Collégiale Sainte-Waudru de Mons

La collégiale Sainte-Waudru de Mons est un édifice religieux catholique de style gothique brabançon dédiée à sainte Waudru, la patronne de la ville de Mons (Belgique). Commencés en 1450, les travaux s'arrêtèrent en 1691, sans que l'église ne soit jamais achevée. Elle est classée au patrimoine culturel immobilier classé de la Wallonie.

Pour les articles homonymes, voir Sainte-Waudru (homonymie).

Collégiale Sainte-Waudru

la façade principale de la collégiale, le beffroi et une sculpture monumentale contemporaine.
Présentation
Culte catholique
Type Église paroissiale
Rattachement Diocèse de Tournai
Début de la construction 1450
Fin des travaux 1691
Style dominant Gothique brabançon
Protection Inventaire no 53053-INV-0604-02
 Patrimoine classé (1936, no 53053-CLT-0013-01)
 Patrimoine exceptionnel (2013, no 53053-PEX-0003-02)
Site web www.waudru.be
Géographie
Pays Belgique
Région  Région wallonne
Département  Province de Hainaut
Ville Mons
Coordonnées 50° 27′ 12″ nord, 3° 56′ 51″ est
Géolocalisation sur la carte : Belgique

Histoire

La construction de l'édifice est décidée par le chapitre de Sainte-Waudru : les travaux débutent en 1450 et durent pas moins de 241 ans. Les plans originaux sont établis par des architectes montois et Mathieu de Layens, natif de Soignies, entre autres, plans dont les maîtres successifs du chantier ne se sont pas écartés, ce qui donne au bâtiment son harmonie.

L'actuelle collégiale succède à d'autres édifices qui ont occupé ce monticule depuis le VIIe siècle, époque de la fondation par sainte Waudru du premier ermitage. Son plan est en forme de croix latine ; sa longueur est de 115 mètres pour 32 mètres de largeur. À la clef de voûte, elle atteint 24,5 mètres de hauteur. Le chœur est entouré d'un déambulatoire et de 15 chapelles rayonnantes. Les matériaux qui servirent à sa construction sont le grès, la pierre bleue et la brique.

La construction d'un clocher de 190 mètres de haut est prévue à l’origine : les travaux sont entamés en 1548. En 1620 la construction des bâtiments s'arrêtent, sans que l'église soit jamais terminée. Ils s'arrêtèrent définitivement en 1691 à hauteur du toit de la nef[1]. Le fait est devenu depuis lors proverbial : quand quelque chose met du temps à prendre fin, les Montois disent : « C'est la tour de Sainte-Waudru, on n'en verra pas le bout ! ».

Lors de la Révolution française, le bâtiment est utilisé comme écurie et faillit être démoli. À partir de 1803, elle est rendue au culte non plus comme paroisse personnelle des chanoinesses, mais comme paroisse principale de la ville de Mons, rôle autrefois dévolu à Saint-Germain, une église contiguë à Sainte-Waudru, qui est rasée en 1799.

Les chanoinesses

Chanoinesse de Mons.

C’est probablement dans la seconde moitié du VIIe siècle qu’une communauté religieuse est fondée par sainte Waudru. Après la mort de celle-ci, la petite communauté féminine s'est développée.

Entre le Xe et le XIIIe siècle, les religieuses régulières se sécularisent. C'est l'origine du chapitre noble de Sainte-Waudru, les religieuses devenant des chanoinesses, issues de familles nobles d'Europe. Au XIIIe siècle, il suffit d'être fille de chevalier pour être admise au chapitre. Mais en 1769, l'impératrice Marie-Thérèse d'Autriche, belle-sœur de l'abbesse Anne-Charlotte de Lorraine, édicte qu'il faut justifier de seize quartiers de noblesse.

Les chanoinesses bénéficient de prébendes (revenus liés à leur charge) ainsi que de nombreux privilèges. C'est ainsi qu'elles peuvent financer la construction de la collégiale, qui est leur église personnelle, celle-ci ne devenant église paroissiale qu'après la période révolutionnaire.

Le chapitre est supprimé par l'administration française en février 1793. Après une brève reprise sous la restauration autrichienne, il cesse définitivement ses activités en juin 1794.

De nos jours, dans le cortège de la ducasse de Mons, les chanoinesses sont représentées par deux groupes de figurantes, les unes en habit de chœur du XVIe siècle, les autres du XVIIIe siècle. Ces figurantes participent aussi aux cérémonies de descente et de remontée de la châsse, lors des festivités liées à la ducasse.

Mobilier

Sculptures

La Résurrection de Jacques Du Brœucq.

