Campagne de Lorraine

La campagne de Lorraine désigne l'ensemble des opérations militaires qui se sont déroulées en Lorraine, pendant l'hiver 1944-1945, à la fin de la Seconde Guerre mondiale.

Campagne de Lorraine
Informations générales
Date -
Lieu Lorraine (France)
Issue Victoire des Alliés
Belligérants
États-Unis
Armée française de la Libération
 Reich allemand
Commandants
George Patton (IIIe armée)
Alexander Patch (VIIe armée)
Philippe Leclerc de Hauteclocque
(2e DB)
Otto von Knobelsdorff
Kurt von der Chevallerie
Walter Hörnlein
Hans von Obstfelder
Hermann Foertsch
Forces en présence
250 000 hommes
(dont 16 000 hommes pour la 2e DB)
150 000 hommes (?)
Pertes
55 182 hommes[1]:
-6 657 tués au combat
-36 406 blessés
-12 119 portés disparus
Plus de 75 000 hommes[2]

Seconde Guerre mondiale

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Contexte historique

Pour désigner l'ensemble de ces opérations militaires dans le nord-est de la France, l'armée américaine distingue officiellement deux campagnes, la campagne Northen France (France du Nord) et la campagne Rhineland (Rhénanie)[3]. La première phase de la « Campagne de Lorraine » commence le [4] et se termine le . Cette première phase de la campagne, menée par la IIIe armée américaine, s'est terminée par la victoire des Alliés dans les secteurs de Nancy, Lunéville, Épinal, Saint-Dié, Thionville, Sarrebourg et Metz. La seconde phase de la « Campagne de Lorraine » concerne la libération des territoires mosellans encore occupés après le . L'ensemble du territoire ne sera libéré qu'en par la VIIe armée américaine[5].

Chronologie de la campagne

Sur le plan opérationnel, la « campagne de Lorraine » concerne la bataille de Metz, celle de Nancy, les combats dans les Vosges, la progression en Moselle jusqu'à la frontière franco-allemande de 1939 et les combats de janvier à .

Elle peut se décomposer en trois étapes.

Progression vers la Moselle

Devant Metz, la IIIe armée US menaçait gravement les défenses du Reich, et en particulier la ligne Siegfried, à moins de 60 kilomètres. Espérant gagner du temps pour renforcer cette ligne fortifiée, l'OKW décida de freiner la progression de Patton en renforçant les points stratégiques de ce front. La Moselstellung, une ligne fortifiée de forts construits pendant l’annexion de 1871 dans la vallée de la Moselle entre Metz et Thionville, constituait un excellent point d'appui pour les troupes allemandes. Le secteur relevait alors de la Ire armée allemande. Le , la défense de Metz fut confiée au général Walter Krause et la ville fut déclarée forteresse du Reich six jours plus tard. Pour l'OKW, arrêter Patton était une priorité. Le haut-commandement n’hésita pas à affecter de nouvelles troupes sur le secteur, comme la 17e SS-Panzergrenadier-Division[6].

Blocage devant Metz

La IIIe armée, manquant d'essence, fut incapable de prendre rapidement à la fois Nancy et Metz, à la différence des actions qui avaient caractérisé l'avance rapide de Patton à travers la France. Après l'engagement d'Arracourt, la libération de Nancy et le combat de Mairy, la IIIe armée américaine fut stoppée par les défenses de Metz. Jusqu'au et le début de l'assaut sur Metz, une météo exceptionnellement pluvieuse gêna en outre les opérations militaires. Ces problèmes logistiques, combinés à la combativité des troupes allemandes et à une bonne utilisation des défenses de Metz, retarda la chute de la ville jusqu'à la fin de novembre 1944.

Progression vers la ligne Siegfried

Après la chute de Metz, la IIIe armée lança une offensive pour atteindre la ligne Siegfried. L'attaque sur la Sarre était en cours quand les Allemands lancèrent l'offensive des Ardennes. Les opérations sur la Sarre furent stoppées, la IIIe armée déplaçant ses troupes vers le nord pour contre-attaquer sur le flanc sud de l'offensive en Belgique et au Luxembourg. Ce changement d'objectif marqua la fin de la première phase de la campagne de Lorraine. Les combats reprirent avec la VIIe armée américaine du général Patch. Après l'offensive allemande de , très meurtrière, les combats se poursuivirent dans les secteurs de Forbach et Bitche jusqu'en .

Forces en présence

Première phase (août 1944 - décembre 1944)

Front en Lorraine, le 5 septembre 1944.

Les forces américaines sont supérieures en nombre et en équipements aux forces allemandes, malgré les problèmes logistiques dus à l'allongement des lignes de ravitaillement entre la Normandie et la Lorraine. Les forces américaines disposent surtout d'une supériorité aérienne écrasante, supériorité qui lui permettra de surmonter les difficultés rencontrées entre la Meuse et le Rhin[7]. Le , la ligne de front en Lorraine voit s'opposer :

Unités américaines du XXe corps d'armée :
  • 3e groupement de cavalerie (Drury, puis Polk), XXe corps d'armée
  • 7e Armored Division (division blindée): (Lindsey H Sylvester), XXe corps d'armée
  • 10e Armored Division, XXe corps d'armée
  • 5e Infantry Division, XXe corps d'armée
  • 90e Infantry Division, XXe corps d'armée
  • 95e Infantry Division, XXe corps d'armée
  • Artillery Corps, XXe corps d'armée
Unités américaines du XIIe corps d'armée :
Unités américaines du XVe corps d'armée :
Unités de blindés allemandes :
Divisions d'infanterie allemande :

Les pertes estimées à ce moment de la campagne furent de 35 000 hommes pour les Américains et entre 50 et 75 000 hommes pour les Allemands. Du au , la Troisième armée de Patton a perdu 105 blindés légers, 298 blindés moyens, 1080 véhicules légers et 34 pièces d'artillerie (> 75 mm)[8]. Les dégâts infligés aux moyens de transport et à l'artillerie allemande par la Troisième armée et le XIXe Tactical Air Command ont été très largement supérieurs à ceux infligés à la Troisième armée[8].

