Charles Bougon
Charles Bougon, né le à Alençon et mort le à Venise, est un médecin et archiatre français, premier chirurgien du roi Charles X, professeur à l’École de Médecine de Paris, connu par le dévouement qu’il a montré au lit de mort du duc de Berry.
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Biographie
Né, rue du Bercail, de Charles-Jacques-Julien Bougon, docteur-médecin, et de Marie-Madeleine Galichet, Bougon a suivi l’enseignement de l’École pratique de dissections, à Paris. Le 9 pluviôse an XII (), il a soutenu sa thèse de doctorat en médecine, intitulée Dissertation sur les crises à la Faculté de Paris[1].
Retourné s’installer, après avoir été chirurgien au 2e régiment d’infanterie légère, dans sa ville natale, il y a pratiqué la médecine pendant tout le Premier Empire. En 1811, lorsque le futur fondateur du saint-simonisme est venu passer quelques mois à Alençon, pour y suivre des procès financiers et philosophiques avec son ancien associé dans de vastes spéculations sur les biens nationaux, le baron de Rédern[2], Saint-Simon a fait la connaissance du jeune docteur et s’est lié avec lui, au point de lui dédier quelques-unes des lettres philosophiques qu’il composait alors et qui n’ont pas été publiées, mais dont le manuscrit autographe se trouvait dans le cabinet de l’érudit alençonnais Léon de La Sicotière. Il est au nombre des trois personnalités[3],[4], avec son confrère Jean Burdin et l’historien Conrad Engelbert Oelsner, à qui Saint-Simon[5], attribue « une grande partie des idées[6] » qu’il a produites « pendant le cours de la longue carrière[7] » d’élaboration du saint-simonisme, notamment la partie physiologique[8].
À la Restauration, il s’est attaché aux Bourbons et a suivi les Bourbons à Gand, pendant les Cent-Jours, ce dont il a été récompensé, au retour d’exil, par le poste de premier chirurgien ordinaire du comte d’Artois, futur Charles X. Il a, dans cette fonction, montré son dévouement, dans la nuit du 13 février 1820, lors de l’assassinat du duc de Berry par Louvel à la porte de l’Opéra. Blessé à mort, la mort étant longue à venir, le duc de Berry ayant été poignardé par une alêne, on croyait qu’il avait été empoisonné, en attendant l’application des ventouses, il a appliqué sa bouche sur la plaie et pratiqué la succion[9],[n 1]. Il sera également l’un des témoins officiels de la naissance du duc de Bordeaux, l’« enfant du miracle ».
Le , à la formation de l’Académie de médecine[10], il a été compris, dans la première promotion des membres, section de chirurgie, le Roi s’étant réservé le choix de la première liste. Le , il a été nommé professeur de clinique chirurgicale à l’hôpital de perfectionnement et, en 1825, il est devenu professeur à la Faculté de médecine de Paris, à la chaire de clinique chirurgicale. Ayant remplacé Antoine Dubois, chirurgien consultant de l’Empereur et médecin accoucheur de l’Impératrice, à l’hospice Saint-Côme, il été vivement attaqué[n 2],[n 3].
Lors de la Révolution de 1830, ardent royaliste, il a suivi de nouveau ses employeurs dans l’exil, en Écosse, en Allemagne, en Italie. Après la mort de Charles X, le de choléra à Goritz, en Bohème, il est resté attaché au duc et à la duchesse d’Angoulême, restant ensuite auprès du comte de Chambord, pour mourir à son tour en exil[11].
« Esprit vif, brillant, prodigue, un peu aventureux[1] », il avait épousé, le , à Alençon, Marie-Charlotte Le Roy Duviveret[n 4], dont il a eu une fille unique[n 5]. Il était chevalier grand-croix de Saint-Michel et de la Légion d’honneur. Dans ces divers actes, il prend le titre de baron, qui lui avait sans doute été conféré dans l’exil[1].
