Carlo Maria Viganò

Carlo Maria Viganò (né le à Varèse) est un prélat catholique italien. Il a été nonce apostolique pour le Saint-Siège et a aussi rempli des missions au sein du Gouvernorat de l'État de la Cité du Vatican.

Pour les articles homonymes, voir Viganò.

Carlo Maria Viganò

Carlo Maria Viganò en 2013.
Biographie
Naissance
Varèse (Italie)
Ordination sacerdotale par Mgr Carlo Allorio
Évêque de l'Église catholique
Consécration épiscopale par le pape Jean-Paul II
Nonce apostolique aux États-Unis
Secrétaire général pour le gouvernorat de l'État de la Cité du Vatican
Délégué pour les représentations pontificales
Pro-nonce au Nigeria
Archevêque titulaire de Ulpiana
Depuis le

« Scio cui credidi » (2 Tm 1, 12)
 Je sais en Qui j’ai cru »)
.html (en) Notice sur www.catholic-hierarchy.org

Biographie

Carlo Maria Viganò est né le à Varese, en Italie au sein d'une famille aisée dont le père (mort en 1961) est un industriel de l'acier. Il a plusieurs frères et sœurs dont un frère jésuite[1]. L'héritage paternel important étant d'abord géré en indivis va donner lieu plus tard à des procès au sein de la fratrie.

Il fut ordonné prêtre le . Il obtint, à la fin de ses études, un doctorat en droit canonique. En 1973, il entra au service diplomatique du Saint-Siège et travailla aux missions diplomatiques papales en Irak et en Grande-Bretagne. De 1978 à 1989, il occupa des postes pour le compte du Secrétariat d’État du Vatican. Il fut nommé comme envoyé spécial et observateur permanent du Saint-Siège auprès du Conseil de l'Europe à Strasbourg le .

Outre l'italien, il parle le français, l'espagnol et l'anglais.

Nonce apostolique au Nigeria

Le , il est élevé au rang d'archevêque titulaire d'Ulpiana et nonce apostolique au Nigéria par le pape Jean-Paul II. Il fut consacré évêque par ce dernier, Franciszek Macharski et Angelo Sodano, étant les co-consécrateurs, le 26 avril de la même année. Le pape le rencontra lors de sa visite au Nigeria.

Chef du personnel au Vatican

À la fin de sa mission au Nigeria, il fut affecté à des fonctions au sein du Secrétariat d'État du Vatican en qualité de délégué des représentations pontificales, faisant de lui le chef du personnel de la curie romaine. Il occupa cette fonction jusqu'à ce qu'il devienne secrétaire général pour le gouvernorat de l'État de la Cité du Vatican le [2].

Secrétaire général du gouvernorat de la Cité du Vatican

En 2009, Carlo Maria Viganò fut nommé secrétaire général pour le gouvernorat du Vatican. À ce titre, il mit en place des procédures comptables, ce qui permit de dégager un déficit de 10,5 millions de dollars pour le Vatican et un excédent de 44 millions de dollars en un an[3].

En 2010, Viganò proposa que la Cité du Vatican sorte de l'euro afin d'éviter de nouvelles réglementations bancaires. Le Vatican rejeta sa proposition et accepta les contrôles exigés ainsi que des réglementations bancaires plus strictes[4].

Au Vatican, il lutta contre la corruption et le népotisme, jusqu'à remettre en cause le cardinal Tarcisio Bertone, alors secrétaire d'État. Des documents confidentiels et des correspondances sont révélés aux yeux de tous, c'est le scandale du vatileaks. Dans certains de ces courriers, Viganò se plaint d'avoir été muté en 2011 comme nonce apostolique à Washington pour, selon ses dires, avoir révélé l'existence d'affaires de corruption, népotisme et favoritisme entre le Vatican et des partenaires italiens. D'autres pièces évoquent des conflits internes concernant la supervision de l'Institut pour les œuvres de religion (IOR, la Banque du Vatican), dont le président Ettore Gotti Tedeschi, accusé de « mauvaise gouvernance », a été limogé.

En janvier 2016, à 75 ans, il présenta sa démission en raison de son âge au pape François qui l'accepta, le . Mgr Christophe Pierre lui succéda à la tête de la nonciature.

Révélations et accusations concernant Theodore McCarrick

Le 25 août 2018, Viganò publia une lettre de 11 pages décrivant une série d'avertissements concernant le cardinal Theodore McCarrick. Deux mois plus tôt, en juin 2018, il avait été publiquement révélé que McCarrick avait abusé sexuellement de mineurs ainsi que de plusieurs séminaristes adultes. En conséquence, ce dernier démissionna de ses fonctions de cardinal.

