Chapelle Saint-Germain de Querqueville
La chapelle Saint-Germain est un édifice catholique préroman construit en hauteur sur le littoral nord du Cotentin proche de Cherbourg sur la commune déléguée de Querqueville.
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Type | |
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Fondation |
VIe siècle- |
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Religion | |
Patrimonialité | ![]() |
Adresse |
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Coordonnées |
49° 39′ 53″ N, 1° 41′ 53″ O |
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Cet édifice religieux est réputé être le plus ancien du département. La chapelle est classée au titre des monuments historiques par avis du et par la liste de 1862[1].
Localisation
La chapelle est située au nord de l'église paroissiale Notre-Dame de Querqueville, à six mètres d'elle, au milieu des tombes formant un enclos paroissial. À 48 mètres d'altitude, à 600 mètres du rivage, elle surplombe la côte nord du Cotentin avec une vue panoramique de 180°, de la Rade de Cherbourg à l'est à Omonville-la-Rogue à l'ouest[2]. Querqueville, qui doit son nom à la chapelle, Kerkevilla sur une charte du XIIe siècle, du norrois kirkja, « église »[3], et du terme ville soit le domaine de l'église, est une commune déléguée au sein de la commune nouvelle de Cherbourg-en-Cotentin dans le département français de la Manche en Basse-Normandie incluse depuis dans la région Normandie.
Historique
La chapelle, construite entre le IXe et le XIe siècle, est dédiée à saint Germain le Scot[4]. D'après les fouilles archéologiques réalisées entre et elle est édifiée sur une première église paléochrétienne[5],[N 1].
Trois fondations paléochrétiennes de lieu de culte datées entre le IVe et le VIe siècle sont attestées par l'archéologie dans le Diocèse de Coutances: Saint-Pair-sur-Mer, Portbail et Saint-Germain de Querqueville[6].
Le cimetière est ancien, certaines tombes sont paléochrétiennes, des éléments archéologiques argumentent sa constitution autour du premier édifice. La construction préromane, avec l'ajout des trois absides, se fait partiellement sur ce cimetière. Les sarcophages anciens retrouvés dans l'église sont en dehors de l'édifice primitif, dans la croisée, le transept et le chœur[7].
Dans le pouillé du diocèse de Coutances, rédigé en 1332, il est fait mention de l'église paroissiale Notre-Dame associée à un autre sanctuaire, « chapelle Saint-Germain sise dans le cimetière » (capella Sancti Germani sita in cimiterio)[N 2],[8].
Le clocher actuel, décidé en et construit en sur la croisée, surélève le clocher primitif[9]. Il est destiné à abriter les cloches de l'église paroissiale proche, Notre-Dame, en mauvais état[N 3]. C'est de cette époque, XVIIe, que sont datés les moules de cloches dégagés par les fouilles dans la nef et à l'entrée du transept.
Des preuves archéologiques d'incendie sont retrouvées sans qu'il soit possible de dater et de dire l'importance de cet évènement[10].
Dédicace
Ce sanctuaire est dédié à saint Germain à la rouelle. L'hagiographie du saint le fait débarquer dans la deuxième moitié du Ve siècle sur sa roue des côtes irlandaises à Diélette où il terrasse un dragon au trou Baligan avant d'intervenir à Saint-Germain-sur-Ay, Carteret et Querqueville de la même manière[6]. Vingt communes ou paroisses du Diocèse de Coutances sont en lien actuel ou ancien avec ce nom. Dans le nord-Cotentin les douze églises sont en hauteur, soit en bord de mer soit sur le versant maritime des collines où elles sont situées[11]. Cette localisation illustre l'hagiographie de l'évangélisateur débarqué sur la côte occidentale du Cotentin et sa présence trois mois avant de rejoindre le Bessin. Certains évoquent une deuxième fonction aux clochers de ces églises romanes, celle d'amer pour la navigation côtière[12].
Description
La chapelle est strictement orientée[N 4] et de petite taille: 13 m sur 11 m et 3,50 m de hauteur sous les voutes. L'originalité de la chapelle préromane réside en son plan tréflé, assez rare, qui date des environs de l'an mil[13]. Elle est composée d'une courte nef rectangulaire à laquelle est adjoint à l'est un ensemble trilobé de trois absides égales, semi-circulaires, voûtées en cul-de-four, dont deux forment les bras du transept et celle du milieu le chevet. La croisée carrée est surmontée d'un clocher qui repose sur quatre piles parallélépipédiques séparées de l'arc qu'elles soutiennent par un simple taloir sans chapiteau. Ce clocher est hétérogène, à sa base les murs en opus spicatum sont datables de la construction des trois absides, au-dessus la partie moyenne se termine à l'intérieur par une coupole dont le sommet intérieur est à 11 mètres, la partie supérieure, caractérisée par son appareillage d'angle et les bandes encadrant de hautes fenêtres aveugles, correspond aux travaux du XVIIe. Il culmine à 17 m, certains trouvent qu'il dépare ce petit édifice roman[14],[4]. Le clocher ancien, de la fin du Xe siècle, bien préservé intérieurement, devait également servir d'amer pour les navigateurs comme celui de Vauville et probablement celui de Gatteville[15]. Les murs de 70 cm sont constitués de plaques de Schiste disposées horizontalement pour la nef et en opus spicatum pour les trois absides du chevet. Le niveau du sol de la nef est à 90 cm au-dessous du seuil actuel de la façade occidentale, l'accès se fait par quelques marches, elle est éclairée par quatre fenêtres ogivales plus tardives. Un narthex existait contre la façade occidentale au XVIe siècle, des fondations romanes en sont retrouvées par les fouilles de et [16],[9].
