Cabinet Rutte IV

Le cabinet Rutte IV (en néerlandais : Kabinet-Rutte IV) est le gouvernement du royaume des Pays-Bas depuis le , sous la XXXVIIIe législature de la Seconde Chambre.

Cabinet Rutte IV
Kabinet-Rutte IV

Royaume des Pays-Bas

Le Premier ministre Mark Rutte.
Roi Willem-Alexander
Premier ministre Mark Rutte
Élection 15-17 mars 2021
Législature XXXVIIIe
Formation
Durée 7 mois et 25 jours
Composition initiale
Coalition VVD-D66-CDA-CU
Ministres 20
Femmes 10
Hommes 10
Représentation
Seconde Chambre
77  /  150

Il est dirigé par le libéral-démocrate Mark Rutte, après la victoire du VVD à la majorité relative lors des élections législatives, et repose sur la même coalition de quatre partis que le précédent exécutif. Il succède au cabinet Rutte III après 271 jours de négociations, un record aux Pays-Bas.

Historique du mandat

Ce gouvernement est dirigé par le Premier ministre libéral sortant Mark Rutte. Il est constitué et soutenu par une coalition entre le Parti populaire pour la liberté et la démocratie (VVD), les Démocrates 66 (D66), l'Appel chrétien-démocrate (CDA) et l'Union chrétienne (CU). Ensemble, ils disposent de 77 représentants sur 150, soit 51,3 % des sièges de la Seconde Chambre.

Il est formé à la suite des élections législatives du 15 au 17 mars 2021.

Il succède donc au cabinet Rutte III, constitué et soutenu par une coalition identique et assumant la gestion des affaires courantes depuis sa démission le [1].

Débuts mouvementés

Au cours du scrutin, le Parti populaire pour la liberté et la démocratie conserve son statut de première force politique néerlandaise, tandis que son partenaire des Démocrates 66 progresse fortement, à l'inverse de l'Appel chrétien-démocrate, qui connaît un sensible recul[2].

Dès le lendemain, la Seconde Chambre nomme la libérale Annemarie Jorritsma et la sociale-libérale Kajsa Ollongren « éclaireuses », afin d'établir les premières ébauches d'une possible majorité parlementaire. Elles sont contraintes de démissionner au bout d'une semaine après que des photographes de presse ont pu photographier des documents confidentiels lors d'une sortie de Kajsa Ollongren du Binnenhof. Elles sont remplacées par Tamara van Ark (nl) et Wouter Koolmees. Leur mission est annulée le , à l'issue d'un débat parlementaire qui a contraint Jorritsma et Ollongren à rendre public leurs notes, qui démontraient que Mark Rutte avait déjà parlé d'attribuer un poste à un député du CDA critique de sa gestion, contrairement à ses précédentes affirmations. Le Premier ministre était alors revenu dessus, expliquant s'être « trompé de souvenirs », et avait échappé au vote d'une motion de défiance déposée par l'opposition[3],[4]

Plusieurs options envisagées

Finalement, les représentants font appel le à l'ancien président travailliste de la Première Chambre Herman Tjeenk Willink (nl), quatre jours après avoir décidé qu'elle nommeraient « informateur » une personnalité indépendante et faisant autorité. Il remet son rapport final à la fin du mois, recommandant l'ouverture formelle du processus de formation du nouveau cabinet. Le , la Seconde Chambre lance cependant une nouvelle mission d'information, confiée à la présidente travailliste du Conseil économique et social, Mariëtte Hamer (nl). Dans son rapport remis le , elle suggère de charger Mark Rutte et Sigrid Kaag de rédiger un accord de coalition afin d'entamer des pourparlers sous sa supervision, une proposition approuvée dès le lendemain par l'assemblée[3].

Les échanges avec les autres formations politiques sur la base de l'accord entre le VVD et les D66 débutent le , mais l'informatrice constate leur échec deux semaines plus tard. Elle rend son mandat le en suggérant la formation d'un gouvernement minoritaire du VVD, des D66 et du CDA. La Seconde Chambre désigne cinq jours plus tard le libéral Johan Remkes comme nouvel informateur, et ce dernier a publiquement indiqué le qu'un cabinet sans majorité n'était finalement pas une option, et que l'idée de nouvelles élections devait être creusée. En réaction, les D66 ont levé leur blocage sur une ouverture des négociations avec la CU. Dans son rapport final déposé deux jours après, l'informateur recommande la désignation de deux nouveaux informateurs pour explorer la voie d'une réédition de la majorité sortante[3].

Succès des négociations

Les représentants valident le les recommandations de Johan Remkes, le reconduisent et lui adjoignent Wouter Koolmes comme co-informateur afin de tenter la poursuite de la coalition déjà au pouvoir[3]. Le , Mark Rutte et Sigrid Kaag font publiquement état de la conclusion d'un accord de majorité après 271 jours de négociations, soit le nouveau record de la vie politique néerlandaise, ce qui permettra la constitution du cabinet Rutte IV au mois de [5].