Selon sa lettre, en 2000, Mgr Gabriel Montalvo et Mgr Pietro Sambi, nonces aux États-Unis, avaient déjà informé le Vatican du « comportement profondément immoral de McCarrick auprès des séminaristes, de prêtres ». Cependant, d'après Carlo Maria Viganò, rien n'avait été fait pour arrêter McCarrick. D'autres accusations viennent dans sa lettre : il accuse les cardinaux Sodano, Bertone et Parolin de n'avoir rien fait, alors qu'ils étaient au courant des comportements déviants de McCarrick. Enfin, Mgr Viganò dit avoir écrit une deuxième lettre 2008 à Richard Sipe, expert en affaires de violences sexuelles. En conséquence le pape Benoît XVI aurait imposé à McCarrick de sévères restrictions dans ses mouvements et dans son ministère, ne lui permettant pas de s'aventurer hors du séminaire où il vivait et de ne pas dire la messe en public. Cependant, selon Viganò, le pape François aurait ensuite réhabilité McCarrick en l'érigeant comme « son conseiller de confiance », en dépit du fait que le pape François « savait depuis au moins le 23 juin 2013 que McCarrick était un prédateur sexuel. Il savait qu'il était un homme corrompu ».

Dans sa lettre, Carlo Maria Viganò accuse le pape François ainsi que plusieurs prélats - dont Donald Wuerl, William Levada, Marc Ouellet, Lorenzo Baldisseri, Jésus Montanari, Leonardo Sandri, Fernando Filoni, Giovanni Angelo Becciu et Robert McElroy - d'avoir été au courant, au moment des faits, des actes de harcèlement sexuel posés par le cardinal et dénonce sinon le manque d'actions pour le stopper, du moins d'avoir fait preuve d'un certain laxisme à son égard.

Dans la lettre contenant ces allégations, Carlo Maria Viganò demande au pape et à ceux qui auraient dissimulé la conduite de McCarrick de démissionner : « En ce moment extrêmement dramatique pour l'Église universelle, il [le pape François] doit reconnaître ses erreurs et, conformément au principe proclamé de tolérance zéro, le pape François doit être le premier à donner l’exemple aux cardinaux et aux évêques qui ont dissimulé les abus de McCarrick, et démissionner avec eux. »

Évaluations de la lettre par les médias

Le New York Times a déclaré que la lettre de Carlo Maria Viganò contenait « des allégations non fondées et des attaques personnelles » et l'a décrite comme « une déclaration de guerre contre le pape François, probablement à son moment le plus vulnérable »[réf. nécessaire].

L'Associated Press décrit Carlo Maria Viganò comme « un conservateur dont les vues homophobes pures et dures sont bien connues » et suggère, sans néanmoins jamais le prouver, que ces prises de position seraient à l'origine de son accusation[réf. nécessaire].

Matthew Schmitz, rédacteur en chef du journal néoconservateur First Things, écrit que la lettre de Viganò a plongé l'Église catholique « dans une guerre civile totale »[réf. nécessaire].

Jean-Marie Guénois, rédacteur en chef, chargé des religions au Figaro Magazine, relève que Mgr Viganò « est un homme d'autorité, de grande carrière ecclésiastique, habituellement très sérieux »[5]. Il voit également dans les attaques contre la personne de Mgr Viganò « un nuage de fumée, signe d'un embarras au plus haut niveau sur ce que dénonce le prélat »[6].

Réponse du pape à la lettre

Interrogé par un journaliste pour répondre aux allégations de Carlo Maria Viganò, le pape François répondit : « J'ai lu ce matin ce communiqué, je l'ai lu et je dirai sincèrement que je dois vous dire ceci, à vous et à tous ceux d'entre vous qui sont intéressés : lisez attentivement le communiqué et faites-vous votre propre jugement. Je ne dirai pas un mot là-dessus. Je pense que le communiqué parle de lui-même. Et vous avez la capacité journalistique suffisante pour tirer des conclusions. C'est un acte de confiance. Quand on passe un peu le temps et vous avez les conclusions, peut-être je parlerai mais j'aimerais que votre maturité professionnelle fasse ce travail. Cela vous fera vraiment du bien. »

Réactions des cardinaux et évêques à la lettre

Le cardinal Daniel DiNardo, président de la Conférence des évêques catholiques des États-Unis, publia une déclaration déclarant que la lettre de Viganò soulevait des questions qui « méritent des réponses concluantes et fondées sur des preuves. »

Le porte-parole de l’archevêque de Washington, le cardinal Donald Wuerl, a déclaré que ce dernier n’avait jamais reçu d’informations de Carlo Maria Viganò concernant McCarrick.

