Bromus bromoideus

Bromus bromoideus, le brome des Ardennes, est une espèce de plantes monocotylédones de la famille des Poaceae (graminées), sous-famille des Pooideae, originaire d'Europe. Considérée comme éteinte à l'état sauvage, l'espèce a fait l'objet en 2005 d'une germination réussie, à partir d'anciens échantillons de graines.

Description

Ce sont des plantes herbacées annuelles, aux chaumes dressés de 60 à 130 cm de long et aux inflorescences en panicules. Les glumelles terminées par trois arêtes sont caractéristiques de l'espèce[2].

Distribution

Cette espèce se rencontrait autrefois dans les champs d'épeautre, sur sol calcaire, des provinces de Liège et de Luxembourg en Belgique, essentiellement autour des villes de Rochefort, Beauraing et Comblain-au-Pont, où elle avait été découverte pour la première fois en 1823. D'intenses prospections permettent d'en découvrir de nombreuses stations ; son aire s'étend « de la Meuse à la Vesdre, de Givet à l'ouest à Chaudfontaine à l'est, soit 90 km en longueur, sur 10 à 15 en largeur »[3]. Elle commence à se raréfier au début des années 1880[4].

En France, le brome des Ardennes est cité dans la Grande Flore en couleurs de Gaston Bonnier avec une répartition très réduite : « extrêmement rare et sans doute introduit dans le département des Ardennes à Givet[5]. »

Histoire

Découverte de l'espèce

Planche originale de la description de Michelaria bromoidea par B.C. Dumortier

Les botanistes Pierre-Joseph Michel et Barthélémy du Mortier découvrent cette espèce pour la première fois aux environs de Han-sur-Lesse, en 1822, mais sa panicule trop jeune laisse l’espèce indéterminée[6]. Pierre Michel, par ailleurs cultivateur-pépiniériste et auteur d’une Agrostologie belgique, ou Herbier des graminées, des cypéracées et des joncées[7], la retrouve en pleine floraison, à Aywaille. Du Mortier lui donne alors le nom de Michelaria bromoidea, en 1823[8],[alpha 1]. Lejeune la rebaptise ensuite Libertia arduennensis trois ans plus tard[9].

Libertia arduennensis est aujourd’hui un des synonymes du Brome des Ardennes[10].

Tentative de remise en culture

À l'époque de sa découverte, cette espèce suscite un véritable engouement de la part des botanistes qui sont nombreux à vouloir la posséder et quelque 35 jardins botaniques la cultivent dans leurs collections ; en 1937, seuls cinq jardins (Liège, Copenhague, Lund, Bucarest, Léningrad) continuent à la cultiver et à en proposer des graines[11]. L'espèce était considérée comme éteinte dans la nature depuis les années 1930, quand, au début des années 2000, un petit échantillon de graines fut retrouvé dans les collections du Jardin botanique national de Belgique par David Aplin, un botaniste anglais, collaborateur de l'institution ; des prospections menées auprès d'autres institutions et collections privées mirent au jour d'autres échantillons de graines. Ces échantillons furent expédiés aux jardins botaniques royaux de Kew où les spécialistes du projet Millennium Seed Bank réussirent à les faire germer, « ressuscitant » ainsi cette espèce disparue[12],[13],[14].

Synonymes

Selon Catalogue of Life (20 novembre 2017)[15] :

  • Bromus arduennensis Dumort. ex Kunth, nom. superfl.
  • Bromus arduennensis Dumort., nom. provis.
  • Bromus auriculatus Raspail, nom. superfl.
  • Bromus grossus f. arduennensis (Rchb.) Tournay
  • Bromus multiflorus var. arduennensis Rchb.
  • Bromus multiflorus var. auriculatus Trevir.
  • Bromus platystachys Desf., nom. illeg.
  • Bromus secalinus var. bromoideus (Lej.) Lloret, nom. superfl.
  • Bromus triaristatus Loisel.
  • Bromus velutinus var. triaristatus (Loisel.) Mutel
  • Calotheca bromoidea Lej.
  • Libertia arduennensis Lej., nom. superfl.
  • Libertia arundinacea Roth
  • Michelaria arduennensis (Rchb.) Dumort., nom. superfl.
  • Michelaria bromoidea (Lej.) Dumort.
  • Serrafalcus arduennensis (Rchb.) Crép., nom. provis.

Notes et références

  1. The Plant List (2013). Version 1.1. Published on the Internet; http://www.theplantlist.org/, consulté le 21 juin 2014
  2. Tournay 1968, p. 297.
  3. Maréchal 1937, p. 52.
  4. Maréchal 1937, p. 52-53.
  5. Gaston Bonnier, Robert Douin, Raoul Palese et David Aeschimann (ill. Julie Poinsot), La Grande flore en couleurs de Gaston Bonnier : France, Suisse, Belgique et pays voisins, vol. 4, Belin, , 1401 p. (ISBN 978-2-7011-1364-7), p. 1323-1324.
  6. Francois Crépin, « Révision de l’Herbier des graminées, des cypéracées et des joncées publié par P. Michel », Bulletins de la Société royale de botanique de Belgique, vol. 5, , p. 392 (lire en ligne)
  7. Joseph-Marie Quérard, « Michel (Pierre-Joseph) », La France littéraire, ou Dictionnaire bibliographique, vol. 6e, Paris, Firmin Didot frères, (lire en ligne), p. 114
  8. Barthélémy du Mortier, Observations sur les graminées de la flore belgique, Tournay, Imprimerie de J. Casterman, (lire en ligne), p. 77
    « …je ne crois devoir mieux faire que de dédier notre plante Ardennaise à Mr Michel, auquel on en doit la connaissance et c’est pour cela que je propose de la nommer Michelaria bromoidea »
  9. Barthélémy du Mortier, Bulletin des sciences agricoles et économiques, vol. 5e, Paris, Imprimerie de Fain, chap. Horticulture, nº 211, (lire en ligne), p. 335
    « …Ces deux volumes présentent une foule de graminées rares et précieuses. Parmi celles qui ornent le premier fascicule, on doit remarquer les suivantes :…Libertia arduennensis, que j’avais nommé précédemment Michelaria bromoïdea »
  10. (en) « Libertia arduennensis Lej. — The Plant List », sur theplantlist.org, (consulté le )
  11. Maréchal 1937, p. 54.
  12. (en) « EU project ‘Ensconet’ ensconces a once-lost Belgian grass », European research Headlines, European Commission, (lire en ligne).
  13. (en) « ‘Kiss of Life’ saves extinct grass : Belgian endemic back for birthday celebrations », Innovations Report, .
  14. « Miracle botanique : la renaissance du Brome des Ardennes », sur Futura-Sciences.com, (consulté le ).
  15. Catalogue of Life Checklist, consulté le 20 novembre 2017

Notes

  1. graphie qui évolue ensuite en Michelaria bromoïdea[9].

Voir aussi

Bibliographie

  • Arthur Maréchal, « Note sur Bromus arduennensis Dmrt. et sur le rôle des jardins botaniques dans la conservation des espèces rares », Bulletin de la société royale de botanique de Belgique, vol. 70, no 1, , p. 51-58 (lire en ligne).
  • Roland Tournay, « Le Brome des Ardennes, Bromus arduennensis et ses proches, B. secalinus et B. grossus », Bulletin du jardin botanique national de Belgique, vol. 38, no 3, , p. 295-379

Liens externes

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