La collégiale renferme entre autres des œuvres de Jacques Du Brœucq. La plupart de ces œuvres proviennent d'un jubé de style Renaissance réalisé entre 1545 et 1549, et érigé à l'entrée du chœur. La structure de ce jubé est en marbre noir ; il est orné de bas-reliefs et de statues en ronde-bosse sculptés dans l'albâtre par Du Brœucq.

Après la destruction du jubé en 1797, conséquence de la Révolution française, la grande majorité des œuvres de Du Brœucq sont récupérées et disposées en différents emplacements de la collégiale. Les plus remarquables sont le bas-relief de la Résurrection, et dans le chœur les statues des vertus cardinales et théologales ainsi que celle de saint Barthélemy.

Il y a quelques statues comme celle de saint Jacques (apôtre) en bois polychrome, XIVe siècle ; celle de sainte Waudru et ses filles en bois polychrome vers la fin du XVe siècle ; sainte Waudru en fondatrice ou sainte Gertrude en fondatrice toutes deux en bois peint du XVIe ; crucifix en albâtre et aussi Abraham rencontrant Melchisédech, ce sont des statuettes en albâtre faites par Du Brœucq au XVIe[2].

Vitraux

La collégiale Sainte-Waudru possède un ensemble exceptionnel de vitraux anciens, dont 21 datant du XVIe siècle. Cet ensemble est le plus complet de Belgique.

Afin d'orner l'édifice religieux nouvellement reconstruit, les chanoinesses firent appel au mécénat, principalement auprès du souverain et de ses proches. La hiérarchie des pouvoirs ressort clairement de l'ensemble : la famille régnante et les personnages les plus importants de l'Empire dans le chœur, les dignitaires d'importance locale dans le transept et la nef.

Un détail des vitraux anciens du chœur.

La plupart des vitraux sont composés suivant un même schéma : des donateurs, des saints et des armoiries sont disposés autour d'une scène biblique. L'iconographie religieuse des vitraux du chœur est cohérente ; il s’agit du cycle de la Vie du Christ et de la Vierge qui culmine avec une Crucifixion placée au centre de l'abside.

Les cinq verrières à trois lancettes du chevet sont offertes en 1510-1511 par l'empereur Maximilien Ier, qui a fait représenter sa famille. À l'exception de l'empereur et de son fils, dans le vitrail de la Crucifixion, tous les membres de la famille (comme c'est le cas pour les donateurs des autres vitraux) sont agenouillés en compagnie de leur saint patron et regardent vers le Christ en croix.

Malgré les restaurations importantes qu'ils subissent, les vitraux anciens permettent de suivre l'introduction progressive du style Renaissance qui se greffe sur une solide tradition gothique.

Les vitraux anciens sont entretenus, réparés et restaurés au cours des siècles. Une grande campagne de restauration est menée de 1838 à 1891. Pendant la Seconde Guerre mondiale, ils sont déposés et réparés avant d'être posés de nouveau en 1947, par le maître peintre-verrier Léon Rotta, qui a son atelier à Anderlecht (Belgique) et qui décède en 1970. Quant aux chapelles du rez-de-chaussée, elles sont ornées de vitraux de style néo-gothique réalisés entre 1853 et 1930. Au nombre de 40, ils constituent une remarquable collection.

Stalles

Les stalles du chœur, en chêne, datent de 1707 et proviennent de l'ancienne église Saint-Germain. Elles sont ornées des bustes des Évangélistes et des Pères de l'Église, ainsi que de ceux de la Vierge et du Christ. La chaire de Vérité elle aussi réalisée pour la collégiale Saint-Germain et date du premier tiers du XVIIIe siècle.

Grandes orgues

Les grands orgues de la collégiale après la restauration terminée en 2018.

Les orgues proviennent de l'abbaye de Cambron. En 1693, Matthieu Le Roy (1663-1743) construits des grands orgues pour l'église abbatiale. L'orgue sera agrandi en 1767 par Armand-Joseph Lion qui est probablement celui qui donne l'aspect monumental au buffet. Vers 1780, ce buffet est modernisé[3].

En 1783, l'empereur Joseph II supprime l'abbaye et l'orgue est vendu à l'église Saint-Jacques-sur-Coudenberg à Bruxelles. En décembre 1789, lors de la Révolution brabançonne, le Conseil souverain de Hainaut rétablit l'abbaye, et l'orgue, a peine remonté à Bruxelles, est à nouveau démonté. l'occupation française met définitivement fin à l'existence du monastère en 1791. Les orgues, non remontées, sont cachées en divers endroits[3].