Mgr Jean-François Lantheaume, qui avait été premier conseiller à la nonciature de Washington, a déclaré que « Viganò dit la vérité », mais refusa de donner plus de détails.

Certains évêques américains ont critiqué la missive de Carlo Maria Viganò. Le cardinal Joseph Tobin, archevêque de Newark, publia une déclaration critiquant la déclaration de Viganò, la décrivant comme contenant des « erreurs factuelles, des insinuations ».

Mgr Robert McElroy, évêque de San Diego, déclara qu'au lieu de rechercher une « vérité complète », Vigano s'adonnait à la « partisanerie, la division et la distorsion ».

D'autres évêques américains sont plus positifs. Mgr Thomas Olmsted, évêque de Phoenix, déclara qu'il avait « toujours respecté Viganò en tant qu'homme de vérité, de foi et d'intégrité » et demanda que les revendications de sa lettre « fassent l'objet d'une enquête approfondie ». De même, Mgr David Konderla, évêque de Tulsa, déclara que les allégations de Viganò seraient « une bonne chose pour commencer les enquêtes ». Dans une lettre ouverte adressée à Donald Trump, il dénonce le « great reset des mondialistes contre qui il (Donald Trump) est un rempart »[réf. nécessaire]

Prise de positions sur la pandémie de Covid-19 et le décès de George Floyd

En mai 2020, lors de la première vague de la pandémie de Covid-19, l'archevêque sort de son silence en signant une pétition pour la reprise des cultes qui auraient été interdits par « un gouvernement mondial » hors de contrôle[7]. Le , monseigneur Carlo Maria Viganò adresse au Président Donald Trump un courrier reprenant des thèmes qualifiés de conspirationnistes par les journaux détenus par les multinationales qui nie la notion d'État, en mai 2020[incompréhensible] et associant les émeutes à la suite du décès de George Floyd à l'Apocalypse[8]. En octobre 2020, en pleine campagne présidentielle américaine, il écrit une lettre ouverte de soutien au Président Trump où il développe à nouveau la thèse d'une dictature sanitaire, prélude à une « grande réinitialisation » financée par le Forum économique mondial[9].

Selon Libération, le prélat est « connu pour ses positions antivax et complotistes »[10].

Publications

  • Un Archevêque parle : textes de Mgr Carlo Maria Viganò (2020-2021), Avrillé, éd. Saint-Dominique, 2021, 165 p. (ISBN 978-2-9580631-0-8).

Bibliographie

  • Marco Tosatti, Viganò et le Pape, Paris, Presses de la Délivrance, 2019, 110 p. (ISBN 979-10-95502-25-8).
  • Nicolas Senèze, Comment l'Amérique veut changer de pape, Paris, Bayard Culture, coll. « Essais religieux divers », , 276 p. (ISBN 978-2-227-49666-8).

Notes et références

  1. Nicolas Sénèze, op. cit.
  2. « Archbishop Carlo Maria Viganò », Catholic Hierarchy (consulté le )
  3. John L. Allen, « Vatican denies corruption charges attributed to U.S. nuncio », National Catholic Reporter, (consulté le )
  4. « Influential prelate said Vatican should drop Euro, author reports », Catholic World News, (lire en ligne, consulté le )
  5. « Gestion des abus sexuels : le pape François mis en cause », FIGARO, (lire en ligne, consulté le )
  6. « «Lobby gay» dans l'Église: des allégations prises au sérieux », FIGARO, (consulté le )
  7. « Covid-19, des prélats catholiques signent un texte complotiste », La Croix, (ISSN 0242-6056, lire en ligne, consulté le )
  8. « Complotisme et catholicisme : l'Église de Mgr Viganò », sur Le Grand Continent, (consulté le )
  9. Guy Boulianne, « L’archevêque Carlo Maria Viganò envoie une lettre ouverte au Président des États-Unis Donald Trump concernant le « Great reset » », sur Guy Boulianne : auteur, éditeur et journaliste indépendant, (consulté le )
  10. Pierre Plottu et Maxime Macé, « Complotisme et racisme: l’extrême droite radicale en camps d’été », sur Libération (consulté le )
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