Châsse

Une châsse (du latin capsa, « boîte, caisse » puis « cercueil ») désigne généralement un reliquaire contenant le corps d'un saint (entier, ou sa plus grande partie), voire de deux ou trois s'il s'agit par exemple de saints martyrisés ensemble. Il s'agit donc d'une sorte de cercueil-reliquaire. Certaines châsses sont des chefs-d'oeuvre d'orfèvrerie.

Châsse de saint Démétrios, cathédrale de Thessalonique, Grèce.

Fonction de la châsse

Depuis le Moyen Âge l'élévation d'un corps dans une châsse est l'étape finale du processus officiel de canonisation par l'Église. À la différence des autres reliquaires de plus petite taille contenant seulement un ou quelques os, voire une collection d'os de plusieurs saints, l'existence d'une châsse signifie en elle-même la présence physique entière et exclusive du corps d'un saint qui protège spécialement la communauté religieuse et civile parmi laquelle il repose en attendant la résurrection du Jugement dernier. La châsse est exposée, avec des précautions, à la piété des fidèles du lieu, ou à celle des pèlerins que draine cette présence privilégiée. On adresse au saint, en présence de ses reliques, des prières, dont on espère soit de simples faveurs spirituelles, ou bien même des miracles. L'église précise que le culte accordé au saint (dulie) n'est pas de la même nature que celui qu'on adresse à Dieu (latrie).

La châsse est parfois portée en procession à travers la ville, voire dans les campagnes environnante, à des dates fixes, et surtout lors de la fête du saint, ou aux dates anniversaires d'autres événements. Des processions extraordinaires sont de plus pratiquées en cas de crise majeure, lorsque la collectivité qui la détient est la proie par exemple d'une épidémie ou d'un siège. La châsse d'un saint patron est le bien spirituel de toute la communauté civile et religieuse qu'il protège. Ainsi qu'on le voit par exemple en 1725, à l'occasion de l'été pluvieux qui compromettait les récoltes, les châsses de sainte Geneviève à Paris et de sainte Scolastique au Mans furent alors portées en procession; à Paris, c'était sur ordre du Parlement, et au Mans sur ordre de l'évêque.

Fabrication et forme des châsses

Comme l'indique l'étymologie, la châsse, du latin capsa, est avant tout un « coffre », une « boîte », qui gardait donc en gros la forme originelle du cercueil. D'ailleurs un autre mot était en usage et s'est longtemps conservé dans certaines églises locales, dont celle de Rouen : la « fierte » (du latin feretrum, « civière mortuaire »).

L'usage est, dans les premiers temps du christianisme, de célébrer la messe sur un autel contenant des reliques, ce qui conduit à donna aux châsses des formes de tombeaux. Ultérieurement les reliques quittent l'intérieur de l'autel et sont placées dans des coffres prenant des formes architecturales[1].

Les châsses étaient originellement de simples coffres de bois ferrées à leurs angles. C'étaient le cas pour celles déterrées à Notre-Dame de Paris en 1699 et qui contenaient les évêques de saint Gendou, de saint Séverin, de saint Germain et de saint Lucain[2]. Lorsque l'on est contraint par la décomposition de ce matériau de refaire à neuf la châsse , la présence d'un évêque chargé de constater et de certifier la présence, l'authenticité et la bonne conservation de ces objets sacrés est nécessaire.

Si la piété des fidèles s'est manifestée suffisamment par des dons, on enrichit fréquemment ces coffres, à partir du XIIe siècle, de plaques d'argent et d'autres éléments de décoration précieux qui manifestent la gloire du saint. On utilise parfois les émaux.

Ultérieurement les châsses sont réalisées entièrement en métal.

L'iconographie éventuellement utilisée est puisée dans ce qu'on sait ou croit savoir de la vie du saint, en complément d'autres représentations religieuses traditionnelles qui recadrent le culte du saint dans son contexte théologique, afin d'éviter les dérives idolâtres.

La forme originaire de la châsse, reproduisant celle d'un cercueil, conduit à une distribution de ces représentations semblable à celle des sarcophages paléochrétiens ornés du Bas-Empire romain. Il s'agit donc le plus souvent de bas-reliefs disposés sur les quatre faces verticales du coffre.

Certaines châsses adoptent la forme d'une église en miniature.

Châsses célèbres

En Allemagne

En Belgique

En France

Aux Pays-Bas

Au Royaume-Uni

En Suisse

Photographies

Notes et références

  1. Paul Rouaix, Dictionnaire des arts décoratifs : à l'usage des artisans, des artistes, des amateurs et des écoles : ameublement, armurerie, bijouterie...,..., Paris, Librairie illustrée, , 1043 p., p. 251
  2. Jacques-Albin-Simon Collin de Plancy, Dictionnaire critique des reliques et des images miraculeuses, Volume 1, Paris, Guien, , p. 140

Voir aussi

Bibliographie

  • Dom Basile Fleureau, Description de la châsse des Corps-Saints d'Étampes, 1668, [lire en ligne]

Articles connexes

  • Portail des religions et croyances
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