Carl Friedrich Goerdeler
Carl Friedrich Goerdeler, né le à Schneidemühl et mort le , exécuté à la prison de Plötzensee, est un homme politique conservateur allemand, opposant au régime nazi.
Maire de Leipzig du 23 mai 1930 au 22 mars 1937 |
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Naissance | |
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Décès |
(à 60 ans) Prison de Plötzensee |
Nationalité | |
Domicile |
Solingen (jusqu'au XXe siècle) |
Formation | |
Activités |
Homme politique, juriste, résistant |
Conjoints | |
Enfant |
Reinhard Goerdeler (en) |
Religion | |
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Parti politique | |
Condamné pour | |
Distinction |
Goethe-Medaille für Kunst und Wissenschaft (en) () |
Biographie
Goerdeler naît dans la ville de Schneidemühl (actuellement Piła en Pologne), alors dans la province de Posen, d’une famille d’officiers prussiens. Il étudie le droit et, après la Première Guerre mondiale, rejoint le parti conservateur Deutschnationale Volkspartei (DNVP ou Parti national du peuple allemand). Il est élu Bürgermeister (bourgmestre) à Königsberg en Prusse-Orientale, puis maire de Leipzig en 1930. Il est commissaire des prix sous le gouvernement de son ami Heinrich Brüning en 1931 et 1932 puis à nouveau en 1934 et 1935. Pendant la république de Weimar, Goerdeler est considéré comme un politicien habile et travailleur et même, en 1932, comme un chancelier possible par Kurt von Schleicher qui lui préfère finalement Franz von Papen à la succession de Brüning. Pendant son second mandat de commissaire des prix, Goerdeler rentre fréquemment en conflit avec Hjalmar Schacht à propos de la politique inflationniste de ce dernier qui, selon lui, met en danger l’économie allemande[1]. Il démissionne finalement de son poste en 1935.
Goerdeler s’oppose à l’idéologie raciale nazie. Il quitte le DNVP lorsque le parti commence à coopérer avec le Parti national-socialiste (NSDAP) en 1931. Après 1933, Goerdeler est l’un des rares hommes politiques en opposition ouverte avec le NSDAP. À plusieurs reprises, il aide les hommes d’affaires juifs de Leipzig victimes des restrictions économiques décidées par les nazis. Lorsque ceux-ci font détruire le monument à l’effigie du compositeur juif-allemand Felix Mendelssohn, Goerdeler tente de le faire reconstruire et, devant son échec, refuse sa réélection en 1937 comme maire de Leipzig, puis quitte son poste.
Entre 1937 et 1938, Goerdeler voyage en France, en Grande-Bretagne, aux États-Unis et au Canada pour dénoncer la politique agressive des nazis. Pendant cette période, il rencontre à plusieurs reprises Winston Churchill et Robert Vansittart alors ministre britannique des Affaires étrangères. Bien qu’opposé à la politique extérieure du gouvernement allemand, il prône aussi, auprès de ses interlocuteurs étrangers, le rattachement à l’Allemagne des Sudètes, du corridor de Dantzig, de Memel, de la ville libre de Dantzig ainsi que des anciennes colonies africaines. En 1938, il est profondément déçu des accords de Munich qui, selon lui, détruisent la meilleure chance de provoquer un putsch contre le régime nazi. Il écrit à un ami américain : «… le peuple allemand ne voulait pas la guerre ; l’armée aurait tout fait pour l’éviter… le monde était prévenu et informé à temps. Si ces avertissements avaient été pris en compte, l’Allemagne serait aujourd’hui libérée de son dictateur et se serait tournée contre Mussolini. En quelques semaines, nous aurions pu commencer à bâtir les fondements d’une paix mondiale basée sur la justice, la raison et la décence. Une Allemagne purifiée, avec un gouvernement formé de personnalités décentes aurait été prête à régler le problème espagnol avec la France et la Grande-Bretagne, à supprimer Mussolini et, avec l’aide des États-Unis, à créer une situation de paix en Orient. La route aurait été ouverte pour une coopération économique et sociale, pour la création de relations paisibles entre le Capital, les travailleurs et les États, pour la promotion des concepts éthiques et pour une vision fraiche visant à améliorer les conditions générales de vie. »[2].