Deuxième phase (décembre 1944 - mars 1945)

Front en Lorraine, le 1er janvier 1945.

En , la situation change avec le départ de la IIIe armée américaine et la reprise des combats par la VIIe armée américaine. Côté allemand, la Ire armée allemande assure toujours la défense du Reich dans ce secteur du front. La ligne de front se confond maintenant avec la Ligne Siegfried. C'est dans ces conditions qu'eut lieu l'opération Nordwind, du 1er au , dans le nord de la Lorraine et de l'Alsace. L'objectif de l'offensive était double. L'OKW voulait d'une part soulager les troupes allemandes engagées dans la bataille des Ardennes, en mobilisant des forces alliées dans le nord-est de la France. D'autre part, il voulait détruire la 7e armée américaine qui menaçait toujours la ligne Siegfried. Le Groupe d'armées G du général Johannes Blaskowitz attaque avec 4 corps d'armée, le LXXXII. Armeekorps, le XIII. SS-Armeekorps, le LXXXX. Armeekorps et le LXXXIX. Armeekorps[9]. Le Heeresgruppe sera renforcé par le Volks-Artillerie-Korps 410, les 7e et 20e Volks-Werfer-Brigaden, la Schwere Panzerjäger Abteilung 653, la Mörser-Batterie 428 et les Panzer-Flamm-Kompanien 352 et 353[9]. À la fin du mois de janvier, l'offensive, stoppée par les troupes alliées, fut abandonnée. Malgré l'échec de l'offensive, les Américains n'exploitent pas la situation. Ils campent sur leurs positions en Lorraine jusqu'au déclenchement de l'opération Undertone le . La 100e Infantry Division prend Bitche le 16 mars 1945, mettant ainsi un terme à la Campagne de Lorraine[9].

Notes et références

  1. Statistiques partielles de la IIIe Armée correspondant à la période allant de septembre à décembre 1944. (Hugh M. Cole: The Lorraine Campaign, Washington: Center of Military History, 1950, p. 592-593).
  2. Ces statistiques partielles ne concernent que la première étape de la campagne, menée par la IIIe Armée. (Hugh M. Cole: The Lorraine Campaign, Washington: Center of Military History, 1950, p. 592-593.). Les pertes de la seconde partie de la campagne menée de décembre 44 à mars 45 par la VIIe Armée sont sans doute aussi élevées.
  3. Le terme « Campagne de Lorraine » fut utilisé par Hugh M. Cole en 1950. Comme le précisait l'auteur : « La terminologie militaire précise a été employée, sauf dans les cas où la clarté et la simplicité du style ont dicté l'utilisation de terme de nature plus générale. Ainsi, les opérations de la Troisième armée en Lorraine sont considérées comme une « campagne » dans le sens général du terme, en dépit du fait que le département de l'Armée américaine n'a pas accordé une Campaign Star [décoration militaire américaine] distincte pour ces opérations. » Bien que le terme de « Campagne de Lorraine » ne soit pas officiel, il représente un usage plus classique du terme « campagne », car les batailles décrites par ce terme faisaient partie d'une opération de grande envergure qui avait un objectif fixé. En revanche, les noms officiels de campagne de l'armée américaine se référent à des campagnes multiples avec de grandes organisations militaires ayant des objectifs divers.
  4. La libération de Verdun et de Bar-le-Duc par la IIIe armée américaine, les 31 août et 1er septembre 1944 est acquise dès le début de la campagne de Lorraine.
  5. Forbach sera libéré le 13 mars, Bitche le 16 mars, et Sturzelbronn le 19 mars 1945.
  6. René Caboz, La bataille de Metz, 25 août - 15 septembre 1944, Sarreguemines, Éditions Pierron, Sarreguemines, 1984.
  7. René Caboz, La Bataille de Metz. 25 août - 15 septembre 1944, Sarreguemines, 1984.
  8. Hugh M. Cole : The Lorraine Campaign, Center of Military History, Washington, 1950 (p. 591)
  9. Anthony Kemp: Lorraine - Album mémorial - Journal pictorial : 31 août 1944 - 15 mars 1945, Heimdal, 1994. (p. 460)
  10. Erich Spiwoks, Hans Stober: Endkampf zwischen Mosel und Inn: XIII. SS-Armeekorps, Munin-lVerlag, Osnabruck, 1976. (p. 13-168)

Orientation bibliographique

  • René Caboz: La Bataille de la Moselle : -, éditions Pierron, Sarreguemines, 1981.
  • René Caboz: La Bataille de Metz : -, Éditions Pierron, Sarreguemines, 1984. (ISBN 2-7085-0022-8).
  • René Caboz: La bataille de Thionville ou La libération du pays des trois frontières : -, Éditions Pierron, Sarreguemines, 1991.
  • René Caboz: La bataille de Nancy : Luneville, Château-Salins, Faulquemont : -, Éditions Pierron, Sarreguemines, 1994.
  • René Caboz: La bataille de Maizières-lès-Metz : - ; suivi de Maizières la martyre : sélection de documents et photographies Ville de Maizières-lès-Metz, 1994.
  • Anthony Kemp: Lorraine Album Memorial - , Heimdal, 1994.
  • (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Lorraine Campaign » (voir la liste des auteurs) sur base de The Lorraine Campaign, Hugh M. Cole, Washington: Center of Military History, 1950. Cole, P. XIII.

Articles connexes

Liens externes

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