À la suite du Concordat de 1803, la collégiale est rendue au culte et devient église paroissiale. La fabrique d'Église souhaite acheter l'orgue de Cambron et fait examiner l'instrument par le facteur montois Eugène Ermel. Celui-ci indique qu'il s'agit d'un instrument de quarante-neuf jeux répartis sur quatre claviers et un pédalier. C'est donc probablement un des instruments les plus considérables des contrées qui formeront la Belgique, peut-être le plus grand après celui de l'abbaye d'Orval détruit pendant la Révolution. La réception de l'orgue a lieu le [3].

En 1822, Louis Fétis restaure l'instrument, principalement la soufflerie qui est en très mauvais état. Ermel n'avait pas remplacé les peaux, se contentant d'appliquer des pièces[4].

De 1834 à 1836 Pierre-Jean et Henri De Volder procèdent à une grande restauration avec modifications. L'orgue de Sainte-Waudru est alors considéré comme le meilleur du pays[4].

En 1875, Charles Anneessens restaure la tuyauterie et renouvelle la soufflerie[4].

En 1925, la restauration par le facteur Daem-De Vis d'Appelterre réduit l'instrument à vingt-cinq jeux sur deux claviers et pédaliers[4].

Entre 1948 et 1952, les grandes orgues sont reconstruites par Maurice Delmotte de Tournai et inaugurées en 1952 par le Maître Maurice Guillaume, lors d'un concert auquel assiste la Reine Élisabeth. Elles comportent trois claviers manuels et un pédalier pour quarante-cinq jeux. Le facteur réutilise la plupart du matériel ancien et installe une transmission électropneumatique[4]. C'est également Maurice Delmotte qui construit l'orgue de chœur pour pallier le manque dû à la restauration des grandes orgues. Il est construit avec un système qui permet de multiplier les possibilités à partir d'un instrument très modeste. Il possède deux claviers et un pédalier, basé sur 3 jeux réels, mais dix-huit registres à la console.

Après un dernier concert d'adieu à l'orgue Delmotte le par huit organistes belges, les grandes orgues sont démontées en pour une restauration complète d'une durée d'environ 3 ans.

Les travaux sont attribués à la Manufacture d'orgues Thomas (Ster - Belgique) et à Johannes Klais Orgelbau (Bonn - Allemagne), sur un projet de Luc De Vos. La partie instrumentale est alors réorganisée, le Positif de dos est restitué afin d'y installer de nouveau de la tuyauterie, une nouvelle charpente est installée dans le historique qui retrouve ors et fioritures. Le Récit ainsi que les grands jeux de pédale sont installés à l'arrière du meuble, tandis que les autres plans sonores (sauf le Positif, dans son meuble) ; Grand-Orgue, Solo et la Pédale Classique prennent place dans le grand corps qui respire enfin. La soufflerie de trouve dans le soubassement et sous le Récit.

L'instrument se veut garant du témoignage de sa propre histoire, et retrouve une traction mécanique pour les notes, électronique pour les jeux et certains accouplements.

Composition
I Positif de DosII Grand-OrgueIII Récit expressifIV BombardePédale
Montre 8Montre 16Bourdon 16Principal 16Contrebasse acoustique 32
Bourdon 8Bourdon 16Flûte large 8Principal 8Soubasse 32
Prestant 4Montre 8Salicional 8Flûte harmonique 8Contrebasse 16
Flutte 4Bourdon 8Dulciana 8Gambe 8Montre 16 (G.O.)
Nasard 2 2/3Prestant 4Voix Céleste 8Principal 4Soubasse 16
Doublette 2Flutte 4Prestant 4Quinte 2 2/3Bourdon 16 (Réc.)
Tierce 1 3/5Doublette 2Flûte Octaviante 4Grande Fourniture IBasse 8
Larigot 1 1/3Mixture VI-VIIIViole 4Cornet V (do3)Flutte 8
Super Octave 1Plein-Jeu + III-INasard 2 2/3Bombarde 16 B&D)Flûte 8 (Réc.)
Fourniture IIICornet V (do3)Octavin 2Trompette harm. coudée 8Octave 4
Cimbal IIITrompette 8Tierce 1 3/5(Chamade 8)Flutte 4
Trompette 8 B&DBasson-Hautbois 8Septième 1 1/7Bombarde 32
Cromhorne 8 B&DClairon 4Plein-Jeu IV-VBombarde 16
Voix Humaine 8(Chamade 8)Trompette 16Trompette 16 (Réc.)
(Chamade 8)Trompette 8Trompette 8
Basson-Hautbois 8Clairon 4
Tremblant doux(Voix Humaine 8)(Chamade 8)
Clairon 4(Chamade 4)
II/II/II
III/IIII/IITrémolo réglableI/P
III/I 16III/II 16II/P
III/I 4III/II 4III/P
IV/IIV/IIIII/P 4
IV/I 4IV/II 4III/III 16IV/IV 4IV/P

Depuis 1992, l'organiste-titulaire de la collégiale est Bernard Carlier. Il est co-titulaire avec Benoît Lebeau depuis 2016.