Malgré ce qu’il considère comme un important retour en arrière, Goerdeler poursuit ses efforts dans le but de renverser le régime nazi. Optimiste incurable et doté d’un important sens civique et de fortes convictions religieuses, il est persuadé que, s’il parvient à convaincre suffisamment de personnes, il peut alors détruire le régime en place.
Dans ce but, il rassemble plusieurs hommes politiques conservateurs et plusieurs généraux (tels qu’Ulrich von Hassell, Ludwig Beck et Johannes Popitz) opposés à Adolf Hitler. Ensemble, ils développent une nouvelle Constitution pour l'Allemagne ainsi qu’une liste de ministres possible pour un nouveau gouvernement. Cette Constitution propose un fort pouvoir exécutif, un haut degré de décentralisation, un Reichstag partiellement élu sur le mode britannique "First pass the post" (au lieu du système en place d’élection sur des listes de partis politiques) et comprenant des représentants nommés par les églises chrétiennes, les syndicats, les universités et les groupes économiques[3]. Pour la préparation de cette Constitution, Goerdeler demande l’aide de son ami Dietrich Bonhoeffer et celle du Cercle de Fribourg (en) (Freiburger Kreis), un groupe de professeurs de l’université de cette ville.
Goerdeler est un ardent défenseur du capitalisme et, en cela, est fortement opposé au socialisme défendu par le Cercle de Kreisau[4]. Ce système est, selon lui, destiné à servir de fondement à la démocratie des 10 commandements[5]. En , il écrit une lettre à plusieurs officiers de la Wehrmacht pour leur demander de s’opposer aux nazis. Cependant, Goerdeler est vivement critiqué par les autres membres de la résistance allemande, en particulier :
- pour son opposition au meurtre d’Hitler qu’il souhaiterait voir jugé ;
- pour ses sympathies monarchiques ;
- et pour son idéologie radicalement anti-communiste.
Dans le cadre du complot du 20 juillet 1944, il est prévu que Goerdeler soit nommé chancelier du nouveau gouvernement formé à l'issue de l'assassinat de Hitler.
Mais, dès le , un avis d’arrestation est émis contre Goerdeler. Il tente de s’enfuir mais est capturé le sur dénonciation. Le , après un procès mené au Volksgerichtshof, il est condamné à mort. Il est exécuté par pendaison le à la prison de Plötzensee près de Berlin.
Goerdeler est cité par Rudolf Roessler comme l'une des sources des renseignements qui lui ont permis d'informer les services secrets suisses et le GRU soviétique des plans de l'Oberkommando der Wehrmacht (OKW) de 1942 à 1944[6].
Filmographie
- Walkyrie (2008), de Bryan Singer, où Goerdeler est interprété par Kevin McNally.
- Wir, Geiseln der SS [Nous, otages des SS] (2014), de Christian Frey, où l'on évoque le sort de sa famille condamnée à la sippenhaft.
Bibliographie
- Wolfgang Benz, Walter H. Pehle (de) (Hrsg.): Lexikon des deutschen Widerstandes. Frankfurt am Main 2001, (ISBN 3-596-15083-3), S. 218–222.
- Günter Brakelmann, Manfred Keller (Hrsg.): Zeitansage. Der 20. Juli 1944 und das Erbe des deutschen Widerstandes. (= Schriftenreihe der Evangelischen Akademikerschaft Westfalen). LIT Verlag, Münster 2005, (ISBN 3-8258-8561-5).
- Sabine Gillmann, Hans Mommsen (Hrsg.): Politische Schriften und Briefe Carl Friedrich Goerdelers. K. G. Saur, München 2003, (ISBN 3-598-11631-4).