L'édifice paléochrétien
Les fouilles archéologiques, réalisées entre et , permettent de retrouver presque dans son intégralité le contour de l'église ancienne. Les murs, en bloc assez réguliers d'arkose brunâtre, ne font que 50 cm d'épaisseur, ils dessinent une nef rectangulaire de même largeur mais d'environ un mètre de plus du côté occidental. Le tracé d'un chœur carré à chevet plat est retrouvé dans la croisée du transept. L'extrémité occidentale est de niveau avec le cimetière dont le sol parait avoir été rehaussé au XVIIIe. L'épaisseur des murs évoque un édifice assez léger probablement partiellement en bois. Cet ensemble constitue un plan basilical simple avec chevet droit partagé par d'autres églises du haut Moyen Âge[17].
Découvertes archéologiques
De nombreuses sépultures et sarcophages sont dégagés, certains sont antérieurs à la construction de l'édifice roman. Six monnaies de différentes époques, du XIe à la révolution sont retrouvées, les deux plus anciennes sont une obole du comté de Penthièvre, au nom d'Etienne Ier (1093-1138), frappée à Guingamp et un rare denier normand du XIe datant des Ducs Richard, ancêtres de Guillaume le Conquérant, frappée à Rouen[16]. Deux morceaux d'outil, une lame de couteau de type mérovingien et un manche en os gravé de très ancienne facture , confirment l'antiquité du site[18].
Mobilier et décor actuel
Des éléments de peinture murale sont encore visibles en partie recouverts par un enduit ancien: trois personnages sur le mur sud du choeur et un faux appareil rectangulaire à double trait de couleur brun rose centré sur une fleur à cinq pétales[N 5].
Au moment des fouilles des années la nef, le carré du transept et une partie du chœur sont dallés, le sol des deux croisillons est en terre battue[9].
Une statue de saint Clair, l'évangélisateur de Cherbourg et du Cotentin au IXe siècle, en bois polychrome du XVIIIe vient de la chapelle Saint-Clair de Nacqueville vendue à la Révolution. Une autre statue en pierre polychrome du XVe représente saint Hélier décapité, ermite céphalophore évangélisateur de Jersey au VIe siècle. Un Crucifix en bois polychrome du XVIe est accroché au mur nord de la nef[16].
Notes et références
Notes
- L'édifice probablement partiellement en bois est supposé détruit par les raids vikings et saxons
- Cette énoncée évoque une possible fonction de chapelle cimétériale à partir de l'édification de Notre-Dame
- Elle sera reconstruite au XVIIIe siècle
- Axe chevet-façade est-ouest
- La chapelle est ordinairement fermée au public pour les préserver (courriel de d'un responsable patrimoine de Cherbourg en Cotentin)
Références
- « Chapelle Saint-Germain », sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Mérimée, ministère français de la Culture.
- Dold et Dufournier 1978, p. 96.
- René Lepelley, Noms de lieux de Normandie et des îles Anglo-Normandes, Paris, Bonneton, , 223 p. (ISBN 2-86253-247-9), p. 156
- Lucien Musset, Normandie romane, vol. 1 : Basse-Normandie, Paris, Éditions Zodiaque, , 317 p. (ISBN 2-7369-0032-4), p. 38.
- Dold et Dufournier 1978.
- Mathilde Rouspard, « Du paganisme au christianisme en Normandie occidentale (ive-ve siècles) : premiers éléments de synthèse », Annales de Normandie, no 2, , p. 3-26 (lire en ligne)
- Dold et Dufournier 1978, p. 106-108.
- Julien Deshayes, « Querqueville chapelle Saint-Germain », Vikland, la revue du Cotentin, no 3, octobre-novembre-décembre 2012, p. 27 (ISSN 0224-7992).
- Dold et Dufournier 1978, p. 97.
- Dold et Dufournier 1978, p. 102.
- Dold et Dufournier 1978, p. 99-100.
- Julien Deshaies, « Vauville, église paroissiale Saint-Marin », l’Archéologie, l’histoire et l’anthropologie de la presqu’île de la Hague (Manche), no 5, , p. 42 (lire en ligne)
- Norbert Girard et Maurice Lecœur, Trésors du Cotentin : Architecture civile & art religieux, Mayenne, Éditions Isoète, , 296 p. (ISBN 978-2-9139-2038-5), p. 37.
- Dold et Dufournier 1978, p. 96-97.
- Julien Deshayes, « L'église Saint-Pierre et la chapelle Notre-Dame de Gatteville, un couple de sanctuaires monastiques du haut Moyen-Âge ? », Vikland, la revue du Cotentin, no 6, juillet-août-septembre 2013, p. 16 (ISSN 0224-7992).
- « Chapelle Saint-Germain », sur Cherbourg en Cotentin site officiel de la municipalité, (consulté le ).
- Dold et Dufournier 1978, p. 108-111 et fig. 3.
- Dold et Dufournier 1978, p. 101, 103-104 et 107-108.
Voir aussi
Bibliographie
- Julien Deshayes, La Chapelle Saint-Germain de Querqueville, Caen, Société des antiquaires de Normandie, coll. « Monuments et sites de Normandie » (no 4), , 58 p. (ISBN 978-2-919026-13-5)
- Robert Dold et Daniel Dufournier, « La chapelle Saint-Germain de Querqueville (Manche) : Les vestiges d’un édifice paléochrétien sur le littoral bas-normand », Archéologie médiévale, no 8, , p. 95-116 (lire en ligne)
Articles connexes
Liens externes
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