Notes
- La duchesse de Berry l’en a récompensé en lui remettant une tabatière ornée du portrait de son mari, en lui disant : « M. Bougon, c’est pour vous souvenir toujours de celui que vous avez soigné avec tant de zèle. »
- La Biographie des médecins français vivants et des professeurs des Écoles, par un de leurs confrères, (Morel, dit de Rubempré, qui n’était nullement médecin), Paris, 1826, in-32, et Les Médecins français contemporains, par J. L. H. P*** (Louis Peisse, qui n’était pas davantage médecin), contiennent contre lui de violentes diatribes. La Biographie des contemporains. (Rabbe et Boisjolin et Sainte-Preuve), lui est aussi fort hostile.
- Corlieu, op. cit. le traite sans ménagement : « Bougon n’avait aucune des aptitudes qu’exige l’enseignement de la clinique chirurgicale. C’était un médiocre professeur et un opérateur plus médiocre encore. » L’Union médicale du lui consacre une notice sèche mais courtoise.
- Née à Alençon, le 20 janvier 1785, fille de Marie-Jacqueline-Corentine Varain et de Charles-Alexis-Jean Le Roy Duviveret, mort à Port-au-Prince, le 10 juillet 1794. Elle aussi avait un esprit très vif. Elle cultivait les arts avec une sorte de passion. Quelques tableaux d’elle auraient figuré aux Expositions, notamment celle de 1823, où elle aurait obtenu une médaille de bronze.
- Marie-Sophronie, née le , morte le , à Alençon.
Références
- Léon de La Sicotière, « Le Docteur Bougon », Bulletin de la Société historique et archéologique de l’Orne, Alençon, Renaut-De Broise, vol. 11-12, , p. 139-43 (lire en ligne, consulté le ).
- André Thuillier, « Saint-Simon en 1812-1813 », Revue d’histoire économique et sociale, Paris, vol. 49, no 1, , p. 56 (lire en ligne, consulté le ).
- Olivier Pétré-Grenouilleau, Saint-Simon : l’utopie ou la raison en actes, Paris, Payot, , 512 p. (ISBN 978-2-228-89433-3, lire en ligne), p. 211-2.
- (en) Anthony Pagden, The Languages of Political Theory in Early-Modern Europe, Cambridge, Cambridge University Press, , 360 p. (ISBN 978-0-521-38666-1, lire en ligne), p. 333.
- Saint-Simon, Mémoire sur la science de l’œuvre, Œuvres, V, pt 2, p. 21 & 175.
- Saint-Simon lui attribue la conception de la science associant l’anatomie de Vicq d’Azyr, la physiologie de Bichat, la psychologie de Cabanis et l’histoire philosophique de Condorcet.
- Œuvres de Claude Henri de Saint-Simon, Paris, Anthropos, 1966 ; Genève, Slatkine, 1978, V, 24.
- « Le docteur Bougon m’a rendu un service bien plus important que ce dont je viens de parler. C’est d’avoir conçu clairement en quoi consiste l’entreprise scientifique à l’exécution de laquelle je me livre. Personne plus que lui, peut-être autant que lui, n’est en état d’en exécuter la partie physiologique. » Voir Saint-Simon, Œuvres complètes de Saint-Simon, t. 2, Paris, Presses Universitaires de France, (ISBN 978-2-13-062597-1, lire en ligne), « Mémoire sur la science de l’homme », p. 37.
- Chateaubriand, Œuvres de Chateaubriand : Mémoires, lettres et pièces authentiques touchant la vie à la mort du Duc de Berry, t. 12, Paris, Legrand, Pomey et Crouzet, , in-8° (lire en ligne), p. 299.
- Jules Roger, Les Médecins normands du XIIe au XIXe siècle : biographie et bibliographie, t. 2 Calvados, Manche, Orne, et Eure, Paris, G. Steinheil, , 2 vol. (lire en ligne), p. 244
- Auguste Corlieu, La Faculté de Médecine de Paris après juillet 1830, Paris, V.-A. Delahaye, , 15 p. (lire en ligne).
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