- Peter Hoffmann (de): Carl Goerdeler and the Jewish Question 1933–42. Cambridge University Press, 2011, (ISBN 978-1-107-00798-7). Auf Deutsch als:
- Peter Hoffmann: Carl Goerdeler gegen die Verfolgung der Juden. Böhlau, Köln u. a. 2013, (ISBN 978-3-412-21024-3).
- Linda von Keyserlingk-Rehbein: Nur eine »ganz kleine Clique«? Die NS-Ermittlungen über das Netzwerk vom 20. Juli 1944. Lukas, Berlin 2018, (ISBN 978-3-86732-303-1).
- (de) Paul Kluke (de), « Goerdeler, Carl Friedrich », dans Neue Deutsche Biographie (NDB), vol. 6, Berlin 1964, Duncker & Humblot, p. 521–524 (original numérisé).
- Manuel Limbach: Carl Goerdeler und die Juden. In: Christian-Matthias Dolff, Julia Gehrke, Christoph Studt (Hg.), »Mit jedem Leben, das wir retteten, bekämpften wir Hitler!«. Jüdischer Widerstand und der Widerstand und die Juden, Augsburg 2021 (= Schriftenreihe der Forschungsgemeinschaft 20. Juli e. V., Band 26), S. 101–121.
- Hans Mommsen: Der Widerstand im Dritten Reich. In: ders.: Zur Geschichte Deutschlands im 20. Jahrhundert. Demokratie, Diktatur, Widerstand. München 2010, (ISBN 978-3-421-04490-7), S. 235–348.
- Klaus-Jürgen Müller: Struktur und Entwicklung der national-konservativen Opposition. In: Aufstand des Gewissens. Der militärische Widerstand gegen Hitler und das NS-Regime 1933. hg. v. Militärgeschichtlichen Forschungsamt. überarbeitet und erweitert. Herford/Bonn 2001, (ISBN 3-8132-0708-0).
- Ines Reich: Carl Friedrich Goerdeler. Ein Oberbürgermeister gegen den NS-Staat. Böhlau, Köln 1997, (ISBN 3-412-05797-5).
- Gerhard Ritter: Carl Goerdeler und die deutsche Widerstandsbewegung. 4. Auflage. Deutsche Verlags-Anstalt, Stuttgart 1984, (ISBN 3-421-06181-5).
- Wilhelm Ritter von Schramm (de) (Hrsg.): Beck und Goerdeler. Gemeinschaftsdokumente für den Frieden 1941–1944. Gotthold Müller, München 1965, (de) « Publications de et sur Carl Friedrich Goerdeler », dans le catalogue en ligne de la Bibliothèque nationale allemande (DNB)..
- Daniela Rüther: Der Widerstand des 20. Juli auf dem Weg in die Soziale Marktwirtschaft. Die wirtschaftspolitischen Vorstellungen der bürgerlichen Opposition gegen Hitler. Schöningh, Paderborn/ München/ Wien/ Zürich 2002, (ISBN 3-506-77529-4).
- Arthur P. Young: Die X-Dokumente. Die geheimen Kontakte Carl Goerdelers mit der britischen Regierung 1938/1939. Piper, München 1989, (ISBN 3-492-03230-3).
Références
- Gilbert Merlio, Les résistances allemandes à Hitler, Tallandier 2003, p. 151
- Hans Rothfels, The German Opposition To Hitler London: Oswald Wolff, 1961, p. 60-61.
- Rothfels Ibid page 102
- Rothfels Ibid page 106
- Rothfels Ibid page 103-104
- (en) United States. Central Intelligence Agency, The Rote Kapelle : The CIA's history of Soviet intelligence and espionage networks in Western Europe, 1936-1945, Washington, DC, University Publications of America Inc., , 416 p. (ISBN 0-89093-203-4, lire en ligne), p. 192
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