi, psychanalyste, Jean-Alain Michel, avocat, Patrice Minet, comédien, Bertrand Rothé, professeur d'économie, Jacques Gaillard, latiniste et écrivain, Jean-Hugues Lime, comédien et écrivain, Frédéric Pagès, journaliste.
Les attributions et fonctions des membres du NoDubo sont tenues secrètes. Ils sont tous membres du jury Botul, qui attribue chaque année différents « prix Botul ».
Repères bibliographiques
Selon le site de son éditeur :
« la vie de Jean-Baptiste Botul, philosophe de tradition orale, est encore mal connue. Seules certitudes : il est né en 1896 et mort en 1947. À part cela, on ne sait pas grand-chose sinon que ce grand esprit, originaire des Hautes Corbières (il pâtit beaucoup de son accent méridional) connut de très près Joséphine Baker, Lou Andreas-Salomé et Simone de Beauvoir. On signale sa présence en Argentine, à Clipperton, en Cilicie et au Paraguay dans des missions restées très secrètes[14]. »
Œuvres publiées de Jean-Baptiste Botul
- La Vie sexuelle d'Emmanuel Kant, édition critique établie par Frédéric Pagès, éd. Mille et une nuits, coll. « La Petite Collection », no 251, 93 p., Paris, 1999 (ISBN 2-84205-424-5)
- (pt) A vida sexual de Immanuel Kant, UNESP, 67 p., Sao Paulo, 2001 (ISBN 85-7139-339-7)
- (de) Das sexuelle Leben des Immanuel Kant, Reclam, coll. « Reclams Universal-Bibliothek », no 20017, 93 p., Leipzig, 2001 (ISBN 3-379-20017-4)
- (pl) Życie seksualne Immanuela Kanta, Słowo / Obraz Terytoria (pl), 81 p., Gdańsk, 2002 (ISBN 83-88560-53-0)
- Landru, précurseur du féminisme Correspondance inédite entre Henri-Désiré Landru et Jean-Baptiste Botul, édition établie par Christophe Clerc et Bertrand Rothé, postface de Jacques Gaillard, éd. Mille et une nuits, coll. « La Petite Collection », no 358, 102 p., Paris, 2001 (ISBN 2-84205-587-X)
- Nietzsche et le démon de midi, édition établie par Frédéric Pagès, éd. Mille et une nuits, coll. « La Petite Collection », no 466, 127 p., Paris, 2004 (ISBN 2-842-05873-9)
- La Métaphysique du mou, texte établi et annoté par Jacques Gaillard, éd. Mille et une nuits, coll. « La Petite Collection », no 527, 109 p., Paris, 2007 (ISBN 978-2-75550-030-1)
- Du Trou au Tout, Correspondance à moi-même [tome 1], texte exhumé, édité et commenté par Jacques Gaillard, Paris, La Découverte, coll. « Hors collection Essais & Documents », 2012 (ISBN 978-2-70717-147-4)
Sur Jean-Baptiste Botul, sa vie, son œuvre, sa pensée
- Les Cahiers de l'enclume, revue annuelle de l’association des amis de Jean-Baptiste Botul, éd. de l'Atelier du gué, Villelongue d’Aude, no 1, 1999 ; (ISBN 2-913589-09-X) (OCLC 822764898), no 3, 2000
Prix Botul
Le prix Botul (du roman, de l'essai, de poésie, etc.), créé en 2004, récompense un ouvrage dans lequel le mot « Botul » est imprimé. Bernard-Henri Levy a été récompensé par le Prix Botul 2010 pour son livre De la guerre en philosophie[15] et a assumé s'être fait prendre dans ce « très brillant et très crédible canular »[16].
Lauréats du prix Botul
- 2004 : Jacques Gaillard, pour Mes aventures en Haute Savoie, éd. des Mille et une nuits
- 2005 : (ex æquo) Ali Magoudi, pour Rendez-vous, éd. Maren Sell
- 2005 : (ex æquo) Jean-Hugues Lime, pour Le Roi de Clipperton, Le Cherche midi
- 2006 : Patrice Minet, pour Moi et la Reine d'Angleterre, Berg International
- 2007 : Emmanuel Brouillard, pour Trois claques à Balzac, Le Castor astral
- 2009 : Bertrand Rothé, pour Lebrac, trois mois de prison, éd. du Seuil
- 2010 : Bernard-Henri Lévy, pour De la guerre en philosophie, éd. Grasset
- 2011 : Frédéric Lordon, pour D’un retournement l’autre, éd. du Seuil
- 2012 : Jacques Colombat, pour Alexandre Jacob, le forçat intraitable, Riveneuve éditions
- 2013 : Nathalie Peyrebonne pour Rêve général, éditions Phébus
- 2016 : Hervé Le Tellier pour Moi et François Mitterrand, éditions Jean-Claude Lattès
Notes et références
- Aude Lancelin, BHL en flagrant délire : l'affaire Botul, NouvelObs.com, .
- Clément Solym, Botul exprime toute sa compassion au pauvre philosophe BHL, actualitte.com, .
- « Affaire Merah : Éric Dupond-Moretti répond sèchement à Bernard-Henri Lévy », rtl.fr, (lire en ligne, consulté le ).
- Oscar Gnouros, « Après (et surtout avant) BHL, d'autres victimes de Jean-Baptiste Botul », sur Morbleu !, .
- Martine Laval, « L'art du mou selon Botul, des bouts rien que des bouts », Télérama, .
- Jean-François Jeandillou, Supercheries littéraires : La vie et l'œuvre des auteurs supposés, Genève, Librairie Droz, coll. « Titre courant », , 513 p. (ISBN 2-600-00520-X, lire en ligne), p. 465.
- Fréquence du patronyme Botul, sur le site Géopatronyme, données INSEE.
- « Botul n'existe pas, je l'ai rencontré ! », dans Là-bas si j'y suis, sur France Inter, .
- Landru, précurseur du féminisme, cité par Delfeil de Ton dans Lévy, Botul, Balkany, Le Nouvel Observateur, .
- « Déclaration de l'association au Journal officiel », sur www.journal-officiel.gouv.fr, (consulté le ).
- BNF 13551481.
- Clément Solym, BHL à la rue : Pomy, village de l'Aude, veut officialiser la chose, ActuaLitté, .
- Didier Babou, Pomy veut offrir une rue à Bernard-Henri Lévy - En pleine polémique sur le faux philosophe Botul cité imprudemment par BHL dans son dernier ouvrage…, La Dépêche du Midi, .
- « Jean-Baptiste Botul », sur Fayard.
- Lettre d'acceptation du prix Botul 2010 de Bernard-Henri Levy sur le site de l'association des amis de Jean-Baptiste Botul.
- « Vive Jean-Baptiste Botul ! Pour Lacan et contre l’évaluation. De qui se moque Olivier Besancenot ? - La Règle du Jeu », La Règle du Jeu, (lire en ligne, consulté le ).
Voir aussi
- Josiah S. Carberry, professeur fictif
Liens externes
- Site de l’association des amis de Jean-Baptiste Botul
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