Capilla flamenca (chapelle flamande)
La Capilla flamenca (chapelle flamande) était la chapelle de la cour des Habsbourg, érigée en 1515 et fusionnée avec la chapelle espagnole en 1637[1]. Elle était située dans le palais royal de Madrid qui fut détruit dans un incendie en décembre 1734 [2]. De nombreuses archives relatives à la Grande Chapelle furent ainsi détruites. Pendant plus d'un siècle, elle fut animée par des musiciens et des chantres issus des Pays-Bas des Habsbourg qui excellaient dans leur art : la polyphonie franco-flamande.
Pour les articles homonymes, voir Capilla Flamenca, Capilla (homonymie) et Flamenca (homonymie).
Capilla flamenca | ||
Charles Quint | ||
Présentation | ||
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Culte | Catholique romain | |
Type | chapelle musicale | |
Rattachement | la cour des Habsbourg | |
Géographie | ||
Pays | Espagne | |
Ville | Madrid | |
Coordonnées | 40° 25′ 07″ nord, 3° 42′ 52″ ouest | |
Géolocalisation sur la carte : Espagne
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But
La chapelle pourvoyait la cour impériale et la cour royale espagnole quotidiennement de chant homophone grégorien et polyphonique lors des célébrations liturgiques. Outre de chanteurs, la Capilla Flamenca disposait d’un organiste. Sous Charles Quint, la chapelle comptait aussi douze trompettistes et un timbalier qui se produisaient, entre autres, lors des Joyeuses Entrées et les banquets. Occasionnellement, d’autres instrumentistes furent engagés à la chapelle.
Fondation et organisation
De la Capilla flamenca, chapelle de la cour érigée en 1515 par l’empereur Charles Quint, les statuts datant de l’année de sa fondation définissent son organisation. La chapelle est décrite comme la « chapelle, laquelle [nous] avons instituée et instituons en l'honneur et louange de Dieu, notre Créateur, et pour l'augmentation et exaltation de son sainct service ». Elle avait besoin d’une cinquantaine de personnes dont plus de la moitié étaient des musiciens professionnels, répertoriés dans les listes des membres de la chapelle sous la Grande Chapelle. Celle-ci comptait de huit à dix choristes (enfants de la chapelle), une cinquantaine de chanteurs (chantres, à peu près également répartis entre les voix de basse, alto), un organiste, un accordeur d’orgue et un souffleur d’orgues. Surtout après 1540, l’ensemble fut considérablement élargi. Le maître latin prenait en charge l’enseignement à la chapelle. La direction de l’ensemble était dans les mains du maître de chœur (maître de chapelle) ; cette fonction se rapprochait de celui de maître de chant des églises cathédrales et collégiales. Des clercs, des chapelains et des fonctionnaires administratifs appartenaient à la Petite Chapelle. Alors que les membres de la Grande Chapelle jouaient pendant les célébrations solennelles, les membres de la Petite Chapelle étaient responsables des messes silencieuses.
Les Leges et constitutiones capellae catholicae maiestatis, une série d’ordonnances de 1556 probablement commandée par le roi Philippe II d'Espagne, donnent des directives plus importantes encore que celles de l’ordonnance de 1515 et visent entre autres la disposition autour du pupitre, la façon dont on chantait, la hiérarchie des chanteurs lors des services ou le comportement et l’étiquette. Ces directives étaient très contraignantes : ainsi les chanteurs n'étaient pas autorisés à sonner les cloches sans, au préalable, demander la permission au maître de chapelle.
Rémunération et modalités de réorientation de carrière
Outre leur salaire régulier, les chanteurs pouvaient également profiter des bénéfices d'un vicariat ou d'un canonicat. L’empereur avait le droit d’accorder des bénéfices dans un grand nombre d’églises paroissiales, collégiales, cathédrales et autres institutions religieuses dans les Pays-Bas (un indult de Pie IV en 1560 entérinera cette prérogative). L’obligation de prendre résidence pouvait être levée pour les chanteurs et, après leur retour aux Pays-Bas, ils pouvaient également compter sur les recettes provenant de leurs prébendes.