L'accord de coalition est publiquement dévoilé peu après. Il prévoit d'atteindre la neutralité carbone en notamment en construisant deux nouveaux réacteurs nucléaires, en isolant l'ensemble des logements, en étendant les zones naturelles, en instaurant en une taxe sur le nombre de kilomètres parcourus pour les véhicules et en créant un « fonds climat » de 35 milliards d'euros pour financer les investissements. Le salaire minimum doit être relevé de 10 %, les impôts sur les ménages diminueront de trois milliards d'euros, le secteur de la petite enfance deviendra quasiment gratuit, et 100 000 logements seront construits chaque année. Le chef politique de la Gauche verte (GL) Jesse Klaver estime que les montants prévus pour la question climatique ne sont pas suffisants tandis que la cheffe du Parti socialiste (SP) Lilian Marijnissen évoque « un coup de poignard dans le dos » des soignants à propos de l'objectif d'économies de 4,5 milliards d'euros dans le secteur des soins de santé[6]. En matière de défense, la coalition fait bouger les lignes en augmentant significativement son budget et en dirigeant sa stratégie dans un axe nettement plus européen que par le passé[7].

La Seconde Chambre désigne officiellement Mark Rutte formateur le , lui permettant d'engager la constitution de sa nouvelle équipe gouvernementale et de se préparer à entamer un quatrième mandat[8]. Le , les nouveaux ministres sont assermentés, presque un an après la démission du gouvernement précédent et 299 jours après les élections ; en raison des restrictions de contact imposés par la situation sanitaire, la traditionnelle photo de famille avec le roi est prise depuis les marches du palais Noordeinde et non sur celui du Huis ten Bosch[9].

Composition

  • Par rapport au cabinet Rutte III, les nouveaux ministres sont indiqués en gras, ceux ayant changé d'attributions le sont en italique.
Poste Titulaire Parti
Premier ministre
Ministre des Affaires générales
Mark Rutte VVD
Vice-Première ministre
Ministre des Finances
Sigrid Kaag D66
Vice-Premier ministre
Ministre des Affaires étrangères
Wopke Hoekstra CDA
Vice-Première ministre
Ministre de la Lutte contre la pauvreté, de la Participation et des Retraites
Carola Schouten CU
Ministre du Commerce extérieur et de la Coopération au développement Liesje Schreinemacher VVD
Ministre de la Justice et de la Sécurité Dilan Yeşilgöz-Zegerius VVD
Ministre de la Protection juridique Franc Weerwind D66
Ministre des Affaires intérieures et des Relations au sein du Royaume Hanke Bruins Slot CDA
Ministre du Logement et de l'Aménagement du territoire Hugo de Jonge CDA
Ministre de l'Éducation, de la Culture et de la Science Robbert Dijkgraaf D66
Ministre de l'Enseignement primaire et secondaire Dennis Wiersma VVD
Ministre de la Défense Kajsa Ollongren D66
Ministre des Infrastructures et des Eaux Mark Harbers VVD
Ministre des Affaires économiques Micky Adriaansens VVD
Ministre du Climat et de l'Énergie Rob Jetten D66
Ministre de l'Agriculture, de la Nature et de la Qualité alimentaire Henk Staghouwer CU
Ministre de la Nature et de la Qualité de l'air Christianne van der Wal VVD
Ministre des Affaires sociales et de l'Emploi Karien van Gennip CDA
Ministre de la Santé, du Bien-être et des Sports Ernst Kuipers D66
Ministre des Soins et des Sports Conny Helder VVD

Notes et références

  1. Jean-Pierre Stroobants, « Le premier ministre des Pays-Bas, Mark Rutte, se résout à la démission, deux mois avant les législatives », Le Monde, (lire en ligne, consulté le ).
  2. « Elections législatives aux Pays-Bas : le VVD de Mark Rutte reste le plus grand parti du pays », Radio-télévision belge de la Communauté française, (lire en ligne, consulté le ).
  3. (nl) « Kabinetsformatie 2021 », sur parlement.com (consulté le ).
  4. « Le premier ministre néerlandais Mark Rutte surmonte une motion de défiance », Le Temps, (lire en ligne, consulté le ).
  5. « Pays-Bas : vers un gouvernement de coalition, avec Mark Rutte à sa tête, après neuf mois de négociations », Radio-télévision belge de la Communauté française, (lire en ligne, consulté le ).
  6. Jean-Pierre Stroobants, « Aux Pays-Bas, « Rutte 4 » démarre avec la même équipe, mais sur des bases différentes », Le Monde, (lire en ligne, consulté le ).
  7. « Les Néerlandais veulent dépenser plus et mettre de l’Européen dans leur défense. La politique étrangère aussi doit être dopée », B2-Bruxelles2, (lire en ligne )
  8. Belga, « Pays-Bas : Mark Rutte officiellement désigné formateur », Radio-télévision belge de la Communauté française, (lire en ligne, consulté le ).
  9. « Aux Pays-Bas, le nouveau gouvernement de Mark Rutte prête serment », Courrier International, (lire en ligne, consulté le ).

Voir aussi

Articles connexes

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