Reliquaires

Châsse de Sainte Waudru Mons

La châsse de sainte Waudru, de style néogothique, est exposée au-dessus du maître-autel. Elle est en laiton doré et ornée de pierres précieuses et semi-précieuses, d'émaux et de cabochons, et date de 1887. Elle se présente sous la forme d'une église avec transept, pinacles et crétage. Le Christ et la Vierge à l'Enfant occupent les pignons, tandis que les groupes de sainte Waudru et de ses filles d’une part et de saint Vincent et de ses fils, de l'autre, accompagnés chacun de six apôtres, figurent le long des deux flancs.

La châsse actuelle en remplace une plus ancienne, datant de 1313, en cuivre doré et en argent, qui fut malheureusement détruite en 1794, lors de la seconde invasion de Mons par les révolutionnaires français.

La châsse actuelle renferme les ossements de sainte Waudru, à l’exception de la tête, séparée des autres reliques en 1250, et placée dans un reliquaire nommé « Chef de sainte Waudru ». Celui-ci date de 1867 et est de style néo-gothique. Il est en argent et laiton doré décoré de pierres colorées et de cabochons, et se présente sous la forme d'un dais ouvragé abritant la tête couronnée de la sainte.

Orfèvreries

Il est composé de calices de style gothique du XVIIe au XIXe siècle ; de ciboires ; des ostensoirs ; des reliquaires ; encensoir et navette ; chandeliers d'autel[5].

Le Car d'Or

Le Car d'Or.

Le Car d'Or est un char de procession en bois sculpté, peint et doré. Réalisé entre 1779 et 1782 en style Louis XVI, il est le seul char processionnel de cette époque à être encore utilisé.

Habituellement remisé dans le collatéral nord, il sort chaque année lors de la ducasse de Mons du dimanche de la Trinité pour promener en ville la châsse de sainte Waudru. Il est alors tiré par six chevaux de trait, et transporte, outre les reliques, un prêtre et douze enfants de chœur.

Le Trésor

Le trésor de la collégiale - objets liturgiques divers, et reliquaires anciens - est situé dans une annexe, pour y accéder, il faut passer par une petite porte qui ouvre sur le transept. On peut le visiter de mai à septembre[6].

Galerie

Vue intérieure de la collégiale

Notes et références

  1. Le chantier de la tour, site l'ASBL Sainte-Waudru
  2. Lucy Tondreau, La Collégiale Sainte Waudru à Mons, 31,rue des Clercs à Mons, Fédération du Tourisme de la Province de Hainaut
  3. Carlier, Lebeau et Maudoux 2018, p. 8.
  4. Carlier, Lebeau et Maudoux 2018, p. 9.
  5. Lucy Tondreau, La Collégiale Sainte-Waudru à Mons, 31,rue des Clercs à Mons, Fédération du tourisme de la Province de Hainaut
  6. Lucy Tondreau, La Collégiale Sainte-Waudru à Mons, 31,rue des Clercs à Mons, Fédération du Tourisme de la Province de Hainaut

Voir aussi

Bibliographie

  • Gérard Bavay (photogr. Benoît Feron), La collégiale Sainte-Waudru : Rêve des chanoinesses de Mons, Éditions Racine, , 176 p. (ISBN 978-2-87386-557-3).
  • Bernard Carlier, Benoit Lebeau, Matthias Maudoux et al., Les grandes orgues de la collégiale Saint-Waudru de Mons, Association Saint-Waudru, , 45 p. (ISBN 978-2-9601838-2-5).
  • La Collégiale Sainte-Waudru à Mons. Ph. Collart, M. De Reymaeker, J. Drousie, J-C. Dubray. Ed. Atelier Ledoux, 1992
  • La collégiale Sainte-Waudru. B. Van Caenegem. Plaquette de l'Office du Tourisme de Mons, 1996
  • Sainte Waudru : patronne de Mons et de la région (la reconnaissance des reliques de sainte Waudru). B. Van Caenegem. Ed. Office du Tourisme de Mons, 1998

Articles connexes

Liens externes

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