Le système de support et de réorientation de carrière des enfants de chœur grandissants dont la voix était en train de muer était bien organisé et est décrit dans la « Relacion de la forma de servir que se tenia en la casa del Imperador Don Carlos », sorte de réglementation des devoirs à la cour. Les garçons recevaient une subvention permettant d’étudier trois ans aux Pays-Bas, par exemple à l’Université de Louvain, afin de se reconvertir. Dès qu'ils avaient atteint l'âge de la mue, et dans la mesure où ils étaient encore en possession d’une belle voix, les chanteurs avaient la priorité quant à se faire réembaucher.
Direction musicale
La direction musicale de la chapelle était confiée à des maîtres de chant exceptionnels, appréciés à travers l’Europe pour leurs compétences dirigeantes et pédagogiques dans l’exécution d’œuvres musicales et en matière d’éducation des musiciens. Leurs œuvres circulaient à travers l’Europe en manuscrit ou sous forme imprimée. Non seulement les maîtres de chapelle mais aussi leurs chantres recrutaient des chanteurs pour la chapelle. Cette tâche incombait parfois à des personnes étrangères à la chapelle. Après l’abdication de Charles Quint, Philippe II reprit la Capilla Flamenca et son maître de chapelle, Payen. Un nombre de musiciens accompagna leur empereur abdiqué lorsque celui-ci se retira en Espagne en septembre 1556. Ils y poursuivirent la tradition, y compris celle de l’occupation du chœur par des Néerlandais (Flamands).
Hautes personnalités, maîtres de chapelle et de chant[3],[4] | À la chapelle à partir de/dans la fonction de | jusqu’en |
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Marbriano de Orto (ca 1460-1529) |
1512, premier chapelain |
Disparition de la chapelle
En 1633, Matheo Romero (ou Mathieu Rosmarin) prit congé à la Capilla Flamenca en tant que maître de chapelle. Il fut le dernier des maîtres de chant originaires des Pays-Bas à revêtir une position bien en vue à la cour d’Espagne et fut remplacé par l’Espagnol Carlos Patiño. La chapelle flamande, ayant longtemps coexisté avec la chapelle espagnole, fut fusionnée avec celle-ci en 1637[5].
Notes et références
- Louis Peter Grijp et Ignace Bossuyt (réd), Een muziekgeschiedenis der Nederlanden, Volume 1, Amsterdam University Press, 2001 (ISBN 9053564888 et 9789053564882), p. 143-149.
- Begoña Lolo, La recepción del primer barroco en la Real Capilla, recerca musicològica, XVII-XVIII, 2007-2008, p. 67-81.
- Paul Van Nevel, Nicolas Gombert en het avontuur van de Vlaamse polyfonie, Wolvertem, Libri musicae (ISBN 90-73737-01-X), p. 60.
- Juan Ruiz-Jimenez, « The Mid-Sixteenth-Century Franco-Flemish Chanson in Spain: The Evidence of Ms. 975 of the Manuel de Falla Library », Tijdschrift van de Koninklijke Vereniging voor Nederlandse Muziekgeschiedenis, D. 51e, 1er fascicule (2001), p. 25-41.
- Maurice Esses, Dance and Instrumental Diferencias in Spain During the 17th and Early 18th Centuries: History and background, music and dance, Volume 1, Pendragon Press, 1993 (ISBN 0945193084) (ISBN 9780945193081), p. 16
Articles connexes
- Capilla Flamenca (groupe)
- Alcázar royal de Madrid
- Nicaise Houssart, émissaire de Philippe II en vue de recruter de jeunes voix aux Pays-Bas.
Lien externe
- (nl) De Capilla Flamenca of de Nederlandse polyfonisten in Spanje (Willaert nieuwsbrief – 25 november 2006).
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